Léo MorganJe suis perdu. Il n’y a pas d’autre mot pour décrire l’état dans lequel Sasha m’a laissé après notre rencontre. Elle a joué avec mes nerfs, avec mes faiblesses, comme un chat avec sa proie. Et moi, je me suis laissé prendre au piège. C’est absurde. Je ne devrais pas être ici, ni dans cette position. Mais il y a quelque chose en elle, quelque chose qui m’attire, même si je le déteste. C’est un jeu de pouvoir, je le sais. Mais qui, au fond, est vraiment en contrôle ?Je suis de retour dans ma cellule, mais je ne peux pas me concentrer. Le bruit de mes pensées est plus fort que celui des gardes qui passent dans le couloir. Sasha. Ses mots, ses gestes. Chaque détail m’obsède. Quand elle a dit qu’elle me voulait, je l’ai entendu, mais je n’ai pas voulu le croire. Pourtant, il y a une vérité derrière tout ça. Elle a l'air de savoir exactement ce qu'elle fait. Et moi, je ne suis qu'un pion dans son jeu.Je tente de repousser l'idée, de l'éloigner, mais son image reste là, ancrée d
Léo MorganJe suis seul. À peine quelques heures se sont écoulées depuis la rencontre avec Sasha, et déjà, le souvenir de nos corps entrelacés, de sa voix murmurant des promesses menaçantes à mon oreille, hante mes pensées. Je me suis retrouvé à tourner en rond dans ma cellule, incapable de trouver une quelconque tranquillité d’esprit. La sensation de sa peau contre la mienne me brûle encore, mais plus que tout, c'est la prise de pouvoir qu'elle a exercée sur moi qui m’effraie. Ce n’est pas seulement physique. Non. C'est un contrôle plus subtil, plus pervers. Elle m’a pénétré, pas seulement avec ses mains, mais avec son esprit.Elle joue avec moi. Je le sais. Elle me pousse à me dévoiler, à m’abandonner sans même que je ne m’en aperçoive. Mais j’ai un problème. Je ne suis pas sûr d’avoir envie de lutter. Dans ses bras, je n’ai pas ressenti ce vide, cette angoisse sourde qui me dévore habituellement. Il y a un soulagement, une sorte d’apaisement, mais à quel prix ?Une porte grince dan
Léo MorganLe temps semble suspendu. Dans le silence de cette pièce, après l'étreinte de Sasha, je me sens plus perdu que jamais. Il y a quelque chose d’étrange dans l’air, un poids qui m’étouffe, mais c’est une sensation familière. Le genre de poids qu’on ressent quand on sait qu’on est en train de faire une erreur, mais qu’on est déjà trop loin pour revenir en arrière.Sasha, elle, semble presque satisfaite, comme une créature qui a joué avec sa proie et se repose maintenant. Elle s’assoit, implacable, sur la chaise en face de moi. Ses yeux ne quittent pas les miens. Et cette fois, je vois clairement ce qu’elle cherche : elle veut savoir jusqu’où je suis prêt à aller. Jusqu’où je vais la suivre, pour quel prix. Parce que, je le sais maintenant, elle est prête à tout pour me perdre.Je veux la détester. Vraiment. Mais il y a quelque chose dans sa manière d’être, dans cette confiance qu’elle dégage, qui me pousse à la comprendre, à la désirer encore plus. Elle joue avec ma volonté, el
Léo MorganJ’ai l’impression que tout est en train de s’effondrer autour de moi. Ce n’est plus une question de résistance ou de soumission, c’est une question de survie. Mais qui suis-je en train de devenir dans cette danse ? À chaque mouvement, chaque geste de Sasha, je me perds un peu plus. Chaque parole qu’elle prononce est un coup de marteau sur les fondations de ce que j’ai cru être ma vie. Une vie qui semble désormais être une illusion. Un voile que je commence à peine à percer, et pourtant, il y a quelque chose en elle, dans sa manière de m’observer, qui me fait comprendre que je ne suis plus qu’un pion dans une partie d’échecs dont les règles m’échappent.Je suis dans ma cellule, encore une fois. Cette fois, je ne lutte pas contre l’envie de fuir. Je ne me cache pas derrière une façade d’indifférence. Je suis complètement à sa merci, à la merci de ce jeu dans lequel elle me force à entrer, encore et encore. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que je me laisse faire ?Il y a cette
Léo Je me sens englouti par ses mots. Elle a raison, je le sais au fond de moi. Je ne contrôle rien. Et plus je tente de lutter, plus elle me prend. Chaque parole est un poison, chaque mouvement un piège. Et je suis là, piégé, dans l’attente de ce qui va venir.— Qu’est-ce que tu veux de moi, Sasha ? demande-je, une lueur de désespoir dans la voix.Elle prend une grande inspiration, comme si elle savourait le moment.— Tout, Léo. Je veux tout. Et quand tu seras prêt, tu m’appartiendras corps et âme. Mais pour ça… il faut que tu sois prêt à tout sacrifier.Je déglutis difficilement. Le choix qui s’offre à moi est aussi clair que le ciel d’une nuit sans lune : tout ou rien. Je dois faire un choix. Un choix qui changera ma vie à jamais. Et même si je sais que ce choix est déjà fait, même si je sais que je vais sombrer dans l’obscurité, je ne peux m’empêcher de me demander : est-ce que je vais réussir à en sortir intact ?Sasha, d’un dernier regard, m’emmène encore plus loin dans l’abîme
Sasha HarringtonLe bureau de Dalia reste dans mes pensées comme un décor figé, une scène de théâtre où je suis l’actrice principale sans même avoir choisi le rôle. Elle m’a laissée là, seule, à digérer la vérité qu’elle a imposée à ma réalité. Il y a des moments où l’on se sent soudainement perdu, comme si le sol sous nos pieds devenait trop incertain. Ce soir, je suis cette personne-là, celle qui ne sait plus à qui faire confiance.Je traverse les couloirs du complexe, mes pas résonnant contre les murs froids, presque comme un écho lointain de mes propres doutes. Il y a quelque chose d’assommant dans cette solitude, une pression grandissante qui me fait réfléchir à tout ce que je viens de découvrir. La corruption des gardiennes… Dalia, la directrice, les autres. Tout est relié, une toile invisible mais solide, tissée avec des fils de manipulations, de transactions, de faiblesses humaines. Et au centre, moi, qui croyait encore à un idéal. Qui croyait qu’il y avait un côté lumineux à
Éva LambertJe n'arrive pas à l'oublier. Léo. Chaque minute passée à ses côtés m'a laissé une marque, une empreinte sur l'âme, et malgré tout ce qu'on m'a dit, malgré les accusations qui pleuvent sur lui, je refuse d'y croire. Il n'est pas celui qu'ils décrivent, pas l'homme qu'on veut me faire voir. Léo, je le connais, au fond, je sais ce qu'il est capable de, mais je suis persuadée qu'il n'est pas coupable de ce dont on l'accuse. Il est… il est plus complexe que ça.Depuis notre dernière rencontre, je n’ai cessé de me tourmenter. Mais c’est une certitude : je dois agir. Je dois prouver son innocence, parce que dans mon cœur, je suis convaincue que tout ça est un piège. Mais comment prouver quelque chose qu’on ne peut pas voir ? Comment trouver une vérité qui semble se dérober à chaque tentative ?Aujourd'hui, je suis plus déterminée que jamais. Si quelqu'un peut bien découvrir la vérité, c'est moi. Je n'ai pas d'autre choix que de m'enfoncer dans ce dédale de mensonges et de manipul
Éva LambertLa vérité s’infiltre lentement, mais je sais qu’elle est là, tapie dans l’obscurité. Elle me glisse entre les doigts comme du sable, m’échappe dès que je crois la saisir. Mais je refuse d’abandonner. Parce que cette vérité, c’est la clé de tout. C’est la clé de Léo, de son innocence, et de l’ombre qui se cache derrière toute cette machination.Je suis dans la rue, mon téléphone dans la main, les battements de mon cœur résonnant contre mes tympans. Le vent souffle fort, emportant les feuilles mortes sous mes pieds. Il est tard, mais ma détermination n’a pas d’heure. Léo. Tout ce que j’ai découvert sur lui, sur les manipulations dont il est victime, tout me pousse à l’action. Mais je ne peux pas agir seule. Il faut que je trouve des alliés, des personnes qui partagent la même conviction que moi. Des personnes prêtes à risquer leur position pour la vérité.Je compose un numéro que je n'avais jamais osé appeler jusque-là. Celui de Gabriel Dufresne. Un ancien collègue, un ami,
ÉvaIl y a des moments où le monde semble ralentir, où chaque seconde devient un reflet d’un autre temps, d’une autre vie. Pourtant, ici et maintenant, dans cette pièce baignée par la lumière dorée de l’après-midi, tout se passe à une vitesse fulgurante. Les bruits de la rue s’estompent derrière les fenêtres, la vie continue à l’extérieur, mais ici, dans notre monde à nous, chaque mouvement, chaque pensée est calculée, précise. L’adrénaline de nos vies passées semble se dissiper, mais l’intensité, elle, demeure. Cette intensité silencieuse, palpable, qui flotte entre nous, une force qui nous pousse à avancer, encore et encore. Nous avons survécu à la tempête, à la rage des éléments, à la douleur. Mais ce n’est pas la fin. Non, c’est le début d’autre chose. D’une ère nouvelle.À mes côtés, Léo, toujours aussi calme et concentré, semble avoir trouvé sa place dans ce monde que j’ai reconstruit. Un monde que j’ai voulu solide, implacable, mais aussi, d’une certaine manière, plus doux. Il
ÉvaLes heures se sont glissées dans le silence, dissimulées dans l’ombre de ce que nous avons traversé. Le passé semble si lointain maintenant, presque irréel, et je m’étonne de voir à quel point il peut se dissiper lorsqu’on laisse place à l’instant présent. La ville autour de nous est silencieuse, comme si elle retenait son souffle, comme si elle savait que ce que nous vivons ici est plus grand que tout. Le vent léger de l’aube entre par la fenêtre, caressant ma peau. L’air est frais et pur, mais dans mon cœur, il n’y a plus que la chaleur de ce qui nous lie. Le monde tout entier semble avoir disparu, et il ne reste que lui et moi, dans cet espace intime, où le temps n’a plus d’emprise.Léo est là, adossé contre le mur, ses yeux rivés sur moi. La lumière douce de l’aube se joue de ses traits, éclairant chaque détail de son visage, chaque nuance de son expression. Dans ses yeux, il y a une calme certitude, comme s’il savait que tout ce qui comptait à cet instant n’était pas tout ce
ÉvaLes lumières de la ville brillent au loin, comme des étoiles égarées.Le vent de la nuit fait frissonner les rideaux.Il est tard, trop tard.Mais il n’y a plus de retour possible.Je regarde Léo, assis près de la fenêtre, les yeux perdus dans l’obscurité.Il est là, près de moi, mais tout semble si lointain.Nous avons traversé un océan de sang et de mensonges, et maintenant, l’eau est calme, trop calme.Un silence lourd comme un secret non dit.Tout est terminé, et pourtant, il reste quelque chose, un écho, un murmure d’un autre temps, une promesse que nous avons échangée.Je m’approche de lui, pose une main sur son épaule.Il sursaute à peine, mais je vois la guerre dans ses yeux.La guerre qui ne cesse jamais vraiment.Même quand les coups sont partis, même quand tout est fini.Éva – doucement« Léo, est-ce que tu penses qu’on peut réellement repartir de zéro ?Ou est-ce que tout ce qu’on a fait n’a été qu’un chemin vers un nouveau commencement ? »Il tourne son regard vers mo
LéoLa nuit est tombée en silence, comme une promesse de calme avant l’explosion.Dans le vieux bureau, les papiers sont éparpillés partout.Les dossiers sont maintenant prêts, les preuves rassemblées.L’odeur de l’encre, du vieux papier, et de l’adrénaline flotte dans l’air, imprégnant chaque recoin du lieu comme une alerte avant le départ.Éva n’a pas dit un mot depuis que nous avons commencé à rassembler les morceaux de l’empire.Mais je vois la tension dans ses gestes.Ses doigts effleurent parfois un document, puis se figent.Elle ne me le dit pas, mais je sais.Elle a la même peur que moi : que tout cela n’ait été qu’un rêve.Je m’arrête un instant, le regard plongé dans l’écran de l’ordinateur.Les premières informations sensibles sont en train d’être envoyées à l’adresse codée.Bientôt, le monde saura.Et à cet instant, tout ce que nous avons, tout ce que nous avons bâti – ou détruit – sera exposé à la lumière.Éva – voix calme mais sûre« Qu’est-ce qui nous attend, Léo ?Tu s
ÉvaIl y a quelque chose d’intime, de précieux, dans ce silence entre nous.Pas celui de l’évitement.Non.Un silence qui apaise, qui dit que l’on peut exister l’un à côté de l’autre sans crainte.Quand il se retourne enfin, il s’approche, prend une miette sur ma lèvre avec le pouce.Geste simple. Presque dérisoire.Mais je sens le poids des choses non dites dans son regard.Léo – bas, presque honteux« J’ai peur, tu sais. »Je ne bouge pas.Je ne réponds pas tout de suite.Je laisse son aveu suspendu dans l’air, comme une note fragile qui ne demande qu’à vibrer plus fort.Éva – doucement« Moi aussi. »Nos regards se croisent.Il y a de la peur, oui. Mais aussi une détermination nouvelle.On a déjà trop perdu.On a déjà trop brûlé.Alors maintenant, il ne reste que ce choix : avancer, ensemble.---LéoJe m’assieds en face d’elle, mes coudes sur la table, les mains jointes.Elle me regarde toujours.Pas avec pitié.Pas avec crainte.Mais avec cette lucidité brûlante qui m’a toujours
ÉvaLe soleil n’a pas encore franchi l’horizon.Pourtant, une clarté douce et chaude baigne déjà la chambre.Non celle du jour, mais la sienne.Sa chaleur, son souffle régulier dans mon cou, sa main qui repose encore sur ma hanche.Il dort.Et pour la première fois depuis si longtemps, son visage s’est détendu.Ses traits d’ordinaire tendus par la douleur ou l’inquiétude sont apaisés, presque juvéniles.Je me retourne lentement, veillant à ne pas rompre cette quiétude fragile.Je le contemple.Léo.Mon tumulte. Mon refuge.Ses cils frémissent, effleurent sa joue.Un soupir glisse de ses lèvres. Peut-être rêve-t-il.Peut-être de nous. Peut-être de rien.Je tends la main, effleure sa joue du bout des doigts.Il ouvre les yeux. Ils sont encore lourds de sommeil, mais leur éclat me frappe comme une évidence.Léo – voix rauque, veloutée par la nuit« Tu es encore là. »Je hoche la tête.Je ne réponds pas.Ce silence contient plus d’engagement que n’importe quelle promesse formulée à voix h
LéoJe croyais que j’aurais plus de temps.Mais à peine deux jours se sont écoulés que déjà, les ombres de mon monde remontent à la surface.Le téléphone vibre. Trois fois. Toujours le même numéro.Celui de mon père.Je n’ai pas décroché.Pas encore.Mais je sens que ça approche. Que le moment vient.Éva est dans la pièce d’à côté.Elle trie des papiers, fait semblant de ranger.Depuis qu’on s’est retrouvés, tout est fragile.Chaque mot pèse. Chaque geste est une promesse silencieuse qu’on n’ose pas encore prononcer à voix haute.Et pourtant, elle est là.Présente.Belle dans ses silences.Je m’approche. Je pose ma main sur sa nuque.Léo – bas« Je dois lui parler. »Elle ne se retourne pas.Éva – calme« Je sais. »---ÉvaJe le sens reculer.Même quand il s’avance vers moi.Il pense que je vais le retenir.Mais ce n’est pas ce qu’il me faut.Je ne veux pas d’un homme qui fuit.Je veux quelqu’un qui reste debout. Même quand tout vacille.Alors je me tourne.Je l’embrasse doucement su
LéoLe train file à travers la campagne.Le paysage défile si vite que j’en ai mal à la tête.Mais je ne détourne pas les yeux.J’ai quitté le manoir cette nuit.Pas un mot. Pas un bruit.Je n’ai pris que l’essentiel : la lettre de ma mère, les documents, et la bague qu’Éva a oubliée sur ma table de chevet un matin où elle était pressée.Elle croyait que je ne l’avais pas vue.Mais je l’ai gardée.Parce qu’elle sentait encore sa peau.Je ne sais pas ce qui m’attend.Mais je sais ce que je laisse derrière.Et je n’ai aucun regret.J’ai tout dit au journaliste.Tout.Les noms. Les comptes. Les morts qu’on a voulu faire taire.Il a promis de publier. De tout dévoiler.Moi, je n’ai rien demandé.Pas de reconnaissance. Pas de pardon.Seulement… que ça s’arrête.Que le silence cesse de couvrir les hurlements.Je pense à elle.À Éva.À la façon dont elle me regardait quand je pensais ne plus rien valoir.À sa patience. Sa colère. Son absence de jugement.Je me suis brûlé à son amour.Mais c’
ÉvaDeux jours.Quarante-huit heures à regarder les aiguilles tourner, à guetter les messages qui ne viennent pas, à remplir les silences avec des souvenirs qui font plus mal qu’ils ne réconfortent.Je fais semblant d’avoir une vie. Je vais au travail, je ris aux blagues de collègues dont je n’entends pas les mots, je rentre chez moi comme si c’était normal.Mais je ne suis plus là. Je suis ailleurs.Là où il est.Ou là où il n’est plus.Le café n’a plus de goût.La musique m’agace.Je n’écoute que les battements irréguliers de mon propre cœur, comme s’il me rappelait chaque minute que Léo me manque. Que tout en moi le réclame.Je dors mal. Les nuits sont pleines de rêves troués.Je me réveille en sursaut, persuadée de l’avoir entendu frapper à la porte.Mais il n’y a que le vent. Et le vide.Le mot qu’il a laissé… je l’ai relu cent fois.Je le garde plié dans mon livre préféré, au creux d’un chapitre sur les départs.Ça me semble ironique. Cruel, même.Et puis ce matin, la lettre.Gl