Chapitre 7

(Point de vue de Renée)

Je ne savais pas ce que ma mère avait contre Alpha Thierry et son père, mais elle avait accepté de venir avec moi après que je l’aie convaincue. Je devais lui dire ce que Rémy voulait que je sois—un petit animal de compagnie pour lui—et c’était tout ce qu’il lui fallait pour enfin changer d’avis. Même si elle n’aimait pas cette idée et que je le savais, nous savions toutes les deux que nous n’avions pas d’autres choix, et je préférerais mourir que de laisser ma mère ici.

Elle m’a aidée à faire mes valises. Je n’avais que quelques affaires ; j’avais choisi seulement les choses importantes, et un seul sac suffisait pour tout contenir.

Alpha Rémy est entré dans ma chambre sans même frapper à la porte.

« Tu sais qu’il est très impoli de rentrer dans la chambre d’une dame sans frapper, non ? » Je lui ai lancé en me tournant vers lui, et ma mère m’a jetée un regard interrogatif, mais cette fois-ci, je ne l’écoutais pas.

« Voilà la vraie Renée qui se montre ; je savais que tu avais toute cette colère en toi depuis longtemps ; je t’avoue que je m’attendais à ce que tu fasses un scandale à la soirée de la rencontre, je suis totalement surpris que tu n’aies pas craqué. »

« C’est vraiment dommage, » j’ai répliqué, en passant devant lui pour saisir une photo encadrée de ma mère et moi, la seule que j'avais. J’avais du mal à y croire ; j’avais presque oublié son existence.

« Tu crois vraiment que ça change quoi que ce soit ? Le fait que tu sois compagnon avec Alpha Thierry ? » il a demandé, et je sentais sa colère monter, mais je n’arrivais pas à m’en soucier.

« Ça change tout, Rémy. Je suis la Luna d’un Alpha ; je parie que tu sais quelles en sont les conséquences si tu essaies de me toucher. »

« Ou est-ce que je le sais ? » il a demandé en s’approchant. Pendant un moment, j’ai cru qu’il allait me frapper. Pendant un moment, j’ai cru qu’il ne pourrait pas maîtriser sa colère et risquerait de se faire battre par Alpha Thierry juste pour me marquer, mais son coup ne m’a atteinte pas. Il a frappé le mur, son poing s’enfonçant dans la pierre.

Je l’ai regardé, un petit sourire sur les lèvres—le même que j'avais eu envie de lui offrir quand il m’avait vue partir avec Thierry dans la salle de bal. Il était impuissant face à moi ; d’une certaine manière, j’étais protégée simplement par la revendication d'Alpha Thierry sur moi.

« Quand tu partiras, sache que je ferai de la vie de ta mère un enfer. »

« Je suis sûre que tu penses pouvoir faire ça, » j’ai répondu. Je n’ai manqué pas de voir le léger regard de surprise dans ses yeux avant qu’il ne le cache à nouveau. Je suis passé à côté de lui. « Parfois, je me demande pourquoi tu t’en préoccupes autant ; je ne suis plus ta compagne ; tu m’as rejetée ; tu m’as dit en face que je ne serais jamais ta compagne. Qu’est-ce qui a changé ? Tu ne t’intéresses plus à Luna Zara ? » j’ai demandé à haute voix.

« Tu es mienne, rejetée ou non ; tu étais destinée à être avec moi, et je t’aurais eue… jusqu’à ce qu’il te prenne de moi. »

« C’est ça que tu pensais ? Que tu allais m’avoir, moi et Zara ? »

« Je l’aurais fait ; les avantages d’être Alpha. »

« Eh bien, quel imbécile tu as dû être si tu pensais que je te laisserais me manipuler une fois de plus après tous les mensonges sales que tu m’as soufflés à l’oreille. Je ne te laisserai jamais me toucher. »

« Ça a dû te faire mal quand je t’ai menti, quand je t’ai dit toutes ces mêmes choses à ma compagne Zara. »

« Vous vous méritez l’un l’autre, mais tu sais ce que tu ne mérites pas ? Mes larmes. »

« Ça a dû te faire mal quand j’ai pris ta virginité, te promettant des fausses vérités, et tu étais la pitoyable à y croire. »

C’était le tour de ma mère de parler maintenant. « Arrête tout de suite, jeune homme ; tu ne parleras pas à ma fille de cette manière. »

Rémy a ri. « Tu n’es rien qu’une esclave ; ferme-la, vieille chouette. »

« Sors, » j’ai dit, la colère montant dans ma chambre. « Sors de ma chambre, ou je te promets que tu vas le regretter. »

Il a esquissé un sourire, un sourire que j’aimerais tant lui effacer.

« Tu penses peut-être qu’Alpha Thierry serait ton petit sauveur, mais je te promets, tu ne tiendras pas deux semaines avec lui. Tu reviendras en suppliant pour obtenir pardon, prête à être tout ce que je veux que tu sois juste pour rester dans cette meute, et sais-tu ce que je ferais alors ? » il a demandé sans attendre de réponse, ce que je ne comptais pas lui donner, et il a continué. « Je te laisserais revenir, juste pour mon ego, et si tu penses que la vie que tu mènes maintenant est mauvaise, je la rendrais pire pour toi et pour la vieille chouette, » il a dit avant de quitter ma chambre.

Je ne devrais pas me soucier des paroles de Rémy, mais je le faisais. Le fait qu’il pensait que je ne tiendrais pas deux semaines avec Thierry m’a donnée des frissons. Pourquoi pensait-il ça ?

Alpha Thierry a tenu parole, et au coucher du soleil, il était à la maison de la meute. Je savais qu’il était arrivé avant même de le voir. Il y avait cette étrange tension chez chaque membre de la meute présent.

Un oméga m’a ordonnée de me rendre au bureau de Rémy ; c’était le dernier endroit où je voulais être, mais je savais qu’Alpha Thierry était aussi présent et, pour une raison quelconque, je me sentais protégée.

Je ne devrais pas me sentir ainsi.

Au fond, je savais que je n’avais pas pris la bonne décision, mais je ne pouvais pas me voir rester dans cette meute sous Rémy, pas après tout ce que j’avais dit et combien il voulait satisfaire son stupide ego, blessé et brisé.

Pourtant, je me suis retrouvée à marcher vers le bureau de Rémy. J’ai frappé silencieusement avant d’ouvrir la porte, et là, Alpha Thierry se tenait là, comme s’il possédait l’endroit. Ses yeux se sont posés sur moi, et peut-être que j’aurais dû écouter ma mère, car maintenant que je pouvais le voir clairement, tout chez lui hurlait le danger. Ma mère avait eu raison d’avoir peur de lui.