MaximeLe silence règne dans l’appartement. Léa est toujours sur le canapé, les bras croisés, son regard planté dans le mien. Elle attend des explications, et je sais qu’elle ne lâchera pas l’affaire.Je retire lentement ma chemise tachée de sang et la jette sur une chaise.— Dis-moi ce qui s’est passé, Maxime.Ma mâchoire se serre.— Tu veux vraiment savoir ?Elle ne cille pas.— Oui.Je m’approche et pose mes mains sur ses épaules.— J’ai réglé un problème. Quelqu’un m’a trahi.Ses yeux s’agrandissent.— Et tu… tu l’as…— J’ai fait ce que j’avais à faire.Elle recule d’un pas, une ombre d’incertitude traversant son visage.— Tu es en train de me dire que tu as tué quelqu’un cette nuit ?Je soupire, glissant une main dans mes cheveux.— Léa, ce monde ne fonctionne pas avec des procès et des avocats. C’est eux ou moi.Elle baisse les yeux, sa respiration légèrement tremblante.Je m’approche à nouveau et glisse un doigt sous son menton pour l’obliger à me regarder.— Moretti ne va pas
MaximeJe sors mon téléphone et compose un numéro.— Putain, Maxime, qu’est-ce qui se passe ? demande Adrien en décrochant.— Ils ont pris Léa.Un silence pesant.— Moretti ?— Qui d’autre ?Un bruit de verre brisé à l’autre bout du fil.— Bordel. On fait quoi ?Je regarde à nouveau la pièce, cherchant un indice, un détail qui pourrait me dire où ils l’ont emmenée.— On va les traquer. Jusqu’au dernier.---Léa – Prisonnière dans l’OmbreJ’ouvre lentement les yeux.Ma tête tourne.J’ai la bouche sèche, une douleur lancinante à l’arrière du crâne.Où suis-je ?L’odeur d’humidité et de métal me frappe en premier.Je suis attachée.Les poignets liés dans le dos, les chevilles entravées.Mon cœur s’accélère.J’essaie de me dégager, mais les liens sont serrés.— Inutile de te débattre.La voix résonne dans la pièce.Je lève la tête et découvre un homme adossé au mur, un sourire suffisant sur le visage.— Qui êtes-vous ?Il s’approche lentement, s’accroupit devant moi.— Tu peux m’appeler R
MaximeElle me jette un regard étonné.— Chez toi ?Je hoche la tête.— Tu ne peux pas retourner chez toi, Léa. C’est le premier endroit où ils te chercheront.Elle hésite. Je vois dans ses yeux qu’elle veut protester, mais elle sait que j’ai raison.Alors, elle se tait et monte dans la voiture.---Léa – Une Nuit de DouteJe regarde par la fenêtre du véhicule, les lumières de la ville défilant sous mes yeux fatigués.Mon corps est endolori, mon esprit en ébullition.Moretti voulait me capturer.Pourquoi ?Je ne suis pas une menace pour lui.À moins que…Je jette un coup d’œil à Maxime.Sa mâchoire est crispée, ses mains serrées sur le volant.C’est lui qu’il voulait atteindre.Je le sais.Moretti a compris que je suis sa faiblesse.Un frisson me parcourt.Suis-je un poids pour lui ? Un obstacle à sa vengeance ?J’inspire profondément.— Maxime.Il tourne la tête vers moi, un sourcil levé.— Tu vas le tuer, pas vrai ?Son regard se durcit.— Oui.Aucune hésitation.Je me pince les lèv
MaximeAu centre de la pièce, Moretti est toujours là.Il est tombé de son fauteuil, une blessure ouverte à la tempe, mais il respire encore.— Le fils de pute… murmuré-je en me redressant.Je titube, mon arme encore serrée dans ma main.Moretti ouvre lentement les yeux et rit faiblement.— Tu crois que c’est toi qui as gagné ?Je lève mon Glock et le pointe sur lui.— Tu es fini, Moretti.Il ricane.— Si je meurs, d’autres prendront ma place…Je serre les dents.Il a peut-être raison, mais peu importe.Je ne fais pas ça pour le pouvoir.Je fais ça pour Léa. Pour mon honneur.Pour moi.Je ne lui laisse pas le temps d’ajouter un mot de plus.Un coup de feu retentit.Moretti s’écroule, une balle en pleine tête.C’est terminé.Mais la guerre, elle, ne fait que commencer.Léa – L’Attente InsoutenableLe téléphone reste muet.J’ai beau fixer l’écran, espérer une notification, une vibration, un appel… rien.Les minutes s’étirent en heures.Je fais les cent pas dans l’appartement de Maxime,
MaximeLe silence dans l’appartement est glacial.Léa est partie.La porte a claqué derrière elle il y a une heure, et je suis toujours là, figé, incapable de bouger.Elle m’a quitté.Enfin… Elle a essayé.Parce qu’elle ne comprend pas.On ne quitte pas ce monde. Et encore moins moi.Mais le pire, ce n’est pas qu’elle soit partie.C’est que j’ai laissé faire.Je prends une inspiration profonde et sors une cigarette. L’odeur du tabac se mêle aux relents de whisky dans l’air.Ma main tremble légèrement lorsque je lève le briquet.Je ne tremble jamais.Je suis en train de perdre pied.Un coup sec contre la porte me fait redresser la tête. Adrien.— Mauvais moment, grogné-je.Il entre quand même.— Pas le temps pour tes conneries, Max. On a un problème.Je soupire et écrase ma cigarette dans le cendrier.— Lequel ?— Les Russes. Ils ont pris contact avec un de nos lieutenants. Ils pensent que tu es affaibli depuis la mort de Moretti et la chute des Rinaldi. Ils veulent s’emparer du marché
LéaLe choc des photos entre mes mains me foudroie.Elles glissent lentement au sol, mon souffle saccadé peinant à se stabiliser.Quelqu’un me surveille.Pas Maxime.Un autre.Et ça change tout.Je relève les yeux vers lui. Son regard est ancré dans le mien, brûlant d’intensité, mais aussi de contrôle.Il savait.Il savait et il attendait que je sois piégée pour me forcer à lui faire confiance.— Depuis combien de temps ? ma voix est presque un murmure.Il ne détourne pas le regard.— Plusieurs semaines.Un frisson me parcourt l’échine.— Pourquoi ne pas me l’avoir dit avant ?Il s’approche lentement, calculant chaque mouvement, comme un prédateur face à une proie récalcitrante.— Parce que tu aurais fui.Je serre les dents.Il a raison.Mais ça ne change rien au fait qu’il m’a manipulée.— Tu ne me laisses donc jamais le choix ? craché-je, les poings serrés.Un sourire fugace effleure ses lèvres.— Non.Ma respiration se bloque.Il ne cherche même pas à me mentir.Il m’enferme dans s
MaximeJe suis un homme de contrôle.Tout dans ma vie est calculé, anticipé, maîtrisé.Mais ce soir, face à Léa et son regard plein de défi, je sens un léger glissement sous mes pieds. Une sensation presque imperceptible… et pourtant dangereuse.Elle joue avec moi.Ou peut-être joue-t-elle le jeu que je lui ai imposé avec une facilité déconcertante.Quoi qu’il en soit, je n’ai pas l’intention de lui laisser le dessus.Elle ne sait pas encore qu’elle danse sur une corde raide.Et que je suis celui qui tient les deux extrémités.— Ne te donne pas trop d’importance, Léa, murmuré-je en me penchant légèrement vers elle.Elle sourit, un éclat moqueur au fond des yeux.— Oh, mais ce n’est pas moi qui me donne de l’importance, Maxime. C’est toi qui as décidé que j’en avais.Je serre la mâchoire.Cette femme…Elle est en train de retourner mon propre jeu contre moi.Et pire encore : je crois que ça m’amuse.---L’Épreuve du FeuLe serveur arrive avec une bouteille de vin, une cuvée hors de pri
MaximeUn bon prédateur ne laisse jamais voir ses intentions.Mais ce type, lui, a fait une erreur.Il s’est trahi.Léa est tendue à côté de moi, ses doigts crispés sur mon bras. Son souffle est court, et je peux sentir la peur vibrer en elle. Ce n’est pas une réaction exagérée, ce n’est pas du bluff.Cet homme n’est pas un inconnu.Il la connaît.Et elle sait exactement de quoi il est capable.Je garde mon arme levée, bien que discrètement dissimulée sous ma veste. Mon regard est rivé sur lui, analysant chaque infime mouvement.— Je vais te le dire une dernière fois, murmuré-je, ma voix glaciale. Tu n’as rien à récupérer ici.L’homme soutient mon regard sans broncher, mais je vois dans ses yeux une lueur de défi.— Ça, ce n’est pas à toi d’en décider, Valence.Il a osé.Il a osé prononcer mon nom.Ma mâchoire se serre et mes doigts se crispent légèrement sur mon arme. Il joue avec le feu, et il le sait.Mais avant que je ne puisse réagir, Léa s’interpose, posant une main tremblante s
LéaLe jardin était redevenu silencieux.Comme s’il reprenait son souffle après tant de cœurs battants, de mots chuchotés et de souvenirs réveillés.Camille était partie.Son ombre s’était effacée lentement dans le halo doré de la nuit, et son sourire tremblant restait encore dans l’air, comme une dernière note tenue.Elle m’avait serrée fort. Pas pour me dire adieu, non. Pour dire qu’elle comprenait. Qu’elle me rendait ma place.Qu’elle m’aimait.Mon père aussi.Il avait le regard un peu perdu, comme s’il cherchait la petite fille que j’étais encore quelques instants plus tôt. Il ne m’avait pas parlé — il n’en avait pas besoin. Ses bras autour de moi avaient suffi.Et j’avais senti son front contre mes cheveux, son souffle sur ma tempe, ce soupir qu’il n’avait pas retenu.Puis Maxime avait tout doucement éteint les guirlandes.Une à une, les lumières avaient cligné, vacillé, puis rendu l’âme, comme des lucioles fatiguées.Il avait soufflé les bougies sans bruit, ramassé les verres, l
MaximeJe l’ai regardée s’éloigner vers la salle de bains, ses hanches ondulant avec cette aisance que j’avais vu revenir peu à peu, depuis qu’on était ici.Elle se reconstruisait.Et moi, je me reconstruisais avec elle.Quand j’ai entendu l’eau commencer à couler, longtemps, sans précipitation, j’ai pris mon téléphone.Deux appels. Pas plus.Mais deux essentiels.Son père.Et Camille.Je ne leur ai pas expliqué. Il n’y avait pas besoin.J’ai juste dit que j’avais besoin d’eux ce soir. Que c’était important. Que ça devait être simple. Vrai. Doux.Comme elle.Camille a eu mille réactions en une seconde.Elle a d’abord cru à une mauvaise nouvelle. Puis à une fête surprise. Puis à une demande en mariage.Et elle m’a balancé dans la même phrase : « T’as intérêt à pas faire ça à l’arrache, Maxime, je te jure. »Je lui ai dit de me faire confiance.Son père, lui, a été d’un calme qui m’a traversé comme un souffle.« Dis-moi l’heure. »Rien d’autre.Je crois qu’il savait.Ce type sent tout.
LéaLe matin est tombé sur la maison comme un voile de soie.Je me suis réveillée avant lui.Ou plutôt : je me suis laissée réveiller par la lumière.Elle entrait à flots, douce et dorée, comme si elle savait que c’était notre premier matin ici. Qu’il ne fallait rien brusquer. Rien forcer.Tout était encore en suspens.Des cartons posés contre les murs, des vêtements sans place, des objets silencieux sur les étagères vides.Mais dans le lit, ce matin-là, il y avait nous.Je suis restée allongée un moment, à l’écouter respirer derrière moi.Son torse effleurait mon dos.Son bras, en travers de mes hanches, me gardait là, ancrée.Ce n’était pas une étreinte possessive.Plutôt un fil invisible.Un attachement muet.J’avais envie de bouger, de me retourner. De le regarder dormir.Et puis non.Je voulais juste être là, dans cette lenteur neuve.Dans ce presque rien.Il y avait une paix dans ce lit qu’on avait déplacé la veille au soir, à la hâte, au milieu des rires fatigués et des draps f
LéaLe carton glisse entre mes doigts.Il n’est pas lourd. Pas vraiment. Mais mes bras tremblent un peu.Ce n’est pas la fatigue.C’est autre chose. Une onde invisible qui parcourt mon corps, entre la peur et l’excitation.Je suis debout au seuil de la maison.Notre maison.Maxime ouvre la porte devant moi, avec ce geste calme et précis qu’il a toujours eu, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait — alors que je vois bien dans ses yeux qu’il est aussi bouleversé que moi.Le bois craque légèrement sous nos pas.L’air est un peu plus frais à l’intérieur. Et il y a cette odeur particulière — mélange de peinture, de poussière fine et de promesses.Il pose la main sur le chambranle, puis se tourne vers moi.« Bienvenue chez toi. »Je ne réponds pas.Je ne peux pas.Je regarde autour de moi, les murs nus, les fenêtres immenses, les éclats de lumière qui se posent déjà au sol comme des présences.C’est réel.Et irréel.Je pose le carton dans l’entrée.Et j’avance.---MaximeElle marche
LéaLa nuit avançait.À petits pas feutrés, comme si elle avait peur de troubler l’équilibre fragile qui s’était instauré entre nous.Je croyais que les émotions s’étaient déjà toutes exprimées.Que le cœur avait tout dit.Mais Maxime gardait encore quelque chose.Je le sentais dans sa respiration.Dans cette tension infime, nichée au creux de son silence.Il m’avait parlé d’amour.Il avait posé ses mains sur mon ventre, sur ce petit être à venir.Et moi, je m’étais laissée envelopper.Pas tout à fait rassurée.Mais un peu plus vivante.Et pourtant…Il y avait autre chose.Un éclat au fond de ses yeux.Une hésitation qui n’avait rien à voir avec le doute.Plutôt cette forme d’appréhension qu’on ressent juste avant de faire un pas important.Un saut.Il s’est redressé légèrement, sans me lâcher du regard.Comme s’il se préparait à me confier une vérité encore plus fragile.Et j’ai su.Qu’on allait franchir une autre frontière.« Il y a encore une chose que je dois te dire… »Sa voix ét
LéaIl était presque vingt-trois heures.La nuit avait recouvert la ville d’un silence dense, ponctué de quelques sirènes lointaines et du clapotis discret de la pluie contre les vitres.J’étais dans mon lit, mais pas vraiment là. Mon corps reposait, figé, alors que mon esprit flottait quelque part entre le regret, l’attente et la fatigue.Je ne pleurais plus.Je ne pensais plus pleurer.Mais chaque battement de cœur était une tension muette, un fil tendu à craquer.Je croyais qu’il ne viendrait pas.Je croyais que c’était fini.Qu’il n’y avait plus rien à dire.Et pourtant… quelque chose en moi résistait.Pas l’espoir — non. Plus ça.Mais un instinct, peut-être. Une mémoire.Et puis, la sonnette.Un son net, étrangement doux dans cette nuit suspendue.Mon cœur a cessé de battre pendant une seconde.Puis il est reparti, en désordre.Je suis restée figée.Quelques secondes à peine.Mais assez pour sentir ce qu’un simple « ding » pouvait réveiller.La peur. L’élan. La colère. Le manque.
LéaLe soir est tombé sans que je m’en aperçoive.Je suis restée longtemps dehors, après le départ de Clara.Assise sur ce banc, les mains dans les poches, le regard perdu entre les branches nues d’un arbre et les fenêtres allumées des appartements.Je ne savais pas encore quoi faire de ce moment.Ce qu’il représentait.Cette paix silencieuse qu’elle m’avait offerte. Ce renoncement sans violence.Comme un cadeau involontaire.Ou un adieu muet.J’étais rentrée lentement. Les jambes lourdes, le cœur en apnée.L’appartement était resté tel que je l’avais laissé : vide, tiède, immobile.Et cette fois, ce n’était pas seulement le silence…C’était l’absence.---Je me suis glissée dans le lit sans allumer la lumière.Je voulais rester dans l’ombre, là où mes pensées pouvaient flotter sans être jugées.Je crois que c’est là que j’ai pleuré.Pas bruyamment. Pas comme dans les films.Mais ces larmes muettes, longues, chaudes, qui coulent sans même secouer les épaules.Celles qui lavent ce qu’o
LéaJe suis restée seule, assise sur le canapé, longtemps après son départ.Le silence s’était refermé comme une chape sur la pièce. Trop dense. Trop lourd. Trop vrai.Tout semblait suspendu. Comme si le temps lui-même retenait son souffle.Il n’y avait plus de cris, plus de battements furieux, plus d’illusions. Seulement cette vérité brute qui tenait encore dans l’air, comme un résidu amer sur la langue.J’ai posé une main sur mon ventre, par réflexe.Comme pour me rappeler ce que je portais.Comme pour lui dire, à ce petit être à peine perceptible : Je suis là. Je tiens. Je ne bouge pas. Même si tout autour vacille.Je ne savais pas si j’étais soulagée ou anéantie.C’était sans doute un mélange des deux.Un étrange vertige entre lucidité et douleur.Il avait été honnête. Brutalement honnête. Et ça faisait mal.Mais j’en avais besoin. Parce qu’il fallait ça, cette clarté, même tranchante.Je ne voulais plus être celle à qui l’on cache. Celle à qui l’on ment pour “la protéger”.J’étai
LéaEt je ne voulais pas qu’elle nous rattrape plus tard, comme un poison lent. Je ne voulais pas faire semblant. Plus maintenant. J’avais trop vécu dans les demi-mots, les silences chargés, les zones grises. J’avais trop laissé les autres écrire les lignes de ma vie.Alors je me suis reculée. Juste assez pour qu’il comprenne que ce que j’allais dire comptait. Que ce n’était pas un caprice. Que c’était important. Inévitable.« Et Clara ? »Il a figé.Un battement de paupières. Un silence dense. J’ai senti quelque chose se tendre sous sa peau, comme un fil qui menace de rompre.Je l’ai regardé droit dans les yeux. Sans colère. Sans hargne. Juste avec cette force calme qu’on apprend quand on n’a plus rien à perdre. Quand on a déjà tout perdu une fois.« Elle est aussi enceinte de toi. Qu’est-ce que tu comptes faire ? »---MaximeJ’aurais voulu qu’elle ne le sache pas. Mais bien sûr qu’elle savait.Léa a toujours su voir au-delà des mots. Au-delà des silences. Elle sent les failles, mê