Point de vue: Lou•••Mes yeux papillonnent dans le noir et je finis par me réveiller complètement, réalisant de nouveau où je suis.-« Ça y est? T'es réveillée? », murmure une voix éraillée.Je hoche d'abord la tête puis réalisant qu'Émilie ne peut pas me voir, je réponds à voix haute:-« Oui. »Elle n'ajoute rien et le silence envahit notre prison. Au bout d'un certain temps, je décide de faire la conversation:-« Où est l'autre fille? Et qui est-elle? »Le calme se fait plus glaçant. La fille n'est pas revenue.-« Je ne pense pas qu'ils l'aient tuée, l'interrogatoire est juste plus poussé. Mais tu sais ce que ça veut dire... Interrogatoire rime avec torture. Quant à ta deuxième question, je ne peux rien t'apprendre. Nous ne nous sommes jamais adressées la parole. Elle était là bien avant que j'arrive. Elle est toujours allongée sur son lit, ne bouge pas, c'est à peine si elle respire. Tu comprends Lou, cette fille est brisée. Et importante à leurs yeux. Très importante. Pourtant, j
Point de vue: ÉtienneJe croque dans la pomme que je tiens dans ma main. Je la contemple, la faisant tourner dans ma paume, le visage morose. Joyeux anniversaire Lou. En retard. D'un jour.Je suis dans ma cuisine, dans mon appartement. Tout seul. Aucun bruit.Le parquet grince sous mes pas tandis que je me dirige vers sa chambre. La boîte que je tiens dans mon autre main me fait mal tellement je la serre.J'entre dans son jardin secret et d'un mouvement ample, je remonte les couvertures de son lit, puis je glisse mon cadeau sur le matelas avant de remonter sa couette. Voilà. C'est fait. J'ai maintenant la sensation de le lui avoir donné. Mon cadeau.Je ne m'attarde pas et sors de sa chambre pour rejoindre la mienne. Je prends une douche et reste longtemps songeur sous l'eau chaude.Je me sèche à contrecœur, enfile une chemise bleu ciel, un pantalon noir, des chaussettes et des chaussures noires puis je me plante devant mon dressing. Je cherche une veste. Je décide de prendre une ves
Point de vue: Étienne•••Mon odorat de loup m'indique qu'un chevreuil se tient à quelques mètres de moi sur ma droite. Je ne suis pas venu ici pour chasser, néanmoins, cette odeur de sang chaud excite mes instincts de chasseur.Je lève la tête vers le ciel encore étoilée mais où une nuance de bleu clair commence à apparaître. L'aube ne va pas tarder. Il ne faut pas que je tarde trop.J'appuie mon corps lupin contre un tronc et attend. Le temps passe. Je songe, je réfléchis. Je suis plus vide que jamais.« -Tu ne devrais pas les écouter. »Je ne suis pas surpris qu'il soit là. Je l'avais repéré il y a un petit moment déjà et lui aussi avait senti ma présence.Je me tourne vers le loup presque blanc. Nous formons un parfait contraste. Lui blanc avec des chaussettes noires le long de ses pattes, et moi noir avec du blanc sur le ventre et sous ma gorge.Curieux de ce qu'il vient de dire, je l'interroge:« -Que veux-tu dire? »Louis s'approche de moi à pas de velours jusqu'à se tenir en f
Point de vue: Lou•••Je jonche sur le sol froid d'une pièce. Sale.C'est ici que le blond et Kiral m'ont emmené il y a quelques heures. Ils voulaient me faire du mal, comme d'habitude. Effectivement, ils ont pris comme passe temps le fait de me torturer tous les matins, à chaque fois de manière différente. Le stress m'envahit donc quand j'entends les pas lourds se rapprocher de ma cellule dans laquelle je suis enfermée. Toujours le même scénario: que vont-ils me faire aujourd'hui?Ce jour-ci, la séance a été particulièrement rude. C'est la première fois qu'ils me font aussi mal à long terme, en me brisant les os, c'est la première qu'ils m'enferment ensuite dans une chambre froide, où les odeurs sont pestilentielles.Tous les jours, je peux apercevoir la lueur malsaine qui brille dans les yeux de mon tortionnaire en chef: Kiral. Je sens qu'il prend un malin plaisir à me blesser, autant physiquement que mentalement.Tous les jours, Kiral vient en compagnie de son supérieur, dont j'ig
Point de vue: Étienne•••Je me réveille en pleine forme. Les yeux ouverts, je contemple mon environnement familier. Je suis dans mon lit, dans mon appartement. Les draps soyeux forment ma peau. Je secoue la tête dans mon oreiller et c'est à cet instant que tout me revient en tête. Je me suis évanoui après avoir pris de cette soupe de marrons. Pourtant, elle était si bonne. Je ne comprends pas. Je fronce les sourcils et avant que je ne puisse aller plus loin dans mon raisonnement, mes bêtas entrent précipitamment dans ma chambre pour venir s'agglutiner au bord de mon lit. Tous ont une mine inquiète sur leur visage qui disparaît lentement lorsqu'ils me voient réveillé. Néanmoins certains d'entre eux ont toujours un air soucieux qui flotte sur leur visage.Je tente un sourire.Raté.Je n'arrive pas à étirer mes lèvres. Je me sens étrange. Pas comme d'habitude. C'est comme si le sang circulait mal dans mes veines, dans mon corps.Casimir s'avance près de la tête de mon lit sous le regard
Point de vue: Étienne•••-« À mon avis Étienne, sans vouloir te heurter, tu t'es imaginé quelque chose. C'est impossible qu'elle ait pu te parler... »Je gronde et mes cordes vocales vibrent.Je lance à Hugo un regard assassin.-« Je ne me suis rien imaginé. Je vous fais juste part des faits. Elle m'a parlé, et elle a besoin de moi. » Ils se taisent tous en m'observant et je reprends d'une voix plus calme, plus douce. « Il faut que j'aille la sauver, nous devons la retrouver. »Casimir soupire longuement.-« Écoute Étienne, je pense que tu te trompes sur toute la ligne. Tout ce qui s'est passé, c'était dans ta tête! »Il se tape la tempe avec son index et mon cœur se serre de fureur.-« Mais je vous dis que je l'ai entendu! Je ne suis quand même pas bête! Je sais distinguer l'abstrait du concret. »Casimir me coupe dans mon élan de colère.-« Mais bordel Étienne, le lien s'est brisé! »Alors là, il a tapé fort.Mes points se crispent et une chaleur étrange se dissipe dans toutes mes
••• 3 mois et demi plus tard •••Point de vue: LouÉtendue sur le matelas dont les ressors transpercent le dos, j'observe Émilie et Arlésie discuter près de la porte blindée.Je ferme les yeux quelques instants pour les rouvrir la seconde d'après. Je fixe avec désarrois la longue cicatrice qui court le long de ma jambe droite. Elle s'étire de mon pied pour finir sa course vers le milieu de ma cuisse. Rouge et boursoufflée, elle me fait un mal de chien, pourtant, j'ai perdu l'habitude de me plaindre.Je me redresse tant bien que mal, essayant de bouger ma jambe le moins possible, effectivement, cette cicatrice est récente. Je tends l'oreille.Outre le bruit de bavardages d'Arlésie et d'Émilie, j'entends un bruit de pas se rapprocher de plus en plus.Je me retourne vers les deux filles pour leur dire de se taire mais elles sont déjà muettes, se reculant jusqu'au fond de notre cellule.Nous essayons de prendre toutes un visage impassible alors que la porte s'ouvre lentement, comme dans u
Point de vue: ÉtienneJe me retourne pour regarder Sylvia et Augustus à l'arrière et soupire. Ils jouent à un jeu de cartes, à un mille bornes je crois.Je me renfonce dans mon siège et Casimir, le conducteur de la Mercedes noire, esquisse un minuscule sourire.Depuis maintenant une heure, nous sommes arrêtés sur ce chemin de forêt, en Russie. Mais en février, c'est le temps des tempêtes et de la neige alors depuis une heure, nous attendons que la tempête cesse, arrêtés sur le bas côté.Dans cette voiture, il n'y a que nous mais derrière et devant, au moins cinq voitures sont présentes, elles aussi arrêtées.Je croise les bras sur mon torse puissant et observe attentivement l'environnement se dressant derrière les vitres. Les arbres dénudés se dressent le long de la petite route cabossée et le brouillard donne à ces arbres des apparences de spectre. La nuit tombe lentement et la température chute brusquement. Tout le monde se tait, retient son souffle.-« On se gare dans la forêt, fa
C'est ainsi que s'écoula ce joyeux mois, j'étais avec mes proches, pendant l'été, au beau milieu d'une forêt tranquille. Je crois que ce fut l'un des meilleurs de ma vie, si on ne compte pas l'absence d'Étienne. Cette vision joyeuse fut un peu troublée par ce que j'appris par Aurélien, que j'avais été violée.Chaque nuit, Gabriel revenait me hanter, chaque nuit, la scène se prolongeait d'une longueur qui me réveillait brusquement, en sueur. Souvent, je n'arrivais pas à me rendormir et restais seule dans la cuisine de l'appartement, une tasse de chocolat chaud répandant une douce chaleur à travers mes doigts. Je n'étais pas véritablement seule, Jenna dormait avec moi et mes parents occupaient une chambre adjacente. C'était rassurant de les avoir près de moi, ça faisait si longtemps...Hin wiyama hin wiyamabalaLui et l'esprit de la vie t'appelle oh oh hiobani ya (oh oh hio)Rubu gosaga CocoJe sursaute alors que la musique du Roi Lion retentit de mon téléphone, interrompant le fil de m
Point de vue: LouHans et Kiral pénètrent dans la pièce, deux ombres mouvantes à la faible lumière. Menaçantes. Je me tapis un peu plus dans mon coin lorsque je réalise que je suis ici, en enfer.-« Lou, quelqu'un veut te rendre visite... », la voix de Hans ricane doucement, d'un ton enjôleur.Puis un homme entre dans la pièce, d'une stature imposante, il domine les deux hommes. Je tourne ma tête vers la droite et regarde les couchettes de mes deux amies, elles sont vides. Où sont-elles? Arlésie. Émilie...Une lumière éclate dans les lampes et me brûle les yeux. Pendant quelques secondes, je suis aveuglée. Et après, je le vois. Gabriel.Un mauvais pressentiment m'envahit, mais je n'en tiens pas compte et bondis dans ses bras, immensément rassurée. Je ne me demande pas ce qu'il fait là, ce qu'il vient faire ici, je lui fais confiance.Son étreinte chaude me rassure tandis que son odeur enivrante parvient à mes narines. Derrière lui, Kiral et Hans sont partis, mais je le remarque à pein
Point de vue: ÉtienneJe marche en direction de ma demeure, à travers le village presque désert. Les feuilles qui jonchent le chemin craquent sous mes pas, le chant des oiseaux résonne entre les troncs, le Soleil tape. La joie me sert le cœur. Je suis heureux. Elle est de nouveau là, près de moi. Cela fait presque un an que nous nous sommes quittés, que nous nous ne sommes plus vus... Et maintenant, je peux regarder ses beaux yeux verts, son visage fin, ses cheveux certes courts et abîmés, mais qui lui encadrent à merveille son joli visage. Désormais vivant, où les émotions transparaissent.Je sens sa présence au fin fond de moi, alors qu'elle allait bientôt me quitter à jamais. Je sens son cœur battre, son sang couler, ses poumons se soulever. Je sens tout, alors qu'hier, je ne sentais rien. Nous ne formons plus qu'un. Une symbiose.Si son cœur n'avait pas battu plus vite, si ses lèvres n'avaient pas prononcé mon nom, si ses yeux ne s'étaient pas ouverts, elle ne serait plus là. Que
Je respire calmement, paisiblement. Depuis quelques minutes, je suis de nouveau consciente, mais différemment.La peur m'a quitté, l'incertitude s'est envolée. Je ne sais pas si je me suis éteinte ou si la vie m'habite toujours. Mais je sais que je suis calme.Je sursaute lorsque j'entends le bip bip de la machine infernale. J'ai retrouvé mon ouïe, donc cela veut dire que je suis toujours en vie. Mais quelle heure est-il? À peine ai-je pensé cela que j'ouvre les yeux. Mon cœur accélère tandis que j'essaye de distinguer quelque chose, mais tout est flou, brouillé. Je vois juste qu'il fait sombre, très sombre. C'est donc la nuit? Ils m'ont donc laissé vivre?Je me concentre et au fur et à mesure que le temps passe, les détails se font plus nets et c'est avec joie que je distingue enfin le bureau au fond de la pièce.Je suis donc dans ma chambre, aménagée pour m'accueillir. Puis mes yeux papillonnent vers la pendule, il est deux heures quinze du matin. On ne m'a donc effectivement pas t
•••Trouve une solution, tu n'as plus que trois jours. Le temps presse, les secondes et les minutes filent.Trouve une solution, tu n'as plus beaucoup de temps. Le temps avance, les secondes et les heures passent.Vingt-quatre heures passeront vite.Mille-quatre-cent-quarante minutes passeront bientôt.Dépêche toi.Le silence règne partout, terrifiant, demain soir, je ne serai plus là. Mes pensées se mêlent. Je ne peux plus réfléchir correctement.C'est le soir.Il fait peut-être nuit.Il fait peut-être encore jour.Nous sommes en juin, presque en juillet.C'est l'été. Le dernier peut-être.Il y a trop de peut-être. Beaucoup trop.Et je me concentre sur l'environnement que j'arrive à percevoir. Le silence. L'odeur de Javel. Les doux draps. Le goût de salive qui reste dans ma bouche.Qu'est-ce que je fais?Je ne me reconnais plus.Qui suis-je?•••Un vent frais effleure ma joue, hérisse les poils de mes bras. Le chant des oiseux résonne fort dans la pièce, c'est donc le matin?Plus bea
Point de vue: LouJe reprends connaissance avec mon cerveau après ce qu'il me semble des heures. Je sens un masque posé sur ma bouche et qui couvre mon nez. Il me force à respirer.Que s'est-il passé?Mon cœur s'est arrêté... et?Suis-je morte?Suis-je vivante?Ou entre les deux?Je ne délibère pas davantage, je sombre dans l'inconscience.•••Je sens quelqu'un caresser mes cheveux. D'ailleurs, je ne sais pas si ces derniers ont repoussé...Mais donc je vis toujours?-« Heureusement que tu étais là Charles... », j'entends quelqu'un parler.Honorine?Je souris intérieurement, heureuse de l'avoir près de moi, même si j'ai l'impression d'avoir couru un marathon... Effectivement, je suis épuisée, ma tête me fait mal. J'ai du mal à écouter tout ce qui se dit, mais je sais désormais que Charles était là, qu'il m'a empêché de mourir, mais-« Peut-être que cela ne servira à rien, peut-être que ça n'a fait que rallonger le jour de son départ... », dit Charles la voix vibrante et rauque, « Tu s
Point de vue: LouD'après les médecins, cela fait maintenant six mois que je suis dans une sorte de coma de stade III. Un coma, car je ne peux pas bouger, ni parler, ni respirer par moi-même. Même si je réagis aux extensions et flexions réflexes, je ne peux pas communiquer avec le monde extérieur, même par la pensée. Une sorte, car les médecins pensent que je suis guérie au niveau des nerfs et du cerveau, qui ont été effectivement abîmés lors de ma chute. Mais désormais, ils pensent que mon corps se maintient dans ce coma pour me protéger. Cela est normal, après ce que j'ai vécu aux côtés d'Émilie et d'Arlésie, et avec Gabriel...Les six mois semblent longs. La volonté de sortir de ce sommeil sans fin n'est pas assez forte. Durant longtemps, j'ai souhaité rouvrir mes yeux, mais ce souhait ne s'est jamais réalisé. Malgré l'événement qui a bouleversé le cours de choses.J'ai repris conscience avec moi-même il y a environ quatre mois, j'ai enchaîné des phases de conscience, et des phases
Point de vue: Aurélien (bêta d'Étienne)Les renforts arrivent. Enfin. Les deux heures et demi pendant lesquelles nous les avons attendu m'ont semblé tellement longues... Pourtant, malgré les secousses qui continuent de faire tanguer les murs, je marche dans la base. Dans un couloir sombre. Derrière moi, Benjamin et Hugo parlent a voix basse, ils sont suivis de Louis, qui est sous sa forme lupine.Je tends l'oreille, il faut que nous trouvions tous les prisonniers qui sont enfermés ici. Et les chefs. Je suis conscient que nous ne pourrons pas tout faire, mais les renforts se chargeront du reste. Nous tournons silencieusement à droite. Des rangées de portes blindées s'offrent à nous et je stoppe inconsciemment ma marche.Les trois loups-garous derrière moi grognent et je soupire. Mes sens explosent et je cherche, je cherche une trace de vie.Des bruits de respiration, Un gémissements, des paroles. Un cœur qui bat. Une nouvelle explosion retentit dans un coup sourd. Les lumières grésill
Point de vue: LouIl inspire et son corps athlétique se déplace d'un pas vers moi.-« Répond moi. Gabriel. »Ma respiration se hache, se coupe quand il s'approche un peu plus de moi. Puis il écarte les bras, son geste m'invitant à un câlin alors que des centaines voire des milliers de questions explosent dans ma tête, entre les parois de mon crâne. Que fait-il là? Est-il un ami ou un ennemi? Puis-je lui faire confiance? Est-il sincère?Toutes ces interrogations défilent, dansent la salsa dans mes yeux, entre nous. Je me rappelle encore les bons moments que nous avons passé ensemble à New-York alors que je sentais que je tombais amoureuse de lui. Tout cela a explosé quand j'ai rencontré Étienne, mon âme sœur, ma moitié... Cet amour pour Gabriel qui commençait à enfler dans mon cœur s'est éteint alors que lui souffrait, voyant que les sentiments que j'éprouvais pour lui disparaissaient.Maintenant, nous nous dévisageons tous deux avec attention alors que j'essaye d'interpréter son geste