~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je claque la porte derrière moi, à peine conscient des regards surpris que je croise dans le couloir. J’ai besoin d’air, de silence et de distance. J’avance sans but précis dans les couloirs de White Industries d'un pas rapide. Mon torse se soulève à chaque respiration. Je déteste ce qu’elle me fait, ce qu’elle me fait ressentir et ce qu’elle me rappelle. Mais je sais qu'elle a raison. Et c'est ça le pire. Chaque mot qu’elle a prononcé… j’y pense encore. Je m’en souviens. Trop bien. Sa voix. Sa peau. Sa façon de m’embrasser comme si elle me possédait déjà. Comme si elle savait que je finirais par lui appartenir, malgré moi. Je serre les poings et je repense à Cassandra. Sa douceur, sa patience, sa force et maintenant son regard méfiant parce qu’elle a senti ce parfum sur moi. Parce qu’elle sait qu’il y a quelque chose. Et je lui mens. Je l'ai trahie. Je m’adosse au mur du couloir désert et je ferme les yeux. J’aurais dû refuser ce poste. J’au
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ J'entre dans le bureau et je claque la porte derrière moi, les yeux noirs de rage. Veronica lève immédiatement les siens vers moi, surprise par ma brusquerie. Elle est assise à son bureau, dans ce tailleur impeccable, son café encore fumant devant elle. Je ne lui laisse pas le temps de parler. _ Qu’est-ce que tu as fait, Veronica ? je lance, la voix basse mais pleine de venin. Elle reste muette un instant, comme si elle cherchait une échappatoire. Je n’attends pas sa réponse. _ Tu es allée voir Cassandra. Tu lui as dit pour nous. Tu as failli foutre ma famille en l’air. _ Je voulais juste qu’elle sache la vérité, dit-elle doucement, presque comme une excuse. _ CE N’ÉTAIT PAS À TOI DE FAIRE ÇA !! Je frappe du poing sur le bureau. Elle sursaute. _ TU N’AVAIS AUCUN DROIT. TU M’AS MIS DANS UNE POSITION IMPOSSIBLE, VERONICA. Elle se lève lentement. _ Tu ne peux pas nier ce qu’il s’est passé entre nous, Melrick. Tu ne peux pas me faire
~~~~~ Veronica White ~~~~~Je reste dans le bureau pendant plusieurs heures. Il n'est pas venu. Pas une fois. Je lisse mon tailleur du plat de la main, je me fixe dans le miroir accroché à la porte de mon bureau et je prends une grande inspiration. Mon mascara est intact. Mon regard, presque aussi froid que celui que Melrick m’a lancé. Très bien. S’il veut de la distance, il va en avoir. Mais pas celle qu’il imagine. Je quitte mon bureau, et je me dirige vers les escaliers. Marcos qui était sur le chemin, s’écarte immédiatement, comme s’il sentait que ce n’était pas le moment de me parler. Je ne lui accorde même pas un regard. _ Faites venir l’équipe de communication dans la salle de réunion 3. Immédiatement, dis-je à mon assistante en passant. _ Oui, mademoiselle White. Je descends l’escalier au lieu de prendre l’ascenseur. J’ai besoin de sentir chaque marche. De me rappeler que je suis solide. Ancrée. Inébranlable. Dans la salle de réunion, je dicte mes exigence
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Une semaine est passée. Sept jours à me tenir droit, à contenir ce feu, à prétendre que je suis un simple chauffeur. Un bras droit. Rien de plus. Je l’attends chaque matin devant le manoir et je ne klaxonne jamais. Elle le sait à chaque fois que je suis là. Elle descend, sublime comme toujours, et me salue d’un hochement de tête… comme si rien ne s’était jamais passé. Mais tout s’est passé. Et chaque seconde passée à côté d’elle me le rappelle. Son parfum. Sa voix. Ce foutu sourire qu’elle lance à Théo quand elle sait que je regarde. Je joue le jeu. Parce que je dois. Parce que j’ai choisi. Mais à l’intérieur, c’est l’enfer. Aujourd’hui, elle a mis du rouge. Une robe faite pour troubler, pour dominer, pour conquérir. Et Dieu sait qu’elle y arrive. Elle marche avec cette assurance désarmante. Et moi, je la suis, toujours à une distance raisonnable. Comme un garde du corps, pas comme un homme tenté. La réunion se passe bien. Elle impress
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je n’ai pas eu le temps de reprendre mon souffle que la voix de Marcos grésille dans l’interphone. _ Veronica, Monsieur Langston est arrivé. Il t'attend dans la salle de conférence. Je prends une inspiration lente. Je me lève, lisse ma robe, remets mon masque de la professionnelle et intouchable Veronica White. J’ouvre la porte, et bien sûr, Melrick est là. Debout, les bras croisés et le regard fuyant. Il me devance d’un pas, ouvre le chemin jusqu’à la salle de conférence sans un mot. Il fait comme s’il ne s’était rien passé. Moi aussi. Mais chaque geste, chaque mouvement de son corps, chaque petit silence me rappelle l’intimité que nous venons de partager. C’est insupportable. Et terriblement excitant. Quand nous entrons, Monsieur Langston, l’investisseur venu de Chicago, se lève avec un large sourire et vint me faire la bise : _ Veronica !! Toujours aussi ravissante. _ Bonjour, monsieur Langston, répondis-je avec un large sourire.
~~~~~ Veronica White ~~~~~Quelques minutes plus tard, on arrive enfin devant le manoir. Je ne dis rien mais je sens son trouble et son hésitation. Je veux voir jusqu'où je peux aller. Il sort pour m’ouvrir la portière, toujours aussi professionnel, mais ses yeux me trahissent. Il brûle de l’intérieur. Je descends lentement, frôle volontairement sa main. Puis je me penche vers lui, tout près de son oreille. _ Monte avec moi. Juste pour un café. Rien de plus. Il ne répond pas mais il me suit. Dans le salon, je retire ma veste et la pose négligemment sur l’accoudoir. Je l’invite à s’asseoir dans le coin lounge. Je verse le café, doucement, en silence, puis je me retourne et je m’avance vers lui. _ Tu peux respirer, tu sais. Je ne vais pas te sauter dessus… pas si tu ne le veux pas. Je lui tends sa tasse, mais au lieu de la lâcher tout de suite, mes doigts restent sur les siens.... Longtemps... Trop longtemps. Il me regarde. Son regard descend lentement sur mes lèvre
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Le silence de la maison est encore doux quand je me glisse hors du lit. Cassandra dort paisiblement. Je dépose un baiser sur son épaule nue et file vers la cuisine. C'est samedi et je ne vais pas travailler. Ce matin, j’ai envie qu’elle se réveille autrement. Qu’elle sente que, malgré tout, je suis là. Présent. Aimant. Je prépare ses pancakes préférés, avec un peu de sirop d’érable et les fruits frais qu’elle adore. Je décore l’assiette avec une rose que j’ai achetée hier. Ça ne compense pas mes absences, mais c’est un début. Alors que je termine de disposer le plateau, j’entends un petit bruit de pas hésitants. Roy. Il se tient au bout du couloir, dans son pyjama à rayures, les yeux encore mi-clos. Il tend les bras. _ Hey, champion, tu t’es réveillé tout seul ? Je le prends dans les bras. Il pose sa tête contre mon épaule, encore groggy. Il sent le sommeil et le lait chaud. _ Chut, maman dort encore. On va lui faire une surprise, d’accord ?
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je descends de la voiture avec calme, élégante, un léger sourire aux lèvres, les bras chargés de paquets soigneusement emballés. Des fleurs, un foulard de soie, du parfum français, et même un panier garni… Rien n’a été laissé au hasard. Je suis Veronica White, après tout. Et quand je veux quelque chose, je vais jusqu’au bout. Je monte les quelques marches du perron et je sonne. Mon cœur bat vite, mais je le cache derrière un aplomb glacé. La porte s’ouvre lentement, sur une dame aux traits durs, le regard méfiant. Elle me scrute de la tête aux pieds avant de demander : _ Oui ? Vous êtes qui ? Je redresse le menton d'un air poli mais ferme. _ Bonjour madame. Je suis Veronica White, la patronne de Melrick, votre fils. Elle fronce un sourcil, surprise, puis s’écarte légèrement. _ Entrez. Je pénètre dans la petite maison, discrètement décorée. Je lui tends les cadeaux avec un sourire doux sur les lèvres. _ Ce sont pour vous. Une pet
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je traverse les couloirs de White Jewelry avec un sourire que je ne cherche même plus à dissimuler. Tous ceux que je croise me saluent avec politesse, certains s’attardent, intrigués par cette joie qui irradie de moi comme un soleil au zénith. Et comment leur en vouloir ? Je suis tout simplement épanouie. Rick… Mon Rick. Il a été parfait. Plus qu’un amant, plus qu’un partenaire. Cette semaine, il m’a rappelé pourquoi je me bats pour lui. Pourquoi il est à moi et pourquoi il restera à moi. Il m’a couverte de cadeaux, de tendresse, de baisers et de gestes fous. Il n’a même pas attendu que je le supplie. Il m’a fait l'amour comme s’il avait attendu des années pour ça. Chaque nuit, chaque matin. Et entre-temps ? Des mots doux, des caresses, des rires, des surprises… Il m’a regardée comme une déesse, comme si j'étais la seule. Il m’a même dit qu’il avait été idiot d’imaginer qu’une femme comme Cassandra pouvait être la bonne. Il m’a demandé pardon et m
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Il me dit qu’il m’aime, que c'est moi et seulement moi qui gouverne son cœur. Il me dit que Cassandra est partie et qu’elle avait tourné la page. Il me dit qu'il regrette son comportement de ces derniers jours. Oh mon Dieu !! Dites-moi que ce n'est pas un rêve et que je ne vais pas me réveiller. Dites-moi que ce n'est pas une hallucination et que tout ça est vrai. Je jubile intérieurement alors qu'il me parle. Je me retiens de sourire trop fort, de crier victoire trop vite mais je veux savourer ce moment et l’enfermer dans un écrin. Mais je ne veux pas seulement des mots, je veux plus. Je veux son corpsw je veux l’acte qui confirme tout, celui qui efface Cassandra, Roy, Greg, Zurich, et toutes leurs conneries. Alors, je me lève lentement et m’approche de lui. Je m’assois sur ses genoux, sans le quitter des yeux. _ Si tu m’aimes vraiment, Rick… alors prouve-le-moi. Je dégrafe un bouton de sa chemise, doucement. Il ne dit rien et continue
Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je prends une profonde inspiration et m’avance vers elle et je m’assois lentement face à ell. Puis je pose mes coudes sur mes genoux et j'incline la tête, comme si j’étais accablé de regrets. _ Veronica… je suis désolé. Elle m’observe sans rien dire, elle a l'air méfiante mais je poursuis, la voix cassée volontairement. _ J’ai eu des nouvelles de Cassandra. Elle… elle a quitté le pays. Elles est à Zurich avec Roy et Greg. J’ai tout eu ce matin. Elle est partie sans même se retourner. Veronica cligne lentement des yeux. Elle tente de cacher sa réaction, mais je la vois se détendre légèrement. Je continue, posant ma main sur la sienne. _
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je redémarre la voiture en trombe. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, pas à cause de la colère, mais du mélange explosif d’humiliation et de trahison. On a voulu me faire passer pour un idiot. On a menti sur Cassandra. Sur Greg. Et peut-être sur Roy. Je ne peux pas laisser passer ça. Je m’arrête net devant l’immeuble miteux où le détective m’avait donné rendez-vous quelques jours plus tôt. Il est seul, dans ce bureau sans charme, avec ses dossiers empilés comme les mensonges qu’il me sert depuis le début. Je claque la porte derrière moi et j'entre sans frapper. Il sursaute en me voyant. _ Monsieur Hart ? Je m’avance lentement, les yeux braqués sur lui. Il essaie de masquer sa nervosité, mais son regard fuyant le trahit. _ Vous m’avez menti, lancé-je. Ma voix est posée, mais froide et tranchante. _ Pardon ? Je ne comprends pas. Je balance le dossier qu’il m’a remis sur son bureau. _ Zurich ? Greg ? Des conneries. Cassandra
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est déjà neuf heures. Je suis dans mon bureau, penché sur les dossiers que je tente de lire depuis une heure, mais rien ne rentre. L’image de Cassandra s’impose dans mon esprit. Et Roy... ce gamin, mon fils, que je n’ai pas vu grandir. Mes poings se serrent. J’ai raté tant d’années. Puis j'entends un léger coup à la porte. Marcy n’est plus là, évidemment. C’est moi qui ai viré mon assistante. C’est Félix, l’un des agents de sécurité, qui entre en silence. _ Il y a un homme pour vous. Il dit que c’est... personnel. Je sais déjà de qui il s’agit. Je lui fais signe de le faire entrer. Le détective privé, Oscar Menley, entre dans le bureau. Il semble hésiter, presque gêné. _ J’ai du nouveau, Monsieur Hart. Je me lève, l'air impatient. _ Parlez. Il sort un dossier qu’il pose sur mon bureau. _ La femme que vous cherchiez, Cassandra Hurber, a quitté Newark peu après votre passage à l’hôtel Eden Park. _ Où est-elle allée ? je demande c
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je ne sais plus exactement à quel moment je perds le contrôle. Peut-être quand ses doigts glissent sur ma peau avec cette précision cruelle que seuls les souvenirs savent ranimer. Peut-être quand elle murmure ces mots, ses mots d’autrefois. Ceux qu’elle prononçait les nuits où je croyais encore qu’on avait un avenir. _ Tu me voulais chaque nuit… Oui. Je l’ai voulue... follement, passionnément. J’ai cru que je l’aimais et j'ai cru qu’elle m’aimait. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça. Ce qu’on partage là, maintenant, c’est une erreur. Une échappatoire. Et pourtant… Son corps contre le mien, sa voix qui me supplie, sa peau qui brûle la mienne… Tout me ramène à ce passé que j’essaie d’enterrer depuis trop longtemps. Et moi, comme un idiot, je me noie dedans. Je m’accroche à cette illusion, à cette chaleur qui ne guérit rien mais qui masque tout, l’espace d’un instant. Je la prends avec rage, avec besoin, avec une frustration que je n’avais mê
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis réveillée depuis l’aube. Il m'est impossible de dormir, même après la scène d’hier, même après ce qu’il ait dit qu'il va rester... ce n’est pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant avec lui. Parce que je le sens : il n’est pas vraiment ici. Son corps peut bien être dans ce lit, mais son esprit et son cœur sont ailleurs. Peut-être même chez elle. Je sors du lit à pas comptés. Il dort encore, et je l’observe une seconde, mais je n’éprouve aucune tendresse. Juste ce besoin insupportable de contrôler ce que je ne peux plus. Mon téléphone vibre et je reçois un message. Enfin. « Appelle-moi. J’ai trouvé des infos sur Grégory Smith. » Je m’enferme dans le dressing et compose rapidement le numéro. _ Alors ? dis-je d’un ton sec. _ Greg Smith n’est pas le père des jumelles, annonce-t-il sans préambule. Je reste figée. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. _ Tu en es sûr ? _ Positif. Il a rencontré Cassandra pour la premièr
Je franchis la porte du manoir, le souffle court. J’ai l’impression d’étouffer, de devoir fuir avant que quelque chose n’éclate à nouveau. Mais à peine ai-je mis un pied dehors que j’entends un hurlement. _ RICK, NE PARS PAS !! Je me retourne brusquement et je vois Veronica dans l’encadrement de la porte. Ses yeux sont rouges, sa robe froissée, ses cheveux en bataille. Mais c’est le couteau dans sa main qui me fait tressaillir. _ Qu’est-ce que tu fais ? je souffle, horrifié. _ Si tu franchis cette porte, Rick, je me tue. Tu entends ? Je me coupe les veines ici, devant toi, je jure que je le ferai. Elle lève le couteau vers son poignet. Ma gorge se serre. Je repose mon sac à terre et m’approche lentement, les mains en avant. _ Veronica. Pose ce couteau. S’il te plaît. Ce n’est pas la solution. _ Tu veux partir ? Tu veux me laisser, comme ça ? Alors regarde-moi bien, Rick. Parce que je vais le faire et tu auras la mort sur ta conscience. _ Veronica... Tu vas t
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est presque deux heures du matin quand je pousse enfin la porte du manoir. Je suis crevé. J’ai l’impression d’avoir traversé un champ de mines ces dernières vingt-quatre heures. La discussion avec Marc m’a laissé songeur, amer. Et surtout, ce que j’ai appris à Newark ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. Je n’arrive pas à assembler les pièces. Je n’arrive pas à respirer normalement. J’ai besoin de silence et de solitude. Mais à peine ai-je posé les clés sur la console que je la vois, Veronica. Elle est assise dans le salon, en robe de soie rouge, les bras croisés, les yeux noirs de colère. _ Tu rentres tard, Rick, murmure-t-elle. Très tard. Je me passe une main sur le visage. J’ai pas la force de me disputer avec elle. _ J’ai eu une longue journée. _ Une journée, ou une nuit ? Tu crois que je suis idiote ? Tu crois que je ne vois pas ce que tu fais, comment tu agis ? TU DISPARAIS, TU REVIENS À PAS D’HEURE, TU N’AS MÊME PAS L’AMA