CassandraJe les regarde un par un. Trois hommes, trois caractères totalement différents, mais un objectif commun : me protéger.— Vous croyez vraiment que j’ai besoin de vous ?Lucien s’avance, son regard plongé dans le mien.— Oui.Un silence tendu s’installe. Je les fixe, cherchant une faille, une raison de les repousser. Mais au fond de moi, je sais qu’ils ne lâcheront pas.Alors, je fais ce que je n’aurais jamais cru possible.— D’accord. Mais à mes conditions.Trois paires d’yeux se posent sur moi.— On fait ça à ma manière, dis-je. Pas d’ordres, pas de décisions prises dans mon dos.Un sourire en coin apparaît sur les lèvres de Lucien. Gabriel acquiesce lentement. Raphaël, lui, soupire et passe une main dans ses cheveux, comme s’il savait déjà dans quel enfer il venait de s’embarquer.— Deal, répond enfin Gabriel.— Deal, répète Lucien.Raphaël finit par hausser les épaules.— Ouais… Deal.Je les observe. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise idée.Mais une chose es
CassandraLe nom de Samuel Armand tourne en boucle dans mon esprit. Je n’aurais jamais cru entendre à nouveau ce nom, encore moins dans de telles circonstances. Il appartenait à une époque que j’avais tenté d’oublier, une époque où mon père gouvernait encore le monde des affaires avec une poigne de fer.Assise sur le canapé, un verre d’eau à la main, je fixe le liquide sans réellement le voir. Mes pensées dérivent vers ce passé trouble.— Cassandra.La voix grave de Lucien me ramène brusquement à la réalité. Il s’est approché sans bruit, ses yeux perçant les miens avec une intensité troublante.— Tu es sûre que c’est bien lui ? demande-t-il d’un ton mesuré.Je déglutis et acquiesce.— Je ne vois pas qui d’autre pourrait être derrière tout ça.Gabriel, toujours aussi méthodique, s’assied en face de moi et joint ses mains sur ses genoux.— Raconte-nous tout ce que tu sais.Mon regard oscille entre eux. Raphaël, lui, est resté en retrait, adossé au mur, les bras croisés. Il ne dit rien,
CassandraRaphaël, resté silencieux jusque-là, se détache du mur contre lequel il était adossé.— Et si c’était exactement ce qu’il attendait ?Son regard sombre capte le mien, et je sens toute la méfiance qui l’habite.— Explique, lui demandé-je.Il passe une main dans ses cheveux, hésitant.— Mettons que ce gars soit aussi intelligent qu’on le pense. Il a attendu des années avant de faire son retour. Il n’a pas bougé pendant tout ce temps, et soudain, il se manifeste avec une lettre ? Il cherche clairement à te tester, à voir comment tu réagis.Je hoche la tête, consciente qu’il a raison.— Alors, pourquoi ne pas lui donner exactement ce qu’il veut voir ? proposé-je.Gabriel sourit en coin.— Tu veux dire… faire semblant d’être paniquée ?— Pas exactement. Je veux qu’il pense que j’ai peur, que je suis vulnérable. Qu’il se croie en position de force.Lucien arque un sourcil.— Ce qui signifie quoi, concrètement ?Je m’appuie sur la table et croise les mains sous mon menton.— Un fau
CassandraGabriel, qui a orchestré la fuite médiatique, est visiblement satisfait du chaos que cela a provoqué.— Il a bougé, nous annonce-t-il en entrant dans le grand salon où nous avons installé notre quartier général temporaire.Lucien et moi levons la tête immédiatement. Raphaël, assis un peu à l’écart, observe sans un mot.— Qu’est-ce qu’il a fait ? demandé-je.Gabriel pose son téléphone sur la table, nous montrant une capture d’écran d’un article en ligne."Samuel Armand réapparaît à Paris après des années d’absence."Mon cœur rate un battement.— Il est ici ? murmuré-je.— Il a été vu dans un hôtel de luxe du centre-ville, répond Gabriel. Il ne se cache plus.Je serre les poings.— Il pense que je suis partie, alors il croit pouvoir bouger librement.— Exactement, confirme Gabriel.Lucien croise les bras, réfléchissant.— On ne peut pas le confronter directement. Il faut qu’on le pousse à commettre une erreur.Je hoche la tête.— Et pour ça, il faut que je sois un appât encore
CassandraJe croise les bras.— J’ignore pourquoi tu es revenu, mais sache une chose, Samuel : tu ne contrôles plus rien ici.Il rit doucement.— Vraiment ? Pourtant, regarde-toi. Tu es venue. Tu es là, devant moi, malgré tout.— Parce que je voulais voir à quel point tu es pathétique, répliqué-je avec un sourire glacé.Il sourit à son tour, mais je vois la lueur dangereuse dans ses yeux.— Tu peux jouer ce jeu, Cassandra. Tu peux prétendre que tu m’as oublié. Mais on sait tous les deux que c’est faux.Il fait un pas vers moi. Instinctivement, je recule.— Tu étais à moi, Cassandra, et tu le seras toujours.— Alors il va brûler avec moi.Sa voix est douce, presque un murmure.Je sens une tension électrique entre nous, un mélange de défiance et de souvenirs que je refuse de laisser ressurgir.— C’est terminé, Samuel.Il sourit, mais cette fois, c’est un sourire sombre.— Ce n’est jamais terminé.Il tend une main vers mon visage, mais avant qu’il ne puisse me toucher, une ombre se gliss
CassandraGabriel, jusqu’ici silencieux, se redresse légèrement et croise les jambes avec une élégance calculée.— Samuel Armand n’est pas un homme qu’on titille pour le plaisir, Cassandra.Je lève un sourcil.— Vous avez peur pour moi ?Raphaël secoue la tête et écrase sa cigarette dans un cendrier en verre.— Non. J’ai peur de ce que ça va te coûter.Gabriel hoche lentement la tête, son regard perçant ne me lâchant pas.— Tu veux le manipuler, le faire entrer dans ton propre jeu. Mais est-ce que tu es prête à ce qu’il fasse pareil avec toi ?Je serre légèrement les poings.— Vous pensez que je suis faible ?Raphaël s’avance, son regard brûlant de frustration.— Ce n’est pas la question. On sait ce dont il est capable. Il ne recule devant rien.Il marque une pause, puis ajoute d’un ton plus bas, plus tranchant :— Et il te connaît mieux que personne.Je sens mon estomac se contracter à cette vérité implacable. Oui. Samuel me connaît. Il connaît mes faiblesses, mes peurs, mes points d
CassandraRaphaël secoue lentement la tête.— Il ne sait pas à quel point il a tort.Un sourire froid étire mes lèvres.— Exactement.Je me tourne vers Gabriel.— Je veux utiliser ses propres armes contre lui. Il a bâti son empire sur le contrôle et la manipulation. Si je parviens à lui faire croire que je joue son jeu, il baissera sa garde.Lucien plisse les yeux.— Tu veux le séduire pour mieux le piéger.Je hausse un sourcil.— J’ai déjà conquis bien plus dangereux que lui.Raphaël siffle entre ses dents.— Ça, c’est sûr.Gabriel croise les bras, un éclat de curiosité dans le regard.— Et ensuite ?Je serre les poings.— Ensuite, je le détruis.Un silence pesant s’installe.Puis Lucien murmure :— Alors faisons-le.Gabriel acquiesce.— Un pacte, alors.Raphaël pose une main sur mon bureau et me fixe intensément.— On se bat ensemble. Jusqu’au bout.Je prends une grande inspiration, puis tends la main vers eux.— Jusqu’au bout.Un à un, ils posent leur main sur la mienne.Et ainsi,
CassandraRaphaël se tend à mes côtés, prêt à bondir, mais je pose ma main sur son bras pour le calmer.Samuel s’arrête à quelques centimètres de moi, son sourire narquois toujours en place.— Cassandra.Sa voix est un venin sucré, un piège bien rodé.Je lui rends son sourire.— Samuel.Son regard glisse sur moi, appréciateur.— Tu es encore plus belle que dans mes souvenirs.Je penche légèrement la tête, un éclat de défi dans les yeux.— Et toi, toujours aussi pathétique.Son sourire vacille une fraction de seconde avant qu’il ne se reprenne.— Toujours aussi piquante. Mais nous savons tous les deux que c’est pour mieux cacher ta peur.Je m’avance d’un pas, réduisant la distance entre nous, et murmure d’une voix tranchante :— La seule chose que je cache, Samuel, c’est ta fin imminente.Il rit doucement, mais je vois la tension dans sa posture.— Tu penses pouvoir me renverser ?Je souris froidement.— Je ne pense pas, je sais.Il me fixe un long moment, puis tend une main vers moi.
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi