DarelJe la regarde, là, à genoux devant moi, son visage marqué par la douleur, mais aussi par une lueur que je n’avais jamais vue auparavant. Emily. Elle est comme une flamme vacillante, une étincelle dans l’obscurité la plus totale. Mais je sais qu’elle n’a pas encore tout compris. Elle pense que la bataille est terminée, mais il y a encore tant à affronter. Et je… je ne suis pas certain de pouvoir être là pour elle. Pas de la façon dont elle a besoin.Tout ça est trop grand. Trop dangereux.Je m'agenouille doucement à ses côtés, essayant de ne pas la brusquer. Je veux la toucher, lui tendre la main, mais j’ai peur. Peur qu’elle se brise, peur qu’elle me repousse. Elle est encore là, physiquement, mais je vois l’ombre de quelque chose en elle qui s’est éveillé, quelque chose que ni elle ni moi ne pouvons comprendre encore.Elle tremble. Son souffle est irrégulier. La chaleur qui a envahi la pièce a disparu, mais elle laisse encore une trace. Une brûlure silencieuse dans l’air. Je sa
EmilyJe suis fatiguée. Epuisée jusqu'à l'os. Pourtant, même dans cette lassitude, je ressens encore cette brûlure en moi, ce feu qui refuse de s'éteindre. Darel est là, tout proche, mais je n'arrive pas à me détendre. Il dit qu'il sera toujours avec moi, mais il ne comprend pas.Ce n'est pas juste une question de volonté. Ce que je suis en train de devenir… ce que je ressens… ce n'est pas quelque chose qu'on peut combattre avec de simples promesses.Je relève la tête, mes yeux rencontrant les siens. Il est sérieux, déterminé. Mais moi, je doute. Est-ce qu'il réalisera seulement à quel point je suis en train de changer ? A quel point je suis irrévocablement liée à cette force qui me consume de l'intérieur ?Je prends une profonde inspiration et murmure : — Tu dis que tu seras là, Darel. Mais si le jour vient où je ne suis plus moi… si je deviens ce qu'il voulait que je sois… Qu'est-ce que tu feras ?Il ne répond pas tout de suite. Son regard s'assombrit, et je sais qu'il réfléchit à c
EmilyUne pression glaciale m’enveloppe, me tirant hors du sommeil. Je suffoque, mon cœur tambourine contre ma poitrine. L’obscurité est là, vivante, vibrante. Elle murmure, chuchote, m’appelle.Je me redresse en sursaut, mes doigts crispés sur le drap. Mon corps est trempé de sueur, mes membres tremblants. Darel est là, assis à mes côtés, les traits tendus, son regard fixé sur moi. Il sait. Il a senti ce qui se passe.— Emily…Sa voix est douce, mais je perçois l’inquiétude sous-jacente. Je ferme les yeux un instant, essayant d’apaiser le chaos dans mon esprit. Mais c’est inutile. La présence est toujours là. Tapie dans l’ombre. Attendante.— Ils me parlent, Darel. Je… je les entends.Un frisson me parcourt l’échine. Je n’ai jamais voulu ça. Je n’ai jamais voulu être… ça.Il se penche vers moi, son regard brûlant d’une détermination farouche.— Tu n’es pas seule. Je suis là.Je veux le croire. Mais comment pourrais-je ? Comment lutter contre ce qui est ancré en moi ?— Et s’ils avaie
EmilyLa douleur pulse encore dans mon crâne, un vestige brûlant de ce que cette… chose m’a fait voir. Mon souffle est court, mes muscles tendus comme des cordes prêtes à rompre. Mais Darel est là. Ses mains sont toujours sur mes épaules, son regard rivé au mien. Il attend que je parle, que je dise quelque chose.— On doit retourner au palais, Emily, dit-il enfin, sa voix basse et contrôlée. Là-bas, on sera en sécurité.La sécurité. Un mot qui me paraît creux. Depuis quand suis-je en sécurité, où que ce soit ? Depuis que cette chose murmure à mon oreille, depuis que mon propre reflet me semble étranger, je n’ai plus d’endroit où me réfugier.— Non… soufflé-je, ma gorge serrée. Ce n’est pas une bonne idée. Il me retrouvera, peu importe où je vais.Darel plisse les yeux.— Peut-être. Mais ici, nous sommes vulnérables. Au palais, nous avons des protections, des alliés. Tu ne peux pas affronter ça seule.Un rire amer m’échappe.— Tu crois que les murs du palais suffiront à m’arrêter ? Tu
EmilyLe silence du palais m’enveloppe comme un cocon fragile. Après la course effrénée à travers la forêt, après l’ombre et ses murmures, je me sens enfin… à l’abri.Darel s’est assuré que les portes sont bien verrouillées avant de me conduire dans une chambre aux lourds rideaux de velours. Une bougie vacille sur la table, projetant des ombres dansantes sur les murs de pierre.— Tu devrais dormir, dit-il en croisant les bras.Je secoue la tête.— Je n’y arriverai pas.Il s’attarde un instant, puis lâche un soupir.— Alors je reste avec toi.Je l’observe, cherchant une trace d’hésitation sur son visage. Il n’y en a pas. Darel n’est pas du genre à dire des choses qu’il ne pense pas.— D’accord, murmuré-je.Il s’assoit dans le fauteuil près du lit, retirant son manteau. Moi, je glisse sous les couvertures, le poids du tissu contre ma peau me rassurant légèrement.Un silence s’installe, mais ce n’est pas un silence oppressant. C’est celui d’un lieu sûr, d’un moment volé au chaos.— Tu va
Emily, puis DarelEmilyLe calme n’est qu’une façade. Sous la surface, mon esprit bourdonne, ma peau frissonne encore du souvenir de cette voix qui a murmuré mon nom dans les ténèbres. Le thé entre mes mains ne suffit plus à me réchauffer.Math discute doucement avec un serviteur qui vient d’apporter quelques vivres. Je l’entends à peine. Tout en moi est tendu, prêt à rompre.Je me lève.— Je vais prendre l’air. Juste quelques minutes.Math se retourne, surprise.— Tu es sûre ?Je hoche la tête.— J’ai besoin de respirer.Elle me scrute, cherche une faille, puis finit par acquiescer.— Darel ne va pas aimer ça.Je ne réponds pas. Parce qu’elle a raison.Je quitte la pièce sans bruit, traverse un couloir silencieux et pousse la porte donnant sur les jardins. Le froid me mord immédiatement les joues, mais je l’accueille comme une délivrance.Le vent agite les branches, et le ciel gris s’étire à l’infini. Pendant un instant, je me sens minuscule… et libre.— Emily.Sa voix. Grave, basse,
Emily, Darel, puis RaoulEmilyLa nuit est tombée comme une couverture noire sur le château. Une nuit sans étoiles. Le genre de nuit où les souvenirs deviennent plus bruyants que les silences, où les murs paraissent plus étroits, comme si les secrets eux-mêmes cherchaient à respirer.Je suis assise dans ma chambre, dos contre le mur, les genoux ramenés contre ma poitrine. Darel dort à l’autre bout de la pièce, pas dans mon lit, mais pas loin non plus. Sa respiration est régulière, rassurante. Il veille même en dormant.Raoul est resté, comme il l’a promis. Il s’est installé dans l’aile sud, là où personne n’allait plus depuis des semaines. Math lui a laissé des vêtements chauds, un plateau de nourriture. Il a remercié sans un mot de trop.Je ferme les yeux. Et je revois son visage. Pas celui de Raoul. Celui de l’autre. Celui que je refuse encore de nommer. Celui dont le sang coule dans mes veines, comme un poison ancien. Mon père.Raoul a dit qu’il bougeait. Qu’il savait. Qu’il m’atte
Émily Il n’y a plus de fuite. Plus de question. Il y a ses lèvres sur les miennes, ses mains qui me soulèvent, qui me tiennent, qui m’emmènent loin de tout ce qui blesse.Je m’accroche à lui comme à une bouée dans une mer déchaînée. Et pourtant, c’est moi l’orage.Les vêtements tombent, oubliés. La pudeur, elle aussi, se dissout dans le feu.Il est partout. Contre ma peau. Dans ma chair. Dans mon souffle.Quand il me fait l’amour, ce n’est pas une conquête. Ce n’est pas une victoire. C’est une offrande. Comme s’il m’ouvrait les portes d’un sanctuaire dont je ne connaissais pas l’existence.Je gémis son nom, il m’appelle la sienne. Il me retient contre lui quand je vacille, il s’effondre contre moi quand je tremble.Et dans la nuit, alors que nos corps s’unissent encore et encore, je comprends que ce n’est pas la fin du monde.C’est le commencement.DarelJe la regarde dormir. Sa peau nue contre les draps, son dos fragile que je caresse du bout des doigts, ses cheveux en désordre.Je
EmilyLa lumière douce de l'après-midi filtre à travers les rideaux en soie, projetant des ombres légères sur le sol. Il n'y a pas de bruit assourdissant, seulement le murmure discret de l'air qui entre par la fenêtre légèrement ouverte. Le palais, avec tous ses couloirs animés et ses messagers pressés, semble soudain lointain, comme un autre monde. Là, dans cette chambre tranquille, je me sens à l'abri. Tout autour de nous est calme, paisible, comme si le temps lui-même avait suspendu son vol.Je suis assise près de Darel, sur le grand canapé de velours, mes jambes repliées sous moi. L'air semble suspendu, empli de cette douce chaleur qui précède le soir. À côté de moi, Darel est silencieux, son regard posé sur le feu crépitant dans la cheminée. Son visage, habituellement marqué par la détermination du roi, est ici apaisé, détendu. Il n'y a plus de couronne à porter, plus d'ennemis à combattre. Il est simplement l'homme que j'aime, et cela suffit à remplir l'espace autour de nous.Je
Emily Le matin s’élève lentement sur le royaume, baignant de lumière dorée les vastes terres qui s’étendent à perte de vue. Dans la grande salle du palais, des préparatifs frénétiques s’effectuent sous l’œil vigilant de la cour. Aujourd’hui, un événement historique se déroule : le couronnement de la Reine Émily, l’épouse du roi Darel, désormais officiellement reconnue comme la souveraine légale de ce royaume qu’ils ont bâti ensemble.Les pierres de la salle du trône, froides et immobiles, semblent vibrer sous l’effervescence des habitants, des nobles et des invités venus des quatre coins du royaume pour assister à la consécration de cette nouvelle ère. Les voiles suspendus dans les airs captent la lumière, répandant des teintes de bleu et d’or qui dansent comme des ombres légères. Les étendards frappés du blason royal flottent, déployés au-dessus des têtes.Je suis là, dans les coulisses, observant la scène se préparer, la lourdeur de l’histoire pèsant sur mes épaules. Le trône, vide
EmilyLa maison est silencieuse, trop silencieuse. Les bruits de la vie semblent lointains, comme un écho d’un monde que nous avons laissé derrière nous. Je me tiens devant la fenêtre, regardant la lumière du matin qui se lève lentement, baignant la vaste étendue de terres que nous avons conquises et défendues. La pluie tombe doucement sur le toit, comme un murmure de réconfort après la tempête.Je ferme les yeux, me concentrant sur le bruit de la pluie, sur les souvenirs qui se mélangent dans mon esprit. Tout a changé. Tout. Il y a encore des cicatrices, des parts d’ombres qui hantent les murs de cette maison, mais je sens aussi un souffle nouveau, un air différent qui s’impose peu à peu.Darel entre dans la pièce, sa silhouette se découpant dans l’encadrement de la porte. Nos regards se croisent, et, comme toujours, il y a cette compréhension silencieuse entre nous. Il sait ce que je ressens. Il sait ce que j’ai sacrifié pour arriver ici.— Tu es prête, me dit-il d’une voix douce ma
EmilyJe me tiens là, les bras croisés, observant Caleb et Rafael Alcatraz se redresser lentement. Ils sont toujours loin d’être ce qu’ils étaient, mais l’humilité dans leurs regards est un signe que j’ai marqué un tournant. Ils savent que je les ai épargnés. Ce geste, je le ferai une seule fois. Pour l’instant. Mais je sais que ce monde exige plus que de simples gestes symboliques.Darel se tient à côté de moi, silencieux, mais je sens son regard lourd de fierté. Il sait comme moi que ce moment n’a pas seulement été une démonstration de pouvoir, mais un avertissement. Un avertissement pour ceux qui penseraient encore qu’ils peuvent me défier.Je fixe mes yeux sur les Alcatraz, et je sens une part de moi qui reste vigilante, mais détendue. Leur position a changé. Mais qu'en est-il des autres ? D'autres forces sont prêtes à surgir, à profiter de la moindre faiblesse. Ils ne m’effraient plus. Pas après ce que j’ai vécu, pas après ce que j’ai surmonté.— Vous avez perdu votre arrogance,
EmilyLe calme n’est plus qu’un souvenir. Je sens la rage et l’énergie bouillonner en moi, prête à éclater. Tout ce qui m'a conduite à ce moment, tout ce que j’ai affronté, tout ce que j’ai sacrifié, prend forme dans une explosion de pouvoir. Je n’ai pas l’intention de me laisser dicter ma conduite. Je suis l’héritière, la nouvelle force de ce monde, et ils vont devoir l’accepter.Les frères Alcatraz, qui pensaient nous intimider, m’ont sous-estimée. Ce n’est plus un simple affrontement de pouvoir. C’est ma démonstration de ce que je peux accomplir quand je lâche prise. Quand la vengeance, la douleur, et la détermination se rencontrent dans une union parfaite, il ne reste que des spectres de ceux qui ont voulu me faire tomber.J’avance lentement, chaque pas résonnant dans la pièce comme un écho dans un abîme. Mes yeux sont rivés sur Caleb et Rafael, qui me fixent avec un mélange d’arrogance et d’incrédulité. Ils ne savent pas encore à quel point ils sont proches du point de rupture. J
EmilyL’air dans la salle est épais de tension, comme une corde prête à se rompre. Je sens la présence de Caleb et Rafael, lourde et menaçante. Mais il n’y a pas de place pour la peur, pas maintenant. Nous avons tout sacrifié pour arriver jusqu’ici, et je ne vais pas reculer face à eux. Darel se tient près de moi, son regard fixé sur les Alcatraz, ses muscles tendus, prêt à réagir à la moindre menace.Caleb, toujours implacable, brise le silence qui pèse sur nous.— C’est étrange, Emily, dit-il d’un ton mielleux. Tu crois vraiment que tu peux tenir le pouvoir que ton père a laissé derrière lui. Tu n’as même pas idée de ce qu’il a fallu pour le garder. Tu penses que l’alliance que nous avons forgée était pour toi, mais elle n’a jamais été qu’un moyen de consolidation. Une simple étape dans un jeu plus vaste.Je ne cille pas, malgré la provocation évidente dans ses paroles. Les mots sont des armes, mais je sais les manier aussi bien que n’importe quel autre.— Je ne suis pas ici pour jo
EmilyLe vent secoue les fenêtres de la voiture alors que nous roulons en direction de la capitale. L’ombre des événements à venir plane sur nous, et chaque kilomètre qui nous sépare du palais semble lourd de promesses et de menaces. Je suis silencieuse, perdue dans mes pensées, mes mains crispées sur mes genoux. Le visage de Darel à mes côtés est impassible, mais je sais qu’il ressent la même tension que moi. Raoul, à l’arrière, semble pensif, observant le paysage défiler. Chacun de nous, dans sa propre réflexion, se prépare à l’inévitable.Nous n’avons pas échappé à la tempête, elle est juste retardée, suspendue dans l’air, prête à éclater. Les Alcatraz sont de retour dans nos vies, et leur loyauté est tout sauf acquise. L’alliance que j’ai forgée avec eux, bien qu’indispensable, est fragile. Mais il n’y a pas de retour en arrière. Nous devons aller de l’avant.La voiture s’arrête finalement devant le grand portail du palais. Nous sommes arrivés. Le sol sous nos pieds semble plus lo
EmilyLe pacte est formellement signé. Le mariage est programmé. Ce n’est plus une question de volonté, mais de stratégie. Caleb et Rafael ont accepté de faire partie de l’accord, mais l’essentiel, ce n’est pas cet instant. L’essentiel, c’est de savoir qu’il reste encore du chemin à parcourir. Le mariage ne marque que le début de quelque chose de plus grand. Et tout doit être parfait. Mais je n’oublie pas une chose : chaque mouvement que nous faisons, chaque alliance que nous tissons, est une bataille gagnée sur le long terme.Et maintenant, il est temps de mettre en œuvre la deuxième phase de notre plan : renforcer cette alliance tout en élevant la position de chacun de nous. Cette partie sera plus délicate. Les Alcatraz doivent sentir qu’ils ont gagné autant que nous, sans que l’équilibre ne soit perturbé.Je me tourne vers Darel. Un dernier regard échangé, et nous savons que le chemin à venir ne sera pas facile. Mais ensemble, nous sommes prêts.Le vent souffle fort ce matin-là. L’
EmilyLe silence est lourd autour de la table où les Alcatraz et nous, membres de l’alliance naissante, nous retrouvons enfin pour poser les bases d’une entente. Darel, Raoul et moi sommes prêts à commencer. Mais l’air est saturé d’une tension palpable, chacun d’entre nous pesant ses mots, craignant ce qui pourrait se passer si l’un d’entre nous franchit une ligne invisible.Les Alcatraz, bien que sous le choc de notre offre, sont désormais contraints d’accepter. Caleb, d’un regard dur, semble s’être fait une raison. Rafael, quant à lui, garde son esprit suspicieux et son air d’un homme qui se sait lié à un serpent, qu’il n’arrive pas encore à dévorer.Le pacte est fragile, mais nécessaire. Ce mariage, que j’ai proposé comme une solution pour calmer leur désir de vengeance, est plus qu’une alliance de pouvoir. C’est un pas vers un équilibre plus stable dans un monde qui ne connaît que la guerre et la manipulation. Je suis convaincue que c’est la seule issue pour éviter un bain de sang