LysandraLe chemin qui nous mène vers la ville est sinueux, bordé de champs verdoyants et de collines lointaines, mais mon esprit erre. Même si le monde autour de nous semble paisible, une partie de moi ne parvient pas à se défaire du poids des années passées, des vies qui se sont entremêlées dans cette danse de malédictions et de souffrances. Les échos du passé résonnent encore dans chaque pas que nous faisons, comme un souvenir lointain qu’on ne peut totalement oublier, même si l’on le désire.Ciel semble plus calme, mais je perçois une légère tension dans sa posture. Il ne le dit pas, mais je sais qu’il porte lui aussi cette lourde héritage. Nous avons été liés à un passé dont nous ne pouvons pas nous défaire d’un simple geste. Il a laissé des traces invisibles sur nos âmes.— Tu sais, Lysandra, dit-il soudainement, brisant le silence, il y a des jours où je me demande si ce que nous avons traversé est vraiment derrière nous. Et si tout cela… ne nous rattrapait pas ?Je le regarde,
LysandraUn frisson me parcourt, et je sens un choc de reconnaissance, une certitude profonde que cet artefact est lié à notre malédiction, à notre passé. Ciel semble ressentir la même chose. Il s’approche prudemment, ses yeux rivés sur l’objet. Mais avant qu’il ne puisse le toucher, une voix résonne dans la pièce, grave et glaciale.— Vous ne devriez pas être ici.Je sursaute, mon cœur s’emballe. Une silhouette émerge des ombres, encapuchonnée, un regard perçant sous la capuche. Elle se tient là, immobile, comme une sentinelle. Et dans sa présence, je sens un danger immédiat.— Qui êtes-vous ? demande Ciel, sa voix autoritaire mais prudente.L’inconnu fait un pas en avant, la lumière faiblissant autour de lui comme si l’ombre elle-même répondait à sa volonté.— Une personne qui sait exactement ce que vous cherchez. Mais vous ne trouverez pas ce que vous désirez ici. Pas sans payer le prix.L’air se fige autour de nous, et je comprends que cette rencontre pourrait bien changer la dire
LysandraJe pose mes doigts sur la couverture, hésitant un instant, puis, d’un geste assuré, j’ouvre le livre. Un souffle d’air glacé envahit la pièce, et les premières pages se dévoilent, révélant des mots que je reconnais, des symboles étranges et des phrases en langues anciennes. La vérité commence à émerger. Mais à quel prix ?La pièce tremble légèrement sous la pression de l’instant. Les pages du livre se tournent lentement sous mes doigts, chaque mot gravé dans la langue ancienne résonne comme un écho du passé. Une chaleur sourde monte en moi, une énergie qui semble à la fois familière et étrangère. Ciel reste près de moi, son regard plongé dans les pages qui dévoilent peu à peu un chemin tortueux et dangereux, un chemin que nous avons choisi de suivre.Je sens une présence, une entité qui semble observer chaque mouvement, chaque respiration. L’inconnu n’est plus là, mais son ombre reste, suspendue dans l’air comme une menace invisible. L’atmosphère est lourde, presque palpable,
LysandraNous avançons à travers l’obscurité, chaque pas résonnant comme un écho de l’incertitude qui nous enveloppe. Le livre reposait maintenant sur la table, son contenu gravé dans nos esprits, une menace invisible planant au-dessus de nous. La vérité, aussi lourde et accablante soit-elle, est désormais le fardeau que nous devons porter. Nous ne pouvons plus ignorer ce qui se cache derrière chaque page, chaque révélation. Nous avons vu la possibilité de la fin, mais aussi celle d’un nouveau commencement. Pourtant, l’idée du sacrifice demeure accrochée à mon cœur comme une morsure.Ciel marche à mes côtés, son silence pesant, mais il y a quelque chose dans son regard qui me donne de l’espoir. Malgré la lourdeur de ce que nous avons découvert, malgré l’incertitude de notre avenir, il est toujours là. Toujours prêt à combattre, à tout affronter pour nous deux.— Nous savons ce qu’il nous reste à faire, murmure-t-il, brisant enfin le silence qui s’est imposé entre nous. Nous devons tro
LysandraNous avons traversé l’enfer ensemble, et nous n’allons pas laisser cette entité détruire ce que nous avons construit. Nous avons l’amour, et il est plus fort que tout.La silhouette devant nous frissonne, comme si elle sentait la pression de notre détermination. La pièce, autrefois empreinte de silence, est maintenant saturée d’une tension palpable, comme si l’air lui-même se dérobait sous nos pieds. La source – ou plutôt, l’entité qui s’en réclame – sourit encore, mais cette fois, il y a quelque chose de plus sombre dans son expression. Un éclair de colère, un brin de défi.— Vous n'êtes pas prêts, dit-elle d’une voix presque caressante, comme une mère qui avertit son enfant. Vous croyez que l’amour peut briser cette malédiction ? Vous êtes naïfs. Cette malédiction est plus ancienne que vous, plus puissante que tout ce que vous avez connu. Vous êtes tous des pions dans un jeu qui vous dépasse.Je sens Ciel se tendre à mes côtés, sa présence m’enracinant dans cette réalité qu
Lysandra – CielLysandraJe ne sais pas combien de temps nous restons là, pétrifiés au cœur de cet entre-deux. Le silence est devenu une arme, une lame suspendue au-dessus de nos têtes. Chaque seconde qui passe nous rapproche d’un point de rupture. Autour de nous, la pièce n’est plus qu’un mirage, un souvenir d’un lieu réel. Le sol sous nos pieds menace de se dérober à chaque respiration.Ciel est là, immobile, mais je sens qu’il lutte. Sa main serre la mienne, plus fort à chaque battement de cœur, comme s’il craignait que je m’efface. Comme si à force d’aimer, il allait me perdre. Mais je suis là. Vivante. Entière. Et je refuse que ce soit autrement.Face à nous, l’entité lève la tête. Dans ses yeux, ce n’est plus la toute-puissance que je devine, mais une fêlure, infime, une brèche par laquelle s’échappe ce qu’il lui reste d’humanité.— Vous ne comprenez pas… murmure-t-elle d’une voix tremblante. Vous croyez que l’amour peut sauver ? Vous croyez que ce sentiment suffit à briser ce q
LysandraLe silence qui suit la tempête de lumière est presque irréel. Je ressens encore la chaleur de l’énergie qui nous a traversés, mais à présent, tout semble figé, suspendu dans le temps. La pièce est calme, trop calme, comme si l’univers lui-même retenait son souffle, attendant de savoir ce que nous allons faire ensuite. Pourtant, l’impression que quelque chose a changé demeure. Une sensation étrange de fin et de commencement à la fois. Ciel et moi restons là, immobiles, me tenant fermement la main.Je regarde autour de moi, cherchant des indices, des réponses, mais il n’y a rien. Juste la silhouette de l’entité, maintenant allongée sur le sol, son corps figé comme si l’âme elle-même avait été arrachée. La lumière qui l’entourait est maintenant éteinte, et seule l’ombre de ce qui a été reste dans l’air lourd.Ciel, toujours à mes côtés, serre ma main plus fort, comme s'il sentait que quelque chose d’encore plus grand nous attend. Ses yeux, plongés dans un mélange de confusion et
Lysandra— Ce n’est pas possible, soufflé-je, ma voix étranglée par l’incrédulité. Comment… comment tu peux être là après tout ce temps ? Tu… tu étais…Je me stoppe brusquement. Je ne sais même pas comment finir ma phrase. Il y a tellement de questions qui m’assiègent, mais aucune réponse ne vient. Tout ce que je vois en ce moment, c’est cet homme qui, autrefois, était mon amour, et maintenant, il semble être l'incarnation même du mystère et de la trahison .Il reste là, immobile, me fixant sans un mot, comme s’il attendait que je trouve les mots, que je comprenne. Je n'ai jamais imaginé qu'un jour il reviendrait dans ma vie, et encore moins sous cette forme. Une part de moi veut crier, courir, fuir. Mais une autre part, plus profonde, reste figée, incapable de faire quoi que ce soit. Parce qu’il est là. Et le monde entier semble avoir arrêté de tourner autour de cette simple vérité.— Que veux-tu ? Cette question échappe de mes lèvres avant que je ne puisse l’en empêcher. Mais en moi
LysandraL’aube se lève lentement, teintant le ciel de nuances douces, trop paisibles pour ce que je ressens à l’intérieur. Mon corps est encore brûlant de sa présence, mes lèvres portent la trace de ses baisers, et pourtant, une peur sourde s’accroche à mes entrailles.Ciel dort, son souffle calme, son bras autour de ma taille comme s’il avait peur que je disparaisse. Mais ce n’est pas moi qui fuis.C’est lui.Et ce matin, je refuse de le laisser partir sans avoir mis des mots sur ce qui nous consume.Je me redresse lentement, le cœur battant plus fort que je ne le voudrais. Il grogne légèrement, ses cils frémissent avant qu’il ne cligne des yeux.— Lys…Sa voix est rauque de sommeil, son bras cherche à m’attirer contre lui, mais je ne bouge pas.— On doit parler.Il se fige. Juste un instant. Puis, il pousse un soupir avant de se redresser, s’appuyant sur un coude.— Ça sonne grave.— Ça l’est.Il passe une main dans ses cheveux, visiblement en train de peser ses mots. Je ne lui lai
LysandraCiel dort. Enfin.Son souffle est irrégulier, comme s’il luttait encore contre quelque chose dans son sommeil. Je pourrais passer la nuit à le regarder, à veiller sur lui, mais la tension dans mon corps est insupportable.Je sors.L’air est froid, tranchant. La mer est calme, mais le silence est trompeur. Tout est toujours sur le fil.Comme nous.Je serre mes bras autour de moi. Je devrais être soulagée. Ciel est là. Il est vivant. Pourtant, une angoisse sourde me ronge. Comme si rien n’était réellement terminé.— Tu comptes rester dehors toute la nuit ?Je sursaute.Ciel est sur le seuil, torse nu, une couverture jetée sur ses épaules. Ses yeux sombres me sondent.— Tu devrais te reposer, dis-je doucement.— Toi aussi.Il s’avance lentement. Son visage est fermé, mais son regard brûle.— Je n’y arrive pas, murmuré-je.Il s’arrête juste devant moi.— Pourquoi ?Je détourne les yeux.— Parce que j’ai peur.— De quoi ?— Que tu disparaisses encore.Il pose une main sur ma nuque
LysandraLes jours passent, mais quelque chose s’est brisé en lui.Je le vois. Je le ressens.Ciel ne parle presque pas. Il est là, physiquement, mais son esprit semble toujours perdu dans cet espace entre la vie et la mort. Il dort peu, et quand il ferme les yeux, c’est pour se réveiller en sursaut, tremblant, le souffle court.Je ne pose pas de questions.Je sais ce que c’est.Je sais ce que c’est d’avoir vu l’autre côté et d’en être revenu avec des cicatrices invisibles.Mais ça me tue de le voir ainsi.Alors, aujourd’hui, j’ose.— Viens avec moi.Il lève un regard fatigué vers moi.— Où ?— Juste… viens.Il hésite, puis hoche la tête.Je l’emmène hors de la chambre, hors de ces murs qui semblent l’étouffer. Je l’emmène là où le vent est frais, là où l’air sent autre chose que l’odeur sterile des draps et du désinfectant.Il marche lentement, comme si son corps ne lui appartenait plus tout à fait.Quand nous atteignons la plage, il s’arrête.Le ciel est gris, l’océan agité, mais mo
LysandraLe silence.Il y a ce silence, lourd, oppressant, entre nous.Ciel dort. Enfin, il s’est assoupi, épuisé par la douleur et les jours d’inconscience. Sa main repose toujours dans la mienne, et je me surprends à en suivre du doigt chaque ligne, chaque relief. Comme pour me convaincre qu’il est là. Vraiment là.La peur ne m’a pas quittée.Elle est là, tapie dans l’ombre, prête à bondir au moindre signe de faiblesse.Parce que je sais.Je sais qu’il revient de loin. Trop loin.Son souffle est calme, mais son visage est marqué. La fièvre l’a quitté, mais son corps porte encore les stigmates de ce combat silencieux.Et moi ?Je suis là, prisonnière de ce moment, incapable de me détacher de lui.La porte s’ouvre doucement derrière moi.Je me retourne et croise le regard d’Isolde.— Il dort enfin ? murmure-t-elle.J’acquiesce, incapable de parler.Elle s’approche, pose une main sur mon épaule.— Tu devrais te reposer aussi.Je secoue la tête.— Je ne peux pas.Pas maintenant. Pas tan
LysandraCiel dort.Son souffle est plus régulier. Sa main repose toujours dans la mienne, et je ne peux pas me résoudre à la lâcher.La pièce est silencieuse, troublée seulement par la respiration lointaine des vagues qui s’échouent contre les rochers.Depuis combien de temps suis-je assise là ?Les heures se sont effilochées dans l’attente, mais mon cœur refuse de se détendre. Chaque battement est un rappel brutal de ce que j’ai failli perdre.Je n’ai jamais eu aussi peur.Pas même lorsque tout a basculé, lorsque j’ai compris que ma vie ne serait plus jamais la même.Parce que cette fois, ce n’était pas moi.C’était lui.Et l’idée de perdre Ciel…Un frisson me parcourt, comme si mon propre corps refusait d’envisager cette pensée.— Tu devrais te reposer.La voix grave me fait sursauter.Je me retourne et trouve Elijah, adossé au mur, les bras croisés. Il a cet air à la fois sévère et soucieux qu’il prend toujours quand il me regarde trop longtemps.Je secoue la tête.— Je ne peux pa
LysandraLe silence après l’orage est toujours plus terrible.Ciel a rouvert les yeux, a murmuré quelques mots, mais son souffle est encore si fragile que je n’ose pas me réjouir. Il oscille entre conscience et inconscience, comme suspendu au bord d’un précipice.Et moi, je suis là, incapable de détourner le regard.Nova et Nash font tout ce qu’ils peuvent. Ils nettoient, suturent, appliquent des compresses imbibées de plantes que je ne connais pas. Je devrais leur faire confiance, mais je n’y arrive pas.— Il va s’en sortir ?Ma voix tremble malgré moi.Nash ne répond pas tout de suite. Il termine de bander la blessure de Ciel, son expression grave.— On a stabilisé l’hémorragie. Mais il a perdu beaucoup trop de sang.— Ça veut dire quoi ?— Que les prochaines heures seront décisives.Un poids s’abat sur ma poitrine.Les prochaines heures.Je les compte déjà. Je m’imagine à chaque minute guetter le moindre changement dans sa respiration, scruter le moindre mouvement de ses paupières.
LysandraL’eau scintille sous les premières lueurs du jour, mais je ne vois rien.Tout ce qui compte, c’est la main glacée que je serre entre les miennes.Le souffle de Ciel est si faible que chaque seconde qui passe me semble être la dernière.Je devrais prier. Supplier. Mais les dieux ont tourné le dos à ceux comme nous depuis longtemps.Alors je me contente de murmurer son prénom, encore et encore.Calloway est en vue.Un port de contrebandiers, un repaire pour ceux que la mer a brisés.— Préparez-vous à accoster ! crie Kael.Je l’entends à peine.Quand le bateau tangue légèrement en s’approchant des quais, je serre les dents. Chaque mouvement me rappelle que le temps nous est compté.Nova est déjà en train d’attraper son sac de soins, mais elle sait autant que moi que ce qu’il lui faut dépasse ce qu’elle peut offrir.— On va devoir le porter, dit-elle.— Je m’en occupe.Ma voix est plus tranchante que je ne l’aurais voulu.Je passe un bras sous ses épaules, un autre sous ses jambe
Lysandra— Non !Mon cri se perd dans le vacarme. Je me précipite vers Ciel, mes jambes brûlantes d’effort, mes poumons en feu. Le sang s’écoule sous lui, tachant les pavés déjà souillés. Une balle logée quelque part dans son torse, trop près du cœur.— Ciel !Je tombe à genoux à ses côtés, mes mains cherchant désespérément la blessure, pressant la plaie pour ralentir l’hémorragie. Son regard se pose sur moi, fiévreux, mais il reste conscient.— Lysandra…— Ne parle pas.Ma voix tremble. Je ne peux pas le perdre. Pas maintenant.— On doit bouger ! crie Kael derrière moi.Les derniers hommes encore debout nous encerclent. J’attrape mon arme d’une main, déterminée à ne laisser personne l’approcher. Nova abat un homme à ma droite, Kael tire sans relâche, couvrant notre retraite.— Lys, il faut qu’on parte !Mais je refuse de lâcher Ciel.Il tressaille sous moi, sa respiration saccadée.— Tuez-les tous, rugit une voix derrière nous.Le chef ennemi.Je lève les yeux. Il s’avance, un sourir
LysandraLe vent marin s’est chargé de cendres et de sang. L’odeur est âcre, poisseuse, et pourtant, elle n’a rien d’inhabituel. Je suis accroupie derrière un amas de débris, mon souffle contrôlé, ma lame encore tiède de la dernière vie que j’ai prise. Mes doigts la serrent plus fort que nécessaire.Le silence après une bataille est toujours le plus étrange. Juste après l’explosion, le chaos, les hurlements, il y a ce vide absolu. Comme si le monde retenait son souffle, comme si la mort elle-même observait, satisfaite.Nova sort de sa cachette le premier, essuyant son front d’un revers de main. Il nous jette un regard rapide, analyse la situation, et murmure :— On doit bouger.Ses mots sont inutiles. On le sait. Ciel, lui, est déjà en mouvement, ses pas légers, ses gestes précis. Kael descend du toit et atterrit souplement, ses yeux fixés sur les corps à terre.— Ils avaient des renforts. Pas loin.Je hoche la tête, mon cœur reprenant un rythme plus violent. On n’a pas le luxe de s’a