AlessiaJe sens l’absence avant même d’ouvrir les yeux.Le vide a une texture. Un souffle qui manque. Une empreinte tiède sur les draps.Lorenzo n’est plus là.Je ne bouge pas tout de suite. Mon corps proteste, engourdi, douloureux d’avoir tant cédé.Mais ce n’est pas la douleur qui m’empêche de me lever.C’est la peur.Celle de ce que je suis en train de devenir, ici.Avec lui.À cause de lui.Je me redresse lentement. Chaque muscle garde la mémoire de la nuit.Je devrais fuir. Mais je ne pars pas.Parce qu’une part de moi est encore là, étendue sur ce lit, collée à l’empreinte qu’il m’a laissée.Je passe une main sur mon cou, là où ses doigts ont glissé. Là où il ne m’a pas étranglée, cette fois.C’était pire.Il m’a regardée.Je me lève. Je vais jusqu’à la fenêtre, encore nue. J’observe la ville qui s’éveille lentement sous la brume.Tout est normal. En apparence.Mais je le sens. Quelque chose a changé.Je retrouve Paolo plus tard, au détour d’un couloir.Il me salue à peine, touj
AlessiaJe reste blottie contre lui longtemps.Pas par faiblesse.Pas par amour.Par instinct.Il est chaud, solide, vivant.Son odeur m’enveloppe, mélange de tabac froid, de cuir et d’une note plus sombre, plus âcre, comme un secret que lui seul possède.Et même si une part de moi hurle de ne pas céder, l'autre, celle qu'il a réveillée, murmure que c'est déjà trop tard.Quand je me recule enfin, ses mains hésitent.Elles me retiennent sans m’enfermer, glissent le long de ma taille comme pour s’assurer que je suis bien réelle, que je ne vais pas m’évaporer sous ses yeux.Comme si sa peau tentait de m’inscrire dans la sienne.— Tu devrais me haïr, souffle-t-il.Sa voix est rauque, chargée d’un poids qu’il ne cache pas.Je le regarde.Longtemps.Je veux qu’il sente le poids de mon regard autant que je ressens le poids du sien.— Peut-être que je le ferai demain, dis-je enfin.Son sourire est une fracture.Un éclat de douleur, un aveu qu’il ne peut pas formuler autrement.Il sait.Comme
LorenzoJe la serre contre moi comme un naufragé agrippe sa dernière bouée au milieu d’un océan furieux.Elle est là. Chaude. Présente. Respirante. Vivante.Et pourtant, une partie de moi refuse d'y croire. Comme si ce contact n’était qu’une illusion, un mirage tissé par mon esprit malade, une trêve accordée par un dieu auquel je n'ai jamais cru.Je lutte contre l’instinct animal de la garder prisonnière contre ma poitrine, de refermer mes bras autour d’elle jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus s’échapper.Je glisse mon visage dans le creux de son cou, là où sa peau palpite d’une chaleur si tendre, si férocement familière que cela me donne le vertige.Je respire.Sa peau.Sa douceur.Son odeur unique, mélange cruel de lumière et de damnation.Je voudrais l'engloutir. L’absorber. La fondre en moi.Anéantir cette distance, cette fraction d’espace, cette marge invisible qu’elle laisse toujours, même quand elle semble me tendre la main.— Je ne peux pas te perdre, soufflé-je dans un murmure
AlessiaJe n’aurais jamais dû accepter cette invitation.Le velours des murs absorbe les murmures feutrés des conversations, créant une ambiance presque irréelle dans cette salle de réception. Les lustres en cristal projettent une lumière dorée, faisant scintiller le marbre du sol et les bijoux étincelants des invités. Les hommes, habillés de costumes parfaitement ajustés, discutent à voix basse, des sourires de façade sur leurs lèvres. Les femmes, drapées dans des robes luxueuses, rient légèrement en jouant avec le bord de leurs coupes de champagne. Tout semble trop parfait, trop maîtrisé, comme si chaque détail de cette soirée avait été savamment orchestré dans le but de masquer une vérité plus sombre.Je ne devrais pas être là.Je le sais, je le sens dans chaque fibre de mon corps.Mais Bianca Russo a été persuasive. Trop persuasive.— "Alessia, tu ne peux pas refuser cette opportunité."— "Quelle opportunité ?"— "Être vue au bras d’un homme de pouvoir, bien sûr."Bianca n’a jamai
AlessiaJ’aurais dû répondre à ce message.Ou peut-être que j’aurais simplement dû l’ignorer.Mais je n’ai rien fait.Le message de Lorenzo est resté sur l’écran de mon téléphone, une menace silencieuse déguisée en invitation. "Ce soir. 21 h. Villa Valente." Il ne s’embarrasse pas de détails inutiles. Il se contente d’ordonner, comme si ma présence à ce rendez-vous était une évidence.Je suis restée assise pendant une heure entière, le téléphone à la main, le cœur battant à un rythme irrégulier. Chaque fibre de mon corps hurlait de rester loin de lui. J'ai vu le piège se refermer, j'ai senti l'ombre de son emprise planer au-dessus de moi.Et pourtant…Ce n'est pas l'envie qui m'a retenue.C'est la peur de ce qu'il pourrait me faire s'il s'apercevait que je lui avais désobéi.Mais je suis restée chez moi.Je me suis enfermée dans mon appartement, les rideaux tirés, le souffle court. J’ai tenté d’oublier la sensation de ses doigts autour de mon poignet, la chaleur brûlante de son regard
AlessiaJ’attrape mon téléphone sur la table de chevet. 3 h 12.Aucun message. Aucun appel.Je pousse un soupir tremblant, posant ma main contre ma poitrine pour tenter de calmer la panique sourde qui s’agite en moi. Lorenzo est parti. Il a respecté ma décision.Alors pourquoi est-ce que j’ai cette sensation persistante que quelque chose ne va pas ?Un bruit.Infime. Presque imperceptible.Je me redresse dans le lit.— "Qui est là ?"Silence.Je tends l’oreille, le cœur prêt à exploser. Puis je l’entends de nouveau. Un craquement léger, un bruit de pas.Mon sang se glace.Je me lève lentement, le souffle suspendu. J’attrape une lampe de chevet comme une arme improvisée et avance à pas feutrés vers le salon.— "Qui est là ?" je répète, la voix tremblante.Le craquement résonne à nouveau. Plus proche cette fois.Je contourne le canapé, le cœur battant dans mes tempes. La porte d’entrée est fermée, mais le loquet a été déverrouillé.Mon souffle s’arrête.La lumière du lampadaire de la ru
AlessiaJe me parle à moi-même, les yeux rivés à mon reflet dans le miroir. Mon regard est trouble, mes joues rouges, mes lèvres encore gonflées par l’intensité du moment. Je me hais pour ce frisson qui me parcourt quand je repense à sa voix rauque dans mon oreille.Un son.Une vibration.Mon téléphone.Je sors de la salle de bain, attrape le portable sur la table. Un message.Lorenzo : "Dors, princesse. Tu vas avoir besoin de toutes tes forces pour me résister."Mon cœur bondit.Je jette le téléphone sur le canapé, le souffle coupé.Il joue avec moi. Il s’amuse.Et le pire ? C’est que je sens déjà le désir remonter, là, entre mes cuisses.Je serre les poings, furieuse contre lui. Contre moi-même.Je ne suis pas à lui.Je ne serai jamais à lui.J’inspire profondément et me dirige vers la cuisine. Peut-être que manger quelque chose m’aidera à retrouver mes esprits. Mais alors que j’ouvre le frigo, une ombre se glisse derrière moi.— "Tu ne devrais pas rester seule, Alessia."Mon sang s
AlessiaJe suis en train de verser le café dans une tasse quand j’entends un bruit. Une vibration. Mon téléphone.Je le saisis, le cœur battant.Un message.Lorenzo : "Ouvre la porte."Je me fige.— "Quoi ?"Un coup résonne contre la porte.Je m’approche lentement, le téléphone serré dans ma main.— "Ouvre, Alessia."Je reconnaîtrais cette voix entre mille.Je pose ma main sur la poignée.— "Pourquoi ?"— "Ouvre."Mon cœur bat à tout rompre. Mon corps lutte, mais mes doigts tournent la clé. La porte s’ouvre lentement. Lorenzo est là, appuyé contre l’encadrement, vêtu d’un manteau noir trempé par la pluie. Ses cheveux sombres sont humides, ses yeux d’un noir insondable.— "Tu es fou."Il esquisse un sourire en coin.— "C’est possible."Il entre sans attendre mon autorisation, refermant la porte derrière lui. Il retire son manteau, laissant tomber quelques gouttes sur le sol.— "Tu ne m’as pas répondu hier soir."— "Parce que je n’ai rien à te dire."Il s’approche, son regard brûlant.—
LorenzoJe la serre contre moi comme un naufragé agrippe sa dernière bouée au milieu d’un océan furieux.Elle est là. Chaude. Présente. Respirante. Vivante.Et pourtant, une partie de moi refuse d'y croire. Comme si ce contact n’était qu’une illusion, un mirage tissé par mon esprit malade, une trêve accordée par un dieu auquel je n'ai jamais cru.Je lutte contre l’instinct animal de la garder prisonnière contre ma poitrine, de refermer mes bras autour d’elle jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus s’échapper.Je glisse mon visage dans le creux de son cou, là où sa peau palpite d’une chaleur si tendre, si férocement familière que cela me donne le vertige.Je respire.Sa peau.Sa douceur.Son odeur unique, mélange cruel de lumière et de damnation.Je voudrais l'engloutir. L’absorber. La fondre en moi.Anéantir cette distance, cette fraction d’espace, cette marge invisible qu’elle laisse toujours, même quand elle semble me tendre la main.— Je ne peux pas te perdre, soufflé-je dans un murmure
AlessiaJe reste blottie contre lui longtemps.Pas par faiblesse.Pas par amour.Par instinct.Il est chaud, solide, vivant.Son odeur m’enveloppe, mélange de tabac froid, de cuir et d’une note plus sombre, plus âcre, comme un secret que lui seul possède.Et même si une part de moi hurle de ne pas céder, l'autre, celle qu'il a réveillée, murmure que c'est déjà trop tard.Quand je me recule enfin, ses mains hésitent.Elles me retiennent sans m’enfermer, glissent le long de ma taille comme pour s’assurer que je suis bien réelle, que je ne vais pas m’évaporer sous ses yeux.Comme si sa peau tentait de m’inscrire dans la sienne.— Tu devrais me haïr, souffle-t-il.Sa voix est rauque, chargée d’un poids qu’il ne cache pas.Je le regarde.Longtemps.Je veux qu’il sente le poids de mon regard autant que je ressens le poids du sien.— Peut-être que je le ferai demain, dis-je enfin.Son sourire est une fracture.Un éclat de douleur, un aveu qu’il ne peut pas formuler autrement.Il sait.Comme
AlessiaJe sens l’absence avant même d’ouvrir les yeux.Le vide a une texture. Un souffle qui manque. Une empreinte tiède sur les draps.Lorenzo n’est plus là.Je ne bouge pas tout de suite. Mon corps proteste, engourdi, douloureux d’avoir tant cédé.Mais ce n’est pas la douleur qui m’empêche de me lever.C’est la peur.Celle de ce que je suis en train de devenir, ici.Avec lui.À cause de lui.Je me redresse lentement. Chaque muscle garde la mémoire de la nuit.Je devrais fuir. Mais je ne pars pas.Parce qu’une part de moi est encore là, étendue sur ce lit, collée à l’empreinte qu’il m’a laissée.Je passe une main sur mon cou, là où ses doigts ont glissé. Là où il ne m’a pas étranglée, cette fois.C’était pire.Il m’a regardée.Je me lève. Je vais jusqu’à la fenêtre, encore nue. J’observe la ville qui s’éveille lentement sous la brume.Tout est normal. En apparence.Mais je le sens. Quelque chose a changé.Je retrouve Paolo plus tard, au détour d’un couloir.Il me salue à peine, touj
LorenzoElle dort.Enfin…Elle s’abandonne, du moins.Parce qu’Alessia ne dort jamais vraiment quand elle est avec moi.Même au repos, je sens la tension sous sa peau, les sursauts de son souffle, les réminiscences.Elle croit que je l’ai prise.Elle ne sait pas qu’elle est en train de me posséder.Je la regarde, allongée sur les draps froissés, la peau encore perlée de sueur, les cheveux épars, la bouche entrouverte.Je pourrais la contempler des heures.Mais ce serait trop simple.Je suis incapable de rester inerte.Je tourne. Je marche. Je serre les poings.J’ai l’impression d’avoir gagné une bataille… mais perdu du terrain.Parce qu’elle est là. Entière. Vivante.Et que je suis en ruines.Je m’assois au bord du lit. Je pose un doigt sur la marque rouge laissée par ma ceinture.Elle tressaille dans son sommeil, un soupir court échappe à ses lèvres.Ce son me transperce.Je pourrais la réveiller.La reprendre. La marquer encore.La soumettre jusqu’à l’effondrement.Mais quelque chos
AlessiaLa table grince sous nos mouvements.Ses mains glissent sous mon chemisier, le déchirent plus qu’elles ne l’ouvrent.Chaque bouton qui saute, c’est une résistance en moins. Une capitulation.Un aveu.Ma peau le reconnaît.Ma peau l’attendait.Elle se souvient mieux que ma mémoire, mieux que ma volonté.Il ne me laisse aucun répit. Pas une seconde pour douter.Et moi, je ne veux pas réfléchir. Je veux juste… ressentir.Être consumée.— Tu as fui, Alessia. Mais tu n’as jamais su t’échapper.Il m’oblige à le regarder, ses doigts plaqués sous mon menton.Son regard est une lame. Une promesse. Un piège.Il est partout, en moi, autour de moi, dans cette pièce où chaque ombre semble murmurer son nom.Il fait glisser mon pantalon le long de mes jambes avec une lenteur calculée, sadique.Et je retiens un gémissement.Mais lui… il sourit. Comme un roi qui voit son royaume se plier à nouveau devant lui.— Tu te souviens de cette table ?Je hoche la tête, à peine.Un frisson me traverse.
AlessiaIl me dévore.Pas avec ses mains. Pas encore.Avec ce regard.Ce regard qui me ramène à l’endroit exact où tout a commencé.Ce regard qui ne m’a jamais quittée, même quand je m’enfuyais dans d’autres bras.Même quand je le haïssais.Même quand je me haïssais de le désirer encore.Lorenzo me laisse enlever mon manteau sans un mot.Le silence entre nous est une corde tendue, prête à céder.Il ne bouge pas.Il attend.Et dans cette attente, il impose déjà.Il me laisse croire que je contrôle. C’est sa manière de m’ouvrir les jambes sans me toucher.Je sens sa présence derrière moi.Invasive. Magnétique.Chaque centimètre de mon dos réagit, frissonne, appelle.Je n’ai pas bougé d’un centimètre, mais à l’intérieur… je vacille.Je me perds dans cette faille, celle qu’il connaît mieux que personne.— Tu trembles, dit-il doucement.Je serre les dents.Je ne réponds pas.Parce que oui, je tremble. Mais pas de peur.De lucidité.De cette vérité viscérale qu’on ne dit jamais à voix haute
AlessiaJe suis restée là.Figée.Devant cette porte qui n’aurait jamais dû se rouvrir.Devant ce seuil maudit que j’avais juré de ne plus jamais franchir.Je l’ai regardée comme on regarde un précipice, ou un miroir trop honnête.Le cœur au bord des lèvres. Les mains glacées.Les souvenirs m’assaillent comme une vague noire. Ce lieu… il est chargé de tout ce que je croyais avoir enterré. De tout ce que j’ai fui, sans vraiment m’éloigner.Je savais que la caméra au-dessus m’avait captée.Je savais qu’il verrait.Qu’il comprendrait.C’était une provocation. Ou un appel. Ou les deux. Je ne sais plus. Je ne suis plus sûre de rien.Je suis venue sans prévenir. Sans réfléchir.Pas vraiment pour le revoir. Pas pour me jeter dans ses bras.Je suis venue parce que je ne supporte plus cette normalité propre, cette tiédeur sans goût.Parce que Damien me touche comme s’il avait peur de me froisser.Et que Lorenzo, lui… il me détruit. Mais il me rend vivante.La porte s’ouvre.Mon cœur fait un bo
LorenzoIl est vingt-trois heures douze quand la notification s’affiche sur l’écran de mon téléphone.Une image floue. Sombre. Capturée par l’une des caméras que j’ai laissées actives dans l’immeuble de la vieille ville.Elle est là.Le message est inutile.Je n’ai pas besoin qu’on me dise ce que je vois. Je le ressens avant même de distinguer nettement sa silhouette.Alessia.Manteau noir, cheveux relevés. Son visage à moitié mangé par l’ombre. Elle ne bouge pas. Elle reste là. Devant la porte. Comme si elle doutait encore. Comme si elle attendait que quelque chose – ou quelqu’un – l’arrête.Mon cœur ne bat pas plus vite. Pas vraiment.Mais un fil invisible, tendu depuis des semaines, se rompt doucement en moi.Elle est venue. Malgré tout.Malgré Damien. Malgré ses silences. Malgré ses tentatives pour m’effacer.Elle est revenue au centre du labyrinthe.Je reste un instant figé. L’écran entre mes doigts. Le souffle suspendu.Je devrais appeler un de mes hommes. Juste au cas où.Mais
LorenzoElle croit pouvoir m’effacer.Cette pensée me fait sourire, un de ces sourires qui ne touchent jamais les yeux. Elle croit qu’il suffit d’un homme tiède, d’un agenda rempli, d’un rire feint au détour d’une conférence pour tourner la page. Comme si une passion comme la nôtre pouvait se ranger dans une boîte, étiquetée "à oublier". Comme si moi, je pouvais être relégué à l’état de souvenir.Elle ne comprend pas. Pas encore.Ce que nous avons vécu n’a jamais été de l’amour au sens faible et banal du terme. Ce n’était pas une romance. C’était une tempête. Une guerre. Une fusion d’âmes cabossées. Et ce genre de chose ne se détruit pas avec un silence ou une distance géographique. Ça hante. Ça imprègne. Ça transforme. Alessia est marquée. Par moi. Par nous.Je relis ses messages. Froids. Calculés. Brillants dans leur tentative de détachement. Mais je les entends résonner autrement. Comme un cri étouffé. Une supplique. Parce que je connais sa musique intérieure. Celle qu’elle cache d