Chapitre 20: Amoureuse...? LE POINT DE VUE D'ALLYSA J'étais en train de ranger quelques affaires dans le vestibule lorsque j'ai entendu une voiture se garer devant la maison. Instinctivement, j'ai levé les yeux vers l'entrée, et là, j'ai vu Sofia. Elle descendait lentement de la voiture, son visage baissé, comme si le monde autour d'elle n'existait plus. J'ai remarqué immédiatement ses joues légèrement rougies, ses yeux un peu gonflés. Elle avait pleuré, c'était évident. Mon premier réflexe a été de m'approcher pour lui demander si tout allait bien, mais quelque chose dans sa démarche m'a retenue. Elle avançait comme un automate, ses pas traînants et son sac serré contre elle. Quand elle a croisé mon regard à l'entrée, j'ai tenté un sourire, juste pour alléger l'atmosphère. — Madame, tout va bien ? Vous avez l'air… Je n'ai même pas terminé ma phrase. Elle m'a lancé un petit regard, un mélange de fatigue et de tristesse, et elle a secoué la tête. — Allysa, pas maintenant…
Chapitre 21 : A la boutique Le point de vue Sofia Je m’étais décidée. Cela faisait des jours que je ressentais ce poids sur ma poitrine, cette amertume qui s’infiltrait dans mes pensées, dans mes nuits. Julien avait raison, je ne pouvais plus faire semblant. Paolo et moi, nous devions parler. C’était maintenant ou jamais. Je l’ai trouvé dans le salon, installé sur le canapé avec son téléphone en main. Son regard était fixé sur l’écran, ses doigts glissant rapidement comme s’il était en train de répondre à des messages importants. Je me suis avancée, mes talons résonnant doucement sur le parquet. Il n’a pas levé les yeux. Déjà, ça m’agaçait. — Paolo, il faut qu’on parle. Il a lâché un léger soupir, toujours absorbé par son téléphone. — On parlera après, Sofia, je suis occupé là. Je me suis plantée devant lui, les bras croisés. — Non, pas "après". Ça fait des semaines que c’est "après". Il faut qu’on discute maintenant. Il a enfin relevé la tête, ses sourcils froncés.
Chapitre 22 : le changement d'itinéraires LE POINT DE VUE D'Allysa Nous étions arrivées à la boutique et Sofia avait pris un chariot, le poussant lentement dans les allées. Elle semblait un peu plus détendue que dans la voiture, mais je pouvais encore lire une sorte de tension dans ses mouvements. Je marchais à côté d’elle, essayant de ne pas trop paraître intrusive, mais je ne pouvais m’empêcher de la regarder de temps à autre. — Alors… Par où on commence ? ai-je demandé, espérant briser la glace. Sofia a souri légèrement et a hoché la tête vers une étagère. — On va commencer par les produits frais, je pense. Il n’y a plus de légumes à la maison, et Paolo aime bien les salades. À la mention de Paolo, j’ai senti mon cœur se serrer un instant. Mais je me suis rapidement ressaisie, me concentrant sur les fruits et légumes. Sofia prenait son temps, inspectant chaque tomate, chaque carotte avec attention. Moi, je la suivais, prenant les sacs qu’elle me tendait. Puis, tout d’un
Chapitre 23: la rencontre discrète LE POINT DE VUE D'Allysa Sofia m’avait demandé d’attendre dans la voiture, juste devant un immeuble qui ne m’était pas familier. Je n’avais pas osé poser de questions, mais je trouvais tout cela étrange. D’habitude, Sofia n’était pas du genre à dévier de sa route sans m’en informer clairement. Là, elle avait simplement dit qu’elle n’en aurait pas pour longtemps. Je regardai autour de moi. Le quartier était calme, avec de hauts immeubles résidentiels. Quelques arbres plantés sur le trottoir tentaient d’apporter un peu de verdure, mais tout semblait si terne. Les murs des immeubles étaient légèrement défraîchis, et les balcons, remplis de plantes ou d’objets en désordre, donnaient une impression de vie qui contrastait avec le silence environnant. À travers le pare-brise, je pouvais apercevoir Sofia marcher jusqu’à l’entrée de l’un des immeubles. Elle avait l’air pressée, mais ses gestes trahissaient une certaine nervosité. Pourquoi semblait-elle
Chapitre 24 : parce que je t'aime LE POINT DE VUE DE Sofia Allongée sur le canapé, je laissais Julien continuer son massage, ses mains toujours aussi douces et rassurantes. Une part de moi voulait juste savourer ce moment sans parler, mais une autre ne pouvait pas retenir les mots qui se bousculaient dans ma tête. — "Julien..." murmurai-je, sans trop savoir comment finir ma phrase. — "Oui, mon amour ?" répondit-il d'une voix calme, presque protectrice. Je fermai les yeux un instant, inspirant profondément avant de continuer : — "Pourquoi est-ce que tu fais tout ça pour moi ? Tu pourrais être avec quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus libre, de moins... compliqué." Il s’arrêta un instant, ses mains suspendues sur mes épaules, avant de reprendre doucement ses gestes. — "Parce que je t’aime, Sofia. Et je ne peux pas me contenter de regarder de loin pendant que tu t’étioles dans un mariage qui ne te rend plus heureuse." Ses mots résonnèrent en moi comme un coup de tonnerre.
Chapitre 25 : Son visage rayonne LE POINT DE VUE D'ALLYSA J'étais toujours dans mes pensées, jouant distraitement avec une mèche de mes cheveux, quand j'aperçus enfin Sofia sortir du bâtiment. À ma grande surprise, elle semblait complètement différente. Son visage était lumineux, presque radieux, comme si elle avait laissé derrière elle tout ce qui la tracassait. C’était un changement si frappant que, pendant une seconde, je me demandai si je ne rêvais pas. Elle marchait d’un pas léger, sa silhouette se balançant avec une grâce naturelle, et je notai le petit sourire qui dansait au coin de ses lèvres. Où qu’elle ait été, ça lui avait fait du bien, c’était évident. Mais pourquoi un tel mystère ? Je me redressai dans mon siège alors qu’elle ouvrait la portière et s’installait au volant. Elle posa ses mains sur le volant, me jetant un regard chaleureux. — "Je t’ai pas trop fait attendre, j’espère ?" demanda-t-elle, son ton léger et sincère. Je fis mine de hausser les épaules, u
Chapitre 26: On peut parlé maintenantLE POINT DE VUE DE Sofia C'était une fin d'après-midi calme. J'étais dans le salon, feuilletant distraitement un magazine, mais mon esprit était ailleurs. Depuis notre dernière tentative de discussion, Paolo et moi avions évité tout véritable échange. Pourtant, je savais qu’il faudrait, tôt ou tard, briser ce silence pesant. Alors, quand je l'ai entendu entrer dans la pièce, je me suis redressée, prête à faire face. Il s'arrêta près de la porte, les mains dans les poches, l'air un peu hésitant. — "Sofia, on peut parler ?" demanda-t-il d'une voix qui se voulait calme, mais je percevais une pointe de tension. Je levai les yeux vers lui, un mélange de surprise et de scepticisme traversant mon esprit. Je ne m’attendais pas à ce qu’il prenne l’initiative de cette conversation. Pas après tous ces jours où il avait semblé me fuir. — "Tu veux enfin parler ?" répondis-je, la voix un peu cassante malgré moi. Il avança de quelques pas, s'arrêtant
Chapitre 27: UNE NUIT VOLÉ LE POINT DE VUE DE Paolo Le silence de la maison régnait comme une couverture pesante, à peine troublé par le tic-tac régulier de l’horloge du couloir. Je m’assis sur le bord de mon lit, jetant un dernier coup d’œil à Sofia qui dormait profondément. Sa respiration calme et régulière emplissait la pièce. Pendant un instant, une vague de culpabilité tenta de m’assaillir, mais je la balayai presque aussitôt. J’avais pris ma décision.Je me levai doucement, veillant à ne pas faire grincer le parquet sous mes pieds nus. Chaque pas était mesuré, chaque mouvement calculé. Je m’approchai de la porte et tournai lentement la poignée, priant pour qu’elle ne fasse aucun bruit. Quand la porte s’ouvrit sans un son, je me glissai dans le couloir, refermant derrière moi avec une délicatesse que je n'avais jamais cru possible.Le couloir était faiblement éclairé par une veilleuse accrochée au mur. L’atmosphère semblait suspendue, presque irréelle. Je pris une profonde insp
61 : CHAPITRE FINALE La maison était plongée dans un silence apaisant. Lucas dormait paisiblement dans notre chambre, et notre bébé, après une longue soirée à gazouiller et à tendre ses petites mains vers moi, reposait enfin dans son berceau. Assise sur le bureau, à la lueur tamisée d’une lampe, je caressai du bout des doigts la feuille vierge devant moi. Je pris une profonde inspiration avant de saisir mon stylo. Ce n’était pas une simple lettre. C’était mon cœur que je mettais à nu, un témoignage pour l’avenir, un souvenir que mon enfant lirait un jour pour comprendre d’où il venait. "Mon trésor, Si aujourd’hui, tu as cette lettre entre tes mains, c’est que tu es assez grand pour comprendre ton histoire. Une histoire qui a commencé dans le chaos, mais qui s’est transformée en quelque chose de beau, d’inattendu. Je veux que tu saches que ta naissance n’a jamais été une erreur. Tu es venu au monde au milieu d’une tempête, alors que je doutais, que j’avais peur, que je me senta
60LE POINT DE VUE DE D'ALLYSA La douleur était intense, mais Lucas était là. Il n’avait jamais lâché ma main, même quand mes doigts s’étaient crispés sur la sienne avec une force incontrôlable. Sa voix douce et rassurante me guidait à travers chaque contraction, m’encourageant à tenir bon. — Tu es forte, mon amour, souffla-t-il en déposant un baiser sur mon front trempé de sueur. Je voulais lui répondre, lui dire que j’avais peur, que je n’étais pas certaine d’être prête, mais les larmes qui roulaient sur mes joues parlaient pour moi. Puis, après ce qui m’avait semblé être une éternité, un cri déchira l’air. Un cri fragile, mais puissant. Mon cœur se serra alors que je sentais un poids chaud et minuscule être déposé sur ma poitrine. — C’est… notre bébé, murmurais-je d’une voix tremblante. Lucas, à côté de moi, éclata en sanglots silencieux. Je n’avais jamais vu autant d’émotion sur son visage. Ses mains tremblaient alors qu’il caressait doucement la tête de notre enfant. I
59LE POINT DE VUE DE Lucas Je me souviens du matin où nous sommes partis pour notre première consultation prénatale. Le soleil était déjà haut dans le ciel, baignant la ville d'une douce lumière dorée. Allysa était silencieuse pendant le trajet en voiture, les mains posées sur son ventre encore plat, le regard perdu par la fenêtre. Je pouvais sentir qu'elle était nerveuse, et pour être honnête, moi aussi.Je posai une main sur la sienne, la pressant doucement pour la rassurer. « Tout va bien se passer, » murmurai-je en la regardant. Elle me fit un petit sourire, mais son regard restait fuyant.En arrivant à la clinique, une odeur médicinale flottait dans l'air, mélangée aux parfums de désinfectant et de papier neuf. Nous nous enregistrâmes à l'accueil, puis prîmes place dans la salle d'attente. Mon genou rebondissait nerveusement, et je jetais des regards furtifs à Allysa, qui jouait machinalement avec ses doigts.« Tu es sûre que tu veux faire ça ? » demandai-je doucement.Elle hau
58Le silence de la pièce était seulement troublé par le bruit de nos respirations entrelacées. Je levai les yeux vers Lucas, ce regard empli de tendresse et de promesses qui me faisait toujours chavirer. Son amour m’enveloppait, me protégeait, et à cet instant précis, je me rendais compte que je n’avais plus besoin de me battre seule.Un sourire doux naquit sur mes lèvres, et sans réfléchir, je me hissai sur la pointe des pieds pour capturer ses lèvres dans un baiser tendre. Lucas répondit aussitôt, sa main se posant avec délicatesse sur ma joue avant de glisser dans ma nuque, approfondissant notre étreinte. Nos souffles se mêlaient, nos cœurs battaient à l’unisson, et je sentais cette chaleur réconfortante se répandre dans tout mon être.Ses bras m’enlacèrent fermement, me rapprochant un peu plus de lui, et mon corps se pressa instinctivement contre le sien. La douceur de ses lèvres devint plus passionnée, plus avide, et mes mains trouvèrent refuge dans ses cheveux, s’y agrippant lé
57LE POINT DE VUE d'Allysa Je n’aurais jamais cru que ma vie prendrait un tel tournant. Chaque jour, Lucas me prouve qu’il est là, qu’il m’aime, qu’il veut de moi et de cet enfant. Ses gestes sont tendres, ses attentions constantes. Il me prépare le petit déjeuner avant même que je ne me lève, caresse mon ventre parfois avec une douceur infinie, comme s’il voulait déjà établir un lien avec ce bébé qui grandit en moi. Il m’accompagne à chaque rendez-vous médical, m’encourage dans les moments de doute et m’offre un réconfort silencieux mais puissant lorsque je me perds dans mes pensées.Mais ce soir-là, il a fait quelque chose que je n’aurais jamais imaginé.Nous étions installés sur le canapé, une couverture sur nos jambes, une série jouant en arrière-plan que nous ne regardions même pas. Lucas semblait nerveux. Je l’ai remarqué à sa façon de jouer avec ses doigts, un tic qu’il n’avait que lorsqu’il était profondément préoccupé. Puis il a pris une profonde inspiration et s’est tourné
56Le vent du soir caressait doucement ma peau alors que je descendais les marches de l’immeuble. Je n’avais qu’une envie : respirer l’air frais, oublier les tourments qui m’assaillaient et chasser, ne serait-ce qu’un instant, le poids de mes pensées. Depuis plusieurs jours, mon esprit était en perpétuel combat entre la peur, l’incertitude et un espoir que je n’osais nommer.Mais au moment où je posai un pied sur le trottoir, mon cœur s’arrêta net.Appuyé nonchalamment contre une voiture noire, une silhouette familière me fixait. Je le reconnus immédiatement, et une vague de frissons glacés me traversa l’échine. Paolo.Il était là.Le choc me cloua sur place. Mes doigts tremblèrent légèrement alors que je serrai les sangles de mon sac contre moi, comme si ce simple geste pouvait me protéger de lui. J’aurais voulu faire demi-tour, m’enfuir et verrouiller la porte derrière moi, mais c’était trop tard. Il m’avait vue. Et il ne comptait pas me laisser partir sans avoir eu ce qu’il voulait
55 Je n’avais presque pas dormi. Les pensées tournaient en boucle dans ma tête, me laissant épuisée et confuse. Chaque fois que je fermais les yeux, le visage de Paolo me hantait, me rappelant tout ce qui s’était passé. Puis, il y avait Lucas… Lucas et son regard sincère, sa douceur, ses mots qui résonnaient encore en moi. « Peu importe tes choix passés, ce qui compte, c’est ce que tu veux maintenant. »Mais qu’est-ce que je voulais, au juste ? Le matin arriva bien trop vite. Je me levai avec un poids sur la poitrine et me traînai jusqu’à la salle de bain. Mon reflet dans le miroir me renvoya une image fatiguée, les traits tirés, les cernes marqués. Ce n’était pas seulement le manque de sommeil… C’était l’angoisse. Lucas dormait encore, paisiblement allongé sur le lit, comme si son monde n’était pas en train de s’écrouler. Moi, j’avais l’impression d’étouffer. J’attrapai mon téléphone et tapai nerveusement sur l’écran. Je connaissais le numéro du cabinet médical, je l’avais déj
54 Allysa était là, dans la salle de bain, les mains tremblantes et le cœur lourd. Elle sentait les larmes couler sur ses joues sans pouvoir les arrêter, comme si le poids de la réalité la submergeait. Le test de grossesse posé sur le comptoir, le reflet de la vie qui grandissait en elle, était comme une sentence. Ses pensées se bousculaient, entre le désir de fuir et l'incertitude qui paralysait son esprit.Elle n’avait même pas entendu la porte s’ouvrir. Quand elle tourna la tête, elle aperçut Lucas, qui s’était approché d’elle en silence. Ses yeux étaient pleins de compréhension, mais aussi d’inquiétude. Sans un mot, il s’avança lentement, ses mains douces posées sur ses bras, comme pour la réconforter. Il la serra doucement contre lui, son corps offrant un abri face à la tempête intérieure qu’elle traversait. Il sentait ses larmes, son souffle irrégulier, et il savait qu’elle était perdue dans ses pensées, qu’elle luttait contre une douleur qu’il ne pouvait pas tout à fait compre
53Je me suis réveillée enveloppée dans la chaleur du corps de Lucas, bercée par sa respiration calme et régulière. C'était la première fois que je me réveillais ainsi, blottie contre un homme qui me regardait comme si j'étais la seule chose qui comptait au monde. Mais une vague de nausée violente m’a soudainement prise, brisant la douceur du moment. Mon corps s’est tendu, et dans un mouvement brusque, je me suis extirpée des draps avant même que Lucas ne comprenne ce qui se passait. Pieds nus, le souffle court, je me suis précipitée vers la salle de bain. Je me suis penchée au-dessus du lavabo, ouvrant le robinet d’une main tremblante avant de me pencher encore plus et de tout rendre. Mon ventre se tordait, mon corps entier rejetait ce que je n’avais même pas le souvenir d’avoir mangé. Mon crâne tournait, mon cœur battait à un rythme irrégulier. Une fois vidée, j’ai laissé l’eau couler sur mes doigts avant de la porter à ma bouche pour me rincer. Je me suis redressée lentement