IvyLes portes du grand hall s’ouvrent dans un fracas. Le vent s’engouffre, portant avec lui les odeurs de la forêt, du sang, du musc des meutes qui affluent.Ils viennent de loin. Des montagnes du Nord, des forêts du Sud, des plaines arides et des rivières profondes. Chaque meute porte ses couleurs, sa marque, son odeur. Des guerriers immenses, des femmes à la beauté sauvage, des regards d’acier et des crocs à demi dévoilés.Lyam se redresse, sa main chaude glissant sur ma taille.— Tu es à nous. Ce soir, tu ne regardes personne d’autre que nous.Je hoche la tête, mon cœur cognant contre ma poitrine.Kael prend la parole d’un ton ferme, sa voix résonne dans le silence :— Que les Alphas prennent place. Ce soir, nous présentons notre Reine.Un murmure secoue l’assemblée. Les regards glissent vers moi. Certains pleins de convoitise, d’autres de mépris. Je les ressens comme des griffes sur ma peau nue.Soren s’approche de mon oreille, un rictus cruel aux lèvres :— Laisse-les regarder.
IvyLe banquet s’est éteint derrière nous, ne laissant qu’un parfum de vin, de viande et de regards enfiévrés. Mais c’est leur silence qui me glace. Lyam marche devant, son dos tendu, ses poings fermés. Kael et Soren me suivent de près. Je sens leur désir brûlant, leur colère sourde.Lorsque la porte de leurs appartements claque derrière nous, le masque tombe.Lyam se tourne d’un bloc, ses yeux noirs d’excitation et de rage.— Tu n’as pas idée de ce que tu nous fais vivre, Ivy. Cette soirée entière… À te voir sourire à d’autres mâles… À sentir leurs regards te dévorer…Kael grogne en s’approchant, ses doigts s’enroulant autour de ma gorge.— Ils te veulent tous. Mais ils ne t’auront jamais. Tu es à nous.Soren surgit derrière moi, son souffle brûlant contre ma nuque.— Et ce soir, on va te le rappeler.Ils se jettent sur moi. Littéralement. La robe vole en lambeaux, déchirée par leurs griffes, leur impatience sauvage. Je me retrouve nue, offerte, tremblante d’un mélange d’excitation e
Yvi Le soleil a déjà grimpé haut quand je me réveille à nouveau, nichée contre Lyam. La chambre est baignée d’une lueur dorée, et l’odeur de musc flotte encore dans l’air. Pourtant, la tension de la veille s’est apaisée. Kael s’étire paresseusement près de moi, tandis que Soren observe la scène, adossé à la tête du lit, un sourire satisfait aux lèvres.Lyam murmure contre ma tempe :— Aujourd’hui, tu ne bouges pas sans nous. On a des affaires à régler, mais tu restes là… auprès de nous.Je hoche la tête sans discuter. Je sens ce besoin, viscéral, de ne pas m’éloigner. De rester dans leur monde, dans leur odeur, dans cette bulle où je suis leur Reine.Les servantes ne tardent pas à entrer discrètement, déposant de quoi nous nourrir. Du pain encore chaud, des fruits mûrs, de la viande saignante. Soren s’empare d’une grappe de raisin, et, sans un mot, glisse un grain entre mes lèvres.— Mange… il faut que tu reprennes des forces, souffle-t-il, ses yeux me dévorant comme si je n’étais qu
Le soleil perce à peine l’horizon lorsque Kael se redresse, l’oreille tendue. Son regard s’assombrit, son corps se tend contre le mien. Lyam et Soren grognent à leur tour. L’instant de répit s’évanouit. Quelque chose approche.— Qu’est-ce que… ? je murmure, encore haletante sous leurs corps.Lyam caresse ma joue avec une douceur troublante.— Reste ici, Ivy. On sent… un sang ancien. Ça ne vient pas d’ici.Un silence de plomb s’abat, rompu par des coups frappés à la porte d’entrée. Pas un loup de la meute. Pas un de leurs alliés. Quelqu’un d’autre. Soraya déboule dans la chambre, les traits tirés par l’inquiétude.— C’est… c’est un messager d’une ancienne lignée. Ils exigent audience. Maintenant.Je me redresse, encore nue sous les draps, le cœur battant.— Une lignée ? Qui ?Kael serre les poings.— Les héritiers des Alphas déchus. Ceux qui ont perdu le pouvoir il y a des décennies. On pensait leur sang éteint…Soren, sombre, lâche :— Ils veulent récupérer ce qui, selon eux, leur app
Le vent mord ma peau alors que je m’avance. Chaque pas me semble un arrachement. Kael, Lyam et Soren sont là, prêts à m’arracher à la moindre tentative d’enlèvement, mais leurs muscles tendus trahissent leur rage.L’homme aux cheveux d’argent me fixe, amusé.— Approche, petite reine. Tu sais qui je suis ?Je secoue la tête, incapable de parler.Kael crache :— Fenrik des Crocs de Fer. Traître à sa propre meute.Fenrik incline la tête, faussement humble.— On m’a toujours appris que la loyauté va au plus fort. Et toi, Ivy… tu es plus forte que tu ne le penses. Ton sang nous appartient.Je serre les poings.— Mon sang n’appartient à personne.Fenrik rit doucement.— C’est faux, et tu le sais. Les Aelarian ne sont pas faits pour l’amour ou la tendresse. Vous êtes des souverains. Vous régnez ou vous tombez. Je viens t’offrir un trône, Ivy.Un silence. Ses hommes montrent Maelis, enchaînée, le regard suppliant. Mon cœur se serre.— Si tu refuses… elle meurt la première. Et après elle… tout
SorenJe tombe à genoux. Mon cœur s’arrête. La terre tremble sous ses pieds nus. Elle… elle change. Devant nous. Devant toute la meute.— Par les Anciens… c’est pas possible…Elle est là. Plus belle, plus sauvage que jamais. Sa peau brille d’un éclat lunaire. Ses yeux… putain… dorés, fendus comme ceux d’un prédateur.Kael— C’est quoi, ça…? Qui tu es, Ivy ?Elle sourit. Un sourire de loup.IvyJe le sens, enfin. La vérité qui éclate dans mes veines. Je ne suis pas leur faiblesse. Je suis leur reine. Leur malédiction. Leur salut.— Je suis celle que vous avez appelée. Celle qui était endormie. Maintenant… je suis réveillée.LyamJe la regarde, incapable de bouger. Chaque fibre de mon être hurle de la rejoindre. De l’adorer. De la suivre jusqu’en enfer.— Tu nous as menti.Elle secoue la tête.— Je ne savais pas. Mais maintenant… c’est fini. On ne se cache plus.IvyJe lève la tête vers la lune. Le sang de Maelis pulse encore dans la terre. Et je sais. Je sais ce que je dois faire.— On
IvyLe froid mord ma peau, mais je n’en ressens rien. Il n’y a plus que leurs mains, leurs souffles, leurs corps qui m’entourent. La lune éclaire notre déchéance, et je souris, ivre de leur désir.— Ne me ménagez pas… je murmure. Je suis à vous.Le grognement de Kael me traverse, rauque, bestial. Il me plaque contre l’arbre, son corps brûlant de rage et d’envie. Sa main s’égare sur ma gorge, juste assez serrée pour me rappeler qu’il me possède.— Tu n’as pas idée de ce que tu viens de libérer, Ivy.KaelPutain, je la veux. Sauvage. Soumise. Putain de Reine qui nous entraîne dans cette folie. J’écarte ses cuisses, je m’enfonce en elle d’un coup, sans la prévenir. Son cri résonne, et j’en grogne de plaisir.Elle est à nous, et elle le sait maintenant.SorenJe ne tiens plus. Mes griffes sortent, je lacère le sol en la regardant se faire dévorer par Kael. Mais ce n’est pas assez. J’attrape ses cheveux, je penche sa tête en arrière et je mords. Fort. Jusqu’au sang.— Crie pour moi, Ivy. C
LyamJe m’approche d’elle, je lui murmure :— On va te laver, ma Reine. Et après… tu dors.Elle sourit faiblement, puis acquiesce.— Mais je veux que vous restiez… je veux vous sentir… encore.IvyIls m’escortent jusqu’à l’intérieur. Les grandes portes se referment derrière nous. J’entends les servantes s’agiter, mais Kael grogne, les renvoyant d’un geste brutal.— Personne. C’est nous qui nous occupons d’elle.Le bain est prêt. Une grande cuve fumante. Lyam me soulève doucement et me dépose dans l’eau. La chaleur m’arrache un gémissement.KaelJe tremble en la regardant glisser dans l’eau. Ses seins remontent à la surface, la marque de mes crocs encore visible sur sa gorge. J’en ai la gorge nouée.— Laisse-nous, Ivy… laisse-nous te chérir.SorenOn se déshabille sans honte et on la rejoint. Je m’assieds derrière elle, mes mains la massent, glissent sur son ventre, ses hanches.— Tu sens… ce qu’on t’a fait… ce qu’on t’a pris… et ce qu’on t’a donné ?Elle hoche la tête, les larmes aux
YviJe ne dors pas.Je ne respire plus.Je suis un gouffre. Une faille. Une onde prête à éclater sous la moindre pression.L’air est vicié, tendu, suspendu à un nom. Aleksandr.Il est partout.Dans chaque ombre. Dans chaque battement de cœur trop rapide.Dans les murs de cette chambre. Dans les reflets noirs de la nuit.Dans le silence pesant que même Kael ne brise plus.Dans les gestes brusques de Soren, dans les cernes profondes de Lyam.Partout. Même là où je croyais qu’il n’existerait plus.Je m’assieds au bord du lit, les pieds nus sur le parquet glacé.Le froid me traverse, mord mes os.Mes orteils se crispent, mon souffle tremble.Mes mains... elles me trahissent.Elles tremblent. Faiblement, mais assez pour que je le ressente dans tout mon corps.Je les frotte avec rage. Comme si je pouvais gratter sa présence.Comme si je pouvais effacer ce qu’il a tatoué dans ma chair.Des souvenirs me reviennent.Sa voix. Son regard.Le silence juste après ses mots.Le vide, immense, qu’il
AleksandrJe descends les marches comme on descend aux enfers.Pas de bruit. Pas un mot.Juste le martèlement lent de mes bottes contre la pierre.À chaque pas, mon monde bascule.Le froid n’a plus de prise sur moi.La douleur ne perce plus.Il n’y a que la rage.Silencieuse. Absolue.Elle se distille en moi avec la patience d’un poison ancien.Elle épouse chaque battement de mon cœur.Elle est en moi, et je ne veux plus qu’elle parte.Ils ont tout pris.Pas ce corps que j’ai déshabillé mille fois.Pas ce regard que j’ai vu s’éteindre et renaître sous mes doigts.Pas même sa voix qui chuchotait mon nom dans l’obscurité.Non.Ils ont pris ce que j’avais bâti.Ce que j’avais enfermé.Ce que j’avais sculpté, à coups de silence, de serments, de veilles à veiller l’impossible.Ils l’ont regardée, et elle s’est offerte.Pas comme une trahison.Pire.Comme une délivrance.Comme si je n’étais plus la réponse.AleksandrLa porte du salon privé claque contre le mur.Un valet sursaute et dispara
Personnages : Yvi, Aleksandr, Kael, Soren, LyamYviJe me réveille dans la lumière pâle du matin.Le drap sur ma peau est encore chaud de leurs corps.Kael, une main posée sur mon ventre, respire lentement, comme s’il rêvait encore. Soren, la tête appuyée contre ma hanche, le front plissé même dans le sommeil. Lyam, le souffle calme, le bras autour de mes jambes nues, comme s’il voulait me garder ici.Je les regarde. Un à un.Et mon cœur hurle sans un bruit.Ils m’ont donné plus qu’un refuge.Ils m’ont offert un monde où je peux être désirée… sans être possédée.Mais ce monde est un incendie.Et je suis l’étincelle.YviJe me lève doucement. Chaque mouvement est une trahison. Un adieu qui ne dit pas son nom.Le parquet gémit sous mes pas nus. Mon corps est douloureux. Pas à cause d’eux. À cause de ce que je vais affronter.Je me rhabille dans le silence, rassemblant les fragments de moi-même. Mon collier tremble entre mes doigts.Mais quelque chose reste là-bas. Dans ces draps froissé
YviLa nuit est tombée sur l’aile ouest. Une nuit lourde, saturée de silence et de désirs tus. Le vent glisse le long des couloirs comme un soupir ancien. Les murs suintent la mémoire, les pierres vibrent sous mes pas. Elles ont vu naître des serments et mourir des rois.Mais ce soir, elles verront autre chose.Je monte l’escalier sans bruit, le cœur battant comme un tambour dans ma poitrine. Mes doigts effleurent la rampe. J’ai l’impression d’avancer vers une frontière invisible. Une ligne que je m’étais jurée de ne jamais franchir.Et pourtant…Je pousse la porte de leur chambre. Mon souffle se suspend. Ils sont là. Tous les trois. Kael debout, Soren assis sur le rebord du lit, Lyam adossé à la fenêtre, les bras croisés, les yeux dans le vide.Trois flammes dans la pénombre. Trois vérités qui m’attendent.Je ne devrais pas être là. Aleksandr pourrait le savoir. Il sent tout, il voit tout. Mais ce soir, il n’est rien.Ce soir, je suis à eux.Ce soir, j’abats mes murailles.KaelElle
AleksandrJe marche en silence dans les couloirs de pierre, le bruit de leurs pas résonne derrière moi. Trois battements de cœur enragés, retenus à grande peine. Je pourrais les enfermer. Je pourrais les briser maintenant. Mais non. Ce serait trop simple. Trop définitif. Trop prévisible.Je m’arrête devant une double porte de bois noir. L’aile ouest. L’ancienne aile royale, délaissée depuis des décennies. J’y sens encore l’odeur du passé, le poids des serments oubliés. La poussière elle-même semble avoir fait vœu de silence.Aleksandr« Voici vos quartiers. Vous avez carte blanche. Nourriture. Serviteurs. Bibliothèque. Rien ne vous est interdit… sauf elle. »Je les regarde, un par un. Kael, tendu comme une lame, chaque muscle prêt à se rompre. Lyam, à deux doigts d’exploser, une lueur sauvage dans les yeux. Soren, le regard fixe, mais tremblant à l’intérieur comme un fil d’or sur le point de se rompre.Aleksandr« Vous êtes ici par ma volonté. Ne la défiez pas. Ne testez pas mes limit
AleksandrJe les regarde, chaque muscle de mon corps tendu, prêt à réagir à la moindre tentative de leur part. Je sais ce qu’ils veulent, je sais ce qu’ils espèrent. Mais Yvi est mienne. Elle l’a toujours été, et ils devront faire face à cette réalité. Ils peuvent tenter de m’arracher ce que je tiens, mais ils découvriront qu’ils sont à des années-lumière de comprendre le lien que j’ai forgé avec elle.Je la garde contre moi, mon regard défiant, ne laissant aucun doute sur mes intentions. Ils peuvent essayer de récupérer ce qui leur appartient selon leurs règles. Mais moi, je joue selon les miennes.AleksandrJe les vois entrer, et je sais qu’ils savent. Ce n’est pas un simple changement d’humeur, c’est une métamorphose. Une lueur nouvelle dans leur regard. De la terreur ? Non. De la rage. De la perte. De la conscience que quelque chose leur échappe définitivement.Leur démarche n’a plus rien des anciens seigneurs conquérants. Ils sont venus pour elle. Pas pour une guerre. Pas pour un
YviJe n'entends pas le bruit de la porte s'ouvrant. Je ne vois pas les ombres qui passent devant moi. Tout ce que je ressens, tout ce que je perçois, c’est la chaleur d’Aleksandr, ses mains qui me marquent, me contrôlent. J'ai l'impression que le monde extérieur n'existe plus, que rien ne compte hormis cette présence dévorante, ce lien que j’ai avec lui, aussi toxique soit-il. Le poids de son corps contre le mien est une ancre qui m’empêche de fuir, un poids que je ne veux pas enlever. Mais, au fond de moi, quelque chose gronde, un éclat de réalité qui brise le rêve que j'ai tissé autour de lui.Des voix. Des pas précipités. Un changement dans l’air, une tension nouvelle. Je sens Aleksandr se tendre, ses bras se raidissant autour de moi, son regard perçant cherchant à percer cette intrusion qui dérange notre moment. Il serre davantage, me rapprochant de lui comme pour me protéger. Mais je sens la présence de quelque chose... de quelqu’un d’autre.AleksandrJe n’entends pas les triplé
YviJe me réveille lentement, comme si le monde entier était flou, noyé dans une brume chaude et pesante. J'ai l'impression que le temps lui-même hésite à reprendre son cours, que tout se suspend autour de moi. Chaque souffle que je prends est lourd, chaque mouvement me coûte un effort insurmontable. Je me sens brisée, éparpillée, comme si chaque partie de moi-même était en train de se remettre en place, mais de façon désordonnée, confuse.Je tourne lentement la tête, mes yeux se posent sur lui. Aleksandr. Il est là, à mes côtés, son regard toujours aussi intense, même dans le silence. Et c'est ce silence qui me paralyse. C'est dans ce calme presque effrayant que je ressens la profondeur de ce qui s'est passé. Il n'a pas besoin de dire un mot, je le sais déjà. Je suis mienne, et je suis à lui. Le monde peut bien brûler autour de nous, rien n'a changé. Je suis perdue, mais j'y trouve un étrange réconfort.Je ferme les yeux, mais l'image de ses bras autour de moi, de son corps contre le
YviJe suis en train de m'effondrer, lentement, inexorablement. Le monde autour de moi disparaît peu à peu, tout ce que je suis se rétrécit, se concentre sur lui. Lui, l'homme qui a pris racine dans mon esprit, qui étreint mon cœur avec une force que je n’arrive plus à définir. Chaque souffle que j’inspire, chaque battement de mon cœur résonne avec sa présence. Il est là, toujours là, dans chaque recoin de mon être, dévorant, insatiable.Je sens le désir m'envahir à chaque contact. Ses mains, brûlantes, m'effleurent et me consument, comme des flammes mangeant un bois sec. Chaque baiser qu’il dépose sur ma peau est un acte de possession, un marquage invisible, mais inaltérable. Il me dévore de l’intérieur, mais je ne peux pas m’arrêter. Parce que, paradoxalement, je veux qu’il le fasse. Parce que je suis perdue. Et plus je lutte, plus il enflamme cette guerre entre ce que je veux être et ce que je suis devenue.Mon corps répond à ses caresses avant même que ma volonté ne puisse y réagi