NyxL’Errant tourne lentement son regard vers moi, et je vois, pour la première fois, une gravité qu’il n’a jamais montrée. Ses yeux sont des puits de secrets, et je sens que ce que je vais entendre ne va pas être facile.— Parce qu’ils ne sont jamais partis.Ces mots me frappent. Un frisson glacé me parcourt l’échine, et l’air autour de nous semble se figer. Ce qu’il me dit… c’est bien plus que ce qu’il semble.— Ils ont manipulé des forces bien plus puissantes que ce que tu imagines. Ils étaient derrière la naissance des Ombres Possédées. Et leur influence… elle perdure encore aujourd’hui.Je sens ma gorge se serrer alors qu’il prononce ces mots. Les Ombres Possédées… Ces créatures. Ces abominations. Et maintenant, ces êtres du passé semblent encore avoir un pouvoir. Mais pourquoi tout cela est-il lié à moi ? À nous ?Je fronce les sourcils, la question me brulant sur le bout de la langue.— Pourquoi ce groupe te menace-t-il ?L’Errant détourne les yeux, et je vois un ombre de doule
NyxLe ciel se teinte rapidement de nuances sombres, les ombres envahissant la forêt à mesure que la nuit s’étend. Le vent se fait plus froid, sifflant entre les arbres, leur faisant produire un murmure lugubre. Je frissonne, mais je continue à avancer, mes pas calqués sur ceux de l'Errant.Je sens la présence de la forêt autour de moi, son poids, sa densité qui semble s’accroître à chaque pas. L’endroit devient plus oppressant, plus vivant même, comme si nous nous enfoncions dans une gueule béante prête à nous engloutir. L’Errant ne parle pas, mais son silence en dit long. Nous sommes sur le point de franchir une frontière que peu de vivants osent franchir.— Nous sommes proches, murmure l’Errant. Sa voix est lourde, tremblante d’une tension palpable.Je hoche la tête sans répondre. Je vois ce que mes yeux ne veulent pas accepter : ce temple au bout de cette clairière, comme une entité elle-même, enchevêtrée dans la végétation, fusionnant avec elle. Le métal et la pierre s’entrelacen
NyxLe temple est plongé dans un silence oppressant après la disparition de l’ombre. Pourtant, l’atmosphère semble toujours lourde, comme si le poids de ce qui vient de se passer flotte encore dans l’air. Un froid glacial s’est emparé de l’endroit, et chaque souffle que je prends me semble plus difficile que le précédent. C’est comme si quelque chose d’indéfini et de terrible plane au-dessus de nous, prêt à s’abattre.L’Errant reste immobile pendant un long moment, les yeux fixés sur la salle désertée. La lumière vacille encore, incertaine, comme une bougie qui risque de s’éteindre à tout instant. Puis il tourne finalement son regard vers moi, un soupir lourd échappant de ses lèvres.— Nous avons réveillé un pouvoir ancien, Nyx. Un pouvoir que nous n’étions pas prêts à affronter.Sa voix trahit une légère tremblement, une rare faiblesse dans le ton habituellement inébranlable de l’Errant. Je sens que l’ampleur de ce qu’il vient de dire le frappe de plein fouet. Ce n’est pas seulement
Nyx :Je me laisse tomber en arrière, mes mains tremblantes sous le fardeau de ce que je viens de découvrir.— Je ne peux pas choisir seule. murmure-je, ma voix brisée sous le poids de cette responsabilité. Je ne peux pas porter ce fardeau toute seule.L’Errant s’approche lentement, posant une main ferme sur mon épaule. Ses yeux, pleins de détermination, me fixent avec une assurance tranquille.— Tu n’es pas seule, Nyx. Sa voix est calme, mais pleine de force.Dans ce silence lourd, je comprends qu’avec lui à mes côtés, je pourrai affronter cette tempête. Ensemble, nous trouverons un moyen de naviguer à travers l’ombre, de choisir la lumière.Le vent souffle fort à l’extérieur du temple, emportant avec lui une multitude de bruits sourds. Mais à l’intérieur, tout est d’un calme étrange, presque oppressant. Je ne peux détacher mon regard des pages du livre, qui semblent maintenant vibrer d’une énergie ancienne et infinie. L’Errant se tient à mes côtés, prêt à intervenir à tout moment, m
NyxLa tempête rugit à l'extérieur, mais à l'intérieur du temple, un calme étrange règne. Les murs semblent absorber la fureur du vent, et l'atmosphère devient de plus en plus lourde. Je ne suis plus seule à l’intérieur de ma tête. La voix de l’Ombre, persistante et pressante, continue de résonner dans mes pensées, mais cette fois, quelque chose a changé. La lumière en moi est plus forte, plus présente.Je ferme les yeux un instant, me concentrant sur ma respiration. Chaque souffle que je prends semble plus difficile, comme si une bataille invisible se déroule à l'intérieur de moi. Mais je sais que je suis prête. Prête à affronter ce qui se dresse devant moi, même si cela signifie un choix impossible.L’Errant se tient près de moi, silencieux mais attentif. Ses yeux suivent mes mouvements, et je sens sa présence rassurante. Il sait que le moment approche. Il sait que je dois choisir.— Nyx, tu sais ce que tu dois faire. Sa voix, douce mais ferme, me rappelle que je ne suis pas seule.
NyxJe hoche la tête, la réponse de l'Errant me réconfortant plus que je ne l'aurais cru. Il a raison. Je dois choisir. Toujours.Nous poursuivons notre chemin, chaque pas résonnant dans l'immensité de la nuit. Le voyage est long et semé d’embûches, mais plus rien ne me fait peur. L’Ombre peut me tenter, mais je sais désormais que c’est moi qui détiens le pouvoir de la repousser. Le livre, l’Errant, et tout ce que j’ai appris m’ont donné une nouvelle force. Et cette force sera mon guide.La route est inconnue, mais je ne suis plus seule.Le vent souffle moins fort maintenant, mais il a laissé derrière lui une brume étrange qui enrobe chaque pas que nous faisons. La lumière de la lune, faible et diffuse, se glisse à travers les nuages, créant une atmosphère irréelle. Nous marchons depuis des heures sans échanger un mot. L’air semble plus dense, comme si le monde lui-même attendait que quelque chose de décisif se produise.L’Errant est toujours à mes côtés, son regard aussi impénétrable
NyxL'air à l'intérieur de la pièce est lourd, chargé d'une étrange énergie. En franchissant le seuil du portail, j'ai l'impression d'entrer dans un autre monde, un monde figé dans le temps. La lumière de la lune, filtrée à travers les fissures des pierres, dessine des ombres mouvantes sur les murs, comme si les murs eux-mêmes respiraient, vivants et conscients de notre présence.L’Errant se tient à mes côtés, silencieux, ses yeux scrutant chaque recoin de la pièce. Je peux sentir son appréhension, mais aussi une résignation qui m’effraie un peu. Cet endroit n'est pas simplement un lieu de pouvoir ; c'est un lieu de mémoire, un lieu où les secrets des anciens sont gravés dans la pierre et dans le sang. Un lieu où tout pourrait changer.Je fais quelques pas dans la pièce, mes pieds résonnant sur le sol de pierre. L’espace est vaste, mais il semble étrangement clos, comme un piège qui se referme lentement autour de nous. À mesure que j’avance, des symboles antiques, encore partiellement
NyxL'air à l'intérieur de la pièce est lourd, chargé d'une étrange énergie. En franchissant le seuil du portail, j'ai l'impression d'entrer dans un autre monde, un monde figé dans le temps. La lumière de la lune, filtrée à travers les fissures des pierres, dessine des ombres mouvantes sur les murs, comme si les murs eux-mêmes respiraient, vivants et conscients de notre présence.L’Errant se tient à mes côtés, silencieux, ses yeux scrutant chaque recoin de la pièce. Je peux sentir son appréhension, mais aussi une résignation qui m’effraie un peu. Cet endroit n'est pas simplement un lieu de pouvoir; c'est un lieu de mémoire, un lieu où les secrets des anciens sont gravés dans la pierre et dans le sang. Un lieu où tout pourrait changer.Je fais quelques pas dans la pièce, mes pieds résonnant sur le sol de pierre. L’espace est vaste, mais il semble étrangement clos, comme un piège qui se referme lentement autour de nous. À mesure que j’avance, des symboles antiques, encore partiellement
Erwan, Nyx, Lyam, Nolen, KaelL’hiver s’accroche à la terre, aussi tenace que nous. Les jours s’étirent dans un silence tendu, chaque heure plus lourde que la précédente. On a attendu ce moment trop longtemps. Maintenant, il est là.Erwan— C’est ce soir.Ma voix brise le silence. Nyx relève la tête, ses traits figés par la détermination. Lyam hoche la tête. Il a récupéré des armes, des cartes. Tout est prêt.Nyx— On ne revient pas en arrière.Lyam— On n’est jamais revenus en arrière. On a juste mis le feu aux ponts, un par un.Nolen ne parle pas. Il sait. Il a compris. Ses petits poings serrés contre sa poitrine.Nolen— Reviens, maman. Reviens cette fois.Nyx s’accroupit, pose une main sur sa joue.Nyx— Je reviens. On va se construire cette maison, tu te souviens ? Avec un lit qui grince pas.Il hoche la tête, mais je vois ses yeux briller. C’est un adieu qu’on lui arrache sans oser le dire.On part à la nuit tombée. Le domaine de Kael est à deux jours de marche, mais Lyam connaî
Erwan, Nyx, Nolen, LyamLa nuit est glaciale, mais je ne sens plus rien. Mon bras autour de Nyx, mes forces vacillantes, et devant nous, Lyam ouvre la route. Nolen dort contre elle, le visage enfoui dans son cou comme s’il refusait de voir ce monde en ruines.Erwan— Combien de temps avant qu’ils nous retrouvent ?Lyam ne répond pas tout de suite. Ses yeux balayent l’horizon. La forêt dévore la route, les arbres se referment sur nous.Lyam— On a gagné du temps. Kael est mort. Mais tu sais comment ça marche… Un autre prendra sa place.Je serre les dents. Nyx me soutient sans un mot, sa main tremblante sur ma hanche. Elle m’a sauvé. Elle nous a tous sauvés.Nyx— On trouvera un endroit. Assez loin. Pour respirer. Pour penser.Sa voix est rauque, abîmée. Mais elle est là. Vivante. Et plus forte que jamais.On marche encore des heures. La douleur pulse dans ma jambe. Je tombe une fois, deux fois. Nyx refuse de me lâcher.Erwan— Tu devrais partir devant avec Nolen. Me laisser là si je te
Erwan, Nyx, LyamLe vent souffle en bourrasques, charriant des odeurs de terre humide et de bois brûlé. La nuit s’étale sur nous comme une ombre vivante. À l’horizon, la forteresse se dresse, massive, impénétrable.Nous sommes trois. Eux, une trentaine. Mais la peur ne fait plus partie de l’équation.Nyx— On entre par les tunnels. Il y a un passage sous la falaise, une ancienne galerie d’évacuation.Je la fixe.Erwan— Tu en es sûre ?Elle ne cille pas.Nyx— Kael l’a fait condamner, mais je sais comment passer. C’est notre seule chance d’arriver jusqu’à Nolen sans alerter tout le camp.Lyam serre son fusil, vérifie son chargeur.Lyam— Combien de temps avant l’aube ?Je jette un œil au ciel.Erwan— Quatre heures. On doit être rapides.Nyx passe devant. Elle connaît chaque pierre, chaque fissure de cette terre damnée. On descend en silence, courbés contre les ombres.Les tunnels sont étroits, humides. L’air y est lourd, chargé d’un relent de moisissure et de sang ancien.On progress
Erwan, Nyx, LyamLa nuit ne veut pas finir. Elle s’accroche à nous comme une malédiction. Pourtant, on ne bouge plus. Figés dans cette étreinte bancale, incapables de dire ce qui brûle encore nos tripes. La rage, la peur, l’espoir, tout se mélange. Et dans le silence, c’est Nyx qui finit par parler. Sa voix est rauque, étranglée, presque brisée.Nyx— Le premier… il s’appelait Kael. C’est lui qui m’a trouvée la première nuit. Il m’a tendu la main quand je crevais de froid et de faim… Et il m’a enchaînée avec.Elle se redresse, les yeux perdus dans les flammes.— Il dirige un réseau, là-bas, de l’autre côté des montagnes. Un empire bâti sur la peur, la chair et le sang des autres. Il m’a vendue, rachetée, brisée, et toujours, il me ramenait à lui. Parce que c’est ce qu’il fait. Il garde ce qu’il a brisé. Comme un trophée.Lyam serre les poings, son regard noir fixé sur elle.Lyam— Et tu veux qu’on commence par lui ?Nyx hoche la tête.Nyx— Je veux voir ses yeux quand il comprendra qu
Erwan— Viens.Je tends la main. Ma voix est rauque. Elle hésite, puis s’approche. Et quand ses doigts frôlent les miens, c’est un torrent qui me traverse. Toutes ces années à croire qu’elle était morte. Toutes ces nuits à la maudire et à la pleurer.Je l’attire brutalement contre moi. Mon front se pose contre le sien.— Tu m’as tué, Nyx. Tu m’as laissé mourir avec toi.Elle sanglote. Ses doigts s’agrippent à ma veste.— Je sais… je sais… Mais je suis là maintenant. Et je vous lâcherai plus.LyamIl nous regarde, les poings serrés. Puis, d’un geste brusque, il frappe la table.— Je sais même pas ce que je ressens. Y’a trop de rage, trop d’amour… Je veux te détester, mais j’y arrive pas. Je veux te prendre dans mes bras, mais j’suis incapable de bouger.Nyx le regarde avec cette douleur immense dans les yeux.— Je comprends. Mais laisse-moi te montrer. Laisse-moi rattraper ce que j’ai perdu.LyamIl craque. Ses épaules s’affaissent. Et dans un soupir, il laisse tomber la hache de guerr
Erwan, Lyam, NyxErwanLa nuit s’épaissit. Le silence est lourd, étouffant. Nyx est assise face à nous. Le feu projette des ombres sur son visage marqué. Ses yeux ne fuient pas. Elle attend.— Parle.Ma voix claque. Elle tressaille. Puis elle sourit, ce rictus qui me vrille le cœur.Nyx— Ils m’ont prise la nuit où tout a basculé. Quand vous avez cru que j’étais morte… je l’étais presque. Ils ont tiré sur moi, Erwan. Et pendant que tu hurlais mon nom, pendant que tu courais, j’étais là, couchée dans la boue, le sang dans la bouche. J’entendais encore ta voix. Et puis, plus rien. Le noir.Elle s’interrompt. Je serre les dents. Lyam ne bouge plus, figé.— Je me suis réveillée dans un lieu que vous ne pouvez pas imaginer. Des murs sans fenêtres. L’odeur de la mort partout. Le Conseil voulait que je parle. Que je livre vos secrets. Les miens. Tout ce que je savais de la rébellion, de nos projets, de toi, Erwan. Ils m’ont broyée. Jour après jour. Mois après mois.Elle lève les yeux.— Et t
ErwanDes années ont passé. Je ne sais plus combien. J’ai arrêté de compter.Le monde a continué de tourner, sans elle. Et moi, je me suis noyé dans cette absence, jour après jour, jusqu’à ne plus savoir où commençait ma douleur, où finissait mon corps.Mais il y a lui.Il est là, dans cette pièce, assis près de la fenêtre, le visage baigné de lumière. Il lui ressemble. Trop. Chaque jour un peu plus.Ses cheveux sombres. Ses yeux. Son silence. Cette manière d’observer le monde, sans rien dire, comme s’il savait déjà que personne ne tiendrait ses promesses.— Lyam.Il tourne la tête. Pas un sourire. Pas une plainte. Juste ce regard qui me traverse et me condamne.Il ne sait rien. Pas encore. On me l’a interdit. On m’a supplié d’attendre. De le laisser grandir sans le poids des morts.Mais aujourd’hui…Je m’approche. Mes mains tremblent. Je m’agenouille devant lui.— Tu sais qui était ta mère ?Il secoue la tête.Je prends une inspiration. Et je me brise en mille morceaux.— Elle s’appe
NyxJe sens mon corps s’effacer. Mon âme se détacher. Ce n’est pas douloureux. C’est pire. C’est doux. Comme si la mort était une caresse, une promesse.Je suis là, dans cette tour. Seule. Vaelor m’a tout expliqué. Le choix. Le prix. Le sacrifice.Il me regarde. Son sourire est triste.— Tu es certaine ?Je hoche la tête. C’est la seule façon.— L’enfant vivra…— Oui.— Et lui… ?Vaelor détourne les yeux.— Erwan t’oubliera. C’est le pacte. C’est le prix.Je ferme les yeux. Juste un instant. Je revois son visage. Ses mains. Sa voix quand il disait mon nom.— Alors, je suis prête.Je ne pleure pas. Je ne crie pas. C’est trop tard pour ça.Je laisse mon corps tomber à genoux. Le sol est froid. Mes doigts tremblent mais je les tends vers Vaelor.— Donne-moi ce qu’il reste. Donne-moi sa mémoire… pour une dernière fois.Vaelor hésite. Puis il s’approche. Ses mains effleurent mes tempes.Et soudain, tout me revient. Lui. Erwan. Sa colère, son amour, ses promesses. Nos nuits. Nos silences. C
ErwanLa nuit s’abat sur la vallée, lourde et suffocante. La tour de pierre noire s’élève, témoin silencieux d’un temps révolu, d’un monde où les hommes marchaient aux côtés des dieux et pactisaient avec la mort.Vaelor nous regarde. Ses yeux sont d’un gris d’acier, vides de toute humanité. Cet homme n’existe plus vraiment. Il n’est qu’un fragment de mémoire, un vestige de l’ancien monde, un gardien fatigué de porter ce fardeau.— Le sang a parlé, Erwan.Sa voix est rauque, usée par les siècles.— Le pacte n’a jamais été brisé. Tu n’as fait que retarder l’inévitable. L’enfant… n’est plus un simple héritier. Il est la clef. La porte. La fin et le commencement.Je serre Nyx contre moi. Elle ne parle plus. Elle fixe Vaelor comme on fixe un cauchemar éveillé. Ses doigts crispés sur mon bras sont glacés.— Dis-le, gronde-t-elle enfin. Dis-moi ce que je dois faire. Le prix… Quel est-il ?Vaelor esquisse un sourire triste.— Tu ne peux plus fuir, Nyx. Le prix, c’est lui.Il désigne mon ventr