Carine s’est approchée de lui avec une assurance feutrée. « Mettons de côté cette affaire pour l’instant. Tu ne devrais pas non plus te précipiter pour rencontrer Mme Boucher. Attendons plutôt le moment opportun pour riposter avec force »Après avoir énoncé ses instructions, elle a attentivement observé l’expression d’Alain. « Mais tu devrais dépêcher quelqu’un pour arrêter le serveur qui m’a apporté le jus. Cela pourrait s’avérer utile à l’avenir »Alain, une cigarette négligemment suspendue entre ses doigts, a laissé échapper un sourire malicieux à ces paroles, « à l’avenir ? »« Ouais. »« Il te reste encore six mois avant ton départ. Que veux-tu dire par ‘à l’avenir’ ? »Sans un mot, Carine s’est retrouvée momentanément désemparée.Voyant Alain se lever et se diriger vers l’intérieur, elle s’est pressée d’ajouter : « Peut-être n’avons-nous pas d’avenir ensemble, mais pense à ta propre destinée. Tu ferais bien de conserver cette opportunité ! »Alain a tiré une dernière bouffée de s
Un éclat de déception mêlé à une pointe de sarcasme animait le regard de Jan.« Il dit qu'il y a de l'espoir pour un remède », a-t-il déclaré d’un ton ironique, répétant une rengaine qui semblait désormais familière à ses oreilles.Carine a saisi le sous-entendu, mais a préféré garder ses observations pour elle, consciente de sa propre ignorance des subtilités du discours médical.Jan a levé la main, exprimant un désarroi léger : « Peut-être que l’espoir est un mirage, une illusion que l’on poursuit sans jamais l’atteindre. »« Ne soyez pas si fataliste ! » a tenté de le réconforter Carine, sa voix teintée de sollicitude.Jan l'a soudainement fixé : « On se tutoie. D’accord ? Pourrais-tu jouer du piano pour moi ? Cela fait une éternité que je n’ai pas entendu de musique réelle. Les notes que j’essaie de produire moi-même sont peu mélodieuses. »Ces paroles ont suscité un pincement d’amertume dans le cœur de Carine.Elle avait tenté de découvrir le passé de Jan, mais ses informations ét
Le crépuscule enveloppait la scène alors que Carine émergeait de l’hôpital, tenant fermement la commande de piano entre ses doigts, son cœur soupirant en silence.Face au regard sincère et avide de Jan, il lui était véritablement ardu de refuser.Un appel téléphonique a interrompu sa méditation, provenant de Jeanne.« Allô ! » a salué Jeanne avec énergie.L’humeur de Carine s’est apaisée à l’écoute de sa voix, tandis qu’elle observait le soleil déclinant, posant d’une voix décontractée : « As-tu déjà été rétribuée ? »« Tu es maligne ! » a répliqué Jeanne, manifestement de bonne humeur. « Où es-tu ? Je viens te chercher pour qu'on aille boire un verre ensemble. »Carine lui a répondu machinalement : « Je dois rentrer chez moi. »« Rentrer ? Où ? Tu n’es pas divorcé ? » Les paroles de Jeanne ont le temps d’un instant figé Carine.Oui, elle était déjà divorcée !Une voiture est passée devant ses yeux, ramenant Alain à sa pensée. Peut-être qu’il ne rentrerait pas non plus, et même s’il re
Dans une atmosphère où le cri de la foule accompagnait la présentation de la surveillance panoramique, les spectateurs, soucieux de saisir chaque détail, ont opté pour le silence de la vidéo.Repérer Carine n’a pas relevé de la difficulté, son aura captivante l’ayant installée au bar, où les curieux s’approchaient inlassablement pour engager la conversation. Elle se comportait avec une sérénité exemplaire, déclinant poliment les avances les unes après les autres, manifestant un intérêt singulier pour… le garçon.En effet, à ce moment précis, elle échangeait avec lui sur un sujet particulier. Quand la conversation a pris une tournure émotionnelle, le garçon lui a même tendu un mouchoir pour sécher ses larmes.La clarté de l’image a apaisé instantanément l’atmosphère dans la pièce.Luc a toussé légèrement avant de commenter : « Le responsable des lieux m’a dit qu’aucun des garçons ici ne semble s’intéresser aux femmes. Ils sont gays. »Alain, d’un ton faible, a répliqué : « Est-ce qu’u
Les multiples chagrins qui avaient pris racine dans le cœur de Carine trouvaient enfin leur libération. Dans un état d’ébriété délicieux, elle et Jeanne se sont soutenues mutuellement pour quitter le bar, leurs pas flottants.Le personnel attentionné du bar s’est chargé de trouver un chauffeur et les a même accompagnées jusqu’à la voiture.« Ce bar est vraiment sympa, je reviendrai la prochaine fois ! »Carine s’est écroulée doucement sur la banquette arrière, se laissant glisser comme une plume. Jeanne l’a rejointe, et toutes deux ont laissé échapper un soupir de soulagement synchronisé, « Ah… »Carine a ressenti une douce chaleur, allant jusqu’à retirer ses chaussures.Sur le siège passager se trouvait déjà quelqu’un, assis là dans un calme olympien, sans un mot.Tenant toujours ses chaussures à la main, Carine s’est installée sur le siège passager et s’est penchée pour observer le conducteur en face d’elle.Celui-ci avait baissé la vitre, son visage éclairé par une lueur de cigaret
De loin, Carine observait Alain. Après un bref instant de réflexion, elle a lâché délicatement la poignée de la portière de la voiture, puis est montée docilement côté passager.Elle a dégluti doucement en se rapprochant du siège, se déplaçant doucement vers l’extérieur et se pressant contre la porte.Sa silhouette fine et gracieuse se déplaçait avec une agilité remarquable. Elle respirait doucement en s’installant sur le siège, se pressant légèrement contre la portière. Attachant sa ceinture, elle a jeté un coup d’œil furtif à Alain, assise à ses côtés, sentant son cœur s’emballer soudainement, plus alerte que jamais.Elle avait l’impression d’être au bord du gouffre. Les paroles échangées avec le garçon du bar lui sont revenues en mémoire. Rien de scandaleux, à part peut-être la remarque sur la « mort » de son mari.Soudain, l’homme l’a regardée. Carine a détourné précipitamment les yeux, lui offrant un sourire maladroit.« Et si je conduisais ? » Elle ne pouvait pas se permettre d
Au sein du salon du manoir Boucher, une luminosité éclatante baignait l’espace, créant une atmosphère semblable à celle d’une aube radieuse.Assise à la table de marbre, Carine soutenait sa tête pesante entre ses mains, son mal de tête battant la mesure de son désarroi. « Désirez-vous un peu d’eau, madame ? » a doucement murmuré Marie.Carine a secoué faiblement la tête, ne voulant pas bouger d’un pouce.Marie a soupiré et s’est retirée discrètement.Pendant ce temps, Alain s’était déjà rendu sous la douche, sa cravate négligemment jetée sur le dossier du canapé. Avant de partir, il a enjoint à Carine de retrouver ses esprits et de gérer convenablement son état d’ébriété.Une fois de retour, il se préparait à écouter son récit, mêlant tragédie et émotion.Carine était à bout de forces, son esprit tourbillonnant, ses yeux brûlants. Au fond d’elle, elle se résignait, pensant qu’elle n’avait rien exigé d’Alain ces derniers temps, et que même si elle le contrariait, cela n’aurait guère d’
Lorsque les aiguilles de la montre affichaient imperturbablement neuf heures, l’atmosphère tranquille du café étaient teintée d’une mélancolie palpable. Le visage de Carine, autrefois rayonnant, semblait à présent figé dans une expression d’engourdissement et de fatigue alors qu’elle tendait les clés de la voiture à Jeanne, assise à l’autre extrémité de la table.Jeanne a porté la tasse de café à ses lèvres, laissant son regard se perdre dans le vide, comme si elle avait été dépouillée de toute sa vitalité, son corps s’affaissant lentement sur la chaise. « Permets-moi de récapituler », a-t-elle dit d’une voix calme.Carine a légèrement acquiescé de la tête : « Tu as déchiré le peignoir d’Alain. »« Hmm. » « Et Marie l’a vu. »« Hmm. »Jeanne a pris une profonde inspiration, couvrant son visage de ses mains. « Carine. »« Hmm ? »« Peut-être est-il temps de mettre fin à notre amitié. »Carine la fixait, se redressant légèrement, une lueur de colère dans son regard. « Tu as un sacré cra