AnnaIl disait que ce n'était pas la première fois. Que nous avions vécu ça auparavant. Que nos âmes se connaissaient déjà. Et ce qui était le plus effrayant, c’est que je le sentais aussi. Cette connexion, cette reconnaissance instinctive, comme si une partie de moi avait toujours su que je lui appartenais.Mais comment pouvais-je lui faire confiance ?Je roulai sur le côté, fixant le plafond, ma respiration saccadée. Mon cœur tambourinait douloureusement contre ma cage thoracique. Ce n'était pas qu'un simple désir. C'était une certitude viscérale, ancrée dans mes veines, qui me poussait vers lui.Un bruit dans le couloir me fit me redresser.Je me levai d’un bond, le souffle court. La porte s'entrouvrit, et une silhouette sombre apparut dans l'encadrement. Mon cœur manqua un battement.— Anna ?La voix grave d'Angel résonna dans la pénombre.— Qu’est-ce que tu fais là ? soufflai-je.Il entra dans la chambre, refermant la porte derrière lui. Son regard sombre capta le mien, et une va
AnnaJe me réveillai le lendemain matin avec la sensation d’un poids familier sur mon corps. Ma joue était pressée contre un torse chaud, et une main puissante reposait sur ma taille, m’attirant contre lui. La lumière du matin filtrait à travers les rideaux, baignant la pièce d’une lueur douce et dorée.Je relevai lentement la tête, mon cœur battant à un rythme désordonné. Angel dormait encore, son visage détendu, ses cils sombres projetant de légères ombres sur ses joues. Sa poitrine se soulevait lentement sous ma main, et la chaleur de son souffle caressait mon front.Mon regard glissa sur les lignes parfaites de son visage : la courbe de sa mâchoire, le dessin précis de ses lèvres, la tension invisible dans ses muscles même en plein sommeil. Il était beau d’une manière presque irréelle.Je me mordis la lèvre. Ce qui s'était passé la nuit dernière dépassait tout ce que j'avais connu auparavant. Ce n’était pas seulement le plaisir charnel — même si cela avait été incroyablement inten
AngelLe sang de cet homme maculait encore mes phalanges lorsque je refermai la porte derrière nous. Anna tremblait dans mes bras, son souffle court, son regard écarquillé par la peur. Je la ramenai contre moi, mes doigts glissant dans ses cheveux, tentant de calmer le frisson qui agitait son corps.— Angel… qu’est-ce que c’était ? murmura-t-elle.Je fermai les yeux un instant, luttant contre la rage qui grondait encore en moi.— Un avertissement, répondis-je sombrement.Elle leva les yeux vers moi, sa main froide pressée contre mon torse nu.— Pourquoi maintenant ? Pourquoi après…Elle ne termina pas sa phrase, mais je savais ce qu’elle voulait dire. Après ce qu’il s’était passé entre nous. Après que j’avais enfin brisé les barrières qui nous séparaient.Je caressai sa joue, mes doigts traçant une ligne apaisante sur sa peau encore rougie par la passion de la veille.— Parce qu’ils savent, soufflai-je.— Qui « ils » ?Je posai mon front contre le sien, cherchant mes mots.— Ceux qui
AnnaSeth me fixa d’un regard perçant.— Alors prépare-toi à te battre. Parce que le Conseil ne recule jamais.Le silence de la nuit enveloppait la pièce comme un linceul. Allongée dans les bras d’Angel, je sentais son souffle chaud caresser ma nuque, son bras possessif enroulé autour de ma taille. Mais malgré cette étreinte réconfortante, je ne parvenais pas à trouver le sommeil.La révélation de Seth tournait en boucle dans ma tête. Le Conseil. Ils allaient venir. Ils allaient nous arracher l’un à l’autre, comme dans toutes nos vies précédentes. Mais cette fois, j’avais vu quelque chose de différent dans le regard d’Angel : une rage froide, une détermination implacable. Il ne comptait pas les laisser nous séparer.Je glissai mes doigts le long de sa main, la serrant doucement. Il bougea légèrement, son souffle devenant plus profond.— Tu n’arrives pas à dormir ? souffla-t-il, la voix rauque.— Non.Il se redressa légèrement, son torse nu pressé contre mon dos. Ses lèvres frôlèrent m
AngelLe feu crépitait doucement dans l’âtre, projetant une lumière vacillante sur les murs de pierre. Léo était assis dans le fauteuil, l’air nonchalant, mais je voyais la tension dans la manière dont il crispait ses doigts autour du verre de whisky. Anna était assise près de moi, son corps tendu comme une corde prête à se rompre.Éthan n’était pas encore revenu. Et cette attente devenait insupportable.— Léo, murmurai-je, le regard sombre. Tu es sûr qu’Éthan va bien ?Il leva les yeux vers moi, un sourire ironique flottant sur ses lèvres.— Éthan est toujours vivant. C’est déjà pas mal.Je serrai les mâchoires, mes doigts se resserrant sur le dossier du fauteuil.— Ce n’est pas une réponse.Léo posa son verre et se redressa légèrement.— Il a été repéré par un Émissaire du Conseil. Il s’en est sorti, mais il a été blessé.Anna s’arqua soudainement en avant.— Blessé ?Léo leva la main pour la calmer.— Il a survécu. Il va revenir.Anna secoua la tête, le souffle court.— Il n’aurait
AnnaLe froid s'infiltrait dans mes os, et mes jambes me faisaient souffrir après des heures de marche à travers la forêt sombre. Le chemin vers Valoria était accidenté, parsemé de racines tordues et de pierres instables. Pourtant, je ne lâchais pas la main d’Angel. Sa poigne ferme et chaude était la seule chose qui m’empêchait de sombrer dans la panique.Éthan marchait difficilement derrière nous, soutenu par Léo, dont le visage était tendu par l'effort. Angel ouvrait la marche, son regard sombre fouillant l'obscurité comme s'il s'attendait à voir surgir le Conseil d'un instant à l'autre.— On est presque arrivés, dit Angel d'une voix rauque.Je levai les yeux vers lui, cherchant une trace de réconfort dans son expression. Mais son visage était fermé, crispé par une tension silencieuse.— Qu’est-ce qui t’inquiète ? murmurai-je en pressant doucement sa main.Angel ne répondit pas immédiatement. Son regard glissa vers moi, sombre et brûlant.— Tout.Je frissonnai sous l’intensité de so
AngelL’obscurité dans la grotte était oppressante. L’humidité collait à ma peau, et l’écho de nos respirations résonnait contre les parois de pierre. Anna se tenait près de moi, sa main glissée dans la mienne, son souffle saccadé trahissant sa nervosité.Léo et Éthan s’étaient installés un peu plus loin, adossés contre le mur froid. Éthan avait le visage blême, les yeux mi-clos par la douleur. Léo l’observait avec une tension à peine dissimulée, mais je savais qu’une partie de cette colère était tournée contre moi.Je sentis Anna trembler légèrement. J’attirai doucement son corps contre le mien, posant une main sur sa taille.— Ça va aller, murmurai-je près de son oreille.Elle leva les yeux vers moi, son regard doré brillant dans l’ombre.— Tu en es sûr ?Je ne répondis pas. Parce qu’au fond, je n’étais sûr de rien. Mais je ne pouvais pas lui montrer mes doutes. Pas maintenant. Pas alors que nous étions traqués.— Tu as confiance en moi ?Elle hocha lentement la tête.— Oui.Un brui
AnnaLe souffle court, je m’appuyai contre la paroi rugueuse de la grotte, mes doigts tremblants serrant la pierre froide. Le silence oppressant après la bataille était presque plus terrifiant que le bruit du combat.Angel se tenait devant moi, les épaules tendues, le dos rigide, prêt à repousser une nouvelle attaque. Léo et Éthan étaient adossés au mur opposé, essoufflés mais indemnes.— Tu es sûre que ça va ? murmura Angel en se retournant vers moi.Je hochai lentement la tête. Mais la vérité, c'est que j'étais loin d'aller bien. Quelque chose bouillonnait en moi. Une chaleur sourde et brûlante qui me rongeait de l’intérieur depuis des jours.— Anna…Angel s'approcha, posant une main sur ma joue. Le contact de sa peau contre la mienne me fit frémir.— Tu trembles, constata-t-il.— Ce n’est rien, murmurai-je.Mais c’était un mensonge. Ce n'était pas rien.Mon cœur battait trop vite. Mon souffle était trop court. Et cette chaleur… cette puissance… elle s’étendait, se propageait à chaq
AnnaLa pluie tombe doucement sur le monde. Chaque goutte semble porter une part de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai dû traverser. Elle effleure la terre, se pose sur les feuilles des arbres, et je la sens, ici, contre ma peau, comme un dernier souvenir de tout ce qui a été. Le vent, lui, murmure des promesses brisées, des mots d’adieu non dits, mais je les accueille. Car c’est tout ce qui reste à la fin : l’écho de ce qui a été, la résonance de ce que l’on a traversé ensemble.Il est là, à mes côtés. Léo. Angel. Les deux hommes qui m’ont redéfinie. L’un par sa douceur, l’autre par sa passion. L’un par son regard de feu, l’autre par ses bras solides, prêts à me soutenir quoi qu’il arrive. Leur présence me fait me sentir complète, comme si le vide en moi, celui que j’ai toujours cherché à combler, était enfin comblé. Parce que, je le sais, ce n’est pas une question de tout avoir, mais de savoir choisir ce que l’on garde."Tu es prête ?" La voix de Léo brise le silence, doux et clair co
AnnaLe silence, enfin.Pas celui qui oppresse, pas celui qui serre la gorge et fait trembler les mains.Non.Celui qui enveloppe, celui qui rassure, celui qui crée un espace entre les battements du cœur et les soubresauts du monde extérieur.Je suis allongée entre eux, dans cette étrange sérénité où le temps semble suspendu, comme si le monde ne pouvait exister au-delà de la chaleur de leurs corps.La lumière du matin filtre à travers la toile fine qui nous abrite, tremblante, timide. Elle s’invite, comme un rayon secret, et danse sur nos peaux. Elle trouve ses chemins dans les creux, sur les courbes, sur les lignes de vie et de combat.Léo est encore plongé dans un sommeil profond, son visage détendu, marqué par les traces des heures passées à lutter contre tout ce qui nous sépare. Ses mains reposent sur mon ventre, doucement, comme un ancrage. Comme un souffle.Il n’a pas bougé. Pas encore.Angel, lui, se tient un peu à l’écart. Il ne dort pas. Ses yeux sont ouverts, mais il ne me
AnnaIls dorment.Ou ils essaient.Moi, je reste au bord.Assise contre la pierre froide.À distance de leurs souffles.Je ne veux pas les réveiller.Parce que cette nuit… ce n’est pas d’eux que j’ai peur.C’est de moi.Je tremble.Pas de froid. De cette tension que je retiens depuis trop longtemps. Ce cri qui n’est jamais sorti. Cette rage, ce chagrin, cette solitude que j’ai recouverte de silence.Alors je me lève.Je marche dans l’obscurité. Pieds nus.Le vent accroche ma peau. Mais c’est bon.Ça me rappelle que je suis encore là.Je m’éloigne. Un peu.Mais pas assez.Car il me suit.Eliel.Toujours lui.Je m’arrête. Il ne dit rien. Je ne dis rien.Puis je craque.« Tu crois que c’est facile ? » ma voix explose sans prévenir.Elle tremble. Elle se brise.Il ne répond pas.Alors je continue. Parce que si je m’arrête, je m’effondre.« Tu crois que j’ai choisi ça ? Que j’ai choisi de porter un pouvoir qui me consume ? Que j’ai demandé à aimer des gens que je vais sûrement tuer sans le
LéoJe la cherche du regard.Même à travers le chaos, même dans ce monde qui s’effondre, je saurais reconnaître sa silhouette.Même brisée. Même changée.Surtout changée.Parce que ce n’est plus la même Anna.Et pourtant, elle est toujours là.Je l’ai vue s’effondrer. Je l’ai vue se relever.Et quand j’ai cru qu’elle ne reviendrait jamais, qu’elle s’était trop éloignée de nous, j’ai compris : c’est à moi de faire le chemin.Alors j’avance.Angel est à mes côtés.Silencieux, comme toujours.On ne se parle pas.Mais on sait pourquoi on est là.AngelJe n’ai jamais cessé de l’aimer.Même quand elle s’est éloignée. Même quand elle a choisi d’être autre chose.Même quand elle m’a oublié, un peu.Ce n’était pas une décision. C’était une évidence. Une fatalité.Elle vit dans chaque battement de mon cœur, même quand il se fend.Et Léo le sait. Je le vois à sa mâchoire serrée, à ses doigts crispés sur son arme.On est deux à aimer la même fille.Mais on n’est pas ennemis.On est les deux phare
ElielSa main dans la mienne. Elle tremble.Et pourtant, c’est elle qui m’a tendu la sienne.Elle, l’éclat brisé.Elle, la fille que le monde regarde comme un danger.Elle, l’ultime espoir.Je la sens prête à fuir, à se retirer au moindre signe. Mais elle reste.Alors je serre doucement ses doigts, comme on attrape une flamme. Sans vouloir l’éteindre.AnnaJe l’ai choisi.Pas comme on choisit un sauveur. Pas comme on choisit un soldat.Je l’ai choisi comme on choisit une vérité : en sachant qu’elle fera mal.Il me regarde. Je ne détourne pas les yeux.« Il faut entrer dans le cercle, Anna. » dit-il.Je hoche la tête.On y entre. Ensemble.Le sol est marqué de symboles anciens. Le vent se lève. Quelque chose s’éveille sous la terre. Quelque chose de très vieux. Très pur. Ou très terrible.Je sens mes os vibrer.Eliel« Le feu va te tester. » je dis.Elle ne bouge pas.« Tu peux encore faire demi-tour. »« Non. »Sa voix est claire. Inflexible.Alors je recule.Elle s’avance.Et la lumi
AnnaMais ce n’est pas le Eliel que j’ai connu. Pas celui qui avait encore l’espoir au bord des lèvres. Son visage est plus dur. Son regard, plus sombre. Il a vu des choses. Et il porte quelque chose en lui. Une douleur vivante.« Pourquoi es-tu là ? » ma voix tremble malgré moi.Il s’approche d’un pas, puis s’arrête.« Parce que le monde va se fendre, Anna. Et que toi seule peux empêcher qu’il s’effondre. »Je déglutis. Chaque mot est une lame.« Tu savais, n’est-ce pas ? Tu savais ce que j’étais. »Il ferme les yeux. Puis, d’une voix basse :« Je savais que tu étais plus que ce qu’on t’avait dit. Mais je ne savais pas que tu étais… l’éclat brisé. »« L’éclat brisé ? »Il me regarde avec une intensité glaciale.« Celle qui a le pouvoir de refaire le monde… ou de le détruire entièrement. »Le silence tombe, plus lourd que jamais.Je sens mon cœur battre dans mes tempes.« Et toi ? Tu viens m’aider ? Ou m’arrêter ? »Un silence. Long. Tranchant.Puis il murmure :« Je ne sais pas encor
AnnaUn cercle de pierres se dessinait dans la clairière, parfaitement symétrique. Au centre, une colonne de lumière bleutée s’élevait du sol, sans source apparente. L’air y vibrait, distordu, chargé d’une magie ancienne et inaltérable. C’était comme si le monde retenait son souffle.Je sentis mes jambes trembler, mais je restai droite. Pas cette fois. Je voulais savoir. Je voulais tout affronter.« Qu’est-ce que c’est ? » soufflai-je, hypnotisée.« Le seuil. » La voix de ma mère était douce mais ferme. « Le lien entre ce qui a été et ce qui peut être. C’est ici que les gardiens veillent. C’est ici que tu sauras. »« Les gardiens ? »Elle me regarda, et pour la première fois, j’y lus de la peur.« Ils ont connu la vérité avant nous. Ils ont vu les erreurs, les sacrifices, les serments trahis. Et maintenant… ils attendent ton choix. »Je reculai d’un pas.« Mon choix ? »« Tu es celle qui brise le cycle, Anna. Mais tu es aussi celle qui peut en créer un nouveau. »Un grondement sourd m
AnnaLe sol sous mes pieds vibre à chaque pas. Une pulsation sourde, presque imperceptible, comme si la terre elle-même réagissait à notre passage. Ma main ne quitte pas celle de ma mère. Je sens sa chaleur, sa force, son énergie fluide, ancrée en moi comme une certitude. Nous avançons en silence, mais nos pensées sont bruyantes.Je sens le poids du monde s'alléger. Non pas parce que le danger a disparu, mais parce que, pour la première fois, j'avance sans fuir. J'avance pour comprendre. Pour choisir. Pour affronter.La forêt s'efface lentement, remplacée par des clairières où la lumière lunaire coule comme du lait sur les feuilles argentées. Puis un sentier, une ouverture dans l’obscurité, bordée de pierres anciennes, couvertes de mousse. L’air change. Il devient plus dense, chargé de souvenirs que je ne reconnais pas mais que mon corps semble connaître. Mon sang palpite d’une mémoire plus vieille que moi.« Nous y sommes presque », souffle ma mère, la voix tremblante d’un pressentim
AnnaEt au fond de moi, je savais que même si les ombres du passé ne disparaîtraient jamais complètement, j'étais prête à affronter quoi que ce soit. Avec ma mère à mes côtés, nous pourrions braver toutes les tempêtes à venir. L'héritage de nos ancêtres continuait de vivre à travers nous, et ensemble, nous étions invincibles.Mais quelles autres ombres se cachaient encore dans les recoins de notre avenir ?Alors que le silence s'étendait autour de nous, je me relevai lentement, encore tremblante d'émotions. La forêt, autrefois assombrie par l'angoisse et le danger, semblait maintenant vibrant d'une nouvelle énergie. Le souffle du vent caressait ma peau, porteur d'un ressenti de renouveau. Mais les luttes passées assombrissaient toujours mes pensées. Que se passerait-il maintenant ? Ma mère se tenait à mes côtés, une aura de sérénité émanant de sa présence. Je pouvais lire dans ses yeux qu'elle ressentait la douleur et la fatigue que je portais dans mon cœur. Mais elle avait aussi une