Je ressortais au bout d'une bonne demi heure propre et léger. Je m'enroulais dans une serviette et cherchais des vêtements propres. J'enfilais une simple chemise blanche ainsi qu'un pantalon bleu marine et retournais dans la salle de bain pour voir le résultat.
Je restais sans voix devant mon reflet. Cela faisait des semaines que je n'avais rien porté de propres et de pas déchiré alors me voir dans ces vêtements neufs me fit étrange. C'était comme si j'avais changé d'identité. Je tirais sur les pans de ma chemise essayant de me reconnaitre en dessous. Je ne pouvais pas m'empêcher d'être mal à laise. Les vêtements me démangeaient.
Je passais la main sur mon visage. Peu importe ce que je portais. Je pouvais peut être cacher les marques sur mon dos et mes bras mais je ne pouvais pas masquer les cicatrices présentes sur mon visage. Elles avaient chacune une histoire. L'hématome sur ma joue gauche, l'entaille sur mon autre joue, ma lèvre fendue, la coupure cachée par mon sourcil gauche et pour finir la brûlure sur ma tempe.
Je passais ma main dans mes boucles brunes pour essayer de cacher la brûlure. La seule cicatrice dont j'avais vraiment honte.
Une fois satisfait de mon travail je sortis de ma chambre devant laquelle je trouvais un jeune homme qui devait avoir environ mon âge. Il portait un costume noire et des chaussures qui brillaient à cause de la cire. J'aurais pu me voir dedans tellement elles étaient immaculées. Le jeune homme me sourit tristement avant de se présenter.
«Bonjour, je m'appelle Cédric.»
Je détaillais sa main tendue avant de la serrer doucement.
«Thomas.
-Enchanté Thomas. La duchesse m'a envoyé pour que je t'accompagne jusqu'à la cuisine.»Mon ventre se chargea de répondre à ma place. Je n'avais pas mangé depuis deux bonnes journées puisque j'avais donné mon bout de pain à Jérémie. Cédric rit.
«Je prends ça pour un allons y.
-Et la jeune femme qui est arrivée avec moi?-Ne vous en faites pas elle est entre de bonne mains.»Je fis une mine non convaincue mais suivais Cédric. Ce dernier avait l'air d'être quelqu'un de joyeux et d'ouvert à la conversation. Il marchait avec un pas beaucoup trop léger. Il ne devait pas beaucoup connaître de ce monde sombre. Il marchait avec assez d'aisance pour que je comprenne qu'il travaillait ici depuis un certain temps. Je décidais donc de lui poser des questions pour en savoir plus sur cette mystérieuse duchesse et sur ce château.
«Vous travaillez ici depuis longtemps?
-Tu peux me tutoyer tu sais. Depuis près de deux ans. Avant je travaillais pour mon père sur le marché mais on a dû se séparer de moi.»Cédric me sourit de nouveau tristement. Je lui rendis son sourire. Je savais très bien ce qu'il ressentait. Quoi que il avait eu plus de chance que moi et n'avait pas l'air abattu. Il avait même l'air satisfait de sa nouvelle vie ce qui me fit chaud au cœur.
«Tu es bien traité? demandais-je curieux."
Il sembla tout d'abord surpris par ma question mais s'en remit vite et le répondit avec le sourire.
"Aussi bien qu'un servant puisse l'être. À dire vrai je n'ai pas à me plaindre. Je dors assez, je ne meurs pas de faim et je ne me fais pas battre.»
Il se tut et me lança un coup d'oeil avant de continuer à parler pour changer de sujet.
«Une fois je me suis pris une gifle parce que je me suis réveillé en retard mais c'était au tout début je n'ai pas fait d'erreur depuis.»
J'étais sincèrement heureux pour lui.
Le château était immense et il nous fallut bien cinq minutes pour atteindre les cuisines qui d'après Cédric étaient proches de ma chambre.
Par réflexe il se posta de sorte à m'ouvrir la porte et le dos droit me fit signe de le précéder. J'hésitais avant de m'exécuter.
La seconde où la porte fût ouverte une vague de chaleur vint m'englober et je frissonnais. Personne ne leva la tête à notre arrivée bien trop occupés. Les ordres fusaient de tous les coins de la pièce et les apprentis couraient dans tous les sens apportant des ingrédients.
Malgré cette concentration et cette dynamique l'ambiance était accueillante et même amicale. C'était même trop joyeux à l'intérieur pour être vrai.
Comme je restais figé a observer la scène, Cédric me devença et je le suivis vers un coin de la pièce près d'une immense table en bois emplie de pommes à moitié épluchées.
Une femme aux cheveux blancs attachés en queue de chevale s'essuya les mains dans sa robe verte en entendant Cédric l'interpeller. Elle se retourna ensuite vers nous avec un regard réprobateur.
"Qu'est-ce qui t'arrive mon petit? Tu ne vois pas qu'on est occupés?"
Cédric leva les mains en signe de paix.
"Je le sais bien je suis désolée. Mais la Duchesse a ramené de nouvelles recrues et j'ai entendu que tu avais besoin de mains en cuisine.
-On a toujours besoin de mains. Cette petite mange plus qu'un ogre."En disant cela le regard de la femme se posa sur moi. Elle avait beau avoir l'air sévère je décelais la même chaleur que celle émanant de la cuisine dans son regard. Malgré cela je me redressais au contact de ses yeux par réflexe.
La femme à la robe aux taches de farine me dévisagea longuement de haut en bas avant de hocher la tête.
"Viens éplucher ces pommes. En attendant je pourrai m'attaquer au glaçage."
J'hésitais un instant.
"Ou tu préfères vivre à la rue?"
Je secouais la tête avant de m'attaquer aux pommes. J'étais bien trop fatigué pour tenir tête.
D'après Cédric ils ne se faisaient pas frapper ici et j'avais envie d'y croire. Les personnes présentent n'avaient pas cette fissure dans les yeux qu'avaient mes camarades et si ils étaient vraiment logés et nourris seulement pour travailler en échange alors cette vie était beaucoup plus attirante que celle que j'aurais dû avoir.
Je restais cependant sceptique.
Voyant que je commençais à travailler mais que Cédric était toujours là, la femme haussa les sourcils.
"Quoi? Tu as du temps libre peut-être? On peut te trouver du travail.
-Ah non, non, c'est gentil. Je vais vous laisser sur ce."Il me lança un regard et je hochais la tête. La femme déposa sa main sur mon épaule sans aucune douceur mais pas non plus violemment. Je sursautais. Elle n'avait pas tapé à un endroit où j'avais mal. Je pensais cela impossible.
"Ne t'en fais pas nous allons bien nous occuper du nouveau."
Sur ce Cédric partit et la femme s'éloigna aussi me laissant seul avec une douzaine de pommes. Je les épluchais avec sérieux tout en continuant à observer les environs. Tout comme à notre arrivée l'ambiance de la cuisine resta la même après le départ de Cédric. Au fond de moi j'avais pensé que tout se figerait quand il allait passer la porte mais le fond sonore resta tout aussi élevé et les hommes et femmes continuaient à travailler avec le sourire mais aussi avec de la sueur perlant au front.
Il fallait avouer qu'il faisait très chaud à côté des fours.
La femme apparut derrière moi la seconde où j'avais fini d'éplucher les pommes me faisant de nouveau sursauter. Elle ne me regarda pas et se contenta de me dire de les râper. Ce que je fis assis en silence.
Personne ne vint m'importuner ou me frapper. Petit à petit les muscles de mon dos se détendirent mais je ne voulais pas trop baisser ma garde.
Tandis que je me détendais, les autres aussi avaient de moins en moins de travail et ils s'aperçurent donc de ma présence commençant à me lancer des petits regards curieux. Je me ratatinais sur mon siège en sentant leurs regards passer sur ma brûlure.
La femme apparut de nouveau comme par magie à mes côtés. Je me demandais comment une personne aussi imposante pouvait bien se déplacer avec tant de discrétion. Le fond sonore devait couvrir ses déplacements sans problème en y repensant.
"Fais une pause. Il fait très chaud ici. Tiens de l'eau."
J'acceptais la bouteille doucement avant de la descendre d'une traite ce qui fit rire la femme.
"Respire. Ne vas pas t'étouffer dès le premier jour tout de même."
Je n'avais pas remarqué qu'elle tenait une assiette de soupe dans sa main qu'elle déposa avec douceur devant moi.
"Mange. Désolée on a été prévenus à la dernière seconde que vous veniez. Nous avons fais au plus vite."
La bave se mit à couler malgré moi le long de mes joues et je pris le bol dans mes mains pour avaler son contenu en quelques gorgées. La femme cria à l'un des apprentis de me resservir.
"Comment tu t'appelles?
-Thomas."Elle hocha la tête essayant de retenir mon nom.
"Dîtes. Où est la fille qui est arrivée en même temps que moi? Je ne l'ai pas vue descendre à la cuisine.
-Elle s'appelle comment?-Audrey."La femme se tourna vers un grand brun habillé en blanc derrière nous.
"Francis! Elle est où Audrey? Celle qui est arrivée en même temps que ce petit.
-Celle qui est enceinte? On a apporté sa soupe directement dans sa chambre."Sur ce la femme se retourna vers moi.
"Je vois. Merci..."
J'avais envie de croire ces personnes. Ils n'avaient aucune raison de me mentir après tout. Ils étaient du personnel tout comme moi. Audrey devait se reposer alors j'étais content qu'elle soit restée manger dans sa chambre mais j'aurais préféré qu'elle ne reste pas seule.
Comme si elle avait lu sur mon visage la femme me dit:
"Tu pourras la voir après avoir fini ton travail ne t'inquiète pas. Mais ne t'attarde pas trop longtemps dans l'aile des recrues féminines. Tu risques de te faire réprimander par Louis. Ce vieux schnock a qu'une seule qualité et c'est le respect des règles même si parfois il s'emporte. J'ai tellement envie de lui faire manger ses lunettes de temps en temps."
Je souris. Le fameux Louis qui était l'homme en noir accompagnant la duchesse avait l'air bien plus jeune que cette femme et pourtant elle en parlait comme d'un vieillard.
"Et comment vous appelez-vous?
-Ne me vouvoie pas. Appelle moi Missy."Je hochais la tête.
"Cela fait bientôt quarante ans que je travaille dans ce château. J'étais ici bien avant la duchesse elle-même. J'ai même connu ses parents."
Une voix sortit de nul part s'ajouta à notre conversation.
"C'était au temps des dinosaures !"
Missy fit signe à la voix de se taire en souriant néanmoins. Je souris aussi malgré moi mais mon sourire fana bien vite. Sur ce Missy se redressa.
"Allez au boulot. On a presque fini. Il faut ranger maintenant."
Un garçon paraissant très jeune fit mine de s'effondrer de fatigue. Missy lui asséna une tape derrière la tête.
Je n'avais pas remarqué que la pièce s'était vidée petit à petit ne restant plus que quelques recrues dont moi. Soudain je pus entendre la porte d'entrer s'ouvrir. Le porte en bois faisait pas mal de bruit mais ce dernier était en général masqué par le fond sonore auquel je m'étais déjà habitué visiblement.
Par réflexe je me tournais vers la source du bruit sur mes gardes. Une jeune femme en petite robe légère fit son entrée marchant d'un pas à la fois léger et décidé vers Missy. Tous les regards se posèrent sur elle sans que les personnes s'en rendent compte. Leurs yeux étaient comme attirés par l'aura de l'inconnue avant de se reconcentrer sur leur tâche quand la fille s'arrêta.
La jeune fille aux longues boucles brunes attrapa une des pommes que j'avais épluchées et Missy secoua la tête en la voyant faire. En voyant cela l'inconnue sourit.
"Je suis désolée de ne pas être venue plus tôt. J'avais plus de choses à faire que d'habitude.
-Pour la peine demain tu devrais venir plus tôt.-Ça marche."Visiblement toutes les personnes que j'avais rencontrées avaient l'air de bien se sentir dans ce château. J'avais beau être sur mes gardes je commençais à me trouver débile. Non je n'étais pas débile. Je faisais simplement attention.
Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais continué à fixer la nouvelle venue. Sentant mon regard cette dernière finit par me repérer aussi. En me voyant la fixer elle me sourit avec douceur et j'essayais tant bien que mal de lui rendre son sourire avant de détourner les yeux gêné.
J'ignorais pourquoi mais il y avait quelque chose de familier dans cette jeune femme et en même temps de totalement inconnu. La voir me mettait mal à l'aise et en même temps m'apaisait. Le sentiment de malaise avait beau être minime je ne pouvais pas l'ignorer et c'était étrange.
"C'est donc ici que Cédric l'a assigné."
Je relevais la tête vers l'inconnue qui venait de parler. Elle avait donc entendue parler de moi. J'avais l'impression que les ragots allaient vite dans ce château.
Missy me lança un regard en coin.
"Tu ne l'as pas traumatisé au moins? demanda la jeune fille à Missy en riant.
-Je n'aime pas ce mot."Je m'approchais de quelques pas.
"Je m'appelle Thomas."
La fille fronça les sourcils avec un petit sourire en coin. Je la fixais donc un moment perplexe. Missy se mit à rire.
"Je t'ai dis que tu étais méconnaissable en cuisine."
L'intéressée observa sa robe avant de reporter son regard sur moi.
"Tu ne m'as pas reconnue?"
Je continuais à la fixer en silence, complexe. Si je l'avais reconnue? À part Audrey je ne connaissais personne ici.
"Non désolé. Je ne vois pas du tout qui tu peux être."
Mais alors que je disais ces mots je sentis un frisson. Non... Elle était pas... Impossible.
"Enchantée Thomas. Je suis Léonord. La duchesse."
Tandis qu'elle se pinçait les lèvres pour ne pas rire je restais bouche bée. Il me fallut plusieurs secondes pour assimiler cette nouvelle information et une fois que j'eus enfin percuté je faisais un pas en arrière les yeux ronds.
Tout dans cette jeune fille était différent de la duchesse. Elle était souriante, chaleureuse et paraissait tellement jeune tandis que la duchesse était comparable à une montagne de glace. Mais maintenant qu'elle me l'avait dis je me sentais stupide. Évidemment que c'était la duchesse. Même si sa voix était plus colorée ça restait le même timbre. Même si ses yeux étaient chaleureux ils restaient de la même couleur.
Ce qui me stupéfait le plus n'était pas d'être en face de la duchesse mais que la froideur avait complètement disparu de ses yeux. Je n'arrivais pas à percevoir ne serait-ce que son ombre. Était-il possible de changer ainsi du tout au tout?
Mon visage se durcit immédiatement. Plusieurs pensées fusèrent dans ma tête. Est-ce qu'elle était descendue pour me surveiller? Elle voulait se moquer de moi? Même si elle semblait chaleureuse je ne devais pas oublier qui elle était. Celle qui nous avait achetés Audrey et moi sur un marché d'esclaves. Je n'allais jamais l'oublier.
La duchesse changea elle aussi d'expression. Je ne supportais pas cette manière qu'elle avait de lire dans mes pensées. Comme si elle entendait tout ce que je me disais. Elle n'avait aucun droit d'entrer dans ma tête.
"Qu'est-ce que cette sorcière fait là?"
Les mots étaient sortis sans que j'ai eu le temps d'y réfléchir mais je m'en fichais. Je les aurais dis dans tous les cas. Moi qui avant avait tout fais pour énerver la duchesse je ne comptais pas m'arrêter en si bon chemin. Ce n'était pas parce que elle connaissait mon nom que nous étions devenus de super bons potes.
Mais cette appellation n'eut aucun effet sur elle. Comme si elle ne m'avait même pas entendu. Elle continua à me regarder droit dans les yeux à m'en rendre malade avec son petit sourire amusé au coin de la bouche. Alors comme ça je l'amusais bien? Elle était contente de son achat? Elle n'avait qu'à profiter parce que j'allais rendre sa vie un cauchemar.
Dans ma colère noire j'étais bien parti pour continuer à l'insulter de tous les noms. Je me voyais déjà l'accabler de tous les reproches jusqu'à ce quelle s'effondre en pleurant puis j'allais attraper Audrey et fuire d'ici. Cependant mon plan n'eut même pas le temps de commencer que Missy me força à remettre les pieds sur Terre avec une tape ferme mais pas forte derrière la tête.
"Non mais tu te prends pour qui mon petit? Excuse toi tout de suite."
Je serrais la mâchoire refusant de m'excuser. Missy allait insister mais la duchesse lui fit signe que cela n'en valait pas la peine.
"Laisse le Missy. Je m'en fiche."
Sur ce elle regarda l'horloge et déclara qu'elle allait chercher le balais pour nettoyer le sol. Suite à cela elle tourna les talons et marcha droit vers la porte la tête haute ne sentant pas tous les regards posés sur sa personne.
La vie ne reprit pas à sa sortie de la pièce. Tous les regards présents passèrent de la duchesse à moi et se figèrent comme si le temps s'était arrêté. Ils ne me regardaient pas avec amusement ou fierté, non. Ils me regardaient avec incompréhension et choc.
La seule qui ne fut pas figée fut Missy. Elle m'assenna une tape encore plus puissante derrière la tête. Je sentais toute sa rage dedans mais ne sursautais pas. Je refusais même de la regarder dans les yeux en signe de rébellion. Cela ne la dérangea pas. Elle se mit à me crier dans l'oreille.
"La duchesse te sauve la vie et c'est comme ça que tu la remercie? Une sorcière elle? Non mais j'hallucine.
-Elle ne m'a pas sauvé. Je suis toujours un esclave. Elle n'a fais que m'acheter."Missy souffla longuement et vint me faire face. Elle s'était calmée et me regardait à présent avec douceur et tristesse.
"Tu n'as aucune idée de comment est la duchesse. Crois moi je la connais depuis son plus jeune âge. Elle peut paraître froide et digne au premier abord mais elle est très sensible au fond."
J'allais rétorquer mais sa main se posa avec tellement de douceur sur mon épaule que je me tue.
"Je ne te demande pas de lui lécher les bottes. Laisse lui juste une chance d'être elle-même. Tu ne seras pas déçu."
Je me contentais d'hocher la tête. La rage au fond de mon coeur s'était quelque peu apaisée. Jusque là je voulais déverser toute ma haine sur la duchesse mais après tout ce n'était pas sa faute si mon passé était tel quel. Dorénavant j'allais tout simplement lui adresser aucun mots.
Tandis que je prenais cette décision, la duchesse réapparut dans la pièce munit du fameux balais qu'elle était partie chercher. Elle nous sourit avant de se mettre à nettoyer les traits détendus.
Le reste du personnel se mit aussi en mouvement et Missy enfonça dans ma main une serviette humide pour que je nettoie les tables. Je gardais le regard cloué sur ma tâche en ignorant le monde extérieur mais le fredonnement de la duchesse finit par me parvenir quand elle passa à côté de moi avec le balais.
Je me crispais un instant et faillis me retourner mais je me détendais. Cette femme ne méritait pas que je reconnaisse son existence.
La tâche se révéla plus difficile que prévu parce que en passant le balais la duchesse se lança dans une conversation avec le reste du personnel et ils riaient et riaient. Cette joie fictive m'oppressait de plus en plus mais je réussis à complètement les ignorer jusqu'au bout et une fois que j'avais fini j'entendis quelqu'un toquer à l'immense porte de bois.
Cédric passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte et chercha Missy des yeux. Cette dernière était de bien meilleure humeur que précédemment.
"Qu'est-ce qui t'arrive mon garçon? Tu as faim?
-Non, merci beaucoup. Je me suis dis que Thomas devait avoir fini à l'heure qu'il est alors je voulais passer pour l'accompagner voir son amie."Il attendit l'autorisation de Missy puis me fit signe de sortir. Je posais donc ma serviette et le suivait hors de la pièce. Les autres avaient déjà repris leur nettoyage mais avant que je disparaisse Missy m'interpella.
"Demain sois là à 5 heures. Pas une seconde de plus."
Je hochais la tête et sortais. Cédric me sourit et nous nous mîmes en route. Il n'avait même pas salué la duchesse et cela me laissait perplexe. Comme s'il ne l'avait même pas vue. Je décidais de mener ma petite enquête.
"Dis moi Cédric.
-Oui?-Elle est comment la duchesse?-La duchesse? Eh bin... Le dis à personne mais j'avoue que j'ai un petit crush sur elle.-Un crush?"Cédric hocha vivement la tête tandis que je grimaçais. Je n'avais jamais pensé que qui que ce soit aurait été attiré par cette froideur.
"Oui! Il y a quelque chose en elle. Elle est tellement sûre d'elle et mâture. Je sais pas je trouve que c'est très attirant.
-Bon passons. Je voulais dire elle est comment avec vous.-Oh, on la voit jamais. Elle passe toutes ses journées dans son bureau à faire je ne sais quoi. Personne n'a le droit d'entrer à part pour lui apporter à manger. Je n'ai personnellement vu la duchesse que quelques rares fois en deux ans. Lors de bals ou quand il fait beau et qu'elle se promène dans son jardin toute seule. Je ne l'observe pas hein. C'est jusque que dans ces moments tu peux la voir passer à côté des fenêtres. Enfin bref. Les mots courent très vite ici et l'opinion globale de tout le monde est que la duchesse est mystérieuse.-Je vois. Donc elle passe toute sa vie dans son bureau?-Exact.-Et elle ne descend même pas pour manger? Je sais pas elle descend pas dans la cuisine?-Dans la cuisine? Quelle idée. T'as déjà vu un roi visiter la cuisine? Bah c'est pareil pour la duchesse. Elle n'a pas sa place là-bas.-Je vois. Merci.-T'inquiète. Tu peux me demander tout ce que tu veux. Y a pas de secrets dans le château tu vas vite t'en rendre compte. C'est gênant au début mais on s'habitue."Sur ce nous nous arrêtâmes devant une des nombreuses portes en bois et Cédric me laissa toquer. Je n'allais jamais me souvenir de quelle chambre c'était...
Les yeux d'Audrey s'illuminèrent en me voyant et Cédric nous laissa seuls. Audrey s'écarta de la porte pour me laisser entrer puis alla difficilement s'asseoir sur le siège le plus proche. Je l'aidais en lui tenant le bras et elle me remercia avec douceur. Je m'assis à mon tour sur son lit en face d'elle. Je posais mes coudes sur mes jambes et me penchais vers elle.
"Tu te sens comment?
-Je vais très bien merci. Ils m'ont donnée à manger et des vêtements propres. Ils m'ont même proposée une femme de chambre mais j'ai refusé. Je ne me sentais pas à l'aise avec l'idée.-Une femme de chambre? Vraiment?"Elle hocha la tête.
"Tu aurais peut-être dû accepter. Elle aurait pu t'aider à te déplacer ou t'apporter des choses pour éviter que tu te fatigue."
Audrey secoua la tête rigoureusement.
"Je n'ai pas besoin d'aide. Je peux marcher.
-Et le bébé?"Audrey caressait son ventre avec une douceur que je n'avais encore jamais vue.
"La duchesse a envoyé chercher un docteur qui m'a occultée et le bébé va bien. D'après le docteur c'est un des bébés les plus forts qu'il n'ait jamais vus.
-Je suis soulagé. C'est une fille ou un garçon?"Son sourire s'élargit encore plus. C'était donc vrai, les femmes enceintes étaient radieuses. Cela devait être causé par le fait qu'elle portait la vie. C'était magnifique.
"C'est un petit garçon. J'ai réfléchi à comment l'appeler."
Elle leva d'un coup ses yeux clairs vers moi.
"Il s'appellera Marcus après mon père et son deuxième prénom sera Thomas."
Je fus tellement touché que j'en eus les larmes aux yeux. Je me contentais de poser ma main sur mon coeur et de la remercier.
Audrey allait très bien j'étais soulagé. Peut importe les plans de la duchesse dans tous les cas il valait mieux pour elle que le bébé d'Audrey soit en bonne santé ainsi je ne m'étais pas inquiété et maintenant que je l'avais vue j'étais entièrement rassuré.
Une semaine passa et ma vie devint paisiblement monotone. Tous les jours à 5 heures je rejoignais les cuisines et y restais jusqu'à 20-21 heures pour aider Missy à tout nettoyer. Suite à cela je passais tous les soirs dans la chambre d'Audrey avant d'aller me coucher. Je passais la voir le plus souvent possible et mangeais même mes repas avec elle quand j'avais le temps pour ne pas qu'elle se sente seule. Le docteur passait la voir souvent pour vérifier son état et malgré ses protestations une jeune femme l'aidait à se baigner. Nous ne nous fîmes pas fouetter ou frapper une seule fois et nos cicatrices commençaient enfin à cicatriser en paix. Les seuls fois où je me faisais frapper à présent était dans mes rêves et quand ces derniers me réveillaient je faisais un tour dans le château endormi. Audrey faisait aussi des cauchemars et je lui avais fais promettre de m'appeler si jamais cela arrivait. Pour se faire j'avais demandé un beeper à Cédric et quand ce dernier fai
Nous avions dû passer pas mal de temps à nous battre avec la duchesse car Missy ne tarda pas à arriver dans la cuisine et en voyant le désordre ses yeux devinrent enragés. Je me levais doucement et commençais à ranger avec l'aide de la duchesse qui était loin d'avoir fini ses perles. Tout comme durant la semaine dernière je l'ignorais et elle ne me parla pas non plus. J'avais mal partout mais ayant l'habitude cela ne m'empêcha pas de travailler. Je rangeais donc en silence perdu dans mes pensées. J'étais épuisé de toutes ces attaques contre la duchesse et j'étais soulagé d'avoir enfin pu me défouler même si cela s'était révélé être un échec cuisant. J'aurais dû être furieux mais il n'en était rien. J'en avais marre d'être en colère. Je n'allais rien accomplir dans la vie en frappant bêtement dans tous les murs que je croisais. Me battre contre la duchesse avait eu le don de me faire réaliser cela et je me demandais si elle n'avait pas fais exprès de me provoquer pour
Je ne revis plus la duchesse jusqu'au jour du bal. Je devais avouer que cela me faisait plaisir qu'elle ne vienne pas mais d'un autre côté j'étais frustré. Non pas que je rêvais de passer du temps avec elle mais je devais vite comprendre ce qu'il se passait ici et pour cela je devais lui parler. Chaque fois que la porte en bois s'ouvrait je me tournais vers cette dernière par réflexe. A chaque fois j'imaginais la duchesse entrer je ne l'imaginais pas avec une petite robe simple et son sourire qu'elle n'arborait que dans la cuisine.Je la voyais entrer le visage froid et le regard perçant. Je la revoyais le jour du marché. La manière dont elle portait sa tête haute, la manière dont elle m'avait détaillé du regard. Je n'avais pas peur de la duchesse mais je devais avouer qu'après avoir vu sa force je redoutais notre prochaine altercation. Je n'allais pas l'attaquer de si tôt disons et puis de toute façon cela n'aurait mené à rien. Les jours passaient donc ainsi. Sans du
Il y avait déjà un monde fou à notre arrivée mais cela ne se remarquait pas à cause de la grandeur des lieux. On aurait même dit que peu de gens étaient présents. La salle de bal s'étendait à perte de vue et arborait de l'or à chaque recoin. Cela provoquait une cassure importante avec le reste du château décoré sobrement et c'était clair que cette pièce avait été inventée pour exposer la richesse de la duchesse. Cette dernière n'était pas présente pour accueillir s'est invités mais je ne m'en rendis pas compte de suite à cause de la foule. Cédric apparaissait et disparaissait dans chaque coin de la pièce veillant à ce que tout se passe comme prévu. Il vint nous voir dès notre entrée pour nous saluer et nous proposer de quoi nous rafraichir. Nous allâmes donc au buffet et Audrey s'assit sur la chaise la plus proche. Jean ne m'avait pas menti. Ce bal était vraiment quelque chose. Une fois que nous nous étions habitués à la richesse des lieux nous étions de nouveau médu
En un coup d'oeil je réussis à comprendre ce qu'il venait de se passer. Jean avait visiblement renversé un verre de vin sur cette jeune femme qui outrée de s'être fais détruire sa robe hurlait de tous ses poumons des syllabes de frustration tandis que les larmes coulaient sur ses joues. Ces vociférations avaient petit à petit attiré les regards de tous les membres de l'assemblée et l'orchestre lui-même s'était arrêté de jouer par je ne sais quel miracle. N'ayant visiblement pas fais exprès et voulant être enterré six pieds sous Terre Jean se tenait là. Immobile à fixer la tâche impuissant et la bouche en rond. Il était tellement choqué qu'il en avait perdu la parole et avait même oublié comment s'excuser. Lui qui ne voulait pas se faire remarquer en mal ce soir c'était raté. Une fois légèrement calmée la femme se mit à éjecter des phrases de sa bouche au lieu que ce soient des syllabes incompréhensibles: "Tu! Tu... Tu as détruis ma robe! Il a fais exprès! Ell
Audrey et Jean m'aidèrent à m'asseoir sur une chaise tandis que le médecin allait chercher la boîte de premiers secours. Toujours aucun mot n'avait été échangé entre nous. En nous voyant entrer le médecin nous demanda ce qu'y nous amenait mais voir le sang lui avait suffit comme réponse. Il me dit donc de m'asseoir avant de disparaître quelques instants. Pendant ce court laps de temps Jean garda la tête fixée sur ses chaussures tandis qu'Audrey me caressait la tête avec douceur tout en guettant mes yeux du regard. Pour la remercier de cette infime tendresse et aussi pour m'excuser de l'avoir entraînée là dedans je lui souris avec douceur. Elle me rendit mon sourire avec peine et continua à me caresser les cheveux telle une mère aimante. Elle s'était sentie en sécurité ici et j'avais tout détruit. Je savais que nous n'allions pas rester en sécurité ici bien longtemps mais je n'avais quand même pas voulu briser son bonheur de si tôt et avec une telle vi
Je suivais donc la duchesse hors de ma chambre et à travers les couloirs. Le soleil commençait déjà à se lever je n'avais donc pas dormi bien longtemps. De plus la duchesse portait encore sa tenue de bal. Elle avait donc dû venir à ma chambre dès la fin de ce dernier. Nous arpentâmes les couloirs baignés dans les premières lueurs du jour jusqu'à l'escalier central. Les couloirs que nous passions étaient complètement vides sûrement parce que tous les membres du personnel devaient être occupés avec le ménage pensant que la duchesse était endormie. Je suivais la duchesse à l'étage et me rendis soudain compte que nous allions dans le couloir dont nous avait parlé le garçon. Je continuais à suivre la duchesse sans un mot me disant que je devais me tromper mais nous allions bel et bien dans le couloir sans gardes. Alors que nous tournions dans le fameux couloir j'aperçus de loin le tableau accroché au mur et mon cœur loupa un battement quand la duchesse s'arrêta de
Le Duc et la Duchesse de Bellevue se sont rencontrés à 15 ans. Ils connaissaient l’existence de l’autre depuis leurs naissances et avaient vu de nombreuses photos mais n’avaient encore jamais été présentés. Leurs parents avaient organisé leur mariage avant même qu’ils soient venus au monde et les deux voyaient ce contrat comme quelque chose d’irritant mais d’obligatoire. Ils auraient même préféré ne pas se rencontrer aussi tôt mais n’avaient pas leur mot à dire en ce qui concernait les manigances de leurs parents. Leur devoir était simplement de se montrer irréprochables et meilleurs en tout pour que leurs parents puissent se vanter de leurs prouesses. Linda, la jeune Duchesse, avait un penchant très marqué pour l’histoire ainsi que la littérature et avait lu tous les livres présents dans le château. Elle passait ses journées entourée de cartes poussiéreuses ou dehors à galoper dans les domaines familiaux. Personne n’avait encore jamais vu quelqu’un d’aussi do
«Vas-t-en. Tu es libre. -C’est ce qui arrive aux esclaves après un an? Vous les laissez partir?» Je secouais la tête. Je n’arrivais pas à y croire. Personne ne ferait cela. «Une fois que Marcus sera assez vieux je proposerai la même chose à ton amie. Ou elle pourra rester ici et tu pourras la visiter. Nous prendrons soin du bébé. Au cas contraire nous l’aiderons à trouver un foyer. Alors pars.» Elle sourit imperceptiblement en me voyant rester sur place. «Tu as jusqu’à la fin du bal pour te décider. Je t’aurais donné plus de temps mais malheureusement j’en manque. Tu as jusqu’à demain dès l’aube pour me donner ta réponse. Sois-tu pars et tu n’auras plus jamais rien à faire avec moi ou la noblesse. Ou alors tu restes et tu deviens l’un des notre.»
Qu’en était-il de Karma? Anne avait très peu entendu au sujet de la jeune femme et pour cause. Parlant très peu et n’aimant donner son avis que pour faire des critiques véhémentes, Karma ne s’étendait jamais sur son passé. Anne avait dû beaucoup creuser pour apprendre le stricte minimum sur le passé de la jeune femme et fut très impressionnée.Karma avait commencé sa vie au plus bas. Née d’une famille de paysans, il arrivait souvent qu’ils n’aient pas assez de nourriture pour tous leurs enfants et Karma étant la plus vieille fut la première renvoyée de la maison.N’ayant que onze ans elle passa de nombreuses nuits dans les rues essayant de survivre tant bien que mal. Elle n’accepta l’aide de personne et fit des petits boulots en échange d’argent. Evidemment elle fut vite repér&eacu
Anne était donc celle qui entendait les rumeurs et qui ensuite allait chercher les potentielles recrues de la cause. Cette dernière accueillait souvent des personnes d'orientations sexuelles différentes ou qui n'utilisaient pas les pronoms imposés. Télémaque représentait cette dernière catégorie et Oscar et Anne représentaient la première. Mais comment Oscar était-il devenu le mari d'Anne ? Comment avait-il rejoint la cause et surtout comment avait-il découvert qui il était vraiment ? Son histoire n'était pas diamétralement opposée à celle de Télémaque. Après tout, pour lui aussi, tout commença avec l'amour.Dans cette société pourrie jusqu'à la moelle, Oscar avait toujours été bénéficié par son genre et sa couleur de peau. Il ne s'en rendait pas vraiment
Anne se serait fait un plaisir de raconter toutes les histoires des personnes présentes dans la pièce mais ne e fis pas pour des raisons claires. Malgré ce que les autres pensaient elle était des plus qualifiées pour garder un secret et elle ne révélait que le stricte minimum afin de combler le vide des conversation. En effet depuis petite, Anne ne supportait pas le silence. Elle avait du mal à tenir en place et avait toujours besoin de faire quelque chose avec ses mains. Elle était obligée de révéler des choses sinon elle avait comme une impression désagréable dans la tête. Avant ça avait été pire. Les phrases étaient sorties les unes après les autres de sa bouche sans filtre mais à présent elle savait se contrôler.Malgré ces problèmes, Anne n’aurait jamais révélé les secrets d
Personne ne savait exactement quand mais la Duchesse et Missy firent la paix et Leonord réapparut donc en cuisines tous les soirs. Après le travail je passais voir Audrey pour m’assurer qu’elle allait bien puis je retrouvais la Duchesse dans sa chambre et nous continuions à nous entraîner.Audrey avait retrouvé des couleurs et grâce à l’aide des dames de chambre elle a pu regagner son sommeil perdu. Le petit Marcus sembla s’apaiser en même temps que sa mère et fit nettement moins de crises. Audrey pleura de joie quand il se mit à manger normalement accroché à son corps de toutes ses forces de nourrisson.Pendant un long lapse de temps j’oubliais tous les dangers. Mon passé était loin derrière moi, mes amis étaient heureux et je me rendis même compte que je ne faisais plus d’insomnies, ou très rarement. Apr&e
Nous marchâmes un long moment en silence avant que je n’en puisse plus :« Audrey a accouché récemment.-Je sais.-Le petit Marcus nous donne du fil à retorde.-Tu ne dors pas beaucoup. »Je levais la main à mes cernes sans le vouloir.« Et c’est dans cet état que tu veux t’entraîner ? »Je faisais comme si elle n’avait rien dis et continuais :« Audrey est vraiment inquiète. Marcus refuse de boire son lait. Je ne sais plus quoi faire. »Soudain la Duchesse fit demi-tour et se mit à marcher vers le château. J’ignorais ce qu’il lui avait pris mais elle ne s’arrêta qu’une fois dans la chambre d’Audrey. Elle ne toqua pas, pas du tout soucieuse du sommeil de la jeune mè
Le soir même quand je revis la Duchesse, tous les dire de Missy me revinrent en même temps. J’étais étouffé par les images et ne pouvais m’empêcher d’imaginer la Duchesse petite. Je l’imaginais recroquevillée dans un coin le fouet s’abattant sur elle. Soudain je me rendis compte que ses actions étaient d’autant plus perturbantes. Comment avait-elle pu lever le fouet sur moi après tout ce qu’elle avait vécu ? Comme elle l’avait dit était-elle obligée ? Je secouais la tête. Je n’allais pas commencer à lui trouver des excuses.Je ne ressentais pas de peine envers elle ou de compassion quelconque. Comme l’avait dis Missy, cette Duchesse n’était plus celle d’avant. Mais je ressentais tout de même quelque chose que je n’arrivais pas à décrire.«
Le Duc et la Duchesse de Bellevue se sont rencontrés à 15 ans. Ils connaissaient l’existence de l’autre depuis leurs naissances et avaient vu de nombreuses photos mais n’avaient encore jamais été présentés. Leurs parents avaient organisé leur mariage avant même qu’ils soient venus au monde et les deux voyaient ce contrat comme quelque chose d’irritant mais d’obligatoire. Ils auraient même préféré ne pas se rencontrer aussi tôt mais n’avaient pas leur mot à dire en ce qui concernait les manigances de leurs parents. Leur devoir était simplement de se montrer irréprochables et meilleurs en tout pour que leurs parents puissent se vanter de leurs prouesses. Linda, la jeune Duchesse, avait un penchant très marqué pour l’histoire ainsi que la littérature et avait lu tous les livres présents dans le château. Elle passait ses journées entourée de cartes poussiéreuses ou dehors à galoper dans les domaines familiaux. Personne n’avait encore jamais vu quelqu’un d’aussi do
Je suivais donc la duchesse hors de ma chambre et à travers les couloirs. Le soleil commençait déjà à se lever je n'avais donc pas dormi bien longtemps. De plus la duchesse portait encore sa tenue de bal. Elle avait donc dû venir à ma chambre dès la fin de ce dernier. Nous arpentâmes les couloirs baignés dans les premières lueurs du jour jusqu'à l'escalier central. Les couloirs que nous passions étaient complètement vides sûrement parce que tous les membres du personnel devaient être occupés avec le ménage pensant que la duchesse était endormie. Je suivais la duchesse à l'étage et me rendis soudain compte que nous allions dans le couloir dont nous avait parlé le garçon. Je continuais à suivre la duchesse sans un mot me disant que je devais me tromper mais nous allions bel et bien dans le couloir sans gardes. Alors que nous tournions dans le fameux couloir j'aperçus de loin le tableau accroché au mur et mon cœur loupa un battement quand la duchesse s'arrêta de