Je ne revis plus la duchesse jusqu'au jour du bal. Je devais avouer que cela me faisait plaisir qu'elle ne vienne pas mais d'un autre côté j'étais frustré. Non pas que je rêvais de passer du temps avec elle mais je devais vite comprendre ce qu'il se passait ici et pour cela je devais lui parler.
Chaque fois que la porte en bois s'ouvrait je me tournais vers cette dernière par réflexe. A chaque fois j'imaginais la duchesse entrer je ne l'imaginais pas avec une petite robe simple et son sourire qu'elle n'arborait que dans la cuisine.Je la voyais entrer le visage froid et le regard perçant. Je la revoyais le jour du marché. La manière dont elle portait sa tête haute, la manière dont elle m'avait détaillé du regard. Je n'avais pas peur de la duchesse mais je devais avouer qu'après avoir vu sa force je redoutais notre prochaine altercation. Je n'allais pas l'attaquer de si tôt disons et puis de toute façon cela n'aurait mené à rien.
Les jours passaient donc ainsi. Sans duchesse mais avec beaucoup de réflexion. Quoi que sans la duchesse je ne devais pas faire tourner mon cerveau autant que d'habitude. Je n'avais pas à observer ses expressions et me demander ce qu'elle pensait. Je me sentais même plus reposé que d'habitude.
Cependant son absence ne plut qu'à moi. Les autres n'avaient pas le temps de se plaindre mais je voyais bien qu'ils étaient déçus à chaque fois qu'elle ne venait pas à l'heure habituelle. Missy reprit même certaines personnes qui sans faire exprès s'étaient ralentis à cause de ça. Parmi ces personnes se trouvait évidemment Jean qui je cite ne vivait que pour voir son visage tous les jours. Pas une minute passait sans qu'il ne se plaigne de ce manque et Missy lui assena même un coup de cuillère en bois en l'entendant se plaindre. Pour occuper son esprit de ce manque qui le faisait visiblement souffrir elle lui proposa même de nettoyer la cuisine tout seul car d'après elle il n'y avait rien de mieux que le travail pour penser à autre chose.
Jean avait ouvert des yeux ronds et il lui fallut quelques secondes pour retrouver l'usage de la parole mais Missy était déjà loin. Il se tourna donc vers moi suppliant pour que je l'aide et comme j'étais une personne en or je décidais de rester nettoyer avec lui. Cela nous prit de longues heures et Jean n'ayant rien apprit de sa leçon continua à parler de la duchesse. Je commençais à me demander s'il faisait autre chose de sa vie que de penser à elle. Cela m'irritait déjà de naturel quand quelqu'un parlait d'elle alors en plus si c'était avec tant d'amour dans les yeux et alors que j'étais resté coincé dans la cuisine pour nettoyer je n'allais pas tenir longtemps.
Heureusement Jean n'était pas quelqu'un de méchant et le fait qu'il s'excuse de m'avoir entraîné là dedans entre deux compliments de la duchesse me calmait. Tout comme pour Audrey. Je n'allais pas briser son bonheur. De toute façon je n'allais pas réussir à dormir alors autant faire quelque chose de productif de ma soirée et aider Jean.
"Je suis vraiment encore désolé de t'avoir entraîné avec moi. Et c'est vraiment très gentil de m'aider. Je n'aurais jamais fini tout seul. Missy peut vraiment être extrême quand elle veut. Elle ne l'ait pas tant que ça avec la duchesse. Enfin elle est aussi assez strict avec elle et la fait travailler comme nous mais elle ne l'a encore jamais punie. Peut-être parce que elle n'a encore jamais rien fais de mal.
-Ou plutôt parce que tu ne peux pas punir une duchesse."
Jean sourit. Il se perdit dans ses pensées quelques instants et je n'avais vraiment pas envie de savoir à quoi il pensait. Il finit par se réveiller.
"C'est vrai qu'on ne peut pas la punir. Elle n'est pas cuisinière à la base et elle nous aide dans son temps libre. C'est vraiment gentil de sa part.
-Tu penses qu'elle vient nous aider juste par gentillesse?
-Bah oui. Pour quoi d'autre?"
Je haussais les épaules. Je n'en avais aucune idée mais je refusais de croire que c'était par pure bonté d'âme.
"Dans ce monde personne ne fait rien gratuitement."
Jean essaya de relancer la conversation sur un ton plus joyeux.
"Évidemment qu'elle fait ça gratuitement. Elle s'attend sûrement pas à ce qu'on la paye. Elle est déjà riche et c'est surtout elle qui nous paye.
-C'est pas faux.
-En tout cas j'ai hâte d'être au bal. Tu crois que si je lui demandais de danser avec moi elle dirait oui?"
Je me tournais vers Jean surpris.
"Tu veux lui demander de danser avec toi?
-Qu'est-ce qu'il y a?
-Rien c'est juste que je m'attendais pas à cet élan de courage.
-Comment ça un élan de courage? Je suis toujours courageux très cher Thomas.
-Combien de fois tu as parlé à la duchesse rappelle moi."
Jean se redressa d'un coup indigné.
"Ce n'est pas ma faute si j'ai jamais eu l'occasion de lui parler. Il y a trop de travail dans cette cuisine.
-Mais oui.
-Pourquoi tu trouves que Missy nous laisse nous la couler douce peut-être ?
-Ah non ça c'est sûr."
Jean hocha la tête rêveur.
"C'est décidé. Je vais me mettre sur mon 31 et je danserai avec la duchesse. Même je vais me mettre sur mon 41!
-Si ça te fait plaisir. Mais je sens que tu vas finir par danser avec moi.
-Ouais c'est ça rigole. Rira bien qui rira le dernier.
-Bon concentre toi sur ta vaisselle au lieu de parler. Je me demande pourquoi nous devons faire la vaisselle à la main d'ailleurs. Ils ont pas de lave vaisselle dans ce château?
-Ah si mais Missy disait que je serais beaucoup plus occupé si elle me laissait le faire à la main. Elle a donc coupé les laves vaisselles."
Un rire m'échappa.
"Elle est sadique.
-Et c'est pire avant les grands événements. Elle est hyper stressée à l'idée que tout soit fini dans les temps.
-C'est ta faute aussi. Tout le monde est super occupé en ce moment. Cédric court partout en préparation du bal et toi tu rêvasses en cuisine.
-Je ne rêvassais pas. J'exprimais simplement mon désarroi à l'idée de ne plus voir la duchesse.
-Cest pareil.
-J'y peux rien. J'arrive pas à me concentrer quand elle est pas là.
-Tu te concentres pas beaucoup plus quand elle est dans les cuisines.
-J'y peux rien. Elle est vraiment magnifique. J'ai jamais vu ça. J'avais une petite amie dans ma ville natale et je croyais que c'était la plus belle personne sur Terre mais je me trompais.
-Je préférais quand on ne se connaissait pas encore assez bien et que tu osais pas trop ma parler de la duchesse."
Jean me tira la langue avant de soupirer.
"Au moins quand je sais qu'elle va venir le soir j'ai à quoi m'accrocher. Je travaille à fond et je me dis tiens bon plus que quelques heures avant qu'elle ne vienne.
-Oui, oui. Très bien.
-Tu n'as rien écouté avoue.
-Ouais génial."
Je sentis soudain un torchon me fouetter le bras. Je me raidis d'un coup sous le choc tandis que Jean riait fière de lui-même. Il n'avait rien voulu faire de mal mais ne s'était pas rendu compte que j'étais devenu pâle comme un mur. Je détournais mon visage pour ne pas qu'il voit mon choc et me forçais à émettre un rire à mon tour.
Nous finîmes la vaisselle assez tard et rentrions dans nos chambres respectives pour dormir. Ma nuit fut très courte étant mouvementée de cauchemars alors je me levais et me mettais à marcher dans les couloirs. Je me dirigeais machinalement vers la peinture de Monet que j'avais remarqué quelques jours auparavant et je fus surpris de trouver devant cette dernière une silhouette sombre.
Je m'immobilisais en remarquant cette présence surpris. Si c'était Louis il allait m'ordonner de retourner dans ma chambre. Mais personne ne m'ordonna rien. La silhouette ne tourna même pas sa tête dans ma direction. Elle semblait obnubilée par la peinture que je venais moi aussi admirer.
Je m'approchais donc doucement et quelle fut ma surprise quand je reconnus la silhouette en question.
La duchesse se tenait là. Raide comme une statue la bouche entrouverte et les yeux fixes. Elle portait une simple robe de chambre noire et ses cheveux tombaient en cascade dans son dos raides et humides comme si elle revenait de la peinture elle-même.
Nous regardâmes le chef d'oeuvres pendant un moment sans échanger un mot. Soudain la duchesse tourna les talons et s'éloigna vers sa chambre. Je la laissais partir sans un mot et ce ne fut qu'une fois hors de ma vue que je me rendis compte que c'était un moment parfait pour lui poser mes questions. Tant pis. Je retournais à mon tour dans mon lit et me rendormais rapidement.
Nous réussîmes tant bien que mal à tout finir de préparer quelques heures avant le bal. Quand les dernières cuisses de canard furent coupées assaisonnées et rangées dans le frigo Missy ferma ce dernier après avoir demandé un silence général. Elle se retourna ensuite vers nous et en étendant les bras déclara:
"On a fini."
Suite à sa phrase dite avec un calme et une satisfaction contagieuse, tout le personnel présent se mit à applaudir et sautiller avant de courir dans leur chambre se préparer pour la bal tant attendu.
Jean fit partie des premiers à quitter la cuisine pour être sûr d'être sur son 41 ce soir. Il m'avait expliqué que pour l'occasion la duchesse avait payé d'autres personnes étrangères au château pour préparer les plats et faire le service alors nous pouvions profiter pleinement de la soirée. Cependant certaines personnes comme Missy préféraient travailler quitte à rater le bal.
D'après Jean, Missy n'avait encore jamais participé à aucun bal aussi loin qu'il se souvienne. La duchesse avait beau la supplier elle refusait catégoriquement préférant diriger la cuisine. J'aurais bien voulu éviter ce bal aussi mais Jean, Audrey et Cédric m'avaient fais promettre de venir. De plus c'était le moment parfait pour discuter avec les autres membres du personnel et découvrir où sont passés les esclaves de ce château.
Je stressais et étais à la fois excité de ce que j'allais découvrir.
Dans ma chambre se trouvaient des dizaines de costumes, chemilles et tout un tas d'accessoires pour le bal. J'essayais donc plusieurs tenues mais je me sentais mal à l'aise dans chacune d'entre elles. J'hésitais même à m'habiller simplement mais si je voulais mener une enquête je devais me fondre dans la foule pas me faire remarquer. Je me forçais donc à enfiler une chemise et essayais tant bien que mal de nouer ma cravate.
Je découvris cependant que c'était plus compliqué que ça en avait l'air et je finis par abandonner frustré de ne pas avoir réussi. Il restait encore une bonne heure avant le bal alors je décidais de passer voir comment s'en sortait Audrey.
Cette dernière m'ouvrit la porte avec une grimace sur le visage.
"Tout va bien?
-Oui ça va... C'est juste la robe."
Je regardais la robe en question. Elle était rouge et en satin. Cette couleur allait très bien à Audrey.
"Elle est très belle.
-Non... Fin si elle est magnifique mais pas sur moi...
-Comment ça ?"
Audrey désigna son ventre attristée.
"Regarde moi. Je ressemble à une baleine. Peut-être que je ferais mieux de ne pas venir au bal."
Je secouais fermement la tête.
"Si tu ne viens pas alors je ne viens pas. Tu n'as rien d'une baleine Audrey. Tu es magnifique.
-Mais non.
-Si. Je le pense vraiment et tu sais que je suis du genre honnête.
-Vraiment?
-Tu es radieuse. Et tu passes toutes tes journées dans cette chambre alors il est temps d'en sortir.
-Je sais pas...
-Juste quelques heures. Si tu es vraiment pas à l'aise je te raccompagnerai à ta chambre.
-Merci beaucoup."
Je restais à discuter avec Audrey jusqu'à ce que quelqu'un vint toquer à la porte. Jean entra accompagné de deux autres personnes et ils nous saluèrent avant de nous demander si nous étions prêts pour aller au bal.
Soudain Jean remarqua l'absence de cravate sur ma chemise et me demanda pourquoi je n'en avais pas mise une.
"Oh, je n'avais pas envie.
-Mais ce serait vraiment mieux avec crois moi.
-Non mais c'est pas grave allons y il est trop tard.
-Mais non t'inquiète on peut t'attendre. On va passer par ta chambre."
Arrivé devant ma porte je me tournais vers Jean légèrement gêné.
"Tu pourrais m'aider?
-Pour quoi?
-Je ne sais pas mettre une cravate.
-Oh, désolé. Je vais te montrer pas de soucis. J'y arrivais pas du tout au début mais Cassandre m'a appris. Elle travaille en tant que femme de ménage ici. Elle est vraiment adorable."
Je pouvais sagement Jean qui entra dans ma chambre et alla directement à mon placard pour en sortir toutes les cravates avant de finalement opter pour une bleue foncé.
Il se mit à me la passer derrière le cou et quand il serra dessus j'eus un mouvement de recul involontaire. Jean m'ordonna de ne pas bouger concentré et en quelques instants ma cravate était nouée.
"Merci.
-Pas de soucis. Si tu étais arrivé sans cravate tu aurais foutu la honte à tout le groupe donc au fond c'était plus pour m'aider moi que toi. Je ne peux pas me permettre de me faire remarquer pour de mauvaises raisons ce soir."
Il me fit un clin d'oeil. J'avais presque oublié son plan de danser avec la duchesse. J'étais curieux de voir comment ça allait se passer.
Il y avait déjà un monde fou à notre arrivée mais cela ne se remarquait pas à cause de la grandeur des lieux. On aurait même dit que peu de gens étaient présents. La salle de bal s'étendait à perte de vue et arborait de l'or à chaque recoin. Cela provoquait une cassure importante avec le reste du château décoré sobrement et c'était clair que cette pièce avait été inventée pour exposer la richesse de la duchesse. Cette dernière n'était pas présente pour accueillir s'est invités mais je ne m'en rendis pas compte de suite à cause de la foule. Cédric apparaissait et disparaissait dans chaque coin de la pièce veillant à ce que tout se passe comme prévu. Il vint nous voir dès notre entrée pour nous saluer et nous proposer de quoi nous rafraichir. Nous allâmes donc au buffet et Audrey s'assit sur la chaise la plus proche. Jean ne m'avait pas menti. Ce bal était vraiment quelque chose. Une fois que nous nous étions habitués à la richesse des lieux nous étions de nouveau médu
En un coup d'oeil je réussis à comprendre ce qu'il venait de se passer. Jean avait visiblement renversé un verre de vin sur cette jeune femme qui outrée de s'être fais détruire sa robe hurlait de tous ses poumons des syllabes de frustration tandis que les larmes coulaient sur ses joues. Ces vociférations avaient petit à petit attiré les regards de tous les membres de l'assemblée et l'orchestre lui-même s'était arrêté de jouer par je ne sais quel miracle. N'ayant visiblement pas fais exprès et voulant être enterré six pieds sous Terre Jean se tenait là. Immobile à fixer la tâche impuissant et la bouche en rond. Il était tellement choqué qu'il en avait perdu la parole et avait même oublié comment s'excuser. Lui qui ne voulait pas se faire remarquer en mal ce soir c'était raté. Une fois légèrement calmée la femme se mit à éjecter des phrases de sa bouche au lieu que ce soient des syllabes incompréhensibles: "Tu! Tu... Tu as détruis ma robe! Il a fais exprès! Ell
Audrey et Jean m'aidèrent à m'asseoir sur une chaise tandis que le médecin allait chercher la boîte de premiers secours. Toujours aucun mot n'avait été échangé entre nous. En nous voyant entrer le médecin nous demanda ce qu'y nous amenait mais voir le sang lui avait suffit comme réponse. Il me dit donc de m'asseoir avant de disparaître quelques instants. Pendant ce court laps de temps Jean garda la tête fixée sur ses chaussures tandis qu'Audrey me caressait la tête avec douceur tout en guettant mes yeux du regard. Pour la remercier de cette infime tendresse et aussi pour m'excuser de l'avoir entraînée là dedans je lui souris avec douceur. Elle me rendit mon sourire avec peine et continua à me caresser les cheveux telle une mère aimante. Elle s'était sentie en sécurité ici et j'avais tout détruit. Je savais que nous n'allions pas rester en sécurité ici bien longtemps mais je n'avais quand même pas voulu briser son bonheur de si tôt et avec une telle vi
Je suivais donc la duchesse hors de ma chambre et à travers les couloirs. Le soleil commençait déjà à se lever je n'avais donc pas dormi bien longtemps. De plus la duchesse portait encore sa tenue de bal. Elle avait donc dû venir à ma chambre dès la fin de ce dernier. Nous arpentâmes les couloirs baignés dans les premières lueurs du jour jusqu'à l'escalier central. Les couloirs que nous passions étaient complètement vides sûrement parce que tous les membres du personnel devaient être occupés avec le ménage pensant que la duchesse était endormie. Je suivais la duchesse à l'étage et me rendis soudain compte que nous allions dans le couloir dont nous avait parlé le garçon. Je continuais à suivre la duchesse sans un mot me disant que je devais me tromper mais nous allions bel et bien dans le couloir sans gardes. Alors que nous tournions dans le fameux couloir j'aperçus de loin le tableau accroché au mur et mon cœur loupa un battement quand la duchesse s'arrêta de
Le Duc et la Duchesse de Bellevue se sont rencontrés à 15 ans. Ils connaissaient l’existence de l’autre depuis leurs naissances et avaient vu de nombreuses photos mais n’avaient encore jamais été présentés. Leurs parents avaient organisé leur mariage avant même qu’ils soient venus au monde et les deux voyaient ce contrat comme quelque chose d’irritant mais d’obligatoire. Ils auraient même préféré ne pas se rencontrer aussi tôt mais n’avaient pas leur mot à dire en ce qui concernait les manigances de leurs parents. Leur devoir était simplement de se montrer irréprochables et meilleurs en tout pour que leurs parents puissent se vanter de leurs prouesses. Linda, la jeune Duchesse, avait un penchant très marqué pour l’histoire ainsi que la littérature et avait lu tous les livres présents dans le château. Elle passait ses journées entourée de cartes poussiéreuses ou dehors à galoper dans les domaines familiaux. Personne n’avait encore jamais vu quelqu’un d’aussi do
Le soir même quand je revis la Duchesse, tous les dire de Missy me revinrent en même temps. J’étais étouffé par les images et ne pouvais m’empêcher d’imaginer la Duchesse petite. Je l’imaginais recroquevillée dans un coin le fouet s’abattant sur elle. Soudain je me rendis compte que ses actions étaient d’autant plus perturbantes. Comment avait-elle pu lever le fouet sur moi après tout ce qu’elle avait vécu ? Comme elle l’avait dit était-elle obligée ? Je secouais la tête. Je n’allais pas commencer à lui trouver des excuses.Je ne ressentais pas de peine envers elle ou de compassion quelconque. Comme l’avait dis Missy, cette Duchesse n’était plus celle d’avant. Mais je ressentais tout de même quelque chose que je n’arrivais pas à décrire.«
Nous marchâmes un long moment en silence avant que je n’en puisse plus :« Audrey a accouché récemment.-Je sais.-Le petit Marcus nous donne du fil à retorde.-Tu ne dors pas beaucoup. »Je levais la main à mes cernes sans le vouloir.« Et c’est dans cet état que tu veux t’entraîner ? »Je faisais comme si elle n’avait rien dis et continuais :« Audrey est vraiment inquiète. Marcus refuse de boire son lait. Je ne sais plus quoi faire. »Soudain la Duchesse fit demi-tour et se mit à marcher vers le château. J’ignorais ce qu’il lui avait pris mais elle ne s’arrêta qu’une fois dans la chambre d’Audrey. Elle ne toqua pas, pas du tout soucieuse du sommeil de la jeune mè
Personne ne savait exactement quand mais la Duchesse et Missy firent la paix et Leonord réapparut donc en cuisines tous les soirs. Après le travail je passais voir Audrey pour m’assurer qu’elle allait bien puis je retrouvais la Duchesse dans sa chambre et nous continuions à nous entraîner.Audrey avait retrouvé des couleurs et grâce à l’aide des dames de chambre elle a pu regagner son sommeil perdu. Le petit Marcus sembla s’apaiser en même temps que sa mère et fit nettement moins de crises. Audrey pleura de joie quand il se mit à manger normalement accroché à son corps de toutes ses forces de nourrisson.Pendant un long lapse de temps j’oubliais tous les dangers. Mon passé était loin derrière moi, mes amis étaient heureux et je me rendis même compte que je ne faisais plus d’insomnies, ou très rarement. Apr&e
«Vas-t-en. Tu es libre. -C’est ce qui arrive aux esclaves après un an? Vous les laissez partir?» Je secouais la tête. Je n’arrivais pas à y croire. Personne ne ferait cela. «Une fois que Marcus sera assez vieux je proposerai la même chose à ton amie. Ou elle pourra rester ici et tu pourras la visiter. Nous prendrons soin du bébé. Au cas contraire nous l’aiderons à trouver un foyer. Alors pars.» Elle sourit imperceptiblement en me voyant rester sur place. «Tu as jusqu’à la fin du bal pour te décider. Je t’aurais donné plus de temps mais malheureusement j’en manque. Tu as jusqu’à demain dès l’aube pour me donner ta réponse. Sois-tu pars et tu n’auras plus jamais rien à faire avec moi ou la noblesse. Ou alors tu restes et tu deviens l’un des notre.»
Qu’en était-il de Karma? Anne avait très peu entendu au sujet de la jeune femme et pour cause. Parlant très peu et n’aimant donner son avis que pour faire des critiques véhémentes, Karma ne s’étendait jamais sur son passé. Anne avait dû beaucoup creuser pour apprendre le stricte minimum sur le passé de la jeune femme et fut très impressionnée.Karma avait commencé sa vie au plus bas. Née d’une famille de paysans, il arrivait souvent qu’ils n’aient pas assez de nourriture pour tous leurs enfants et Karma étant la plus vieille fut la première renvoyée de la maison.N’ayant que onze ans elle passa de nombreuses nuits dans les rues essayant de survivre tant bien que mal. Elle n’accepta l’aide de personne et fit des petits boulots en échange d’argent. Evidemment elle fut vite repér&eacu
Anne était donc celle qui entendait les rumeurs et qui ensuite allait chercher les potentielles recrues de la cause. Cette dernière accueillait souvent des personnes d'orientations sexuelles différentes ou qui n'utilisaient pas les pronoms imposés. Télémaque représentait cette dernière catégorie et Oscar et Anne représentaient la première. Mais comment Oscar était-il devenu le mari d'Anne ? Comment avait-il rejoint la cause et surtout comment avait-il découvert qui il était vraiment ? Son histoire n'était pas diamétralement opposée à celle de Télémaque. Après tout, pour lui aussi, tout commença avec l'amour.Dans cette société pourrie jusqu'à la moelle, Oscar avait toujours été bénéficié par son genre et sa couleur de peau. Il ne s'en rendait pas vraiment
Anne se serait fait un plaisir de raconter toutes les histoires des personnes présentes dans la pièce mais ne e fis pas pour des raisons claires. Malgré ce que les autres pensaient elle était des plus qualifiées pour garder un secret et elle ne révélait que le stricte minimum afin de combler le vide des conversation. En effet depuis petite, Anne ne supportait pas le silence. Elle avait du mal à tenir en place et avait toujours besoin de faire quelque chose avec ses mains. Elle était obligée de révéler des choses sinon elle avait comme une impression désagréable dans la tête. Avant ça avait été pire. Les phrases étaient sorties les unes après les autres de sa bouche sans filtre mais à présent elle savait se contrôler.Malgré ces problèmes, Anne n’aurait jamais révélé les secrets d
Personne ne savait exactement quand mais la Duchesse et Missy firent la paix et Leonord réapparut donc en cuisines tous les soirs. Après le travail je passais voir Audrey pour m’assurer qu’elle allait bien puis je retrouvais la Duchesse dans sa chambre et nous continuions à nous entraîner.Audrey avait retrouvé des couleurs et grâce à l’aide des dames de chambre elle a pu regagner son sommeil perdu. Le petit Marcus sembla s’apaiser en même temps que sa mère et fit nettement moins de crises. Audrey pleura de joie quand il se mit à manger normalement accroché à son corps de toutes ses forces de nourrisson.Pendant un long lapse de temps j’oubliais tous les dangers. Mon passé était loin derrière moi, mes amis étaient heureux et je me rendis même compte que je ne faisais plus d’insomnies, ou très rarement. Apr&e
Nous marchâmes un long moment en silence avant que je n’en puisse plus :« Audrey a accouché récemment.-Je sais.-Le petit Marcus nous donne du fil à retorde.-Tu ne dors pas beaucoup. »Je levais la main à mes cernes sans le vouloir.« Et c’est dans cet état que tu veux t’entraîner ? »Je faisais comme si elle n’avait rien dis et continuais :« Audrey est vraiment inquiète. Marcus refuse de boire son lait. Je ne sais plus quoi faire. »Soudain la Duchesse fit demi-tour et se mit à marcher vers le château. J’ignorais ce qu’il lui avait pris mais elle ne s’arrêta qu’une fois dans la chambre d’Audrey. Elle ne toqua pas, pas du tout soucieuse du sommeil de la jeune mè
Le soir même quand je revis la Duchesse, tous les dire de Missy me revinrent en même temps. J’étais étouffé par les images et ne pouvais m’empêcher d’imaginer la Duchesse petite. Je l’imaginais recroquevillée dans un coin le fouet s’abattant sur elle. Soudain je me rendis compte que ses actions étaient d’autant plus perturbantes. Comment avait-elle pu lever le fouet sur moi après tout ce qu’elle avait vécu ? Comme elle l’avait dit était-elle obligée ? Je secouais la tête. Je n’allais pas commencer à lui trouver des excuses.Je ne ressentais pas de peine envers elle ou de compassion quelconque. Comme l’avait dis Missy, cette Duchesse n’était plus celle d’avant. Mais je ressentais tout de même quelque chose que je n’arrivais pas à décrire.«
Le Duc et la Duchesse de Bellevue se sont rencontrés à 15 ans. Ils connaissaient l’existence de l’autre depuis leurs naissances et avaient vu de nombreuses photos mais n’avaient encore jamais été présentés. Leurs parents avaient organisé leur mariage avant même qu’ils soient venus au monde et les deux voyaient ce contrat comme quelque chose d’irritant mais d’obligatoire. Ils auraient même préféré ne pas se rencontrer aussi tôt mais n’avaient pas leur mot à dire en ce qui concernait les manigances de leurs parents. Leur devoir était simplement de se montrer irréprochables et meilleurs en tout pour que leurs parents puissent se vanter de leurs prouesses. Linda, la jeune Duchesse, avait un penchant très marqué pour l’histoire ainsi que la littérature et avait lu tous les livres présents dans le château. Elle passait ses journées entourée de cartes poussiéreuses ou dehors à galoper dans les domaines familiaux. Personne n’avait encore jamais vu quelqu’un d’aussi do
Je suivais donc la duchesse hors de ma chambre et à travers les couloirs. Le soleil commençait déjà à se lever je n'avais donc pas dormi bien longtemps. De plus la duchesse portait encore sa tenue de bal. Elle avait donc dû venir à ma chambre dès la fin de ce dernier. Nous arpentâmes les couloirs baignés dans les premières lueurs du jour jusqu'à l'escalier central. Les couloirs que nous passions étaient complètement vides sûrement parce que tous les membres du personnel devaient être occupés avec le ménage pensant que la duchesse était endormie. Je suivais la duchesse à l'étage et me rendis soudain compte que nous allions dans le couloir dont nous avait parlé le garçon. Je continuais à suivre la duchesse sans un mot me disant que je devais me tromper mais nous allions bel et bien dans le couloir sans gardes. Alors que nous tournions dans le fameux couloir j'aperçus de loin le tableau accroché au mur et mon cœur loupa un battement quand la duchesse s'arrêta de