C’est sur ces mots que je rentre dans ma chambre avant qu’il ne puisse dire un mot de plus.**************************************************************Beaucoup de choses ont changé depuis que j’ai quitté la maison de Kaïs.Mes matinées ne se résument plus à me dépêcher d’aider les domestiques à préparer son repas tout en me préparant moi-même à partir avant lui, en tant que secrétaire dévouée. Je n’ai plus à vérifier anxieusement le calendrier pour calculer quand viendra la prochaine visite de sa mère. Je n’ai plus à me parler à moi-même, sachant qu’il ne m’écoute pas mais fait semblant de le faire.Bref, ma vie n’est plus dédiée à Kaïs et je ne peux pas souligner assez à quel point il est bon de se réveiller sans cette anxiété et cette douleur omniprésentes. Mon soulagement ne dure pas car alors que je me lève du lit ce matin et que je saisis mon téléphone, son nom apparaît sur l’écran. Il n’a pas arrêté d’essayer de m’appeler depuis que je suis partie, je l’ai parfois éteint.Je
CHAPITRE SEIZEPDV DE TIMOTHÉEHonorer la promesse que j’ai faite à Lucie signifie mettre de côté toutes les autres choses qui nécessitent mon attention aujourd’hui, juste pour ramener à la raison l’égoïste galapiat que j’appelle mon neveu.Mes deux premières tentatives de le joindre par téléphone et de lui rendre visite à son bureau ont échoué, je ne peux que me rendre au seul autre endroit où il pourrait être : sa maison.Lorsque je suis coincé dans les embouteillages à mi-chemin de chez lui, cela me donne le temps de gérer mes émotions et de contenir ma colère, car franchement, je veux faire plus que simplement lui faire entendre raison. Je voudrais nous enfermer tous les deux dans une pièce juste pour pouvoir lui donner la raclée pour la trahison flagrante de l’amour, de la confiance et de la loyauté de Lucie.Bon sang, j’attends avec impatience de le frapper depuis le jour où j’ai vu Lucie pleurer toute seule sur la tombe de sa grand-mère. L’image parfaite d’elle que j’ai toujours
Héloïse me traîne avec elle dans la maison.« Que se passe-t-il ? » Je demande dès qu’elle me lâche.« Le mariage de Kaïs, tu dois lui en parler. »Bien sûr, Héloïse sait ce qui se passe.« Écoute, si tu comptes me demander de le convaincre de ne pas signer ces papiers de divorce, alors... »Le visage d’Héloïse se plisse avant que je ne puisse terminer ma phrase. « Quoi ? Non ! Je me moque de cette fille vulgaire qui ne cherche que l’argent. En fait, je suis ravie qu’elle soit enfin hors de la vie de mon fils. Elle ne le méritait pas et il est sur le point de perdre la seule femme qui le mérite vraiment, parce qu’il ne peut pas oublier cette vulgaire ! »Entendre ma sœur parler de Lucie de manière si dégradante me fait bouillir de colère. C’est ce que Lucie a dû endurer toutes ces années ? Je sais qu’Héloïse peut être difficile, mais je n’aurais jamais pensé qu’elle traiterait Lucie si terriblement.Je ne réagis pas à ses mots, et je suis content que ma sœur et moi soyons sur la même l
PDV DE LUCIELa douleur est la première chose que je ressens dès que ma conscience me revient.Elle ne fait pas de quartier, traversant chaque articulation, chaque muscle et même la peau, me rendant complètement désorientée sur la surface sur laquelle je sens mon corps se tortiller. Mes yeux s’ouvrent et se ferment à plusieurs reprises dans une tentative de chasser à la fois la douleur et ma vision trouble. Cependant, je ne réussis qu’à avoir une vision plus nette tandis que mon corps continue de se noyer dans la douleur intense.Alors que je prends connaissance du monde qui m’entoure, mes souvenirs me reviennent aussi. Kaïs a demandé à me voir seule, car c’était le seul moyen pour lui de signer les papiers du divorce. J’attendais dans cet entrepôt vide quand j’ai été acculée, attaquée et assommée par trois hommes costauds.Il semble que mon corps inconscient ait été traîné dans cet entrepôt sombre et vide, dont la seule source de lumière est la lueur de la lune filtrant à travers les
PDV DE LUCIELes larmes coulent à flots sur mes joues, mes efforts pour me libérer deviennent encore plus vains et dans ce que je crois maintenant être mes derniers instants, les mots de Roche refont surface dans mon esprit. Il a dit que je m’étais opposée à quelqu’un de plus puissant que moi, c’est pour cela que je vais mourir.La seule personne à laquelle je peux penser est Kaïs.Je ne sais pas ce qui me brise plus le cœur, le fait que je vais mourir ici sans que personne ne le découvre ou parce que Kaïs, l’homme que j’ai aimé pendant la majeure partie de ma vie, a ordonné ma mort. Comment a-t-il pu ? Je sais qu’il ne m’a jamais aimée mais je n’aurais jamais pensé qu’il soit capable d’aller aussi loin. Il préfère me laisser mourir plutôt que de divorcer ? Comment peut-il être si cruel jusqu’à la fin ?Je ressens maintenant plus de douleur dans mon cœur que dans mon corps. Alors que le feu grandit, la fumée s’infiltre dans mes narines comme un poison. Ma vision commence à se brouiller
PDV DE KAÏSIl y a quelque chose d’inhabituel dans l’atmosphère de l’entreprise aujourd’hui. Alors que je traverse le hall pour aller jusqu’à l’ascenseur, les employés s’écartent sur mon passage comme ils l’ont toujours fait, mais je ne peux m’empêcher de remarquer le regard étrange dans leurs yeux. Il est également difficile de ne pas entendre leurs chuchotements qui parviennent à mes oreilles sous forme de murmures inintelligibles.Paul, mon assistant, marche juste derrière moi et quand la porte de l’ascenseur se ferme avec nous à l’intérieur, je me tourne pour lui demander :« As-tu remarqué quelque chose d’étrange chez les gens de l’entreprise aujourd’hui ? »Paul secoue la tête. J’acquiesce, balayant cela d’un revers de la main, comme un autre de ces jours où je suis extra-sensible à cause de Lucie et de ce fichu divorce qui plane au-dessus de ma tête. Bon, pourquoi mentir ? Ce n’est pas « un » de ces jours, c’est plutôt tous les jours. Je me réveille chaque jour de mauvaise hume
PDV DE KAÏSDans le hall d’entrée, les employés me regardent de la même façon que tout à l’heure, quand je m’efforce simplement de garder une démarche posée en sortant du bâtiment. Je ne sais même pas où je vais, je sais juste que je veux sortir d’ici. Je veux retrouver Lucie. Je trouve ma voiture et la démarre, mais Paul se place devant moi pour m’arrêter.« Monsieur, attendez s’il vous plaît ! Vous ne devriez pas conduire dans cet état. » Crie-t-il, haletant car il m’a littéralement poursuivi jusqu’ici. Je me soucie peu de mon état et sans dire un mot à Paul, je recule un peu la voiture avant de la faire avancer et de le contourner.Je conduis à pleine vitesse en ignorant les limitations de vitesse et les grommellements furieux des autres chauffeurs. Je conduis sans destination, tandis que les souvenirs de ma femme prennent totalement le contrôle de mon esprit.Elle ne peut pas être morte.Je me répète ces mots encore et encore, craignant de finir par croire qu’elle est vraiment part
PDV DE KAÏSUne autre semaine passe mais pas dans un éclair comme la plupart des gens le diraient. Je n’ai de toute façon jamais aimé cette expression car non, les semaines et les jours ne passent pas juste comme ça. Pour un homme d’affaires comme moi, chaque jour a son importance et sa signification. Mes jours sont marqués par des réunions, du travail épuisant, des voyages et trop d’événements importants auxquels je suis invité, donc c’est offensant de les qualifier d’une semaine qui s’est écoulée sans aucun souvenir.Avec le chagrin, c’est pareil. Les autres avancent dans la vie car suffisamment de temps s’est écoulé mais je me souviens de chaque chose comme si c’était hier. J’ose dire que c’est même pire avec le chagrin. Je me souviens de chaque jour depuis la mort de Lucie. Je me souviens du goût de mes larmes que je n’ai laissé personne voir et de l’odeur de sa chambre vide.Je me souviens des heures que j’ai passées au lit à me tourner et me retourner, car je n’arrive pas à ferme
PDV DE KAÏSUne autre semaine passe mais pas dans un éclair comme la plupart des gens le diraient. Je n’ai de toute façon jamais aimé cette expression car non, les semaines et les jours ne passent pas juste comme ça. Pour un homme d’affaires comme moi, chaque jour a son importance et sa signification. Mes jours sont marqués par des réunions, du travail épuisant, des voyages et trop d’événements importants auxquels je suis invité, donc c’est offensant de les qualifier d’une semaine qui s’est écoulée sans aucun souvenir.Avec le chagrin, c’est pareil. Les autres avancent dans la vie car suffisamment de temps s’est écoulé mais je me souviens de chaque chose comme si c’était hier. J’ose dire que c’est même pire avec le chagrin. Je me souviens de chaque jour depuis la mort de Lucie. Je me souviens du goût de mes larmes que je n’ai laissé personne voir et de l’odeur de sa chambre vide.Je me souviens des heures que j’ai passées au lit à me tourner et me retourner, car je n’arrive pas à ferme
PDV DE KAÏSDans le hall d’entrée, les employés me regardent de la même façon que tout à l’heure, quand je m’efforce simplement de garder une démarche posée en sortant du bâtiment. Je ne sais même pas où je vais, je sais juste que je veux sortir d’ici. Je veux retrouver Lucie. Je trouve ma voiture et la démarre, mais Paul se place devant moi pour m’arrêter.« Monsieur, attendez s’il vous plaît ! Vous ne devriez pas conduire dans cet état. » Crie-t-il, haletant car il m’a littéralement poursuivi jusqu’ici. Je me soucie peu de mon état et sans dire un mot à Paul, je recule un peu la voiture avant de la faire avancer et de le contourner.Je conduis à pleine vitesse en ignorant les limitations de vitesse et les grommellements furieux des autres chauffeurs. Je conduis sans destination, tandis que les souvenirs de ma femme prennent totalement le contrôle de mon esprit.Elle ne peut pas être morte.Je me répète ces mots encore et encore, craignant de finir par croire qu’elle est vraiment part
PDV DE KAÏSIl y a quelque chose d’inhabituel dans l’atmosphère de l’entreprise aujourd’hui. Alors que je traverse le hall pour aller jusqu’à l’ascenseur, les employés s’écartent sur mon passage comme ils l’ont toujours fait, mais je ne peux m’empêcher de remarquer le regard étrange dans leurs yeux. Il est également difficile de ne pas entendre leurs chuchotements qui parviennent à mes oreilles sous forme de murmures inintelligibles.Paul, mon assistant, marche juste derrière moi et quand la porte de l’ascenseur se ferme avec nous à l’intérieur, je me tourne pour lui demander :« As-tu remarqué quelque chose d’étrange chez les gens de l’entreprise aujourd’hui ? »Paul secoue la tête. J’acquiesce, balayant cela d’un revers de la main, comme un autre de ces jours où je suis extra-sensible à cause de Lucie et de ce fichu divorce qui plane au-dessus de ma tête. Bon, pourquoi mentir ? Ce n’est pas « un » de ces jours, c’est plutôt tous les jours. Je me réveille chaque jour de mauvaise hume
PDV DE LUCIELes larmes coulent à flots sur mes joues, mes efforts pour me libérer deviennent encore plus vains et dans ce que je crois maintenant être mes derniers instants, les mots de Roche refont surface dans mon esprit. Il a dit que je m’étais opposée à quelqu’un de plus puissant que moi, c’est pour cela que je vais mourir.La seule personne à laquelle je peux penser est Kaïs.Je ne sais pas ce qui me brise plus le cœur, le fait que je vais mourir ici sans que personne ne le découvre ou parce que Kaïs, l’homme que j’ai aimé pendant la majeure partie de ma vie, a ordonné ma mort. Comment a-t-il pu ? Je sais qu’il ne m’a jamais aimée mais je n’aurais jamais pensé qu’il soit capable d’aller aussi loin. Il préfère me laisser mourir plutôt que de divorcer ? Comment peut-il être si cruel jusqu’à la fin ?Je ressens maintenant plus de douleur dans mon cœur que dans mon corps. Alors que le feu grandit, la fumée s’infiltre dans mes narines comme un poison. Ma vision commence à se brouiller
PDV DE LUCIELa douleur est la première chose que je ressens dès que ma conscience me revient.Elle ne fait pas de quartier, traversant chaque articulation, chaque muscle et même la peau, me rendant complètement désorientée sur la surface sur laquelle je sens mon corps se tortiller. Mes yeux s’ouvrent et se ferment à plusieurs reprises dans une tentative de chasser à la fois la douleur et ma vision trouble. Cependant, je ne réussis qu’à avoir une vision plus nette tandis que mon corps continue de se noyer dans la douleur intense.Alors que je prends connaissance du monde qui m’entoure, mes souvenirs me reviennent aussi. Kaïs a demandé à me voir seule, car c’était le seul moyen pour lui de signer les papiers du divorce. J’attendais dans cet entrepôt vide quand j’ai été acculée, attaquée et assommée par trois hommes costauds.Il semble que mon corps inconscient ait été traîné dans cet entrepôt sombre et vide, dont la seule source de lumière est la lueur de la lune filtrant à travers les
Héloïse me traîne avec elle dans la maison.« Que se passe-t-il ? » Je demande dès qu’elle me lâche.« Le mariage de Kaïs, tu dois lui en parler. »Bien sûr, Héloïse sait ce qui se passe.« Écoute, si tu comptes me demander de le convaincre de ne pas signer ces papiers de divorce, alors... »Le visage d’Héloïse se plisse avant que je ne puisse terminer ma phrase. « Quoi ? Non ! Je me moque de cette fille vulgaire qui ne cherche que l’argent. En fait, je suis ravie qu’elle soit enfin hors de la vie de mon fils. Elle ne le méritait pas et il est sur le point de perdre la seule femme qui le mérite vraiment, parce qu’il ne peut pas oublier cette vulgaire ! »Entendre ma sœur parler de Lucie de manière si dégradante me fait bouillir de colère. C’est ce que Lucie a dû endurer toutes ces années ? Je sais qu’Héloïse peut être difficile, mais je n’aurais jamais pensé qu’elle traiterait Lucie si terriblement.Je ne réagis pas à ses mots, et je suis content que ma sœur et moi soyons sur la même l
CHAPITRE SEIZEPDV DE TIMOTHÉEHonorer la promesse que j’ai faite à Lucie signifie mettre de côté toutes les autres choses qui nécessitent mon attention aujourd’hui, juste pour ramener à la raison l’égoïste galapiat que j’appelle mon neveu.Mes deux premières tentatives de le joindre par téléphone et de lui rendre visite à son bureau ont échoué, je ne peux que me rendre au seul autre endroit où il pourrait être : sa maison.Lorsque je suis coincé dans les embouteillages à mi-chemin de chez lui, cela me donne le temps de gérer mes émotions et de contenir ma colère, car franchement, je veux faire plus que simplement lui faire entendre raison. Je voudrais nous enfermer tous les deux dans une pièce juste pour pouvoir lui donner la raclée pour la trahison flagrante de l’amour, de la confiance et de la loyauté de Lucie.Bon sang, j’attends avec impatience de le frapper depuis le jour où j’ai vu Lucie pleurer toute seule sur la tombe de sa grand-mère. L’image parfaite d’elle que j’ai toujours
C’est sur ces mots que je rentre dans ma chambre avant qu’il ne puisse dire un mot de plus.**************************************************************Beaucoup de choses ont changé depuis que j’ai quitté la maison de Kaïs.Mes matinées ne se résument plus à me dépêcher d’aider les domestiques à préparer son repas tout en me préparant moi-même à partir avant lui, en tant que secrétaire dévouée. Je n’ai plus à vérifier anxieusement le calendrier pour calculer quand viendra la prochaine visite de sa mère. Je n’ai plus à me parler à moi-même, sachant qu’il ne m’écoute pas mais fait semblant de le faire.Bref, ma vie n’est plus dédiée à Kaïs et je ne peux pas souligner assez à quel point il est bon de se réveiller sans cette anxiété et cette douleur omniprésentes. Mon soulagement ne dure pas car alors que je me lève du lit ce matin et que je saisis mon téléphone, son nom apparaît sur l’écran. Il n’a pas arrêté d’essayer de m’appeler depuis que je suis partie, je l’ai parfois éteint.Je
CHAPITRE QUINZEPDV DE LUCIELe concept de maison a souvent changé pour moi ces trois dernières années et cette semaine encore. À l’heure actuelle, ma maison est cette somptueuse villa de banlieue dont le garage est celui dans lequel Timothée vient de garer sa voiture. Il gare sa voiture parmi les nombreuses autres voitures qui crient le luxe et la richesse. Bien que je lui dise que ce n’est pas nécessaire, Timothée insiste pour m’accompagner jusqu’à la porte, déterminé à s’assurer que je rentre bien à l’intérieur de la maison.Je lui suis déjà redevable de beaucoup, mais c’est presque illégal de refuser un geste aussi gentil de la part de quelqu’un, surtout que personne d’autre que ma grand-mère ne m’a jamais traitée avec autant de douceur et de soin. Je le laisse donc m’accompagner jusqu’à la porte.La porte s’ouvre juste au moment où nous arrivons. J’hésite, m’arrêtant mes pas quand mes yeux croisent celui qui a ouvert la porte. Mon cœur bat à tout rompre, le genre de réaction que j