~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~Lenny s’approche doucement et pose ses mains sur mes épaules. _ Cassie… attends, respire. Je lève vers elle un regard embué. _ Tu l’as entendu, toi aussi, non ? Elle n’a pas dit ça pour rien. Elle ne vient pas ici par hasard. Lenny hoche la tête avec prudence. _ Oui, c’était violent. Elle a balancé ça comme une évidence. Mais… écoute-moi bien. Ce n’est pas elle qui vit avec Rick. C’est toi. Ce n’est pas à elle qu’il prépare le petit déjeuner, ni à elle qu’il fait l’amour, ni avec elle qu’il se balade dans les parcs. C’est toi. _ Et pourtant… Veronica existe. Et elle rôde. Lenny soupire, puis se penche, plus proche de moi : _ Alors on va découvrir ce qu’il en est. Tu veux savoir s’il t’a menti ? Très bien. On va creuser. Mais pas en pleurant sur un plan de travail, pas en devinant. On va savoir. Je cligne des yeux, surprise. _ Comment ? _ Tu travailles dans une pâtisserie, Cassie. Les gens parlent ici. Et moi, j’ai un petit
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je coupe le moteur devant l’imposant manoir. Il est dix-huit heures pile. Veronica décroche doucement sa ceinture, puis me jette un regard par-dessus son épaule, un brin espiègle. _ Tu viens ? J’ai quelque chose à prendre, et j’ai pas envie de monter toute seule. Je soupire. J’hésite une demi-seconde. Puis je sors de la voiture et la suis à l’intérieur. Elle retire ses talons avec nonchalance, me lance un regard rapide et s’avance vers l’escalier. _ Tu restes planté là ? Viens. Je monte après elle. Elle pousse la porte de sa chambre et laisse tomber son manteau au sol sans cérémonie. Je m'arrête près du mur, comme à mon habitude. Je ne suis pas ici pour me détendre. Puis, sans crier gare, elle commence à faire glisser lentement et délibérément la fermeture de sa robe alors qu'elle me faisait dos. _ Veronica… _ Détends-toi, Rick. Ce n’est pas la première fois que tu me vois nue, non ? Je détourne le regard, mais c’est difficile d’oub
~~~~~ Veronica White ~~~~~Il grogne quelque chose derrière le bâillon que l’un de mes hommes retire avec brusquerie. Il crache au sol. _ Veronica… T’es complètement folle… Je m’approche encore plus. _ Peut-être, murmuré-je en m’accroupissant devant lui. Mais tu vois, Esteban… ce qui me rend redoutable, ce n’est pas la folie. C’est la précision. Je lève la main et caresse doucement sa joue marquée. _ Tu pensais que j’allais vraiment te pardonner, n’est-ce pas ? Que j’allais faire comme si de rien n’était, parce que tu as de l’argent, du pouvoir… et un peu de charme. Il serre les dents. _ Tu m’as utilisé. _ Tu m’as sous-estimée. C’est pire, je crois. Je le fixe, longtemps. Comme si je voulais graver ce moment dans ma mémoire. Lui, ligoté, vulnérable. Moi, debout, libre. Supérieure. _ Tu sais pourquoi tu es ici, Esteban ? Il ne répond pas. Mais je vois la panique dans ses yeux. Je m’approche. Ma voix reste douce, presque murmurée, mais chaque mot est une
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Le bois grince sous mes pas tandis que je pousse lentement la vieille porte. L’air est glacé. Humide. L’odeur de moisissure et de rouille me donne la chair de poule. Mes doigts serrent nerveusement le tissu de mon manteau. Je n’ai aucune idée de ce que je vais trouver ici. Je fais quelques pas à l’intérieur. Et mon cœur s’arrête. _ MON DIEU…! Un homme est étendu, inerte, dans une flaque de sang qui s’étend autour de sa tête. Je ne le connais pas. Mais je n’ai pas besoin de le connaître pour sentir l’horreur me frapper en pleine poitrine. Sans réfléchir, je cours vers lui. Je tombe à genoux et je secoue doucement ses épaules. _ Monsieur ! Monsieur… vous m’entendez ?! Réveillez-vous… oh non, non, non… Il ne bouge pas. Mon regard s’abaisse sur l’arme juste à côté de lui. Par pur réflexe, je l’attrape avec dégoût, me lève d’un bond et la lance aussi loin que possible. _ Très mauvaise idée, souffle une voix glaciale derrière moi. Je
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je regarde Cassandra s’éloigner. Elle quitte la bâtisse sans se retourner. J’ai gagné. Enfin. Je reste là un instant, figée. Il n’y a pas de triomphe dans mon cœur, juste une sorte de calme glacial. Le genre de silence qui précède les grandes chutes ou les grandes victoires. Théo s’approche, me jette un regard comme pour me demander si je suis sûre. Je lui fais un signe bref. _ Nettoyez. Je ne veux plus rien ici d’ici vingt minutes. Il acquiesce et donne des instructions discrètes à ses hommes. Pendant ce temps, je me glisse hors de la vieille bâtisse. L’air est frais, presque agréable. Un vent léger me caresse la joue, comme pour m’applaudir. Dans la voiture, je m’installe à l’arrière. Théo démarre sans un mot. Le silence nous enveloppe. Je sors mon téléphone. Il est dix-neuf heures et vingt-trois minutes. Rick doit encore m’attendre au manoir. Je compose rapidement un message, le ton doux, presque affectueux. « Je suis en route, j
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~Mes pas sont hésitants alors que je m’éloigne de la vieille bâtisse. J’avance sans vraiment voir où je vais. Mon esprit est vide, mais mes yeux, eux, débordent. Je viens de laisser un pan de ma vie derrière moi. De dire adieu à l’homme que j’aime. Mes doigts tremblent encore à cause de la peur, du choc, du dégoût et, surtout, de la douleur. Je m’arrête un instant en bordure de la route, mes bras serrés autour de moi comme si je pouvais me protéger du vent… ou de la vérité.__ Tu viens de tuer un homme. Les mots de Veronica résonnent encore. Sa voix glaciale. Son sourire de prédatrice. Et cette arme… ce corps au sol. Cette mise en scène macabre. Je savais qu’elle me détestait, mais je n’imaginais pas à quel point elle était prête à aller loin pour me sortir de sa route. Je ferme les yeux, revois ses photos. Ses mensonges. Ses menaces.__ Tu passeras vingt-cinq ans en prison. Même Roy te méprisera. Un sanglot m’échappe. Comment ai-je pu en arr
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je me réveille avec une boule dans la gorge. Il fait encore sombre dans le manoir, et l’odeur sucrée de son parfum flotte dans l’air. Veronica est là, nue, lovée contre moi sur le canapé, ses doigts enroulés autour de ma chemise. Je sens son souffle régulier contre ma clavicule. Et moi… je suis en train de me détester. Je passe une main sur mon visage, ferme les yeux un instant. Je repense à Cassie… Je me redresse légèrement, sans trop la bousculer. Elle gémit faiblement dans son sommeil, puis se tourne de l’autre côté, murmurant quelque chose que je ne comprends pas. Je me lève, ramasse mon pantalon, le remet sans bruit. Une fois debout, je fixe le canapé un long moment. Cette scène… je la connais trop bien. Ce sentiment d’avoir été faible. Ce rappel que je suis en train de tout foutre en l’air. Encore. Et pourtant, c’est moi qui ai cédé. Je me dirige vers la salle de bain du rez-de-chaussée, ouvre le robinet et m’asperge le visage. Je ne me re
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~Je monte les marches du manoir de Veronica d’un pas rapide et déterminé. Depuis que je suis sorti de l’appartement, une seule pensée me hante : elle est responsable. En effet, tout concorde. Les photos, la disparition de Cassie, le silence. Dès lors, je n’ai plus de doute. Dès que j’arrive, je frappe à la porte, mais je n’attends pas qu’on m’ouvre. J’entre, porté par la colère. Comme je m’y attendais, elle est dans le salon, un verre à la main. _ Melrick ? dit-elle en fronçant les sourcils, visiblement surprise. Tout va bien ? Tu as une drôle de tête. Sans répondre, je sors les photos de ma poche et les jette sur la table basse. Elles s’étalent entre nous comme des preuves accablantes. _ Tu vas m’expliquer ce que ces photos faisaient dans MON appartement ? je demande d'une voix froide. Elle baisse les yeux et les regarde brièvement. Puis, elle redresse le visage et pendant quelques secondes, elle ne dit rien, puis elle recule légèrement, les mai
Il attrape mon poignet si brusquement que je sursaute et il me bascule presque contre lui. Mon cœur s'emballe et mon souffle se bloque dans ma gorge. Ses yeux... Ses yeux me dévorent et pendant un court instant, je sens son pouce effleurer ma peau, et une vague de souvenirs me traverser comme une décharge. Je me ressaisis violemment. D'un geste sec, je me dégage et lui crache, le regard noir : _ COMMENT OSES-TU ME TOUCHER ? JE T'INTERDIS de refaire ce que tu viens de faire, SINON... Je me stoppe net. Il me fixe d'un air impassible avant de faire quelques pas vers moi. _ Sinon quoi ? demande-t-il d'une voix basse, presque provocante. Je recule d'un pas sans même m'en rendre compte. Ma main tremble légèrement, mais je la cache derrière mon dos. Il avance encore, le regard cloué au mien, et lâche, moqueur : _ Tu vas me gifler ? Sa voix est douce, presque moqueuse, mais je perçois l’amertume qui suinte derrière. Il s'arrête juste devant moi, si près que je pourrais
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis en train de parler à une patiente et je lui donne des conseils pour améliorer sa santé alors qu'on marché dans le couloir de l'hôpital. Mon cœur s'est allégé depuis que je suis à Boston et que je n'ai pas eu de signe de Melrick ni de Veronica. J'ose croire que ce n'est pas le calme avant la tempête. Peut-être m'ont-ils réellement oubliée. Peut-être ont-ils repris le cours de leur vie, celui qu'ils menaient sans moi depuis six ans. Je retiens un soupir, puis laisse échapper un léger souffle, presque un soupir de soulagement, en esquissant un sourire chaleureux à ma patiente. _ À très bientôt, lui dis-je doucement. Prenez soin de vous. Elle me remercie avec un sourire sincère avant de quitter la pièce. Je m'apprête à regagner mon bureau, lorsque j'aperçois un silhouette familière. Je regarde bien et... Mon cœur rate un battement. C'est Melrick. Et je comprends immédiatement qu'il m'a vue aussi, car il se lève, brusquement et se d
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je traverse les couloirs de White Jewelry avec un sourire que je ne cherche même plus à dissimuler. Tous ceux que je croise me saluent avec politesse, certains s’attardent, intrigués par cette joie qui irradie de moi comme un soleil au zénith. Et comment leur en vouloir ? Je suis tout simplement épanouie. Rick… Mon Rick. Il a été parfait. Plus qu’un amant, plus qu’un partenaire. Cette semaine, il m’a rappelé pourquoi je me bats pour lui. Pourquoi il est à moi et pourquoi il restera à moi. Il m’a couverte de cadeaux, de tendresse, de baisers et de gestes fous. Il n’a même pas attendu que je le supplie. Il m’a fait l'amour comme s’il avait attendu des années pour ça. Chaque nuit, chaque matin. Et entre-temps ? Des mots doux, des caresses, des rires, des surprises… Il m’a regardée comme une déesse, comme si j'étais la seule. Il m’a même dit qu’il avait été idiot d’imaginer qu’une femme comme Cassandra pouvait être la bonne. Il m’a demandé pardon et m
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Il me dit qu’il m’aime, que c'est moi et seulement moi qui gouverne son cœur. Il me dit que Cassandra est partie et qu’elle avait tourné la page. Il me dit qu'il regrette son comportement de ces derniers jours. Oh mon Dieu !! Dites-moi que ce n'est pas un rêve et que je ne vais pas me réveiller. Dites-moi que ce n'est pas une hallucination et que tout ça est vrai. Je jubile intérieurement alors qu'il me parle. Je me retiens de sourire trop fort, de crier victoire trop vite mais je veux savourer ce moment et l’enfermer dans un écrin. Mais je ne veux pas seulement des mots, je veux plus. Je veux son corpsw je veux l’acte qui confirme tout, celui qui efface Cassandra, Roy, Greg, Zurich, et toutes leurs conneries. Alors, je me lève lentement et m’approche de lui. Je m’assois sur ses genoux, sans le quitter des yeux. _ Si tu m’aimes vraiment, Rick… alors prouve-le-moi. Je dégrafe un bouton de sa chemise, doucement. Il ne dit rien et continue
Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je prends une profonde inspiration et m’avance vers elle et je m’assois lentement face à ell. Puis je pose mes coudes sur mes genoux et j'incline la tête, comme si j’étais accablé de regrets. _ Veronica… je suis désolé. Elle m’observe sans rien dire, elle a l'air méfiante mais je poursuis, la voix cassée volontairement. _ J’ai eu des nouvelles de Cassandra. Elle… elle a quitté le pays. Elles est à Zurich avec Roy et Greg. J’ai tout eu ce matin. Elle est partie sans même se retourner. Veronica cligne lentement des yeux. Elle tente de cacher sa réaction, mais je la vois se détendre légèrement. Je continue, posant ma main sur la sienne. _
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je redémarre la voiture en trombe. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, pas à cause de la colère, mais du mélange explosif d’humiliation et de trahison. On a voulu me faire passer pour un idiot. On a menti sur Cassandra. Sur Greg. Et peut-être sur Roy. Je ne peux pas laisser passer ça. Je m’arrête net devant l’immeuble miteux où le détective m’avait donné rendez-vous quelques jours plus tôt. Il est seul, dans ce bureau sans charme, avec ses dossiers empilés comme les mensonges qu’il me sert depuis le début. Je claque la porte derrière moi et j'entre sans frapper. Il sursaute en me voyant. _ Monsieur Hart ? Je m’avance lentement, les yeux braqués sur lui. Il essaie de masquer sa nervosité, mais son regard fuyant le trahit. _ Vous m’avez menti, lancé-je. Ma voix est posée, mais froide et tranchante. _ Pardon ? Je ne comprends pas. Je balance le dossier qu’il m’a remis sur son bureau. _ Zurich ? Greg ? Des conneries. Cassandra
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est déjà neuf heures. Je suis dans mon bureau, penché sur les dossiers que je tente de lire depuis une heure, mais rien ne rentre. L’image de Cassandra s’impose dans mon esprit. Et Roy... ce gamin, mon fils, que je n’ai pas vu grandir. Mes poings se serrent. J’ai raté tant d’années. Puis j'entends un léger coup à la porte. Marcy n’est plus là, évidemment. C’est moi qui ai viré mon assistante. C’est Félix, l’un des agents de sécurité, qui entre en silence. _ Il y a un homme pour vous. Il dit que c’est... personnel. Je sais déjà de qui il s’agit. Je lui fais signe de le faire entrer. Le détective privé, Oscar Menley, entre dans le bureau. Il semble hésiter, presque gêné. _ J’ai du nouveau, Monsieur Hart. Je me lève, l'air impatient. _ Parlez. Il sort un dossier qu’il pose sur mon bureau. _ La femme que vous cherchiez, Cassandra Hurber, a quitté Newark peu après votre passage à l’hôtel Eden Park. _ Où est-elle allée ? je demande c
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je ne sais plus exactement à quel moment je perds le contrôle. Peut-être quand ses doigts glissent sur ma peau avec cette précision cruelle que seuls les souvenirs savent ranimer. Peut-être quand elle murmure ces mots, ses mots d’autrefois. Ceux qu’elle prononçait les nuits où je croyais encore qu’on avait un avenir. _ Tu me voulais chaque nuit… Oui. Je l’ai voulue... follement, passionnément. J’ai cru que je l’aimais et j'ai cru qu’elle m’aimait. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça. Ce qu’on partage là, maintenant, c’est une erreur. Une échappatoire. Et pourtant… Son corps contre le mien, sa voix qui me supplie, sa peau qui brûle la mienne… Tout me ramène à ce passé que j’essaie d’enterrer depuis trop longtemps. Et moi, comme un idiot, je me noie dedans. Je m’accroche à cette illusion, à cette chaleur qui ne guérit rien mais qui masque tout, l’espace d’un instant. Je la prends avec rage, avec besoin, avec une frustration que je n’avais mê
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis réveillée depuis l’aube. Il m'est impossible de dormir, même après la scène d’hier, même après ce qu’il ait dit qu'il va rester... ce n’est pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant avec lui. Parce que je le sens : il n’est pas vraiment ici. Son corps peut bien être dans ce lit, mais son esprit et son cœur sont ailleurs. Peut-être même chez elle. Je sors du lit à pas comptés. Il dort encore, et je l’observe une seconde, mais je n’éprouve aucune tendresse. Juste ce besoin insupportable de contrôler ce que je ne peux plus. Mon téléphone vibre et je reçois un message. Enfin. « Appelle-moi. J’ai trouvé des infos sur Grégory Smith. » Je m’enferme dans le dressing et compose rapidement le numéro. _ Alors ? dis-je d’un ton sec. _ Greg Smith n’est pas le père des jumelles, annonce-t-il sans préambule. Je reste figée. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. _ Tu en es sûr ? _ Positif. Il a rencontré Cassandra pour la premièr