Dante :Isolde.Elle est allongée sur le lit, la tête tournée vers le plafond, perdue dans ses pensées. Je connais ce regard. Elle réfléchit. Elle calcule. Elle cherche une issue.Un sourire froid étire mes lèvres.Elle sait qu’il n’y en a pas.Mais elle se battra quand même.Et c’est ce qui la rend irrésistible.Je l’ai voulue dès le premier regard. Dès le premier défi dans ses yeux. Elle est née pour appartenir à quelqu’un de puissant. À moi.Et pourtant, elle lutte.Je me détourne des écrans et sors du bureau, traversant les couloirs sombres de la villa.Elle finira par comprendre.Elle finira par céder.Et ce jour-là, elle ne voudra plus jamais partir.SeleneL’adrénaline pulse dans mes veines alors que je gare la voiture devant le vieux hangar abandonné.Raphaël descend avec difficulté, le visage crispé de douleur, mais il ne se plaint pas.— C’est ici ? demande-t-il.J’acquiesce.— L’un des seuls endroits où Dante garde ce qu’il considère comme précieux.Son regard se durcit.— A
Isolde ValentyneLe silence s’étire, insoutenable.Devant moi, Raphaël attend. Selene me fixe, l’urgence brûlant dans ses yeux. Ils me tendent une échappatoire. Une porte de sortie.Mais je ne bouge pas.Dante est juste derrière moi, si proche que je sens la chaleur de son corps. Une présence immobile, inébranlable, comme s’il savait déjà ce que je vais choisir.Et il le sait.Parce que je le sais aussi.— Isolde, viens, insiste Raphaël sa voix plus forte, presque désespérée.Mon cœur se serre.Je devrais partir. Je le veux.Mais mes pieds restent ancrés au sol.Parce que si je fais ce pas, si je les rejoins, alors tout change.Alors ce que j’ai ressenti pour Dante, ce que je ressens encore malgré moi, n’aura plus d’importance.Je serai contre lui. Définitivement.— Isolde, bordel !Raphaël fait un pas en avant.Dante réagit immédiatement.Il passe lentement un bras autour de ma taille, son geste délibéré, calculé, comme une provocation pure.Mon souffle s’arrête.— Elle a déjà choisi,
Isolde ValentyneJe la fusille du regard.— Elle n’a pas choisi, dis-je entre mes dents. Elle est prisonnière.Selene ne répond pas immédiatement.Puis elle soupire.— Peut-être. Ou peut-être que ce n’est plus aussi simple.Je serre la mâchoire.— Qu’est-ce que tu insinues ?Elle me fixe, ses yeux sombres et perçants.— Que Dante sait exactement comment la retenir.Son regard se perd un instant dans la nuit.— Et que la seule façon de la sauver… c’est de la faire se sauver elle-même.Je déteste l’idée.Parce que cela veut dire attendre.Mais attendre, c’est la laisser entre ses griffes.Et ça, c’est hors de question.Dante OrsiniJ’ouvre lentement la porte de la chambre.La pièce est plongée dans l’obscurité, mais je devine sa silhouette, assise sur le lit, immobile.Je referme la porte derrière moi.Elle ne bouge pas.— Tu ne dors pas.— Évidemment que non.Sa voix est sèche, tranchante.Je m’approche lentement, m’arrêtant juste devant elle.— Regarde-moi.Elle ne lève pas les yeux.J
Isolde ValentyneJe veux le lui arracher.Je m’approche lentement, sentant son regard suivre chaque mouvement. Il reste immobile, mais je sens sa respiration se ralentir imperceptiblement, comme s’il évaluait la situation, comme s’il goûtait à l’idée de me voir agir.— Tu vas regretter de m’avoir sous-estimée.Ma main effleure son torse, frôlant le tissu de sa chemise. Une caresse empoisonnée. Je vois sa mâchoire se contracter légèrement, infime réaction qu’il tente de masquer.Je me hisse sur la pointe des pieds, mes lèvres à quelques centimètres des siennes, et je murmure :— Tu ne sauras pas quand. Ni comment.Puis je me détourne brutalement, m’éloignant sans attendre sa réaction.Je ne lui laisserai pas l’avantage.Pas cette fois.Lucian MorettiL’air est froid ce soir.Le vent souffle sur la ville, un présage sombre.Je suis appuyé contre la rambarde du balcon de mon appartement, un verre à la main, mais l’alcool n’atténue pas la colère dans mes veines.Isolde est encore là-bas.A
Isolde ValentyneJe souris légèrement, posant le verre sur la table.— Et qu’est-ce que tu vois ?Il s’arrête juste devant moi, son ombre m’enveloppant entièrement.Il baisse les yeux vers moi, et pendant une fraction de seconde, je vois un éclat indéchiffrable dans son regard.— Un poison que je n’ai pas encore goûté.Mon cœur rate un battement.Je devrais avoir peur.Mais je n’ai jamais été aussi calme.Parce que je sais exactement ce que je fais.Je me lève lentement, mes doigts frôlant à peine son torse. Il ne recule pas.Il ne bouge pas.Je sens sa respiration ralentir imperceptiblement.— Tu aimes le poison, Dante ? je murmure.Son sourire s’étire, lent, calculateur.— Seulement quand il brûle lentement.Mon regard s’accroche au sien, et dans ce silence suspendu, je prends ma décision.Je me hisse sur la pointe des pieds et presse mes lèvres contre les siennes.Un baiser qui n’a rien de tendre.Un affront.Une provocation.Ses mains m’encerclent immédiatement, dures, possessives.
Isolde ValentyneDante et moi marchons dans les rues de la ville. L’atmosphère est lourde, chargée de tensions invisibles.Les passants nous observent.Ils voient un homme dangereux et la femme à son bras.Ils ne savent pas que cette femme est une bombe à retardement.Nous entrons dans un café, et il s’installe en face de moi, bras croisés.— Pourquoi cette soudaine envie de sortir ?Je lève un sourcil.— Tu crois que je n’ai pas le droit d’avoir une vie normale ?Son regard se fait plus perçant.— Non. Parce que tu n’es pas normale, Isolde.Je me fige.Il sourit lentement, satisfait de ma réaction.Je m’appuie en arrière et le fixe avec défi.— Et toi, Dante ? Es-tu normal ?Son sourire s’efface légèrement.Je viens de toucher une corde sensible.Parfait.Il se penche légèrement vers moi, posant ses coudes sur la table.— Je n’ai jamais prétendu l’être.Ses yeux brûlent dans les miens.— Mais toi, tu continues de te mentir à toi-même.Mon cœur cogne dans ma poitrine.Je déteste qu’il
Raphaël :Le plan est en place.Selene a fait ce qu’il fallait.Ce soir, on frappe.Ce soir, Dante Orsini tombe.Et Isolde avec lui, si elle refuse de voir la vérité.Je suis prêt à tout.Même à la trahir, si c’est pour la sauver.Isolde ValentyneLa nuit est tombée sur la ville, enroulant ses ombres autour des bâtiments comme un serpent prêt à mordre. Je marche aux côtés de Dante, mon talon résonnant contre le pavé humide. L’air est saturé d’une tension invisible, quelque chose que je ne peux pas encore nommer mais que je ressens dans chaque fibre de mon être.Il ne parle pas.Moi non plus.Nous nous dirigeons vers sa voiture, un monstre noir aux vitres teintées, l’incarnation parfaite de l’homme qui marche à mes côtés. Je devrais être ailleurs. Je devrais être avec Raphaël .Mais je suis ici.Avec Dante.Et pire encore, je ne sais plus si c’est un choix ou une dérive.Il m’ouvre la portière, son regard cherchant le mien, attendant un signe, une faiblesse. Je me contente de glisser su
Isolde ValentyneL’air est glacial, mais ce n’est rien comparé au froid qui serpente en moi alors que Dante me traîne à travers le labyrinthe de ruelles sombres. Mon cœur bat trop vite, chaque battement résonne comme un tambour de guerre contre ma cage thoracique. Je pourrais me débattre, essayer de fuir, mais je sais que ce serait inutile.Il me tient fermement. Son bras, solide comme une étreinte d’acier, m’enserre la taille, son autre main pressant toujours un pistolet contre mon flanc.— Ralentis, Dante.Ma voix est basse, mais il l’entend. Il s’arrête un instant, son regard brûlant rencontrant le mien dans l’ombre.— Tu as peur ?Je ne réponds pas.Parce que je ne sais pas.Il y a quelque chose dans la façon dont il me regarde, un mélange de défi et d’autre chose, quelque chose que je ne peux pas encore nommer.Derrière nous, les sirènes résonnent au loin.Raphaël est en chasse.Et moi, je suis entre les deux.Dante m’entraîne dans un bâtiment abandonné, un ancien entrepôt aux fen
IsoldeLe silence dans la pièce est lourd de promesses et d’émotions retenues. Chaque souffle, chaque mouvement semble résonner avec une force qui dépasse l’ordinaire. Je me tiens toujours près de la fenêtre, regardant la lumière déclinante du crépuscule, ses teintes or et rose se fondant sur l'horizon. Une lumière douce, presque irréelle, envahit la pièce et enveloppe tout autour de moi dans un halo chaleureux. Mais, au-delà de cette scène tranquille, c’est la présence de Dante qui me marque, me hante, me nourrit.Je n’ai pas à me tourner pour savoir qu’il est là, derrière moi. Il est la constante qui me définit, la force invisible qui me retient à cet endroit, à ce moment précis. Je le sens, presque avant de le voir. Il n’a pas besoin de parler pour que je le ressente. Sa présence est une pression douce, familière, réconfortante. Il est tout ce que je cherchais, tout ce dont j’avais besoin et bien plus.Je ferme les yeux un instant, m’immergeant dans l’instant, dans cette sensation
IsoldeLa nuit qui tombe sur la demeure de Dante est une couverture silencieuse, un voile opaque qui m’isole de tout ce que j’ai pu connaître. La pièce autour de nous semble se rétrécir, comme si le monde entier s’effondrait pour ne laisser que lui et moi, pris dans l’étreinte glaciale de son pouvoir. Son regard est fixé sur moi, une lueur triomphante qui éclaire ses traits avec une certitude glacée.Je le sens, cette emprise de plus en plus forte, cette force qui me presse de tous côtés. Il n’y a plus de répit, plus de fuite possible. Je suis là, dans cet espace où ses mots sont des chaînes et ses gestes des ordres que je me sens incapable de contester.— Tu as peur de ce qui se passe, n'est-ce pas ? me dit-il, sa voix basse et douce, mais l'ombre d’un sourire pervers se dessine sur ses lèvres.Je le fixe en silence, mes lèvres serrées, une partie de moi hurle de s’échapper, mais une autre, plus profonde, plus enfouie, accepte cette réalité avec une amertume douce. Je sais que je sui
IsoldeIl me libère enfin de son emprise, mais le monde autour de moi semble vaciller. Ses mains, maintenant froides, s’éloignent de ma peau, me laissant un vide que je peine à combler. Il recule d’un pas, me dévisageant avec une intensité qui me transperce. Ses yeux, d’un bleu glacé, sont comme deux océans dans lesquels je pourrais me noyer, noyée dans ses mensonges et ses vérités cruelles.— Tu as peur, n’est-ce pas ? me demande-t-il, la voix basse, presque murmurée, comme une caresse meurtrière.J’aspire à la fuite. J’ai envie de courir, de m’échapper de cette pièce étouffante, mais mes jambes sont figées, mes pensées emprisonnées par un enchevêtrement de désir et de terreur. Je sais que je ne peux pas fuir. Pas cette fois.— Peur ? Non, je ne ressens rien, Dante. Rien du tout, lâche-je d’une voix brisée, mais le déni ne me protège plus.Il sourit alors, un sourire à la fois cruel et satisfait, comme s’il venait de découvrir un secret que même moi, je ne connaissais pas.— Mentir n
IsoldeL’aube, timide, peine à se lever. Les premiers rayons hésitent à effleurer les toits de la ville, tandis que Dante, silencieux et sombre, s’avance dans la pénombre, me tirant presque à sa suite. Sa main se ferme autour de mon poignet avec une douceur glacée, une douceur qui trahit pourtant l’intensité de ses pensées. Je n’ose m’opposer à lui. Mes jambes, lourdes de fatigue, m’emprisonnent dans une inertie silencieuse.Nous avançons ainsi, sans un mot. Ses pas sont assurés, rapides, comme si un urgent besoin le poussait à fuir tout ce qui pourrait le retenir. Je le suis, sans réfléchir. Peut-être par crainte. Peut-être parce que, malgré ma volonté de m’échapper, il est celui qui m’enserre encore.Après un long chemin à travers des rues désertées, nous atteignons une demeure imposante, dissimulée dans l’ombre d’arbres centenaires. La silhouette de la bâtisse se découpe dans la brume matinale. Elle est majestueuse, mais froide, presque intimidante dans sa grandeur.— C’est ici, di
IsoldeLe soleil grimpe lentement dans un ciel d’une pureté indécente. Tout autour de moi, la ville s’éveille sans savoir qu’elle marche sur les cendres d’un amour en ruines. Je marche longtemps, sans but, le cœur étranglé par cette scène qui se répète en boucle dans mon esprit. Le regard de Dante. Les larmes de Raphaël. Et moi… incapable de choisir. Incapable de sauver qui que ce soit.Le poids de la solitude me brise les épaules. Mes pas me ramènent là où tout a commencé : ce vieux parc oublié au bord du fleuve, où Dante m’a prise dans ses bras pour la première fois, où Raphaël m’a fait rire quand plus rien n’existait. Le vent soulève mes cheveux, caresse ma peau gelée. Et tout me semble dérisoire.Le bruit de pas derrière moi me fait sursauter. Raphaël. Évidemment. Son visage est ravagé, ses yeux rougis par la colère et la douleur.— Tu fuis encore, Isolde ?Je ne réponds pas. Je n’ai plus la force. Je m’assieds sur ce vieux banc qui menace de s’effondrer et je fixe l’eau trouble d
IsoldeQuand j’arrive enfin, Dante est là. Assis sur le capot de sa voiture, une clope au bec. L’air plus mort que vivant.Il ne dit rien. Il attend.Je m’arrête face à lui. Silence.— Tu savais que je viendrais.Un sourire amer déforme sa bouche.— Ouais. Mais je préfère te l’entendre dire.Je déglutis.— Je suis là.Il écrase sa clope, se lève. Me jauge comme si j’étais déjà à genoux devant lui.— Pourquoi ?— Parce qu’il y a plus rien d’autre. Parce que même si je pars, je crève pareil.Dante hoche la tête. Son regard me brûle.— Je voulais pas que ça finisse comme ça.— Moi non plus.Il s’approche. Son souffle caresse mon visage.— Dis-moi, Isolde. Si je le bute… tu m’en voudras ?Mes lèvres tremblent.— Oui. Mais tu le feras quand même.Un silence terrible. Puis sa main se lève et effleure ma joue.— Il t’a prise, hein ?Je ferme les yeux. La honte me dévore.— Je t’aime encore. Malgré ça.Je suffoque. Je voudrais hurler. Lui dire d’arrêter. Mais je reste là. Parce que je suis dé
IsoldeLa nuit est longue. Sale. Et je ne dors pas. Pas vraiment.Raphaël conduit sans un mot jusqu’à son repaire, une villa planquée au sommet de la ville, là où personne n’ose grimper sans invitation. Les souvenirs me frappent à chaque virage, à chaque pierre. Je connais cet endroit. Je l’ai aimé. J’y ai souffert. Et maintenant, je reviens. Comme une traîtresse. Comme une amante en fuite.Il me pousse à l’intérieur sans douceur, claque la porte derrière lui et me plaque contre le mur. Son souffle est court. Ses yeux noirs de désir et de rage.— Dis-moi que tu es là parce que tu veux de moi. Pas pour lui briser le cœur. Dis-le, Isolde.Je ne dis rien. Parce que je ne sais plus. Parce que je me déteste autant que je le désire.Ses lèvres s’abattent sur les miennes. C’est brutal, violent. C’est Raphaël. Pas d’amour, pas de promesses. Juste le feu. Le besoin de posséder, d’effacer Dante de ma peau, de mes veines.— Tu es à moi ce soir, murmure-t-il contre ma gorge. Et je te jure que dem
IsoldeUn bruit de porte claque derrière moi. Je me fige. Dante. Il est là. Dans l’ombre. Le regard noir. Figé comme une statue.Raphaël se redresse, sûr de lui, arrogant.— Tiens, voilà le roi déchu.Dante ne parle pas. Mais sa main glisse lentement sous sa veste. Il est prêt à tuer. Je le sens. Et Raphaël aussi.— Arrête, Dante. Pas ici. Pas maintenant.Raphaël rit doucement.— Tu croyais quoi, Dante ? Qu’elle t’appartenait ? T’es qu’un passage, un foutu refuge. Mais moi, je suis son chaos. Je suis son mal.Je serre les poings.— Ferme-la, Raphaël.Il se tourne vers moi.— Non. Tu m’écoutes. Tu as deux options, Isolde. Tu restes là à crever à petit feu, ou tu me suis. On se barre. On crame ce monde et on recommence ailleurs. Juste toi et moi.Dante gronde, prêt à exploser. Mais je lève la main.— Pas un mot.Le silence tombe. Le vent hurle. Le choix me déchire.— Et si je refuse ?Raphaël sourit. Lentement.— Tu refuseras pas. Parce que tu n'as jamais su me dire non.Il m’embrasse.
IsoldeIl n’y a plus de roi.Plus d’ennemi à abattre. Plus de guerre à mener.Le silence est une malédiction.On s’est terrés dans la maison au bord de la mer. Celle que Dante ne regardait jamais vraiment, planquée entre les falaises. Il disait que c’était leur tombe, qu’ils y finiraient quand tout serait fini. J’ai ri la première fois. Maintenant, j’y suis. Et je ne ris plus.Dante ne parle pas.Il se lève tôt. Disparaît des heures. Revient les mains sales, le regard vide. Parfois, il me regarde dormir comme s’il n’était plus sûr de qui je suis, de ce que nous sommes sans la guerre, sans la rage.Moi, je compte les heures.Je regarde la mer et j’attends.— On est morts, hein ?Ma voix brise le silence. Il lève à peine les yeux.— Non.Mais il ment. Je le vois. Je le sens. On est morts ce soir-là, dans l’entrepôt. Ce qui reste, c’est juste deux corps qui respirent par habitude.Je me lève. J’enfile un vieux sweat à lui, trop grand, troué. Et je sors. Pieds nus dans le sable froid. La