POINT DE VUE DE LUCIEJe suis comme un animal en chaleur dès que je ferme la porte derrière nous, ne lui laissant pratiquement aucun temps pour comprendre la situation avant de le plaquer contre la porte et de retrouver aveuglément ses lèvres avec les miennes. Il me semble que des siècles s’écoulent avant que je ne sente enfin ses lèvres bouger contre les miennes, d’abord lentement et timidement — comme s’il essayait encore de comprendre si tout cela est réel — avant de devenir sauvages au point de me laisser à bout de souffle en quelques secondes. Kaïs jette toute prudence au vent, et je ne peux m’empêcher de sourire dans notre baiser alors qu’il en prend totalement le contrôle.Je le laisse prendre autant de contrôle que je peux lui céder, savourant la pression dure de sa langue contre la mienne. En un rien de temps, notre position s’inverse et c’est moi qui me retrouve plaquée contre la porte, son corps dur pressé contre le mien. L’un de ses bras puissants s’enroule autour de ma ta
POINT DE VUE DE KAÏSÀ moi.À moi.Elle est à moi.Ces mots résonnent sans cesse dans ma tête, comme les pensées dépravées d’un homme des cavernes.C’est surréaliste de voir, de sentir et d’entendre Lucie me céder le contrôle ainsi. Me demander de prendre jusqu’à être rempli à ras bord. Mais voilà le problème : je ne pense pas que je pourrai jamais être rassasié d’elle. Je sais pertinemment que je ressentirai toujours ce besoin irrépressible de la prendre, comme je le fais en ce moment. Je prends Lucie pour mienne, et cette fois, je ne compte pas la laisser partir.Nos lèvres bougent en parfaite synchronisation alors que nous nous abandonnons à cette frénésie de désir. Nous nous agrippons l’un à l’autre, nos mains explorant nos corps comme si c’était la toute première fois. Chaque pensée, chaque doute, chaque peur et chaque angoisse disparaît, effacée par la sensation de sa langue livrant bataille contre la mienne.C’est une guerre que je gagne parfois, mais que je perds aussi, la l
Mais aussi fort que je veuille être doux avec elle, prendre mon temps et faire durer notre plaisir aussi longtemps que possible, je ne peux pas. J’ai trop envie d’elle. Je veux juste me perdre en elle.« Je ne peux plus attendre, Lucie. Je te veux, je veux être en toi. » Ma propre voix m’est presque méconnaissable alors que je la regarde. Ma déclaration de désir brûlant la fait frissonner visiblement, et l’idée qu’elle me désire autant que je la désire rend mon érection encore plus insupportable.Je me penche pour l’embrasser encore une fois. Cette fois, mes doigts glissent plus bas sur son corps jusqu’à trouver son désir. Mon doigt s’enfonce en elle sans résistance, et elle pousse un gémissement fort, son dos se cambrant sous l’effet du plaisir. Je ne peux m’empêcher de répondre par un grondement rauque.« Putain… si mouillée et prête pour moi. » Je dois la sentir… maintenant.Je retire mon doigt et me positionne entre ses cuisses pour le remplacer. Je plonge mon regard dans ses y
POINT DE VUE DE KAÏSJe l’ai prise trois fois de plus au cours de la nuit.Nous n’avons eu que de courtes pauses entre chaque fois avant que je ne la réclame à nouveau, et chaque orgasme ne faisait qu’attiser encore plus mon désir. Les deux premières fois étaient tout aussi intenses que celle qui avait tout déclenché. Nous avons répondu l’un à l’autre, consumés par ce besoin mutuel de donner et de prendre, jusqu’à nous noyer l’un dans l’autre.La troisième fois, j’ai pris tout mon temps pour adorer son corps comme je l’avais promis. Comme si j’avais l’éternité devant moi, ma langue et mes doigts ont exploré chaque centimètre de sa peau, repoussant mon propre plaisir pour mieux la dévorer comme un animal affamé.Aucune sensation ne pouvait surpasser celle de la voir se tordre sur le lit pendant que je la dévorais jusqu’à ce qu’elle hurle mon nom, m’étranglant presque entre ses cuisses tremblantes et marquant ma peau de ses ongles. Elle s’est répandue partout et j’ai tout léché avidem
POINT DE VUE DE TIMOTHÉEJ’ai reçu l’appel un matin, alors que j’effectuais une inspection de routine dans l’un de mes entrepôts. Il était exactement huit heures et l’appel est venu deux fois. Les deux fois, je l’ai regardé sonner sans avoir le courage de répondre. J’ai serré les poings pour m’empêcher de décrocher dès la première sonnerie, comme j’avais l’habitude de le faire par le passé. Je me suis dit que je devais contrôler mes émotions pour ne pas sombrer. Et si éviter Lucie est la seule solution, alors c’est exactement ce que je ferai.Après avoir manqué ses appels à deux reprises, elle m’a laissé un message vocal que je n’ai pas eu la force d’écouter, de peur de ne pas pouvoir m’empêcher de courir vers elle au moindre appel à l’aide. C’est terriblement difficile de lutter contre ces sentiments, mais je sais que prendre du recul est le seul moyen de protéger ce qui reste de mon cœur, qui n’a aimé qu’elle pendant des années. Aussi dur que cela soit à admettre, je sais qu’elle es
Point de vue de KaïsCela fait huit heures qu’elle a disparu sans laisser de trace.Huit heures depuis que je me suis réveillé après la plus belle nuit de ma vie, pour voir un rêve se transformer en cauchemar en un instant.Son téléphone est toujours éteint, mais cela ne m’a pas empêché d’appeler son numéro encore et encore, même si je sais que j’entendrai une voix différente de celle que je désire tant. Cela n’a pas effacé l’illusion que rien de tout cela n’est réel et que si j’attends assez longtemps, elle reviendra vers moi.Mais avec chaque heure qui passe, la réalité s’impose davantage, et mon délire ne parvient plus à me maintenir à flot.Huit heures, c’est largement assez pour que je comprenne une chose qui me terrifie : Lucie est partie, et elle ne reviendra peut-être jamais.Je ne reste pas inactif après avoir admis cela.Je charge mon homme de la retrouver, ignorant ses plaintes sur le fait qu’il a déjà bien assez à faire avec la mission que je lui ai confiée auparavant.Retr
L’appel à peine passé, les portails glissent et s’ouvrent d’eux-mêmes. Quelqu’un les a commandés de l’intérieur, ce qui signifie qu’ils savent que je suis là.Je franchis les grilles, traverse la propriété et enfonce la porte d’entrée de la demeure.Je trouve Mike sans difficulté, installé sur l’un des canapés du salon, avec cet homme massif à l’allure d’ours debout derrière lui. Mais ses profondes cicatrices ne m’impressionnent pas, pas plus que son regard menaçant.Il est habillé avec soin, et je devine qu’il s’apprêtait à sortir. Comme toujours, il arbore ce sourire tranquille, mais personne n’est dupe.Quelles que soient ses intentions en s’immisçant ainsi dans la vie de Lucie pour la détruire, ça peut attendre. D’abord, je dois m’assurer qu’elle va bien.« Où est-elle ? » Je marche vers lui, déterminé.Il ne bronche pas.« Pas même un bonjour ? », demande-t-il, amusé.« J’ai l’air d’être venu pour discuter ? J’ai demandé où était Lucie, putain. »« Tu ne la vois pas traîner ici, s
Point de vue de LucieJe cours.Je fuis la vie que je connais pour en chercher une autre.C’est à la fois la chose la plus courageuse et la plus lâche que j’aie jamais faite, et cela s’accompagne d’un mélange d’émotions qui me trouble profondément.Assise dans la salle d’attente, je serre mon billet de train comme une bouée de sauvetage, incapable de détacher mon regard de la destination inscrite en gras parmi les autres détails du voyage.Seattle, Washington.Le train part bientôt, et je devrais déjà être à bord, mais pour une raison obscure, mes jambes refusent de bouger. Ces mêmes jambes qui, ce matin encore, étaient si déterminées à faire mes valises et à partir, me lâchent maintenant.Peut-être est-ce l’incertitude de l’avenir qui m’attend, ou l’attachement que j’éprouve pour l’endroit que je fuis… Je ne sais pas.Tout ce que je sais, c’est que c’est le pire moment pour avoir des doutes.Alors que je reste figée sur place, une voix annonce dans les haut-parleurs que le train parti
Point de vue de LucieSix heures après les deux appels que j’ai passés, la voiture que Cole m’envoie arrive dans le parking souterrain de l’ancien immeuble de la société de Kaïs.Il est tard dans la soirée et le soleil se couche dans une heure. C’est exactement au moment où le lancement est censé se terminer.Le chauffeur coupe le moteur pendant que j’envoie un message, et ensemble, nous restons dans la voiture. Je regarde par la fenêtre et remarque que le garage est plein. Mon cœur bat plus vite et se réchauffe en même temps.Une minute plus tard, un coup retentit sur la vitre de la voiture.Cole se tient là, un large sourire sur le visage. Je ne peux que supposer que tout s’est bien passé au cours des six dernières heures depuis ces appels.Je sors de la voiture et il me détaille du regard. « Tu es sûre que c’est une bonne idée d’être là ? », demande-t-il, et je lève les yeux au ciel. Je sais qu’il me traite avec autant de délicatesse à cause de la grossesse dont je lui ai parlé il y
POINT DE VUE DE LUCIE [CECI PEUT SEMBLER CONFUS APRÈS LA FIN DU DERNIER CHAPITRE, MAIS LISEZ JUSQU’À LA FIN]« Ça va mal, Lucie. » — COLEJe retiens mon souffle en lisant le message de Cole qui vient d’apparaître sur mon écran. Je n’ai pas besoin qu’il m’explique en détail ce qui va mal ; je sais déjà où est le problème. C’est la raison même pour laquelle je fais les cent pas dans l’appartement que nous avons loué depuis ce matin.Mes doigts tremblent en composant le numéro de Cole à peine une seconde après avoir reçu son message. Il décroche dès la première sonnerie.« C’est à quel point mauvais ? » demandé-je, les yeux fermés et la respiration suspendue, attendant sa réponse.« Vraiment mauvais. » Sa voix est basse et feutrée, comme s’il essayait d’éviter que quelqu’un d’autre ne l’entende. « On a invité cinquante personnes pour le lancement, mais il n’y a qu’une seule personne ici… et c’est un jeune journaliste à la recherche d’un scoop rapide. C’est… c’est un désastre, Lucie. »
POINT DE VUE DE LUCIEAujourd’hui est un grand jour. J’ai du mal à contenir mon excitation alors que je me tiens devant le miroir, la douce lueur des lumières de la coiffeuse illuminant mon reflet. La robe que j’ai choisie — d'un vert émeraude profond, élégante et parfaitement ajustée — semble être le choix idéal pour cette occasion spéciale. Je veux que tout soit parfait pour la relance de la marque de Kaïs. Cette journée représente bien plus que le simple retour de son entreprise. C’est le début d’un nouveau chapitre pour nous deux.Alors que j’applique les dernières touches de mon maquillage, mon esprit dérive vers Kaïs et Cole, qui sont déjà sur place, en train de tout mettre en place. Je les imagine s’affairant, la confiance charismatique de Kaïs irradiant autour de lui son enthousiasme contagieux. J’ai hâte d’être à ses côtés, de le soutenir et surtout, de lui annoncer la nouvelle qui me brûle les lèvres depuis que je l’ai apprise.Je prends une profonde inspiration, l’air empl
POINT DE VUE DE TIMOTHÉEPendant un instant, le temps semble s’arrêter. J’ai du mal à croire ce que je vois. Des années se sont écoulées depuis la dernière fois que je l’ai vue, et le monde autour de nous devient flou. Le souvenir de son rire, de son énergie, refait surface comme une mélodie oubliée. Elle a changé — elle paraît plus forte, peut-être — mais elle est toujours cette femme qui, autrefois, avait volé mon cœur.« Salut, Timothée. » Sa voix est douce, mais ferme, et elle fait remonter des souvenirs que j’avais enfouis. Il y a dans son ton une joie sincère mêlée à autre chose que je n’arrive pas à identifier. C’est presque irréel de la voir là, après toutes ces années, aussi belle que dans mes souvenirs.Je ne peux m’empêcher de sourire, mais une douleur sourde me serre la poitrine. Elle avance vers moi, et avec elle, des souvenirs que j’ai essayé d’enterrer refont surface, me submergeant comme des vagues. Je me rappelle cette nuit-là — celle où elle s’était enivrée et m’ava
POINT DE VUE DE LUCIECela fait deux jours que nous sommes rentrés et je me retrouve à fixer l’écran du téléviseur sans vraiment le voir. Les couleurs vives du programme clignotent devant moi, mais mon esprit est ailleurs. Kaïs est occupé dans les bureaux de son entreprise, et Cole est avec lui, plongé dans le chaos du relancement de la marque. Je ne peux m’empêcher de me sentir agitée, assise ici dans ce petit appartement que nous avons loué, bien loin de la vie trépidante à laquelle je suis habituée.Kaïs a insisté pour que je prenne du repos — il dit que j’en ai déjà assez fait et que j’ai besoin de souffler. J’ai essayé de protester, de lui expliquer qu’il reste encore tant de choses à faire, mais il a gagné cette bataille avec une phrase simple, mais percutante : « Je tiens à toi, Lucie. » J’ai horreur de la facilité avec laquelle il me fait céder lorsqu’il est comme ça, lorsqu’il me montre ce côté de lui que j’aime tant. Et maintenant, me voilà coincée dans cette attente, réduit
POINT DE VUE DE KAÏSL’aéroport bourdonne autour de nous, un bourdonnement constant de voix et de valises qui roulent, ponctué par des annonces diffusées au haut-parleur. Mais debout ici, dans ce cercle — notre famille, dans son sens le plus vrai — le bruit s’estompe en un simple murmure. La main d’Annie repose chaleureusement sur l’épaule de Lucie, la serrant une dernière fois avant de l’attirer dans une étreinte. Je les observe, remarquant comment Lucie se fond dans son étreinte, ses yeux brillants, mais déterminés. Il y a entre elles un lien que les mots peinent à décrire, même si cet au revoir n’est que temporaire.Damian lâche une plaisanterie pour alléger l’atmosphère, et Mallory lève les yeux au ciel, mais je vois bien qu’elle ravale son émotion, ses mains s’agitant nerveusement. Le regard de Trent se pose sur moi, prudent, mais plus doux que d’habitude.Il y a quelque chose de différent aujourd’hui, une forme de reconnaissance peut-être, ou même un léger signe de respect. Lor
POINT DE VUE DE LUCIELe mois dernier a semblé à la fois flou et interminable. Chaque jour exige plus de moi alors que nous travaillons à relancer et rebrander l’entreprise de Kaïs, nous rapprochant ainsi du jour où nous rentrerons enfin chez nous. C’est comme reconstruire quelque chose à partir de zéro : aligner les détails, affiner notre approche et s’assurer que chaque pièce s’imbrique parfaitement.Il y a une énergie qui vibre sous tout cela, un mélange d’excitation et de nervosité qui se propage à l’équipe et à moi. Plus nous nous approchons de ce retour, plus il devient réel, chaque jour nous ramenant vers un endroit chargé d’histoire, pour lui comme pour moi. J’ai de l’espoir, nous en avons tous les deux. Mais Kaïs et moi évitons d’en parler à voix haute, comme si le fait de le dire risquait de briser ce fragile équilibre.Le bureau est en ébullition. Les designers, consultants et planificateurs se regroupent dans des réunions intenses, leurs discussions fourmillant d’idées et
« On ne peut pas appeler ça vendre si tu es en couple avec la personne, n’est-ce pas ? »Je suis perdue, incapable de comprendre ce qu’il dit.« Tu ne dis vraiment rien de sensé. »Il soupire. « Écoute, si tu veux survivre à tout prix, c’est ta seule option. Et comme je l’ai dit, tu ne vendras pas ton corps. Tu as juste besoin d’être la petite amie de quelqu’un, de sortir avec lui un moment, de lui demander de t’épouser, de l’épouser quelques années, puis de divorcer pour obtenir une pension qui pourrait représenter plus de la moitié de sa fortune, de quoi rembourser largement ta dette et me donner ce que je veux aussi. Je vais tout organiser. Tout ce que tu as à faire, c’est te rendre… disponible. »Mes yeux s’écarquillent. « Je vais donner la moitié de ma vie pour être ton pion ? »« Dis-moi, Bérénice, à quoi te sert ta vie actuellement, hein ? Quand tu es noyée sous les dettes et sous la menace constante de la mort ? C’est soit ça, soit rejoindre ces magnifiques femmes dans mes
POINT DE VUE DE BÉRÉNICELes lumières tamisées et pulsantes du club m'enveloppent alors que je mets les pieds à l'intérieur, la basse résonnant dans l'air comme un battement de cœur. C’est un monde dont je n’ai jamais voulu faire partie : bruyant, chaotique et rempli d’une énergie qui me semble étrangère et étouffante. Je prends une profonde inspiration, essayant de rassembler un peu de courage, mais tout ce que je ressens, c’est ce nœud d'anxiété qui se serre dans mon estomac.Les gens sont partout, riant, dansant, perdus dans la brume de la fumée et de la musique. Je reste maladroitement à l’entrée, me sentant comme un enfant perdu parmi des adultes qui ont depuis longtemps laissé l’innocence derrière eux.L'odeur de parfum bon marché et de sueur s’accroche à l’air et je ne peux m’empêcher de froncer le nez de dégoût. C’est à des années-lumière de l’orphelinat, où je me sentais en sécurité et aimée, même dans notre pauvreté.Je ne dis pas que je suis la fille parfaite, mais j'avai