~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je viens de me réveiller. Je suis encore allongée sur le canapé. La robe de chambre est tombée il y a des heures. Je suis restée en lingerie, celle que j’avais choisie pour lui, pour nous. Le dîner est froid. Les bougies se sont consumées jusqu’à la fin. La pièce sent la déception et le silence. Il n’est pas venu. Pas un appel. Pas un message. Juste ce vide grandissant à l’intérieur de moi. Puis, soudain la porte s’ouvre. Mon cœur rate un battement. Je me redresse aussitôt, les jambes croisées, les bras autour de moi. Il entre. Comme si de rien n’était. Un peu ébouriffé, mal réveillé, mais surtout… il a l'air coupable. _ Cassie… Je me lève d’un bond. _ Tu plaisantes j’espère ? Tu rentres à cette heure ? Tu sais quelle heure il est ?! Il ne répond pas tout de suite. Il ferme la porte derrière lui et s’avance lentement. _ Je suis désolé. Il y a eu un contretemps. J’ai dû rester plus longtemps que prévu. Je ris. Un rire court, sec
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~Je le regarde dans les yeux, le cœur battant à tout rompre. Je veux le croire. De toutes mes forces. Parce que c’est lui. Parce que c’est nous. Parce que ça fait des années qu’on se bat pour rester soudés, pour protéger ce qu’on a construit. Parce qu’il est le père de mon fils. Parce qu’il est mon homme. Mais ce parfum… Ce fichu parfum sur lui. Il m’obsède. Il parle calmement, me raconte ce qu’il s’est passé. L’agression. Veronica en larmes. Sa panique. Et lui, en sauveur. Je l’écoute. Je l’observe. Il ne ment pas. Je le connais trop. Ses gestes, sa voix, sa façon de détourner les yeux quand il cache quelque chose… Là, il est droit. Sincère. Présent. Mais malgré tout… Quelque chose me gratte sous la peau. Comme un pressentiment. Une alarme silencieuse que ses mots n’arrivent pas à désactiver. Je n'aime pas cette femme... Cette... Veronica. Je veux lui hurler de rester loin d’elle. De la fuir. De s’éloigner. Mais je sais que je n’ai pas ce pou
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Après m'être douchée et habillée, j'entends une voiture vrombir dehors. Je souris. Il est à l’heure. Comme toujours. Malgré le fait qu'il a passé la nuit avec moi. Je l’observe discrètement depuis l’une des fenêtres du salon du manoir. Costume impeccable, posture droite, regard alerte… Il fait tout pour rester professionnel. Pour garder cette distance de sécurité. Il s’accroche encore à l’illusion qu’il en est capable. Mais il oublie une chose essentielle : c’est moi qui fixe les règles. Je descends les escaliers lentement, sans précipitation, comme si chaque marche était une scène, et moi, l’actrice principale. Il me salue d’un simple regard et je m'avance vers lui. _ Théo et moi allons sortir, je lance en enfilant ma veste. Rien de bien long. Je te demande juste un peu de patience. Tu peux m’attendre ici. Je ne serai pas longue. Il me regarde, visiblement partagé entre la surprise et l’agacement. Je ne lui laisse pas le temps de répondr
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis restée figée un long moment après qu’elle soit partie. Veronica White. Je savais qui elle était. Bien sûr que je savais. On ne peut pas aimer un homme comme Melrick sans connaître les fantômes ou les déesses qui gravitent autour de lui. Mais je ne m’attendais pas à ça. Pas à ce regard. Pas à cette voix si calme, si maîtrisée. Pas à ce poison lent qu’elle m’a glissé dans le cœur avec un sourire. __ On a fait l'amour. Ces mots résonnent encore en boucle dans ma tête. Je serre les poings, puis les relâche. Le glaçage dans ma poche à douille tremble sous la pression de mes doigts. Je suis en train de me faire avoir. Et je le sais. Mais ce qui me fait le plus mal… ce n’est pas elle. C’est lui. Est-ce que Rick m’aurait vraiment trahie ?Ou est-ce qu’elle joue juste à un jeu cruel, comme seule une femme comme elle sait le faire ? Je n’ai même pas pu lui répondre. J’étais figée. Pas par peur. Pas par faiblesse. Mais par choc. E
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je claque la porte derrière moi, à peine conscient des regards surpris que je croise dans le couloir. J’ai besoin d’air, de silence et de distance. J’avance sans but précis dans les couloirs de White Industries d'un pas rapide. Mon torse se soulève à chaque respiration. Je déteste ce qu’elle me fait, ce qu’elle me fait ressentir et ce qu’elle me rappelle. Mais je sais qu'elle a raison. Et c'est ça le pire. Chaque mot qu’elle a prononcé… j’y pense encore. Je m’en souviens. Trop bien. Sa voix. Sa peau. Sa façon de m’embrasser comme si elle me possédait déjà. Comme si elle savait que je finirais par lui appartenir, malgré moi. Je serre les poings et je repense à Cassandra. Sa douceur, sa patience, sa force et maintenant son regard méfiant parce qu’elle a senti ce parfum sur moi. Parce qu’elle sait qu’il y a quelque chose. Et je lui mens. Je l'ai trahie. Je m’adosse au mur du couloir désert et je ferme les yeux. J’aurais dû refuser ce poste. J’au
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ J'entre dans le bureau et je claque la porte derrière moi, les yeux noirs de rage. Veronica lève immédiatement les siens vers moi, surprise par ma brusquerie. Elle est assise à son bureau, dans ce tailleur impeccable, son café encore fumant devant elle. Je ne lui laisse pas le temps de parler. _ Qu’est-ce que tu as fait, Veronica ? je lance, la voix basse mais pleine de venin. Elle reste muette un instant, comme si elle cherchait une échappatoire. Je n’attends pas sa réponse. _ Tu es allée voir Cassandra. Tu lui as dit pour nous. Tu as failli foutre ma famille en l’air. _ Je voulais juste qu’elle sache la vérité, dit-elle doucement, presque comme une excuse. _ CE N’ÉTAIT PAS À TOI DE FAIRE ÇA !! Je frappe du poing sur le bureau. Elle sursaute. _ TU N’AVAIS AUCUN DROIT. TU M’AS MIS DANS UNE POSITION IMPOSSIBLE, VERONICA. Elle se lève lentement. _ Tu ne peux pas nier ce qu’il s’est passé entre nous, Melrick. Tu ne peux pas me faire
~~~~~ Veronica White ~~~~~Je reste dans le bureau pendant plusieurs heures. Il n'est pas venu. Pas une fois. Je lisse mon tailleur du plat de la main, je me fixe dans le miroir accroché à la porte de mon bureau et je prends une grande inspiration. Mon mascara est intact. Mon regard, presque aussi froid que celui que Melrick m’a lancé. Très bien. S’il veut de la distance, il va en avoir. Mais pas celle qu’il imagine. Je quitte mon bureau, et je me dirige vers les escaliers. Marcos qui était sur le chemin, s’écarte immédiatement, comme s’il sentait que ce n’était pas le moment de me parler. Je ne lui accorde même pas un regard. _ Faites venir l’équipe de communication dans la salle de réunion 3. Immédiatement, dis-je à mon assistante en passant. _ Oui, mademoiselle White. Je descends l’escalier au lieu de prendre l’ascenseur. J’ai besoin de sentir chaque marche. De me rappeler que je suis solide. Ancrée. Inébranlable. Dans la salle de réunion, je dicte mes exigence
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Une semaine est passée. Sept jours à me tenir droit, à contenir ce feu, à prétendre que je suis un simple chauffeur. Un bras droit. Rien de plus. Je l’attends chaque matin devant le manoir et je ne klaxonne jamais. Elle le sait à chaque fois que je suis là. Elle descend, sublime comme toujours, et me salue d’un hochement de tête… comme si rien ne s’était jamais passé. Mais tout s’est passé. Et chaque seconde passée à côté d’elle me le rappelle. Son parfum. Sa voix. Ce foutu sourire qu’elle lance à Théo quand elle sait que je regarde. Je joue le jeu. Parce que je dois. Parce que j’ai choisi. Mais à l’intérieur, c’est l’enfer. Aujourd’hui, elle a mis du rouge. Une robe faite pour troubler, pour dominer, pour conquérir. Et Dieu sait qu’elle y arrive. Elle marche avec cette assurance désarmante. Et moi, je la suis, toujours à une distance raisonnable. Comme un garde du corps, pas comme un homme tenté. La réunion se passe bien. Elle impress
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je traverse les couloirs de White Jewelry avec un sourire que je ne cherche même plus à dissimuler. Tous ceux que je croise me saluent avec politesse, certains s’attardent, intrigués par cette joie qui irradie de moi comme un soleil au zénith. Et comment leur en vouloir ? Je suis tout simplement épanouie. Rick… Mon Rick. Il a été parfait. Plus qu’un amant, plus qu’un partenaire. Cette semaine, il m’a rappelé pourquoi je me bats pour lui. Pourquoi il est à moi et pourquoi il restera à moi. Il m’a couverte de cadeaux, de tendresse, de baisers et de gestes fous. Il n’a même pas attendu que je le supplie. Il m’a fait l'amour comme s’il avait attendu des années pour ça. Chaque nuit, chaque matin. Et entre-temps ? Des mots doux, des caresses, des rires, des surprises… Il m’a regardée comme une déesse, comme si j'étais la seule. Il m’a même dit qu’il avait été idiot d’imaginer qu’une femme comme Cassandra pouvait être la bonne. Il m’a demandé pardon et m
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Il me dit qu’il m’aime, que c'est moi et seulement moi qui gouverne son cœur. Il me dit que Cassandra est partie et qu’elle avait tourné la page. Il me dit qu'il regrette son comportement de ces derniers jours. Oh mon Dieu !! Dites-moi que ce n'est pas un rêve et que je ne vais pas me réveiller. Dites-moi que ce n'est pas une hallucination et que tout ça est vrai. Je jubile intérieurement alors qu'il me parle. Je me retiens de sourire trop fort, de crier victoire trop vite mais je veux savourer ce moment et l’enfermer dans un écrin. Mais je ne veux pas seulement des mots, je veux plus. Je veux son corpsw je veux l’acte qui confirme tout, celui qui efface Cassandra, Roy, Greg, Zurich, et toutes leurs conneries. Alors, je me lève lentement et m’approche de lui. Je m’assois sur ses genoux, sans le quitter des yeux. _ Si tu m’aimes vraiment, Rick… alors prouve-le-moi. Je dégrafe un bouton de sa chemise, doucement. Il ne dit rien et continue
Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je prends une profonde inspiration et m’avance vers elle et je m’assois lentement face à ell. Puis je pose mes coudes sur mes genoux et j'incline la tête, comme si j’étais accablé de regrets. _ Veronica… je suis désolé. Elle m’observe sans rien dire, elle a l'air méfiante mais je poursuis, la voix cassée volontairement. _ J’ai eu des nouvelles de Cassandra. Elle… elle a quitté le pays. Elles est à Zurich avec Roy et Greg. J’ai tout eu ce matin. Elle est partie sans même se retourner. Veronica cligne lentement des yeux. Elle tente de cacher sa réaction, mais je la vois se détendre légèrement. Je continue, posant ma main sur la sienne. _
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je redémarre la voiture en trombe. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, pas à cause de la colère, mais du mélange explosif d’humiliation et de trahison. On a voulu me faire passer pour un idiot. On a menti sur Cassandra. Sur Greg. Et peut-être sur Roy. Je ne peux pas laisser passer ça. Je m’arrête net devant l’immeuble miteux où le détective m’avait donné rendez-vous quelques jours plus tôt. Il est seul, dans ce bureau sans charme, avec ses dossiers empilés comme les mensonges qu’il me sert depuis le début. Je claque la porte derrière moi et j'entre sans frapper. Il sursaute en me voyant. _ Monsieur Hart ? Je m’avance lentement, les yeux braqués sur lui. Il essaie de masquer sa nervosité, mais son regard fuyant le trahit. _ Vous m’avez menti, lancé-je. Ma voix est posée, mais froide et tranchante. _ Pardon ? Je ne comprends pas. Je balance le dossier qu’il m’a remis sur son bureau. _ Zurich ? Greg ? Des conneries. Cassandra
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est déjà neuf heures. Je suis dans mon bureau, penché sur les dossiers que je tente de lire depuis une heure, mais rien ne rentre. L’image de Cassandra s’impose dans mon esprit. Et Roy... ce gamin, mon fils, que je n’ai pas vu grandir. Mes poings se serrent. J’ai raté tant d’années. Puis j'entends un léger coup à la porte. Marcy n’est plus là, évidemment. C’est moi qui ai viré mon assistante. C’est Félix, l’un des agents de sécurité, qui entre en silence. _ Il y a un homme pour vous. Il dit que c’est... personnel. Je sais déjà de qui il s’agit. Je lui fais signe de le faire entrer. Le détective privé, Oscar Menley, entre dans le bureau. Il semble hésiter, presque gêné. _ J’ai du nouveau, Monsieur Hart. Je me lève, l'air impatient. _ Parlez. Il sort un dossier qu’il pose sur mon bureau. _ La femme que vous cherchiez, Cassandra Hurber, a quitté Newark peu après votre passage à l’hôtel Eden Park. _ Où est-elle allée ? je demande c
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je ne sais plus exactement à quel moment je perds le contrôle. Peut-être quand ses doigts glissent sur ma peau avec cette précision cruelle que seuls les souvenirs savent ranimer. Peut-être quand elle murmure ces mots, ses mots d’autrefois. Ceux qu’elle prononçait les nuits où je croyais encore qu’on avait un avenir. _ Tu me voulais chaque nuit… Oui. Je l’ai voulue... follement, passionnément. J’ai cru que je l’aimais et j'ai cru qu’elle m’aimait. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça. Ce qu’on partage là, maintenant, c’est une erreur. Une échappatoire. Et pourtant… Son corps contre le mien, sa voix qui me supplie, sa peau qui brûle la mienne… Tout me ramène à ce passé que j’essaie d’enterrer depuis trop longtemps. Et moi, comme un idiot, je me noie dedans. Je m’accroche à cette illusion, à cette chaleur qui ne guérit rien mais qui masque tout, l’espace d’un instant. Je la prends avec rage, avec besoin, avec une frustration que je n’avais mê
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis réveillée depuis l’aube. Il m'est impossible de dormir, même après la scène d’hier, même après ce qu’il ait dit qu'il va rester... ce n’est pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant avec lui. Parce que je le sens : il n’est pas vraiment ici. Son corps peut bien être dans ce lit, mais son esprit et son cœur sont ailleurs. Peut-être même chez elle. Je sors du lit à pas comptés. Il dort encore, et je l’observe une seconde, mais je n’éprouve aucune tendresse. Juste ce besoin insupportable de contrôler ce que je ne peux plus. Mon téléphone vibre et je reçois un message. Enfin. « Appelle-moi. J’ai trouvé des infos sur Grégory Smith. » Je m’enferme dans le dressing et compose rapidement le numéro. _ Alors ? dis-je d’un ton sec. _ Greg Smith n’est pas le père des jumelles, annonce-t-il sans préambule. Je reste figée. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. _ Tu en es sûr ? _ Positif. Il a rencontré Cassandra pour la premièr
Je franchis la porte du manoir, le souffle court. J’ai l’impression d’étouffer, de devoir fuir avant que quelque chose n’éclate à nouveau. Mais à peine ai-je mis un pied dehors que j’entends un hurlement. _ RICK, NE PARS PAS !! Je me retourne brusquement et je vois Veronica dans l’encadrement de la porte. Ses yeux sont rouges, sa robe froissée, ses cheveux en bataille. Mais c’est le couteau dans sa main qui me fait tressaillir. _ Qu’est-ce que tu fais ? je souffle, horrifié. _ Si tu franchis cette porte, Rick, je me tue. Tu entends ? Je me coupe les veines ici, devant toi, je jure que je le ferai. Elle lève le couteau vers son poignet. Ma gorge se serre. Je repose mon sac à terre et m’approche lentement, les mains en avant. _ Veronica. Pose ce couteau. S’il te plaît. Ce n’est pas la solution. _ Tu veux partir ? Tu veux me laisser, comme ça ? Alors regarde-moi bien, Rick. Parce que je vais le faire et tu auras la mort sur ta conscience. _ Veronica... Tu vas t
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est presque deux heures du matin quand je pousse enfin la porte du manoir. Je suis crevé. J’ai l’impression d’avoir traversé un champ de mines ces dernières vingt-quatre heures. La discussion avec Marc m’a laissé songeur, amer. Et surtout, ce que j’ai appris à Newark ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. Je n’arrive pas à assembler les pièces. Je n’arrive pas à respirer normalement. J’ai besoin de silence et de solitude. Mais à peine ai-je posé les clés sur la console que je la vois, Veronica. Elle est assise dans le salon, en robe de soie rouge, les bras croisés, les yeux noirs de colère. _ Tu rentres tard, Rick, murmure-t-elle. Très tard. Je me passe une main sur le visage. J’ai pas la force de me disputer avec elle. _ J’ai eu une longue journée. _ Une journée, ou une nuit ? Tu crois que je suis idiote ? Tu crois que je ne vois pas ce que tu fais, comment tu agis ? TU DISPARAIS, TU REVIENS À PAS D’HEURE, TU N’AS MÊME PAS L’AMA