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last update Last Updated: 2024-11-30 11:46:57

Étudiant attentivement le sol, je cherchai des parcelles de boue, de racines et des branches d'arbres qui pourraient me faire trébucher ou tomber. Malheureusement, cela me ralentit, mais c'était légèrement plus sûr que de me casser la gueule. Une raison supplémentaire d'être restée proche de la route, il y avait un sol plus stable.

La pente vers le bas m'aida à courir plus vite. Les branches d'arbres coupèrent mes bras, provoquant des saignements, mais rien pour me décontenancer. Je sentis à peine la brûlure et la piqûre, mais ce qui fut trop simple à soupçonner c’était que j'étais leur putain de proie. Quelque chose qui mit en colère, à la fois mon loup et moi.

Leurs bruits de pas devinrent plus forts, m'alertant du fait qu'ils me rattrapaient. Ils étaient plus grands que moi, alors la gravité jouait en leur faveur.

Je n'avais pas bien réfléchi au plan, mais la rivière se rapprochait.

Du moment que je l'atteignais avant qu'ils regagnent leur retard, je devrais être bonne. Mon plan consistait à aller sous l'eau et à nager aussi longtemps que possible pour qu'ils me perdent de vue et égarent mon odeur.

— Je l’aperçois, cria l'un d'eux, beaucoup trop proche pour que ce fût confortable.

Ignorant l'envie écrasante de regarder par-dessus mon épaule, j'avançai.

De l'eau trouble apparut entre les arbres alors que j’entrevoyais la Rivière Tennessee. L'eau ne semblait pas bouger rapidement, mais c'était trompeur. Au printemps, il y avait tant de pluie que le courant était violent. Heureusement, la partie en bas ne présentait pas un flux abondant. Les bateaux restaient majoritairement plus au nord, alors ce n'était pas risqué de nager par là.

La respiration de mes attaquants était si forte que je pouvais dire qu'ils étaient presque sur moi. Si les choses ne changeaient pas de manière drastique, ils m'attraperaient avant que j'atteigne la rivière.

Je n'avais pas couru plus de neuf kilomètres pour être capturée maintenant.

Me concentrant sur mon but, je fis attention au vent et je me pressai le cul, n’étant plus vigilante de mon équilibre. Je mis mes bras sur mes flancs, essayant de faire bouger plus rapidement mes pieds.

Alors que j'atteignais la rive, le paillis donna place à des pierres vaseuses, et je bondis.

— Non, cria un gars alors que quelque chose attrapait ma cheville droite.

Tournant mon corps sur la droite, j'utilisai mon pied gauche pour frapper le voyou au visage. Sa tête fit un mouvement brusque vers l'arrière et son emprise sur moi se desserra.

Je tombai sur le dos, très près de l'eau, ma tête pendant au bord de la berge. Je levai ma tête pour voir les neuf hommes me traquant à quelques mètres seulement de moi.

Si je ne faisais pas quelque chose, ils s’empareraient de moi avant que j'atteigne l'eau.

Le gars que j'avais frappé était assommé, alors je le franchis et attrapai son pistolet. Je détestai utiliser des flingues, mais dans l’immédiat, c'était nécessaire. Je me mis debout et tirai sur le reste des hommes, trop proches à mon goût.

— Mettez-vous à couvert, hurla l'un d'eux alors que les neuf se dispersaient.

J'attendis une seconde avant de tirer une nouvelle fois, conservant un rythme aléatoire dans l'espoir qu'ils attendraient pour s'assurer que j'avais fini de tirer, avant de se précipiter à nouveau derrière moi.

Pas loin, la rivière faisait une courbe brusque. Si je pouvais retenir assez longtemps mon souffle, je pouvais encore les semer. Après quelques tirs aléatoires supplémentaires, je m'accroupis pour qu'ils ne puissent pas avoir un bon visuel. Je tirai encore une fois puis laissai mes instincts naturels prendre le dessus. Je me renversai en arrière et percutai l'eau, les pieds en premier, sombrant sous la surface, et je nageai aussi vite que je le pus, utilisant le courant à mon avantage.

Je nageai plus profondément, espérant en plus que l'aspect trouble de l'eau subsistant des tempêtes me cacherait. Quelques bulles frappèrent ma jambe, m'informant qu'au moins certains d'entre eux avaient sauté, mais que j'avais gagné un peu de distance.

Nager était l'un de mes passe-temps favoris, quelque chose dont j'étais reconnaissante pour le moment alors que je battais des pieds dans le courant, aussi fort que je le pouvais pour aller aussi loin devant que possible. Mes poumons commencèrent à brûler, demandant de l'oxygène. J'expirai un peu, tentant de prolonger le temps avant d'avoir inévitablement besoin de refaire surface.

Après quelques coups supplémentaires, je dus sortir. Essayant d'être prudente, j'autorisais uniquement le haut de mon visage à percer l'eau, espérant rester cachée.

— Regardez, elle est là, hurla l'un d'eux.

Merde.

Je m'immergeai une nouvelle fois et laissai la panique me porter plus fortement qu'avant. Je ne pouvais pas leur permettre de m'attraper. Si je le faisais, alors toutes les vies sacrifiées pour moi auraient été en vain.

Je ne pouvais pas vivre avec ça.

À chaque mouvement de bras, je m'attendais à être agrippée, mais cela n'arriva pas... du moins, pas encore.

Je nageai en diagonale, espérant récupérer un courant plus fort. Quand mes poumons commencèrent à nouveau à crier, l'eau se pressa contre mon dos, me propulsant en avant.

Bien, mais j'avais besoin de renflouer ma réserve d'air.

J'attendis aussi longtemps que je le pus avant que mes instincts prennent le dessus et mes bras me poussent vers la surface. Néanmoins, le courant ne me relâchait pas, et j'étais trop faible pour le franchir.

La panique s'empara de mon organisme et mon cerveau devint étourdi. Si je ne me ressaisissais pas, je coulerais. Rapidement, je me renversai sur le dos et étirai mon corps, les pieds en premier. Tous les articles que j'avais lus à propos de la sécurité en rivière, disaient de flotter avec la tête contre le courant et les jambes vers le bas. Être à l'horizontale par rapport à l'eau devrait aider, du moins légèrement.

Étonnamment, se mettre dans cette position fut facile une fois que je n'essayai pas de percer.

Quelque chose frôla ma main et je l'agrippai. Pour ce que j'en savais, je pouvais tenir la main d'un corps, mais j'étais suffisamment désespérée pour mobiliser tout ce qui était disponible à mon avantage. Heureusement, c'était un rondin. Je le tirai d'un coup sec vers moi avec le peu d'énergie que j'avais encore. Les bords de ma vision commencèrent à s'assombrir, et je poussai la potentielle bûche vers le lit de la rivière, essayant de l'utiliser pour me propulser vers le haut.

L'élan me décala du courant, et quand je perçai la surface de l'eau, j'aspirai une bouffée d'air. Ma tête était toujours confuse et je fis le tour de moi-même, cherchant les connards qui m'avaient mise dans cette situation, pour débuter. Une grande branche d'arbre flottait à côté de moi, alors que je lançai mes bras dessus, plus assez forte pour demeurer à la surface par mes propres moyens.

Mes yeux devinrent lourds d'épuisement. Luttant pour rester consciente, je tendis la tête dans toutes les directions, mais ne vis pas les crétins.

J'étais en sécurité pour le moment, alors je posai ma tête et mon corps sur la branche du mieux que je le pus et fermai les yeux pour me reposer un instant.

 

   

Un bras s'enveloppa autour de ma taille, poussant mon cœur à toute allure et accélérant ma respiration. J'ouvris les yeux et réalisai que l'abrutie que j'étais s'était endormie. Je n'avais aucune idée du laps de temps, mais c'était manifestement assez long pour qu'ils me rattrapent.

Je ne desserrai pas la branche et percutai l'estomac du connard avec mon épaule.

— Lâchez-moi !

— Whoa, s'exclama une voix grave, et puis elle grogna. Tu vas te noyer. J'essaie de te sauver.

Sa prise autour de ma taille se détendit.

Pensait-il que j'allais vraiment me faire avoir par ça ? Il ne sentait pas le mensonge, mais cela ne voulait pas dire qu'il avait de bonnes intentions.

Puisqu'il était distrait par l'affection de son estomac, je lui donnai un coup de tête avec l'arrière de mon crâne. Un craquement écœurant m'informa que j'avais cassé quelque chose.

— Putain ! se plaignit-il alors qu'il poussait le rondin vers la berge.

Mes jambes entrèrent en contact avec le lit de la rivière et je mis du poids dessus avant de retomber dans l'eau avec de grandes éclaboussures.

— Hé, attends, dit le mec alors qu'il nageait vers moi.

— Reste en arrière.

Avec des mains tremblantes, je dégainai mon couteau de son fourreau et le tint devant moi en lançant des regards furieux.

— Je te ferai du mal.

— Manifestement, dit-il en faisant un geste en direction du sang se déversant de son nez. Tu l'as déjà fait.

Des gouttes d'eau tombèrent de ses courts cheveux noirs et dégoulinèrent sur son haut précédemment bleu ciel et son jean. La chaleur des yeux chocolat noir me fit perdre ma concentration, et ma main chuta de quelques centimètres. Il avait l'odeur musquée d'un métamorphe, mais il était sous sa forme humaine.

Il ne portait pas de noir, mais il pouvait tout de même être l'un d'entre eux, m’importunant. Je n'avais aucune idée du temps où j'avais été absente, et il aurait pu changer de tenue et me rejoindre.

Je levai mon menton et présentai le couteau.

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