Marlène ( Jade) Lorsque je suis sous l’eau chaude, un soupir de soulagement m’échappe. C’est étrange, mais j’ai l’impression qu’en me lavant, je me débarrasse aussi de tout ce poids, de toute la tension accumulée depuis des jours, des semaines. Je me laisse envahir par l’eau, chaque goutte qui tombe me réchauffant, me purifiant. C’est un moment à moi, un instant d’évasion, même si tout me rappelle que tout ça n’est qu’une illusion. Il est là, quelque part. Il attend.Je ferme les yeux, m’abandonnant à la chaleur. Mais je sais qu’il ne me laissera pas dans cette tranquillité. Pas longtemps.En effet, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre, et j'entends des pas derrière moi. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir qui c'est : Ken.Il entre sans frapper, comme toujours, sans gêne. Il se tient là, juste à l’entrée de la douche, une silhouette sombre dans la vapeur. Son regard est fixé sur moi, intense, intransigeant. Mais il ne dit rien.Je me tourne lentement, mes yeu
Marlène (Jade)Le jour tant attendu est enfin arrivé. Malgré les tensions qui pèsent sur cette réunion, une excitation discrète s’empare de moi. Aujourd’hui, je vais revoir Mia et Alba. Même si elles ne peuvent pas montrer qu’elles me connaissent sous mon identité actuelle, leur présence seule suffit à me réconforter.Je me prépare minutieusement, choisissant une tenue élégante qui reflète à la fois la femme que je dois être et celle que je veux être. Ken m’a dit de briller, et je compte bien le faire, mais pour moi avant tout.Lorsque nous arrivons sur place, Marino prend en charge les présentations. Il se tient au centre de la pièce, un sourire de convenance sur le visage, et commence à introduire chaque personne présente. Mon regard balaie discrètement la salle jusqu’à croiser celui de Mia et Alba. Elles sont là, assises parmi les autres, le visage impassible. Pourtant, je capte dans leurs regards un éclair de surprise, vite remplacé par une maîtrise parfaite de leurs émotions.Ken
Mariano L’agitation de la pièce m’effleure à peine. Les voix s’élèvent autour de moi, mais c’est comme si tout cela se passait à travers un voile. Mes yeux ne quittent pas Jade, qui semble, à cet instant précis, la seule véritable présence dans la pièce. Elle est là, silencieuse, ses gestes délicats mais pleins de cette force tranquille qui la définit.Je vois la manière dont les autres la regardent, mais cela n’a aucune importance. C’est elle qui occupe tout mon esprit, chaque pensée. Le mouvement de ses cheveux, la courbe de son sourire, même la manière dont elle tient sa coupe de vin… Chaque détail prend une importance disproportionnée.Il y a quelque chose d’irréel dans sa beauté, quelque chose qui me touche bien plus profondément que je ne voudrais l’admettre. Chaque fois qu’elle parle, sa voix a ce pouvoir de captiver, d’étouffer mes propres pensées. Et chaque fois qu’elle se tait, il me semble que l’air devient plus lourd, comme si l’absence de ses mots laissait un vide insupp
MarianoSes paroles sont lourdes de sous-entendus, et il me fait comprendre en quelques secondes qu’il ne prend pas la situation à la légère.Je me sens piégé. Il a vu. Il a vu ce que je voulais cacher. J’essaie de maintenir ma façade de calme, mais quelque chose dans son regard m’empêche de respirer correctement.Je tente de masquer mon trouble, de me justifier, mais les mots m’échappent presque.— Je suis juste… absorbé par la discussion, rien d’important, finis-je par dire, ma voix trop rapide, trahissant ma nervosité. Si Ken remarque ça, il ne me le fait pas savoir. Il reste silencieux un instant, mais je sens bien qu’il ne me croit pas.Et puis, comme pour ajouter à la pression qui me serre la gorge, Ken ajoute avec un sourire que je devine moqueur, mais aussi plein de menace silencieuse :— Très bien, mais sache que… si jamais tu veux discuter de quoi que ce soit, je suis là. Pour… tout, vraiment.Il se détourne sans un mot de plus, mais ses paroles flottent autour de moi, lourd
Elle me fixe sans ciller, ses yeux semblant chercher à percer mes intentions. Pendant un instant, elle semble mesurer la situation. Elle est sur ses gardes, mais je peux voir qu’elle est intriguée. Mon approche n’est pas une menace, mais un jeu de plus, une danse où chaque mouvement est calculé. Marlène n’a pas l’intention de céder facilement, et pourtant… je la vois s’ouvrir un peu, juste assez pour que je comprenne que mon regard la trouble.Elle incline légèrement la tête, un éclat d'amusement, mais aussi de défi dans ses yeux.— Je n’ai pas besoin de tranquillité de ta part, Mariano. Mais j’apprécie ton… attention.Le ton de sa voix me fait frissonner. C’est un mélange de froideur et de charme qui me déstabilise, mais je ne montre rien. Je reste là, face à elle, une silhouette silencieuse qui l’observe. Je sais que j’ai franchi une étape. Mais je suis aussi parfaitement conscient qu’elle ne me laissera pas aller plus loin sans payer le prix.Je ne cherche pas à obtenir une réponse
MarianoElle ferme les yeux un instant, comme pour se donner du courage. Puis, d’une voix plus calme, elle répond :— Parce que je croyais qu’il était la clé pour sortir de ce cauchemar. Parce qu’il me tenait par les couilles, Mariano. Il m’a fait croire qu’il était la seule issue. Et je suis tombée dans ce piège. Je ne pouvais pas voir que j’étais en train de m’enfoncer encore plus. J’ai été naïve, mais je n’ai pas eu le choix.Je reste silencieux un instant, absorbant ses mots. Peut-être que, dans une autre vie, j’aurais eu de la compassion pour elle. Mais là, devant moi, elle est encore la femme qui m’a trahi. La femme que j’ai envoyée pour espionner l’homme que je déteste.— Et maintenant, que comptes-tu faire ? lui lance-je finalement, ma voix froide. T’as encore des plans derrière la tête ? Tu vas essayer de manipuler Ken à ton tour ?Elle secoue la tête, ses yeux pleins d’une détermination nouvelle.— Non, maintenant, je veux m’en sortir. Je ne suis plus celle que tu crois. Mai
Mariano Elle me regarde, ses yeux s’élargissant légèrement, mais elle ne dit rien de plus. Elle sait que c’est à elle de jouer maintenant. Mais je sais aussi que, dans ce monde de manipulations et de pièges, il n’y a jamais de véritable sortie.Marlène prend une profonde inspiration, ses lèvres se serrant en une ligne déterminée. Elle n’est pas du genre à se laisser écraser, et je vois l’étincelle d’une femme prête à tout pour se sortir de ce labyrinthe qu’elle a elle-même créé.— Je vais te prouver que je n’ai plus rien à voir avec lui, murmure-t-elle, presque à elle-même. Je te demande juste de me faire confiance, même si je sais que c’est difficile. Je ferai tout ce qui est nécessaire pour que tu comprennes. Mais je vais continuer ma mission, Mariano. Même si je suis mariée à Ken. Parce que je n’ai plus le choix, et parce que je veux réparer ce que j’ai détruit.Elle se redresse, son regard s’accrochant au mien, défiant. Ses mots résonnent dans la pièce comme un avertissement : el
JadeL'atmosphère dans la pièce devient électrique. Je me tiens là, figée sous son regard, les battements de mon cœur résonnant dans mes oreilles. Les mots semblent se perdre, engloutis par cette tension palpable entre nous. Je sais ce que je ressens, mais je n’ose pas l’admettre. Pas à lui. Pas maintenant.Puis, d’un coup, sans avertissement, il fait un pas vers moi, un pas décidé. La distance entre nous se réduit, et je sens la chaleur de son corps me submerger. Avant même que je puisse réagir, ses bras m’enserrent, fermes, puissants, et il me tire à lui. Une fraction de seconde, je suis prise de court. Mes mains se posent instinctivement sur son torse, mais je ne le repousse pas.Il me serre plus fort, et je me perds dans l’intensité de son étreinte. Mon cœur s’emballe, mon corps tout entier réagit à sa présence. Ses lèvres effleurent les miennes, d’abord doucement, comme une promesse, puis plus insistant, exigeant. Je m’abandonne à ce baiser, mes lèvres s’entrouvrent sous les sien
KenJe suis seul dans le silence de cette pièce, les bras croisés, le regard perdu dans le vide. Le même vide qui semble envahir mon esprit depuis des jours. Je me déteste. Je me déteste d’avoir laissé les choses en arriver là, d’avoir permis à la situation de m’échapper, d’avoir perdu Jade.Elle m’a trahi, oui. Mais c’est moi qui ai été aveugle. C’est moi qui ai ignoré les signes. Depuis le début, je n’ai pas vu la distance grandir entre nous. J’étais trop concentré sur mon pouvoir, mes ambitions, mes désirs. Trop absorbé par mon contrôle sur elle. Et maintenant, je me retrouve à la regarder d’un autre œil, comme si tout venait de m’éclater au visage.Elle n’est plus celle que je croyais qu’elle était. Mais est-ce qu’elle ne serait pas plutôt celle que j’ai laissée devenir ?Je ferme les yeux, et le souvenir de ses yeux pleins de confusion me hante. Je vois ses gestes hésitants, sa manière de me regarder, comme si elle attendait quelque chose de moi, mais je n’ai pas été capable de r
JadeJe me sens démunie, comme si mes mots n’avaient plus de poids, comme si tout ce que je pouvais dire ne faisait que creuser l'écart entre nous. J’avais cru, un instant, qu’il accepterait de me laisser un peu d’espace, un peu de liberté. Mais je vois maintenant que je me suis trompée.Je baisse les yeux, hésitant. Une part de moi me dit de continuer à me battre, de ne pas céder, mais une autre, plus faible, me pousse à chercher la paix, à réparer ce qui semble brisé entre nous.— Pardon, Ken, murmuré-je, ma voix tremblante. Je… je ne voulais pas te contrarier. C’est juste que ça fait trop longtemps, et Mia et Alba… elles sont importantes pour moi.Je le regarde enfin, espérant qu’il verra la sincérité dans mes yeux. Mais je connais cet homme. Il est implacable, et la douceur ne semble jamais être de mise avec lui.Il se tourne lentement vers moi, son visage toujours aussi fermé, ses bras croisés sur sa poitrine. Il prend une profonde inspiration, comme s’il cherchait à se contenir.
MiaLe souvenir de ce qui s’est passé au restaurant me hante encore. La façon dont Ken a humilié Alba, l’ayant trimbalée comme un simple accessoire, me serre encore la poitrine. Loin de la classe et de l’élégance que l’on s’attend à voir dans le monde des puissants, c’était une scène de pouvoir, de domination crue.Alba a voulu faire bonne figure, mais je l’ai vue. Je l’ai vue se tenir droite, faire semblant de ne pas être affectée, tandis que son mari, sans scrupules, l’abaissait devant tout le monde. Un frisson me parcourt rien qu’en y repensant. Je me tourne vers elle, qui, cette fois, est plongée dans ses pensées, un peu plus distante.— Tu penses à ce qui s’est passé, hein ? demandai-je doucement, même si je connais déjà la réponse.Alba soupire et regarde ses doigts jouer avec la coupe vide devant elle.— Comment pourrait-on l’oublier ? Ça m’a marquée, Mia. Je n’arrive même pas à comprendre comment il a pu agir comme ça, devant tout le monde.Je secoue la tête, en colère contre
MiaAlba repose son verre sur la table et me fixe avec un sourire en coin.— Tu te rends compte qu’on parle de divorces et de prisons comme si c’était normal ?Je lâche un petit rire, secouant la tête.— C’est notre réalité, Alba. On s’est habituées à tout ça.— Oui, mais… et si les choses changeaient vraiment ?Je fronce légèrement les sourcils, intriguée.— Qu’est-ce que tu veux dire ?Elle se redresse légèrement, jouant avec la chaîne autour de son cou.— Je veux dire… et si un jour, ils pouvaient nous épouser ?Je la regarde un instant, pensive. C’est une idée que je n’ai jamais vraiment laissée m’effleurer, une possibilité trop lointaine, presque irréaliste. Et pourtant…— Tu crois que c’est possible ? murmuré-je.— Pourquoi pas ? répond Alba en haussant les épaules. Mon chéri divorce, la femme de Juan est en prison… Peut-être que le destin est en train de nous ouvrir une porte.Je soupire, jouant avec le bord de mon verre.— J’aimerais y croire, Alba. Mais tu sais aussi bien que
MiaJe l’observe en silence, comprenant parfaitement ce qu’elle veut dire.— Tu regrettes ?Elle secoue la tête avec un sourire doux.— Non. Je l’aime, et je sais qu’il m’aime aussi. Mais il y a des jours où je me demande… où est passée l’Alba d’avant ?Son regard se perd un instant dans le vide, puis elle soupire avant de reprendre une bouchée de son beignet.— Et toi ? Ça te fait quoi d’être mariée à un homme comme Cobra ?Je ris doucement, secouant la tête.— Je ne sais même pas si "mariée" est le bon mot, soufflé-je. Ce n’est pas un mariage conventionnel, Alba. C’est intense, imprévisible… et parfois, j’ai l’impression de marcher sur une corde raide.— Mais tu l’aimes.Je baisse les yeux sur mon assiette, réfléchissant à ses mots. L’amour que j’éprouve pour Cobra est loin d’être simple. Il est viscéral, brûlant, parfois douloureux.— Oui, dis-je finalement dans un souffle.Alba hoche la tête, comme si elle s’y attendait.Un silence confortable s’installe entre nous alors que nous
MiaLa porte s’ouvre sur Alba, et dès qu’elle me voit, son visage s’illumine d’un sourire éclatant.— Mia !Elle se précipite vers moi, et sans réfléchir, je la serre fort dans mes bras. Son parfum familier m’enveloppe, et une vague d’émotions me submerge. Trop de temps s’est écoulé. Trop de choses ont changé.— Tu m’as manqué, souffle-t-elle contre mon épaule.Je ferme les yeux un instant avant de me reculer pour mieux la regarder. Ses longs cheveux bruns encadrent son visage radieux, et malgré l’inquiétude que je devine dans son regard, elle tente de garder son énergie positive.— Toi aussi, Alba.Elle prend mes mains dans les siennes et scrute mon visage.— Tu vas bien ? Je veux dire… vraiment bien ?Je hoche la tête, bien que la réponse soit plus complexe que ça.— J’essaie, dis-je avec un sourire doux.Alba pince les lèvres, comme si elle hésitait à insister. Puis, elle baisse les yeux sur mon ventre.— Et… le bébé ?Un étrange frisson me traverse. L’entendre dire ce mot rend les
MiaJe suis debout devant la fenêtre, le regard perdu dans la nuit. L’air frais caresse ma peau, mais je n’y prête pas attention. Mon esprit est ailleurs, englué dans des pensées qui me torturent. L’inquiétude pour Jade ne me quitte pas, et maintenant, une autre réalité s’impose à moi.Je pose instinctivement une main sur mon ventre, comme pour me rappeler que je ne suis pas seule. Depuis quelques semaines, mon corps me le rappelle chaque jour un peu plus. Mais ai-je seulement le temps de me préoccuper de moi-même alors que Jade est peut-être en danger ?Une porte s’ouvre derrière moi. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir que c’est le Cobra. Son pas est reconnaissable entre mille : lent, assuré, mais toujours chargé de cette tension contenue qui le caractérise. Il s’approche, et je sens la chaleur de sa présence avant même qu’il ne parle.— Mia, souffle-t-il doucement.Je ferme les yeux un instant, savourant la douceur rare de sa voix. Puis, je me retourne lentement. Il est
MiaJe suis assise dans le salon, les yeux fixés sur le téléphone posé sur la table basse. L'écran éteint semble symboliser tout ce qui me tracasse en ce moment. Jade. Elle est dans une situation délicate, et je ne peux m’empêcher de m’interroger sur ce qui se passe avec elle. Depuis que tout a basculé, il n’y a eu aucune nouvelle claire. Juste des rumeurs, des murmures. Mais rien de concret.Le Cobra entre dans la pièce, les épaules détendues, comme s'il n’avait rien d’urgent à me dire. Mais je vois au fond de ses yeux qu’il cache quelque chose. Il y a des tensions, et j’ai l’intuition que tout ça est lié à Jade.Je le regarde intensément, et je sens ma voix s’échapper, presque malgré moi, tremblante d’anxiété.— Cobra, je commence, ma voix un peu plus douce que d’habitude. Qu’est-ce qui se passe avec Jade ?Il me regarde un instant, ses lèvres se pinçant. Je le connais assez bien pour savoir qu’il n’aime pas aborder ces sujets-là. Mais aujourd’hui, je n’ai pas l’intention de me con
La BêteJe me suis installé derrière mon bureau, la pièce plongée dans une semi-obscurité, seule la lumière de l’écran de mon téléphone m’éclairant. Le message de Ken m’a bien secoué. Il croit vraiment que je vais accepter ses conditions, mais il n’a aucune idée de ce qu’il vient de déclencher. Ce n’est pas lui qui mène le jeu. C’est moi.Je décroche, composant le numéro du Cougar. Je connais son rythme : il répond vite, toujours attentif aux détails. Après quelques brefs bips, sa voix grave résonne dans l’appareil.— La Bête, commence-t-il, toujours direct, comme s'il sentait déjà la gravité de la situation. Qu’est-ce qui se passe ?Je laisse un soupir léger échapper de mes lèvres, et je lui annonce la nouvelle avec calme.— Ken a décidé de jouer gros. Il veut cinquante pourcent de l’affaire.Il y a un long silence de l’autre côté du fil, puis une explosion de rires secs, teintée de mépris.— Il pense vraiment pouvoir nous dicter les règles ? dit-il. Il a des couilles, c’est certain.