Je me redresse aussitôt, et Melrick aussi. Le charme est brisé, mais la tension reste là. Marcos s’arrête un instant, observe la scène, puis lance un regard noir à Melrick. Un regard que je n’apprécie pas. Il se tourne vers moi, toujours aussi froid. _ Je vous dérange ? Je serre les dents. Je pourrais lui arracher cette suffisance d’un seul mot. Je me contente d’une pique bien placée. _ Ce que je trouverais dérangeant, Marcos, c’est qu’on entre dans mon bureau sans frapper. Il marque un léger recul. Une ombre passe sur son visage. Il s’excuse d’un ton contrôlé. _ Toutes mes excuses, Veronica. Je venais seulement vous rappeler que vous avez un dîner ce soir avec Monsieur Wells. Le propriétaire des Wells Holdings. Je hoche la tête sans le quitter des yeux. _ Je sais. Il attend. Il ne dit rien, mais je sens la question suspendue. Celle qu’il n’ose pas vraiment poser. Alors il finit par la formuler. _ Souhaitez-vous que je vous y accompagne ? Je n’hésite p
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je suis dans l’une des chambres d’amis du manoir. Tout ici respire le luxe et la démesure. Le lit king-size à baldaquin, les moulures au plafond, le tapis épais sous mes pieds… et surtout, les costumes de créateurs alignés comme dans une vitrine privée. Veronica a demandé à plusieurs stylistes de venir. Pas un, pas deux… au moins quatre. Tous avec leurs portants débordant de vêtements taillés sur mesure, leurs accessoires triés avec soin. Des montres hors de prix, des boutons de manchette discrets mais brillants, des chaussures italiennes si neuves qu’elles semblent sorties d’un coffre-fort. Tout ça… pour moi. Je suis confus. Et un peu mal à l’aise. Je ne comprends pas pourquoi elle en fait autant. Ce n’est qu’un dîner avec Wells Holdings. Un dîner d’affaires. Mais elle agit comme si on allait monter les marches du Festival de Cannes. Je me laisse faire malgré moi. Les stylistes me mesurent du regard, échangent à voix basse, m’enfilent un blaz
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~Ça fait plus d'une demi-heure que je me tiens devant la suite. La porte est hermétiquement fermée, mais j’entends un bruit. Un choc léger. Comme si quelque chose ou quelqu’un avait heurté la porte. Je fronce les sourcils, tend l’oreille. Rien. Je toque rapidement, fort. _ Veronica ? Pas de réponse. Je toque encore, plus fort. _ Veronica ?! Toujours rien. Mon cœur commence à battre plus vite. Quelque chose ne va pas. Je glisse la main dans la poche intérieure de ma veste. La clé. Je l’ai volée en douce quand elle a ouvert la chambre. Par précaution. Une intuition que je ne regrette pas une seule seconde maintenant. Je l’insère dans la serrure, tourne. J’ouvre brutalement. Et là, le temps s’arrête. La suite n’est pas silencieuse comme je l’espérais. Elle est en pleine agitation. Veronica est sur le lit. Son maquillage est en partie effacé, ses cheveux en désordre. Elle se débat. Autour d’elle, trois hommes, en plus de Wells. Ils ess
***AVERTISSEMENT : CE CHAPITRE EST UN PEU CHAUD. SI VOUS N'AVEZ PAS PLUS DE SEIZE ANS, JE VOUS CONSEILLERAIS DE PASSER SANS LIRE.*** ~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je l'embrasse et, très rapidement, ça devient plus sérieux. Elle se met sur le dos sur le canapé. Je sens un bosse se former entre mes jambes alors que sa chaleur m'envahit. On reste comme ça un long moment, à se serrer tendrement, à se caresser l'une et l'autre. J'ai l'impression de toujours attendre ce moment. Elle se cambre un peu, et, dans un sursaut, son haut tombe de son corps, révélant ses seins généreusement gonflés. Je m'empresse d'un déposer des baisers. Son souffle se fait plus court, plus rapide, alors que je les mordille doucement.Je remonte vers son cou, et j'aimerai rester là-bas, pour toujours, mais elle en a besoin. Elle me fait monter jusqu'à sa chambre où je la plaque contre le mur et l'embrasse comme si ma vie en dépendait. _ Veronica, murmuré-je. _ Shut, continue, murmura-t-elle. _ Up, j
~~~~~ Veronica White ~~~~~ C'est déjà le matin. Je sens la chaleur d’un corps contre le mien avant même d’ouvrir les yeux. Son bras repose sur ma taille. Son souffle est lent, calme, régulier, contre ma nuque. Melrick est toujours là. Je garde les yeux fermés quelques secondes, juste pour savourer. Pour m’autoriser ce luxe, aussi éphémère soit-il. Ce moment où il n’est à personne d’autre qu’à moi. Je me retourne lentement. Il dort encore. Paisiblement. Comme si cette nuit n’avait pas changé le monde. Comme si nos corps emmêlés n’avaient pas fracturé toutes les limites qu’on s’était imposées depuis deux semaines. Mais moi, je ne suis plus la même. Je l’observe. Il est beau. Vraiment. Et ça me tue de me rappeler qu’il ne m’appartient pas. Je me redresse doucement, essayant de ne pas le réveiller. J’enfile ma robe de chambre en soie noire et je vais jusqu’à la grande baie vitrée. Le soleil s'est déjà levé. Et la ville est magnifique. Il finit par bouger dans l
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je viens de me réveiller. Je suis encore allongée sur le canapé. La robe de chambre est tombée il y a des heures. Je suis restée en lingerie, celle que j’avais choisie pour lui, pour nous. Le dîner est froid. Les bougies se sont consumées jusqu’à la fin. La pièce sent la déception et le silence. Il n’est pas venu. Pas un appel. Pas un message. Juste ce vide grandissant à l’intérieur de moi. Puis, soudain la porte s’ouvre. Mon cœur rate un battement. Je me redresse aussitôt, les jambes croisées, les bras autour de moi. Il entre. Comme si de rien n’était. Un peu ébouriffé, mal réveillé, mais surtout… il a l'air coupable. _ Cassie… Je me lève d’un bond. _ Tu plaisantes j’espère ? Tu rentres à cette heure ? Tu sais quelle heure il est ?! Il ne répond pas tout de suite. Il ferme la porte derrière lui et s’avance lentement. _ Je suis désolé. Il y a eu un contretemps. J’ai dû rester plus longtemps que prévu. Je ris. Un rire court, sec
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~Je le regarde dans les yeux, le cœur battant à tout rompre. Je veux le croire. De toutes mes forces. Parce que c’est lui. Parce que c’est nous. Parce que ça fait des années qu’on se bat pour rester soudés, pour protéger ce qu’on a construit. Parce qu’il est le père de mon fils. Parce qu’il est mon homme. Mais ce parfum… Ce fichu parfum sur lui. Il m’obsède. Il parle calmement, me raconte ce qu’il s’est passé. L’agression. Veronica en larmes. Sa panique. Et lui, en sauveur. Je l’écoute. Je l’observe. Il ne ment pas. Je le connais trop. Ses gestes, sa voix, sa façon de détourner les yeux quand il cache quelque chose… Là, il est droit. Sincère. Présent. Mais malgré tout… Quelque chose me gratte sous la peau. Comme un pressentiment. Une alarme silencieuse que ses mots n’arrivent pas à désactiver. Je n'aime pas cette femme... Cette... Veronica. Je veux lui hurler de rester loin d’elle. De la fuir. De s’éloigner. Mais je sais que je n’ai pas ce pou
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Après m'être douchée et habillée, j'entends une voiture vrombir dehors. Je souris. Il est à l’heure. Comme toujours. Malgré le fait qu'il a passé la nuit avec moi. Je l’observe discrètement depuis l’une des fenêtres du salon du manoir. Costume impeccable, posture droite, regard alerte… Il fait tout pour rester professionnel. Pour garder cette distance de sécurité. Il s’accroche encore à l’illusion qu’il en est capable. Mais il oublie une chose essentielle : c’est moi qui fixe les règles. Je descends les escaliers lentement, sans précipitation, comme si chaque marche était une scène, et moi, l’actrice principale. Il me salue d’un simple regard et je m'avance vers lui. _ Théo et moi allons sortir, je lance en enfilant ma veste. Rien de bien long. Je te demande juste un peu de patience. Tu peux m’attendre ici. Je ne serai pas longue. Il me regarde, visiblement partagé entre la surprise et l’agacement. Je ne lui laisse pas le temps de répondr
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je traverse les couloirs de White Jewelry avec un sourire que je ne cherche même plus à dissimuler. Tous ceux que je croise me saluent avec politesse, certains s’attardent, intrigués par cette joie qui irradie de moi comme un soleil au zénith. Et comment leur en vouloir ? Je suis tout simplement épanouie. Rick… Mon Rick. Il a été parfait. Plus qu’un amant, plus qu’un partenaire. Cette semaine, il m’a rappelé pourquoi je me bats pour lui. Pourquoi il est à moi et pourquoi il restera à moi. Il m’a couverte de cadeaux, de tendresse, de baisers et de gestes fous. Il n’a même pas attendu que je le supplie. Il m’a fait l'amour comme s’il avait attendu des années pour ça. Chaque nuit, chaque matin. Et entre-temps ? Des mots doux, des caresses, des rires, des surprises… Il m’a regardée comme une déesse, comme si j'étais la seule. Il m’a même dit qu’il avait été idiot d’imaginer qu’une femme comme Cassandra pouvait être la bonne. Il m’a demandé pardon et m
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Il me dit qu’il m’aime, que c'est moi et seulement moi qui gouverne son cœur. Il me dit que Cassandra est partie et qu’elle avait tourné la page. Il me dit qu'il regrette son comportement de ces derniers jours. Oh mon Dieu !! Dites-moi que ce n'est pas un rêve et que je ne vais pas me réveiller. Dites-moi que ce n'est pas une hallucination et que tout ça est vrai. Je jubile intérieurement alors qu'il me parle. Je me retiens de sourire trop fort, de crier victoire trop vite mais je veux savourer ce moment et l’enfermer dans un écrin. Mais je ne veux pas seulement des mots, je veux plus. Je veux son corpsw je veux l’acte qui confirme tout, celui qui efface Cassandra, Roy, Greg, Zurich, et toutes leurs conneries. Alors, je me lève lentement et m’approche de lui. Je m’assois sur ses genoux, sans le quitter des yeux. _ Si tu m’aimes vraiment, Rick… alors prouve-le-moi. Je dégrafe un bouton de sa chemise, doucement. Il ne dit rien et continue
Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je prends une profonde inspiration et m’avance vers elle et je m’assois lentement face à ell. Puis je pose mes coudes sur mes genoux et j'incline la tête, comme si j’étais accablé de regrets. _ Veronica… je suis désolé. Elle m’observe sans rien dire, elle a l'air méfiante mais je poursuis, la voix cassée volontairement. _ J’ai eu des nouvelles de Cassandra. Elle… elle a quitté le pays. Elles est à Zurich avec Roy et Greg. J’ai tout eu ce matin. Elle est partie sans même se retourner. Veronica cligne lentement des yeux. Elle tente de cacher sa réaction, mais je la vois se détendre légèrement. Je continue, posant ma main sur la sienne. _
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je redémarre la voiture en trombe. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, pas à cause de la colère, mais du mélange explosif d’humiliation et de trahison. On a voulu me faire passer pour un idiot. On a menti sur Cassandra. Sur Greg. Et peut-être sur Roy. Je ne peux pas laisser passer ça. Je m’arrête net devant l’immeuble miteux où le détective m’avait donné rendez-vous quelques jours plus tôt. Il est seul, dans ce bureau sans charme, avec ses dossiers empilés comme les mensonges qu’il me sert depuis le début. Je claque la porte derrière moi et j'entre sans frapper. Il sursaute en me voyant. _ Monsieur Hart ? Je m’avance lentement, les yeux braqués sur lui. Il essaie de masquer sa nervosité, mais son regard fuyant le trahit. _ Vous m’avez menti, lancé-je. Ma voix est posée, mais froide et tranchante. _ Pardon ? Je ne comprends pas. Je balance le dossier qu’il m’a remis sur son bureau. _ Zurich ? Greg ? Des conneries. Cassandra
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est déjà neuf heures. Je suis dans mon bureau, penché sur les dossiers que je tente de lire depuis une heure, mais rien ne rentre. L’image de Cassandra s’impose dans mon esprit. Et Roy... ce gamin, mon fils, que je n’ai pas vu grandir. Mes poings se serrent. J’ai raté tant d’années. Puis j'entends un léger coup à la porte. Marcy n’est plus là, évidemment. C’est moi qui ai viré mon assistante. C’est Félix, l’un des agents de sécurité, qui entre en silence. _ Il y a un homme pour vous. Il dit que c’est... personnel. Je sais déjà de qui il s’agit. Je lui fais signe de le faire entrer. Le détective privé, Oscar Menley, entre dans le bureau. Il semble hésiter, presque gêné. _ J’ai du nouveau, Monsieur Hart. Je me lève, l'air impatient. _ Parlez. Il sort un dossier qu’il pose sur mon bureau. _ La femme que vous cherchiez, Cassandra Hurber, a quitté Newark peu après votre passage à l’hôtel Eden Park. _ Où est-elle allée ? je demande c
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je ne sais plus exactement à quel moment je perds le contrôle. Peut-être quand ses doigts glissent sur ma peau avec cette précision cruelle que seuls les souvenirs savent ranimer. Peut-être quand elle murmure ces mots, ses mots d’autrefois. Ceux qu’elle prononçait les nuits où je croyais encore qu’on avait un avenir. _ Tu me voulais chaque nuit… Oui. Je l’ai voulue... follement, passionnément. J’ai cru que je l’aimais et j'ai cru qu’elle m’aimait. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça. Ce qu’on partage là, maintenant, c’est une erreur. Une échappatoire. Et pourtant… Son corps contre le mien, sa voix qui me supplie, sa peau qui brûle la mienne… Tout me ramène à ce passé que j’essaie d’enterrer depuis trop longtemps. Et moi, comme un idiot, je me noie dedans. Je m’accroche à cette illusion, à cette chaleur qui ne guérit rien mais qui masque tout, l’espace d’un instant. Je la prends avec rage, avec besoin, avec une frustration que je n’avais mê
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis réveillée depuis l’aube. Il m'est impossible de dormir, même après la scène d’hier, même après ce qu’il ait dit qu'il va rester... ce n’est pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant avec lui. Parce que je le sens : il n’est pas vraiment ici. Son corps peut bien être dans ce lit, mais son esprit et son cœur sont ailleurs. Peut-être même chez elle. Je sors du lit à pas comptés. Il dort encore, et je l’observe une seconde, mais je n’éprouve aucune tendresse. Juste ce besoin insupportable de contrôler ce que je ne peux plus. Mon téléphone vibre et je reçois un message. Enfin. « Appelle-moi. J’ai trouvé des infos sur Grégory Smith. » Je m’enferme dans le dressing et compose rapidement le numéro. _ Alors ? dis-je d’un ton sec. _ Greg Smith n’est pas le père des jumelles, annonce-t-il sans préambule. Je reste figée. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. _ Tu en es sûr ? _ Positif. Il a rencontré Cassandra pour la premièr
Je franchis la porte du manoir, le souffle court. J’ai l’impression d’étouffer, de devoir fuir avant que quelque chose n’éclate à nouveau. Mais à peine ai-je mis un pied dehors que j’entends un hurlement. _ RICK, NE PARS PAS !! Je me retourne brusquement et je vois Veronica dans l’encadrement de la porte. Ses yeux sont rouges, sa robe froissée, ses cheveux en bataille. Mais c’est le couteau dans sa main qui me fait tressaillir. _ Qu’est-ce que tu fais ? je souffle, horrifié. _ Si tu franchis cette porte, Rick, je me tue. Tu entends ? Je me coupe les veines ici, devant toi, je jure que je le ferai. Elle lève le couteau vers son poignet. Ma gorge se serre. Je repose mon sac à terre et m’approche lentement, les mains en avant. _ Veronica. Pose ce couteau. S’il te plaît. Ce n’est pas la solution. _ Tu veux partir ? Tu veux me laisser, comme ça ? Alors regarde-moi bien, Rick. Parce que je vais le faire et tu auras la mort sur ta conscience. _ Veronica... Tu vas t
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est presque deux heures du matin quand je pousse enfin la porte du manoir. Je suis crevé. J’ai l’impression d’avoir traversé un champ de mines ces dernières vingt-quatre heures. La discussion avec Marc m’a laissé songeur, amer. Et surtout, ce que j’ai appris à Newark ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. Je n’arrive pas à assembler les pièces. Je n’arrive pas à respirer normalement. J’ai besoin de silence et de solitude. Mais à peine ai-je posé les clés sur la console que je la vois, Veronica. Elle est assise dans le salon, en robe de soie rouge, les bras croisés, les yeux noirs de colère. _ Tu rentres tard, Rick, murmure-t-elle. Très tard. Je me passe une main sur le visage. J’ai pas la force de me disputer avec elle. _ J’ai eu une longue journée. _ Une journée, ou une nuit ? Tu crois que je suis idiote ? Tu crois que je ne vois pas ce que tu fais, comment tu agis ? TU DISPARAIS, TU REVIENS À PAS D’HEURE, TU N’AS MÊME PAS L’AMA