CassandraL’air froid de la nuit m’enveloppait alors que je traversais la demeure silencieuse. Chaque pas semblait résonner comme un écho lointain, accentuant l’anxiété qui me tiraillait. Le poids de la prophétie, enfouie dans ma poche, me semblait de plus en plus lourd à chaque mouvement. Et pourtant, je n'avais d'autre choix que d’avancer. Le destin, ce spectre omniprésent, m’escortait comme une ombre silencieuse, et je savais que ce soir, tout allait changer.Mes pensées se bousculaient, un tourbillon incessant de doutes et de certitudes. Raphaël, Lucien, Gabriel… Ils étaient tous liés à ma destinée d’une manière ou d’une autre, mais l’heure des décisions était enfin venue. Le jeu des apparences touchait à sa fin, et je me retrouvais à la croisée des chemins. Qu’allais-je choisir ? Mon amour pour Raphaël ? Le pouvoir que Lucien me promettait ? Ou la liberté, qu'il m'avait si longtemps empêchée de toucher ?Je poussai la lourde porte de l’étude. La lumière tamisée des chandelles dan
RaphaëlJ’étais là, dans cette pièce sombre, à observer l'ombre de mon passé qui flottait au-dessus de moi, insaisissable et menaçante. Tout semblait hors de contrôle, tout avait été chamboulé. Les événements des dernières semaines me poussaient à une conclusion que je redoutais : Cassandra, la femme que j’aimais, était en train de s’éloigner de moi, comme une étoile filante que l’on ne peut qu’admirer de loin sans jamais pouvoir la toucher.Je ne pouvais pas l’accepter. Tout en moi se rebellait à l’idée de la perdre, mais je savais que ce n'était pas une simple question de volonté. L’histoire que nous partagions était plus compliquée que cela. Et les jeux dans lesquels elle s’était engagée, avec Lucien notamment, rendaient la situation encore plus incertaine.Je m’étais enfermé dans ce bureau, trop de questions tourbillonnant dans mon esprit pour me permettre de trouver un semblant de calme. Je savais que Cassandra était partie, mais où ? Pourquoi ? Mon cœur battait à une vitesse eff
LucienLes murs de ma chambre résonnaient d’un silence que je ne pouvais plus supporter. Les échos du passé me hantaient, se mêlant aux cris muets de mes pensées. Cassandra. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à elle, encore et encore. Chaque nuit, je me réveillais avec son image gravée dans mon esprit. Ses yeux, son sourire, la douceur de sa voix, tout me manquait. Mais ce n'était pas tout. Ce n’était pas simplement la femme que j’avais aimée. Non, c'était bien plus que cela.Cassandra était un mirage. Un rêve que je n'avais jamais pu toucher, et pourtant, j’avais tout sacrifié pour elle. Tout, même ma propre dignité. Tout pour un avenir que je pensais nous appartenir. Mais les choses avaient changé. Elle s'était éloignée de moi, et je n'avais pas su l’arrêter. Elle était maintenant prise dans un tourbillon de sentiments conflictuels, partagé entre Raphaël et moi, un triangle amoureux qui m’écrasait sous son poids.Je savais que mes actions m'avaient mené à ce point de non-retour.
CassandraIl était là, devant moi, à quelques centimètres seulement, comme un spectre du passé revenant hanter mon présent. Lucien. Son regard empli de désir et de détermination m’assaillait, m’enserrant dans un piège invisible dont je n'arrivais pas à me défaire. Tout en lui, tout dans sa présence me rappelait cette époque où nous étions indissociables, où je croyais que notre amour serait éternel. Mais l’époque avait changé. Les choix, les sacrifices… tout cela pesait désormais sur mes épaules, et j'étais seule à devoir décider.Je sentais la chaleur de son corps, l'odeur de sa peau, mais tout cela me paraissait lointain. Plus que jamais, je savais que la décision qui s’imposait devant moi n'était pas simplement celle d'un cœur tiraillé entre deux hommes. Non. C'était la décision de toute une vie. Une vie que je ne pouvais plus abandonner à la passion seule, à ce qu’on m’avait toujours dit être l’évidence. J'avais évolué. J'étais devenue autre chose que cette femme que Lucien connai
CassandraLes rues étaient plus froides cette nuit-là, le vent soufflant à travers les ruelles sombres comme un murmure lointain, emportant les derniers vestiges de ce que j’avais connu. Le monde semblait étouffé sous le poids de mes décisions, mais étrangement, je ne ressentais plus cette pression sur ma poitrine. Au contraire, une étrange sensation de légèreté m'envahissait. La décision avait été prise, le chemin était tracé, et je n'avais plus à revenir en arrière.Je marchais aux côtés de Raphaël, silencieux comme toujours, mais sa présence était devenue un ancrage pour moi. Il n’avait pas dit un mot après que j’aie repoussé Lucien, il avait simplement suivi. Il n’avait pas besoin de paroles. Son regard suffissait. Il savait que je portais en moi cette fragilité qu’il respectait, cette force qu’il admirait sans jamais vouloir la briser.Le silence était lourd entre nous, mais il n’était pas gênant. C’était un silence de compréhension, de reconnaissance mutuelle. Comme si nous étio
CassandraIl y avait une étrange quiétude dans l’air ce matin-là. Le soleil, timide, se levait lentement, ses rayons glissant sur la ville avec une douceur inhabituelle. Je marchais à travers les rues encore endormies, les bruits habituels de la ville semblant étouffés par l'atmosphère pesante qui m’entourait. Il y avait comme une sensation de prémonition, une idée persistante que quelque chose d’inattendu allait survenir. Le genre de moment où le destin semblait suspendu, attendant de se manifester.Je n’avais plus revu Lucien depuis notre confrontation dans le parc. Depuis que j’avais pris ma décision, ma vie s’était accélérée d’une manière étrange, un tourbillon de pensées et d'émotions qui ne cessait de m'envahir. Mais, malgré tout, il y avait une sérénité qui m’était nouvelle. Raphaël était resté près de moi, mais il n'avait jamais imposé sa présence. Il savait que j'avais besoin d'espace, et il respectait cela. Pourtant, il était toujours là, dans l’ombre, prêt à intervenir si n
CassandraLe vent soufflait fort ce matin-là, secouant les branches des arbres comme des géants en colère. Le ciel, d’un gris d’acier, semblait prêt à déverser sa colère sur la terre. Pourtant, moi, je me sentais curieusement calme. Peut-être était-ce la conscience que l’inévitable approchait, ou simplement la fatigue accumulée ces derniers jours. Mais, plus que tout, c'était la certitude que quelque chose en moi était prêt à se briser ou à se transformer de manière irrévocable.Je m’étais éveillée tôt, comme d’habitude, mais aujourd’hui, il n’y avait pas de routine rassurante. Il y avait cette sensation, douce et inquiétante à la fois, qu’une nouvelle page allait se tourner. Une page que j’aurais, cette fois, le pouvoir d’écrire.Je me levai de mon lit et m'habillai avec une rapidité étonnante. J’avais des décisions à prendre, des choix à faire, et je savais que chaque mouvement, chaque geste de cette journée serait porteur de conséquences. Lucien. Raphaël. Mais aussi moi. Parce que,
CassandraLe bureau de Lucien, vaste et épuré, semblait une scène préparée pour une confrontation inévitable. La lumière froide qui pénétrait par les grandes fenêtres du fond jetait une lueur pâle sur les meubles en bois sombre, comme si l'ensemble de la pièce attendait la tempête. Et dans cet espace, au centre de ce calme glacé, il se tenait là. Lui, Lucien, mon ex-amant, mon rival, l'homme que j'avais aimé et haï, et qui, je le savais, m'observait avec un intérêt presque clinique.Je m’arrêtai à quelques pas de lui, les yeux plongés dans les siens, cherchant une faille, une émotion qui trahirait l’homme implacable qu'il s'efforçait d’être. Mais il n'y en avait pas. Il me regardait avec une intensité qui aurait pu me faire vaciller si je n'avais pas eu la force que j’avais maintenant, celle d’une femme prête à se libérer.— "Cassandra," dit-il d'une voix presque douce, mais pleine d’une assurance glaciale. "Tu as bien changé."Je ne répondis pas immédiatement. Mon regard balaya le bu
CassandraIl y a des moments où l’on doit se confronter à ses propres démons. Des moments où le poids du passé devient trop lourd, où les blessures n’ont pas le temps de guérir et où la vérité éclate enfin. Je le ressens aujourd'hui. Le vent dans mes cheveux, la lumière qui caresse ma peau. Et pourtant, c’est l’obscurité dans mon cœur qui domine.Gabriel est là, à mes côtés, mais quelque chose a changé. Cette distance, cette chape de verre entre nous, je ne peux plus la supporter. J’ai cru que le temps nous renforcerait, mais il ne fait que creuser davantage l’écart. Je veux le repousser, mais en même temps, je ne peux m’empêcher de le chercher. Je sais que ma décision, quel qu'elle soit, brisera quelque chose. Et cela m’effraie.— « Cassandra, » dit-il d’une voix grave, rompant le silence qui s'était installé. « Tu sais que tu peux tout me dire, n’est-ce pas ? »Je le regarde. Ses yeux sont emplis d’une inquiétude sincère. Mais en même temps, je sens qu’il n’y a plus de place pour l’
CassandraLe matin est là, mais l’obscurité dans mon cœur persiste. La chaleur du soleil ne parvient pas à dissiper l’ombre qui m’étreint. Gabriel est à côté de moi, mais je sens qu’un abîme nous sépare. L’étau se resserre autour de ma poitrine, et chaque respiration semble plus lourde que la précédente.La conversation d’hier ne m’a pas laissée indemne. Gabriel est calme, attentif, mais moi, je suis pleine de doutes. Ce poids, ce fardeau… Il est toujours là. Comment laisser tout cela derrière moi quand le passé m’a marquée, quand il n’est qu’à un souffle de moi ?Je me lève précipitamment, mes yeux fixant l’horizon. Je veux partir, fuir cette sensation de ne pas être entière, de ne pas être véritablement mienne. Je me tourne vers Gabriel, qui me regarde avec cette inquiétude qui me fait souffrir encore plus. Il a l’air de comprendre, mais il ne sait pas. Il ne peut pas comprendre ce que je ressens.— « Cassandra, » commence-t-il doucement, sa voix remplie de tendresse. « Nous devons
RaphaëlJe les vois comme des fantômes, ces deux-là, comme des ombres dont je ne peux me débarrasser. Pourtant, il y a encore une flamme qui brûle en moi. Une flamme qui ne s’éteint pas, malgré le temps et les épreuves. Mais il y a une part de moi, une part qui m’échappe, qui sait que je suis seul à porter cette souffrance.J'ai essayé de la garder près de moi, de la convaincre que j'étais celui qu'elle attendait. Mais c'est Gabriel qu'elle a choisi. Et peu importe combien je lutte, peu importe combien je me bats, il n'y a pas de place pour moi dans son cœur. J'ai été une option, une solution temporaire.Et pourtant, l'idée de tout abandonner me semble impossible. Comment pourrais-je laisser partir ce qu'il me reste ? Comment pourrais-je tout effacer ?Je serre les poings, la frustration montante. Il faut que je trouve un moyen de tout changer, de tout reprendre. Mais comment ? Comment revenir dans sa vie après tout ce qu’il s’est passé ? Est-ce que je peux encore lui offrir quelque c
RaphaëlIl n’y a plus de retour en arrière. La porte se referme derrière moi, et je me tiens là, dans l’obscurité du couloir. La lumière de la pièce s'éteint lentement, et je suis laissé dans cette ombre froide. Je suis conscient de la défaite qui pèse sur mes épaules, mais une partie de moi se refuse à accepter que tout soit fini. Cassandra m’a échappé. Elle a choisi Gabriel, et je ne peux plus rien y faire.Pourtant, une colère brûle en moi, une rage sourde qui refuse de disparaître. Ce n’est pas juste une question d’amour perdu. Non. C’est cette sensation d’avoir été manipulé, trompé. De ne jamais avoir eu la chance de lui offrir ce que j’aurais pu lui donner. C’est cette injustice, cette impression d’avoir été trop tôt remplacé.Je m'arrête dans le couloir, fermant les yeux un instant. Mon souffle est saccadé, et une idée commence à germer dans mon esprit. Si tout cela est fini, peut-être que je peux encore reprendre le contrôle d’une autre manière. Cassandra a choisi Gabriel, mai
GabrielJe ne savais pas ce que j'avais ressenti pendant tout ce temps, entre doute et certitude. J'avais voulu être le chevalier servant, celui qui protège. Mais j'avais sous-estimé l'ampleur du combat, le poids de l'âme de Cassandra. Aujourd'hui, en voyant Raphaël, je comprends enfin que ce n'est pas une bataille pour la sauver de lui. C'est une bataille pour la sauver d'elle-même.Je sens le poids du moment dans l'air, cette tension qui me tenaille les entrailles. J'ai l'impression que tout est suspendu. Cassandra m'a pris la main, et je sais que ce n'est pas une simple marque de soutien. C'est une déclaration. Elle a fait son choix. Et ce choix, c'est moi. Peu importe ce que Raphaël tente encore, il est trop tard.Raphaël fait un pas en avant, son regard me défiant, brûlant de haine. Mais je vois dans ses yeux aussi quelque chose d'autre : de la peur. Parce qu’il sait que le contrôle lui échappe. Il sait que cette guerre, il l’a perdue avant même qu’elle ne commence.— « C’est ça,
RaphaëlJe ne peux m'empêcher de sourire en voyant Cassandra se tenir là, devant moi, pleine de défi. Elle croit qu'elle a le contrôle, qu'elle peut tout gérer. Mais la vérité, c'est que je suis celui qui décide de la fin de cette histoire. Pas elle. Pas Gabriel. Moi. Et tout ce que je veux, c'est la reprendre.— « Tu n'as toujours rien compris, n'est-ce pas ? » Ma voix se fait plus douce, presque mielleuse. « Il n'y a que moi qui puisse te comprendre, Cassandra. Gabriel… il n'est qu'un obstacle. »Je vois son regard se durcir, et je sais que mes mots ont touché quelque chose en elle. Un petit quelque chose qui, je l'espère, la fera douter. Parce que tout ce qu'elle croit avoir trouvé avec lui, tout ce qu'elle pense avoir reconstruit, tout ça peut s'effondrer en un instant.Elle ne répond pas tout de suite, mais je vois la tension dans ses épaules. Elle n'ose pas me regarder directement. C’est une petite victoire. Mais il faut aller plus loin.— « Tu crois que ce que tu ressens pour l
GabrielJe regarde Cassandra se préparer, cette aura de détermination qui l’entoure maintenant. C’est comme si, en un instant, elle s’était métamorphosée, débarrassée de toute hésitation, prête à affronter tout ce que le monde pourrait lui jeter. Mais je sais qu’elle porte un poids que je ne pourrai jamais entièrement comprendre. Pas sans avoir traversé ce qu’elle a traversé. Et ce fardeau, je le ressens dans chaque mouvement qu’elle fait.— « Gabriel, tu viens ? » Sa voix me tire de mes pensées, douce, mais perçante. Elle est déjà prête, habillée de manière élégante mais pratique, son regard fixé sur moi.Je hoche la tête sans dire un mot. Je n’ai pas besoin de parler. Elle sait. Elle sait ce qui me tourmente, même si je n’en parle pas. Raphaël est toujours là, dans l’ombre, toujours un pas derrière, prêt à surgir. Il pense qu’il peut encore la contrôler, qu’il peut toujours la manipuler. Mais cette fois, je vais m’assurer qu’il comprenne bien que c’est fini.Je marche vers elle, ma
CassandraDans l’obscurité de la chambre, nous restons là, entrelacés, le souffle lentement apaisé.Mais je le sais.Raphaël ne va pas s’arrêter là.Et cette paix fragile pourrait être brisée à tout moment.Mais pour l’instant, je choisis de rester dans les bras de Gabriel.Juste cette nuit.Le matin se lève lentement à travers les rideaux fermés, une lumière douce et dorée filtrant dans la pièce. Je suis encore allongée contre Gabriel, ma tête posée contre son torse, le rythme de son cœur me berçant doucement. Ses bras sont autour de moi, comme s'il ne voulait plus jamais me laisser partir. Pourtant, une ombre me hante. Cette paix fragile que nous avons trouvée, je sais qu'elle n'est que temporaire.Raphaël est toujours là, dans l'ombre, et je sens son poids dans chaque silence que nous partageons.Je remue légèrement, cherchant à m’échapper des pensées qui m'assaillent. Mais Gabriel me serre un peu plus fort, et je sais qu'il ne me laissera pas partir, pas maintenant.— « Cassandra.
CassandraLe silence s’étire entre nous alors que nous roulons dans la nuit. Gabriel garde une main ferme sur le volant, son regard rivé sur la route. Le halo des réverbères glisse sur son visage tendu, éclairant brièvement la mâchoire contractée, le pli dur entre ses sourcils.Je sens la colère émaner de lui, contenue, prête à exploser.Je déteste le voir comme ça.Je tends une main vers lui, frôlant doucement son bras. Il ne réagit pas tout de suite, mais je sens la tension sous sa peau. Il est tendu comme un fil prêt à se rompre.— « Gabriel… »Sa main quitte le volant pour saisir la mienne, avec une force presque brutale. Ses doigts s’enroulent autour des miens, son pouce traçant un cercle sur ma paume.— « Il aurait pu te faire du mal. »Sa voix est basse, rauque, pleine de cette rage contenue.— « Mais il ne l’a pas fait. »Gabriel serre un peu plus ma main, son regard sombre perçant la nuit.— « Il ne l’a pas fait parce que j’étais là. »Je me tourne vers lui, le cœur battant.