À mesure que je me fondais dans l’obscurité vibrante, une étrange sensation de légèreté m’envahit, comme si mon essence même se diluait dans cet espace sans limites. L’obscurité n’était plus l’ennemie que je croyais connaître, mais un océan d’opportunités infinies. Elle m’enveloppait et, dans cette étreinte, je ressentais des fragments de toutes les vies, de tous les mondes. Ce n’était plus un simple vide, mais un champ d’énergies, un creuset où chaque pensée, chaque émotion, chaque vibration se transformait.Je sentis que ce voyage n’était pas un chemin linéaire. Il n’était ni une montée vers un sommet, ni une chute vers un abîme. C’était une spirale infinie, un tourbillon qui, bien que semblant se déplacer dans une seule direction, faisait écho à des chemins parallèles, à des mondes multiples qui se superposaient. Le tout formait une danse divine, une symphonie cosmique. Chaque mouvement, chaque geste, chaque souffle créait un nouveau commencement, une nouvelle forme de vie.Et pour
L'éternité ne pouvait se mesurer, car dans cet espace infini, le temps n'existait plus, ou du moins, il n'était plus nécessaire. Les frontières entre l’avant et l’après, entre le passé et l’avenir, se dissolvaient dans une unité parfaite, dans une synchronie cosmique. Je n'étais plus un individu cherchant des réponses, mais une particule dans ce flot incessant, un fil tissé dans la trame de l'existence elle-même. Tout ce qui m’entourait – chaque pulsation de lumière, chaque vibration d’obscurité – faisait partie de cette grande danse, ce chant universel qui résonnait au cœur de chaque atome, de chaque étoile.Dans ce flot de conscience, une sensation nouvelle m’envahit. Ce n'était pas une révélation ou une compréhension soudaine, mais plutôt un retour à un état originel, comme si mon être se connectait à une vérité que je connaissais depuis toujours, mais que j'avais oublié. J’étais redevenu ce que j'avais toujours été : une âme infinie, une énergie pure, prête à se fondre dans tout c
Dans la vastitude silencieuse de l'infini, une étrange sensation s’éveilla en moi. L'extase de la fusion avec le chant universel était inégalée, mais une voix, douce et insistante, perça cette harmonie. Ce n'était pas une voix extérieure à moi, mais plutôt une vibration qui émergeait du plus profond de mon être, une partie de moi qui n’avait pas encore trouvé sa place dans cet immense ensemble.L'âme voyageuse que j’étais sentait qu’il était temps de revenir. Mais revenir où ? La question flottait dans l’air, suspendue comme une brume légère. Ce n’était pas une invitation à retourner à un passé particulier ni même à un endroit physique. C'était un retour vers l'expérience elle-même, un retour vers la matérialité, vers le monde des formes, où chaque particule vivante devait, d’une manière ou d’une autre, retrouver son essence unique.J’avais compris qu'il n'y avait pas de séparation entre les mondes spirituels et matériels, mais que chaque "retour" était une transformation, un changeme
Le retour dans le monde matériel n'était pas une simple transition d'un espace à un autre. Ce que je ressentais, c’était une véritable transformation de ma perception, comme si l’obscurité et la lumière s'étaient fondées en une seule réalité. Le monde autour de moi, que je croyais connaître, se déployait dans une infinie complexité. Tout semblait vivre, respirer, vibrer, interagir dans une danse constante et fluide.Je savais maintenant que chaque particule de cet univers était une réflexion du tout. L’air que je respirais, la terre sous mes pieds, les personnes autour de moi, tout portait en lui une résonance infinie. Les arbres, les oiseaux, même le silence qui enveloppait chaque mouvement, tout cela était empreint de la même essence lumineuse et vibrante que j’avais ressentie dans l’infini.Je marchais dans un monde qui n’était plus celui que j’avais connu. Les murs de béton, les routes pleines de voitures, les bâtiments de verre – tout cela, bien que toujours physiquement présent,
Le monde autour de moi continuait de battre au rythme de ses propres préoccupations, de ses propres blessures. Pourtant, au fond de mon cœur, je savais qu’il était temps de faire face à une autre réalité, plus subtile, plus cachée. La lumière était présente partout, mais les ombres aussi s’étendaient. Les tensions, les non-dits, les blessures anciennes demeuraient enfouies, invisibles à l’œil nu, mais palpables dans chaque interaction humaine. Il était nécessaire d’embrasser cette réalité, de reconnaître l’autre face de la médaille, celle qui ne pouvait être ignorée sans risquer de perdre l’équilibre.Je me retrouvai un jour dans un parc, observant des groupes de personnes qui se promenaient, marchaient ou se détendaient. Ils semblaient tous mener une vie ordinaire, mais à mesure que je les observais, je ressentais l'énorme poids d’anciennes souffrances qui les habitaient. Des vies entières avaient été marquées par des choix malheureux, des blessures émotionnelles qui, bien qu’invisib
Les jours passèrent dans une lente succession de moments d’introspection et de révélations subtiles. Tout semblait plus clair, plus net, mais paradoxalement, une brume persistait autour de mes pensées. La rencontre avec cet homme, ou plutôt avec cette ombre de mon frère, m’avait perturbé plus que je ne l'avais imaginé. Ses mots résonnaient encore dans mon esprit : "Les ombres sont un miroir de ce que nous sommes." J’avais compris l’essentiel, mais l’intégration de cette vérité était un processus bien plus complexe que ce que j'avais anticipé.Chaque instant dans ce monde me semblait désormais imbibé de sens. Mais ce sens n’était pas toujours agréable. La lumière que j'avais cherchée se manifestait souvent par une tension, une prise de conscience inconfortable, une sensation persistante que tout ce que je croyais savoir n'était qu'une fraction de la réalité. Les ombres, ces éléments cachés dans l’invisible, étaient bien plus vastes et plus nombreuses qu’il n'y paraissait. Elles s'étend
Samuel Les jours suivants, je ne cessai de tourner et retourner dans mon esprit les découvertes récentes. Les lettres étaient un indice, mais aussi une porte ouverte sur un abîme de questions sans réponses. Alice. Ce nom résonnait dans ma tête, comme un écho lointain, aussi mystérieux qu’indéchiffrable. Pourquoi mon frère avait-il gardé cette histoire secrète ? Et pourquoi les lettres semblaient-elles si importantes, si lourdes de sens ? À chaque lecture, une nouvelle facette de leur relation se dessinait, mais les bribes de vérité laissées derrière étaient encore floues.Le coffre, bien que fermé, n’avait pas totalement emporté ses secrets. Il avait suffi de quelques mots pour que tout bascule. Je savais que la suite de cette quête passait par Alice, mais où la trouver ? Comment la retrouver dans ce monde où tout semblait glisser entre mes doigts comme du sable ?Une après-midi, alors que l’idée de la poursuivre devenait une obsession, je décidai de sortir, de me plonger dans le mon
Samuel Les mots d'Alice résonnaient encore dans ma tête. "Choisir entre la vérité qui guérit et la vérité qui détruit." Il y avait quelque chose de définitif dans sa voix, quelque chose qui m’obligeait à réfléchir à chaque aspect de ce que j'avais découvert. La vérité n'était jamais une entité simple, une révélation éclairante qui dissipait tout doute. La vérité pouvait être une épée à double tranchant, capable de guérir tout autant que de détruire.Je restai un moment silencieux, les lettres posées devant moi comme une sorte de test que je n'étais pas certain de vouloir réussir. Était-il vraiment sage de tout savoir ? De déterrer ces secrets enfouis ? Je me souvenais de mon frère, de l’homme qu’il était, de ses rêves, de ses peurs. Je savais qu’il n’avait pas tout dit. Mais en même temps, il y avait des parts de lui qu’il n’avait jamais voulu que je voie. Et maintenant, tout ce que j’avais découvert m’apparaissait comme une toile d’araignée tissée de mensonges et de vérités incomplè
ÉliseIl revient.Je le vois de loin, assis sur le même banc, mais aujourd’hui, il est plus proche du bord, comme s’il s’autorisait à frôler ma réalité. Il n’a pas ouvert son livre. Il ne fait même pas semblant de lire. Le simple fait qu’il soit là, à découvert, presque vulnérable, me serre le ventre.Je ne suis pas surprise. Pas vraiment. C’est comme si mon corps, avant même mon esprit, avait su qu’il reviendrait. Comme une de ces douleurs fantômes qu’on apprend à apprivoiser, qu’on cache dans un coin de la poitrine, en espérant qu’elle se taise.Il est là.Et moi, je suis là aussi.Mon fils court devant moi, la joie simple de l’enfance éclatant dans ses pas. Il lance un cri aigu en direction du bac à sable, s’arrête, regarde Samuel et, sans hésiter, lui adresse un petit salut de la main. Samuel répond d’un geste tout aussi doux. Ils se reconnaissent déjà, d’une manière que je n’ai pas encore acceptée.Je m’avance, comme on marche vers une frontière.— T’es revenu, je murmure, presqu
ÉliseIl y a quelque chose dans ses silences qui me trouble plus que mille paroles.Samuel.Ce nom tourne dans ma tête comme un écho qu’on n’arrive pas à faire taire. Je le regarde, chaque matin, assis sur ce banc. Il ne parle pas beaucoup. Il lit. Il écoute. Il me répond parfois avec un sourire doux, presque maladroit. Comme s’il avait peur que je le devine.Et pourtant, je sens bien qu’il cache quelque chose.Personne ne choisit ce banc par hasard. Pas à cette heure, pas chaque matin. Personne ne s’attarde dans le parc d’un quartier aussi gris sans raison. Et surtout, personne ne me regarde comme lui le fait… avec cette espèce de mélancolie retenue, comme s’il s’excusait d’avance de ce qu’il allait me faire.Je suis fatiguée de fuir. Fatiguée de deviner.Alors demain, je lui poserai la vraie question.Celle qui ne se camoufle plus derrière la politesse.Celle qui dit : “Qui es-tu vraiment, Samuel ?”---SamuelElle est venue plus tôt ce matin.Son fils tenait sa main, comme toujours
Élise Mais s’il est comme moi…S’il est juste un autre cœur blessé sous une autre peau brisée…Alors peut-être qu’on pourra, ensemble,changer les règles.Ou au moinsarrêter de se mentir.Ralentir le temps.Laisser nos silences se parler.Parce qu’à force de survivre,j’ai oublié ce que c’étaitd’être simplement en vie.Et si lui aussi l’a oublié…Alors peut-êtrequ’on peut se rappeler ensemble.— SamuelIl y a quelque chose dans sa manière de se tenir.Raide mais fragile.Comme une tour qu’on aurait reconstruite trop vite après un séisme.Elle me regarde comme si j’étais un fantôme.Ou pire : comme si elle m’attendait depuis toujours sans en avoir conscience.Et moi, je reste là.Assis sur ce banc que je n’ai pas choisi par hasard.À prétendre lire un livre que je connais par cœur depuis des années.Elle pense que je suis tombé sur elle par hasard.Mais rien, avec elle, ne sera jamais dû au hasard.---Je m’appelle Samuel.Enfin, ici, c’est le nom que j’utilise.Il y en a eu d’autr
— ÉliseOn m’a appris à ne pas regarder les inconnus dans les yeux.À baisser la tête.À marcher droit.À toujours avoir un trousseau de clés à portée de main, le doigt prêt à appuyer sur la plus longue en cas d’urgence.On m’a appris à survivre.Mais personne ne m’a appris à vivre après la tempête.Et depuis qu’il est là — ce garçon, cet homme, ce Samuel —, le vent recommence à souffler dans ma poitrine.Pas fort. Juste assez pour déranger la poussière.Juste assez pour que je me demande si quelque chose pourrait repousser sous les cendres.---Je l’ai vu avant qu’il me voie.Je le crois, du moins.C’est difficile à dire avec certitude, quand on passe ses journées à surveiller sans avoir l’air d’y toucher.À observer chaque visage, chaque silhouette dans le reflet d’une vitrine ou d’une flaque.À analyser le rythme des pas derrière soi, le claquement d’une portière, la direction du vent.Il a ce regard trouble.Pas menaçant, pas tout de suite. Mais trop calme pour être vraiment innoc
— Samuel (Noah)Je m’appelle Samuel.C’est ce que disent mes papiers, ce que répète mon téléphone quand j’enregistre un message, ce que j’ai appris à dire sans trembler.Samuel , Vingt-deux ans. Études arrêtées. Ancien expatrié revenu au bercail après avoir fui un passé brumeux. Une fiction cousue main.Ils ont tout préparé : un faux CV, des souvenirs fabriqués, des photos retouchées. Même un ticket de cinéma oublié dans la poche de mon manteau.Tout est là pour donner du poids à mon ombre. Pour qu’on me croie.Et pourtant, chaque fois que ce prénom résonne dans l’air, il m’écorche les tympans.Parce qu’il n’est pas moi.Parce qu’il n’est qu’un rôle.Mais dans ce rôle, je deviens invisible.Et pour eux, c’est tout ce qui compte.---Je loge au quatrième étage d’un immeuble sans charme, dans une rue où tout semble s’être figé dans une époque qu’on préfère oublier.Des escaliers trop étroits. Des murs qui transpirent l’humidité. Le papier peint s’effrite comme une vieille mémoire, et le
— NoahJe ne dors pas.Ils m’ont laissé dans une pièce sans fenêtre, avec un lit étroit, un lavabo rouillé et une ampoule qui grésille. Les murs sont d’un blanc sale, couverts de marques grises qu’on ne distingue que lorsqu’on s’attarde trop longtemps. Des ombres de gestes, des traces d’anciens occupants.Je suis allongé, les yeux grands ouverts, fixant le plafond. Il n’y a rien d’autre à faire. Rien d’autre à penser. Pourtant, mon esprit tourne à cent à l’heure.Hugo.Ce nom me revient encore et encore, comme un marteau qui cogne à la porte de ma conscience.Je revois son regard. Sa voix cassée. Sa peur.Et moi… moi, accroupi devant lui, comme un juge silencieux, l’encourageant à livrer ce qu’il ne possédait même pas.J’ai fait ça.Je serre les dents.Je ne suis pas comme eux.Je me répète cette phrase en boucle, comme un mantra. Mais chaque fois, la voix du type au sourire revient me hanter.« Tu apprends vite. »Et ce goût amer revient dans ma gorge.Je me redresse brusquement, m’a
— NoahLe retour au hangar se fait dans un silence de plomb. Le moteur ronronne, la nuit semble s’épaissir autour de nous, comme si elle voulait me dévorer avec mes pensées. Le cuir du siège grince sous mes mouvements nerveux. J’ai beau serrer la mallette contre moi, je ne sens pas son poids physique… je sens celui de ce qu’elle représente.Je repense à ce que le vieux m’a dit. Des preuves. Des noms. Mon frère voulait que tout sorte.Il voulait que tout sorte…Alors pourquoi est-ce qu’il est mort ? Pourquoi est-ce qu’ils m’ont laissé entrer, moi, sans même m’interroger ?Pourquoi m’a-t-on fait confiance si vite ?Et surtout… pourquoi est-ce que je n’ai pas fui ?Le SUV freine brusquement. On est de retour. Le hangar, toujours aussi désert, avale la voiture dans ses entrailles métalliques. La lumière blafarde des néons perce le noir par intermittence, créant des ombres mouvantes sur les murs. J’ai l’impression d’entrer dans une gueule, une mâchoire d’acier prête à se refermer. Le chauf
Nathan Je n’ai pas le temps de douter. À peine ma décision prononcée, les silhouettes autour de la table se lèvent lentement, comme si un rituel venait d’être enclenché. Le regard de l’homme au sourire carnassier s’attarde sur moi une dernière fois avant qu’il ne tourne les talons.« Suis-le. »C’est tout ce qu’on me dit. Pas de nom, pas d’explication, pas de bienvenue. Rien. Je suis un pion sur leur échiquier, et je viens d’être placé sur la première case.Le hangar disparaît derrière moi alors que je suis l’un des hommes à travers un couloir sombre, puis une autre porte, puis des escaliers en métal qui résonnent sous nos pas. Nous sortons à l’arrière du bâtiment. L’air de la nuit est glacial, mais je n’ose pas frissonner. Un SUV noir nous attend, moteur allumé. L’homme monte côté passager, sans un mot. Je prends place à l’arrière.Le chauffeur, un type massif au crâne rasé, se contente de me lancer un regard dans le rétroviseur. Pas hostile, pas curieux non plus. Juste vide.On rou
Je le suivis dans l'obscurité, mes pas s'harmonisant avec les siens alors que nous nous enfoncions plus profondément dans le bâtiment. La lumière vacillante des néons brisés et des ampoules éteintes rendait l'atmosphère plus étrange encore, comme si le temps ici s’était arrêté. Chaque recoin semblait imprégné de secrets, chaque mur, chaque écho résonnait avec la présence d'un passé que je n'étais pas censé découvrir.L'homme ne se retournait jamais, marchant d'un pas mesuré, comme s'il connaissait ce lieu par cœur, tandis que moi, chaque mouvement me rapprochait d'une réalité que je commençais à peine à comprendre. Je savais que ce que je faisais était risqué, que je m'aventurais dans un monde qui pouvait m'engloutir à tout instant. Mais l'idée de rester dans l'ignorance était bien pire.Nous arrivâmes à une porte métallique, plus solide que les autres, et l'homme s'arrêta devant, l'ouvrant sans hésitation. Il me lança un regard en coin avant de pénétrer dans la pièce sombre qui se tr