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last update Dernière mise à jour: 2024-11-30 14:30:25

Asher

   — Retourner ? Tu veux qu'on retourne là-bas ? Tu ne peux pas être sérieux ! gronda Dax à peine sorti de sa forme de loup, les yeux durs tandis qu'il enfilait les vêtements que Peyton avait eu la gentillesse de nous procurer dans la friperie de l'autre côté de la ville.

La métamorphose avait ses inconvénients, surtout quand on prévoyait de passer inaperçu face à un assassin vampire en se cachant dans une ville pleine d'humains. Dieu merci, Peyton ne s'était pas encore transformée et pouvait nous aider dans ce domaine.

Nous étions tombés sur cette petite ville endormie peu après l'aube, alors que le soleil pointait au-dessus des montagnes brumeuses, quelque part au fin fond du Missouri. Pour autant que je puisse en juger, nous avions semé les hommes de Greyson une heure ou deux auparavant, même si cela ne voulait rien dire. Ils pouvaient être en train de se regrouper.

Ce que nous devions faire aussi.

Nous courions depuis des heures. Nous étions épuisés, et bien que mon épaule se soit cicatrisée jusqu'à ne laisser qu'une fine ligne rose, si je devais encore courir, j'avais besoin de temps. Les métamorphes guérissaient vite, mais sans l'aide d'une sorcière, ce n'était pas instantané. Quelque chose à quoi je ne pouvais pas avoir accès puisque les sorcières étaient interdites sur le territoire de Greyson, ce qui, je commençais à le réaliser, avait un but précis.

Les sorcières étaient soit les meilleures amies des vampires, soit les premières à les tuer. En avoir une si près de lui nous aurait trahis.

— Je suis sérieux, dis-je en passant le t-shirt que Peyton m'avait tendu par-dessus ma tête, lui lançant un regard en baissant les yeux sur les femmes à forte poitrine imprimées sur le devant. « J'aime les nichons » était écrit en gros caractères, accompagné d'un hibou.

Je haussai un sourcil en direction de ma sœur, qui serrait maintenant les lèvres pour s'empêcher de rire.

— Merci Peyton, on ne dirait vraiment pas qu'on est poursuivis par un vampire, soufflai-je, et le rire qu'elle essayait de contenir explosa alors que Dax passait son propre t-shirt par-dessus sa tête, révélant les énormes fesses d'une femme en string. « J'aime les gros culs et je ne peux pas mentir » s'étalait maintenant sur le torse très large de Dax, ce qui était encore pire par le fait que le t-shirt était manifestement trop petit.

— Et moi qui pensais qu'on allait se faire discrets, marmonna Dax, nous faisant tous rire maintenant alors que les seins et les fesses que nous portions nous dévisageaient.

— Croyez-moi, d'après le peu que j'ai vu de cette ville, vous passerez inaperçus... mais juste au cas où. Elle lança un autre t-shirt, heureusement vierge, à Dax et à moi. Même si ce serait amusant de vous voir affronter Greyson avec des seins de cartoon sur la poitrine. C'est pour ça qu'on retourne là-bas, non ? Pour l'affronter. Le poignarder, ou je ne sais quoi qu'on fait à un vampire pour le tuer.

— C'est bien un pieu. J'acquiesçai d'un signe de tête, le bâton que Peyton avait choisi pour s'armer prenant tout son sens. Ou certains types de feu. Je crois que la décapitation marche aussi. Je veux dire, pourquoi pas ? Mais oui, nous devons l'arrêter.

Peyton sautillait sur la pointe des pieds, visiblement prête à y aller. Dax, en revanche, avait l'air d'avoir avalé de la bière éventée.

— Tu es sérieux, n'est-ce pas ?

— Je le suis. Je lui fis un signe de tête, boutonnant mon jean et glissant mes pieds dans les tongs usées que Pey avait fournies avant de conduire les deux autres au bout de la ruelle. Greyson Dillon contrôle toutes les meutes de métamorphes de ce côté du Mississippi. Il fait Dieu sait quoi à Nova et aux autres loups sur son domaine. Je ne peux pas laisser ça continuer. Je ne le permettrai pas.

Je m'arrêtai au bout de la ruelle, ne jetant qu'un coup d'œil rapide dans les deux directions avant de conduire les deux autres dans la rue. Je ne sentais aucun vampire, loup, ou quoi que ce soit de surnaturel, mais ça ne voulait pas dire qu'ils n'étaient pas là.

J'avais senti une sorcière dans le domaine de Greyson auparavant, ce qui signifiait qu'il avait une alliée. Pour ce que j'en savais, elle pouvait les dissimuler. Après tout, il n'y avait pas beaucoup d'endroits où ils pouvaient se cacher.

La ville était petite et aussi typiquement américaine que possible. Les devantures des magasins étaient en brique et en verre, et avaient clairement plus de cent ans. Des parties de la rue étaient encore pavées d'origine, datant de l'époque où tout n'était que chevaux, calèches, saloons et duels au pistolet.

Un klaxon de train résonna à travers la ville, personne ne prenant même la peine de se retourner à ce son trop familier. Les quelques personnes qui étaient dans la rue continuaient leur chemin, se pressant vers leur travail, l'école ou quel que soit le divertissement qu'ils pouvaient trouver dans une si petite ville.

— Donc, tu veux que nous retournions tous les trois dans l'antre du vampire pour l'affronter, seuls ? siffla Dax, essayant de son mieux d'être discret, ce qui pour lui n'était pas du tout discret. Une femme qui marchait avec une petite fille l'avait clairement entendu. Elle leva les yeux, confuse. Je lui fis signe de passer et les pressai plus loin dans la rue vers un café où nous pourrions, espérons-le, trouver un box tranquille et des pancakes. Après tant de course, mon loup était affamé, j'étais affamé. J'avais besoin de nourriture pour guérir correctement l'entaille à mon épaule.

— Je suggère que nous finissions ce que mon père a commencé et que nous libérions les meutes de l'emprise de Greyson, oui, précisai-je alors que nous nous glissions tous dans un box. Heureusement, le café était bondé et animé, rendant nos chances d'être entendus nulles.

Enfin, à moins qu'il n'y ait un autre être surnaturel dans les parages, mais je ne sentais rien d'autre que de la graisse de bacon et du café. Mon estomac se tordait déjà de besoin.

— Ça ressemble à une façon plus élégante de dire « on retourne dans l'antre du vampire pour essayer de le tuer », se pencha Dax par-dessus la table depuis l'autre côté où il était assis avec Peyton. Il l'avait laissée glisser dans le box en premier. Toujours le gentleman protecteur avec elle.

— Eh bien, je suis content que le plan soit enfin assimilé. Je retournai ma tasse de café et la plaçai au bord de la table, suppliant presque la serveuse pour ce délice noir. Heureusement, elle se dirigea droit vers nous. Nous y retournons, Dax.

— Vous voulez de la crème ? demanda la serveuse avec un fort accent campagnard tout en commençant à remplir les tasses, nous offrant à tous un sourire qui semblait un peu trop plaqué. Sa journée devait être longue.

— Oui, répondit Peyton sans hésitation. Et pouvons-nous avoir des pancakes et toutes sortes de viandes pour la table ? Des œufs. Du jambon. Du bacon. Des saucisses. Nous voulons tout.

— Vous avez faim, hein ? rit-elle, cherchant confirmation auprès de Dax et moi.

— Eh bien, si ça doit être notre dernier repas, autant en faire un bon, grogna Dax, levant sa tasse pour porter un toast. Le faux sourire de la serveuse vacilla.

— Il plaisante, dis-je rapidement, attirant son attention. Mais des pancakes et de la viande supplémentaire seraient parfaits.

Elle nous lança un dernier regard confus avant de s'éloigner et je me tournai vers Dax.

— Ne commence pas, Asher, commença Dax, les mains en l'air. Ce que tu suggères est du suicide.

— Et tu penses vraiment qu'on tiendra longtemps en fuite ? Ou que dire de notre meute ? Tu crois qu'on pourra évacuer des centaines de personnes sans qu'il s'en aperçoive ?

Mon loup grondait à chaque question et j'étais sûr que mes yeux brillaient de l'éclat doré de mon loup. Les yeux de Dax lancèrent un éclair, mais son loup n'alla pas plus loin. Il resta assis, renfrogné, les mains enroulées autour de sa tasse de café.

— Si nous voulons protéger notre meute. Je me penchai par-dessus la table vers les deux autres. Si nous voulons protéger toutes les meutes. Nous devons y retourner et l'affronter.

Mon loup grogna à nouveau, le son s'ajoutant au murmure des voix et au bruit des assiettes.

— Tu as raison, dit Dax en se penchant. Mais je ne vois pas comment on peut y arriver. C'est nous deux, et qui sait combien d'hommes de Greyson. Pour ce qu'on en sait, il a peut-être une cave pleine de vampires et il n'y a aucun moyen qu'on puisse affronter ça avec seulement deux loups.

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