La préparation du gala de charité dans le Pays E battait son plein. Entre robes haute couture, plan de table diplomatique, orchestres, invitations royales et discussions sur la teinte exacte du champagne à servir, Sarah Hopkins était dans son élément.Mais une chose la préoccupait plus que tout : faire monter Monica dans cet avion.Un après-midi ensoleillé, Sarah invita Monica pour un thé dans les jardins Hopkins. Anna, la sœur de Dave, les rejoignit avec des magazines de mode et des photos du lieu du gala, un somptueux palais vénitien transformé pour l’occasion.— Monica, imagine-toi dans une robe Dior, tous les projecteurs sur toi, les médias du monde entier prenant des photos de "Madame Hopkins", radieuse, enceinte, sublime…Monica haussa un sourcil, jouant l’indifférente, mais son regard brillait.— C’est flatteur… mais je préfère rester auprès de Dave. Ma grossesse est fragile.Sarah, sans se démonter :— Monica, soyons honnêtes. Tu es une figure publique maintenant. Ce gala n’es
La Villa se réveillait doucement. Une brume légère planait encore sur les jardins lorsque Henry Hopkins arriva, bien avant l’aube. Il avait prétexté une réunion de travail de dernière minute, mais son regard alerte et ses gestes rapides ne laissaient aucun doute : il était en mission.Dans la grande cuisine baignée de lumière dorée, Dave et Greg riaient déjà autour d’un café et de croissants. Malgré leur amnésie, leur complicité était toujours là, instinctive, naturelle. Sven, le nouveau "soignant" envoyé par Monica, entrait discrètement par la porte de service. Une mallette à la main, il s’approcha d’eux avec un sourire poli, presque effacé.— Messieurs, vos médicaments du matin, dit-il, posant deux petits gobelets contenant chacun trois comprimés blancs.Henry observait la scène depuis le salon attenant, l'air tranquille mais les nerfs tendus comme un fil. Il attendit que Sven dépose les pilules sur la table et s’éloigne brièvement vers la cuisine pour demander un verre d’eau.C’étai
Cela faisait quarante-huit heures depuis l’administration de l’antidote par Henry. Dave et Greg semblaient en apparence les mêmes hommes… mais à l’intérieur, quelque chose s’agitait.Des rêves devenaient plus fréquents. Des flashs de visages, de lieux, de voix.Une femme riait, quelque part entre deux vagues de mémoire. Une voix douce, familière. Et ce regard… qui n’était pas celui de Monica.Le matin, Dave se réveillait en sueur, le cœur battant. Il ne comprenait pas. Son corps semblait connaître quelqu’un que son esprit avait oublié.Greg aussi devenait nerveux. Il avait tenté de recontacter Johanne, sa sœur, pour lui poser des questions, mais elle était en déplacement et ne répondait pas. Alors il restait là, seul avec ses doutes… et ce malaise croissant dès qu’il croisait le regard de Monica dans les photos accrochées dans la villa.Pendant ce temps, au Pays E…Monica, radieuse dans sa robe de gala, enchaînait les coupes de champagne et les sourires mondains. Le gala de charité ét
Le salon de la maison Hopkins était silencieux.Dave et Greg, assis côte à côte, avaient encore l’air sonné. Henry leur servait du café pendant qu’Ylias, adossé au mur, croisait les bras. L’air grave.— Alors… tout ça était vrai, souffla Dave, encore en état de choc.— Oui, Dave. Cette nuit-là… Monica a tenté de vous tuer, répondit Henry.Greg secoua lentement la tête, les poings serrés.— Je me souviens maintenant… les tirs, la panique. Et elle qui descend l’escalier comme dans un film. Elle nous croyait morts.— Elle vous croyait morts parce qu’elle vous voulait morts, ajouta Ylias, d’un ton sec. Et pendant que vous étiez plongés dans le coma, elle a soudoyé un infirmier pour vous droguer. Le "poison blanc".— Mais pourquoi ?, demanda Greg, incrédule.— Pour garder le contrôle sur vous deux. Et reprendre Greatwall.Ylias sortit un dossier épais de son sac. Charles et Monica prévoient une prise de contrôle totale. Elle voulait que vous soyez dociles, oublieux… et amoureux d’elle.Dav
L’avion se posa avec une précision militaire. Ylias avait tout orchestré. Une voiture blindée attendait sur le tarmac. À l’arrière, Eva, la mère de Kate, les accueillit en larmes.— Dépêchez-vous. Elle est à la maternité. Elle perd beaucoup de sang, mais les bébés vont bien. Elle vous attend…Le cœur de Dave se serra.— Elle m’attend ? souffla-t-il, les yeux brillants.Eva hocha la tête.— Elle murmure ton nom depuis qu’elle a été emmenée au bloc. Elle voulait te dire quelque chose… Elle voulait que tu sois là.Dave monta dans la voiture sans perdre une seconde. Greg, Eva et Ylias l’accompagnèrent. Le véhicule fonça dans les rues du Pays C.L’hôpital privé était sous haute sécurité. La chambre de Kate, transformée en salle de travail d’urgence, accueillait déjà une équipe complète de médecins.À peine la voiture s’était-elle arrêtée que Dave bondit hors du véhicule. Il courut à travers les couloirs, guidé par une infirmière.Devant la porte du bloc, Evan, le petit frère de Kate, atten
Dave déboula dans le couloir comme un fou furieux. Les yeux rouges, le t-shirt froissé … il avait le look typique d’un père très fraîchement formé.Devant la salle d’attente, Eva, Yvan, Evan, Ylias et Henry– le virent arriver en courant, les bras levés comme s’il venait de gagner un marathon.— ILS SONT LÀ ! hurla-t-il, essoufflé, les yeux brillants. Ils sont nés ! LES BÉBÉS SONT LÀ !— Oh mon Dieu, oh mon Dieu ! cria Eva en se levant d’un bond.Dave ne put retenir ses larmes en répétant comme un enfant de cinq ans :— Ils sont là. Trois. Trois petits miracles. Trois mini-humains avec des joues de mochi. Ils sont si beaux. C’est… C’est… J’peux plus respirer…Yvan lui tendit une bouteille d’eau pendant que Henry éclatait de rire.— Tu viens littéralement d’oublier comment respirer ?, demanda-t-il.— J’ai crié trop fort. Et pleuré. Et… Oh mon Dieu, Kate a été incroyable ! Vous auriez vu ça. Une lionne. Une déesse. Une... une… héroïne Marvel enceinte !Tout le monde riait. Même Evan, qui
Le téléphone vibra dans la main de Sarah Hopkins. L’écran affichait Henry.— Tu décroches ou t'attends qu'on soit mariés à nouveau ? lança-t-elle avec humour en répondant.La voix de Henry, grave mais joyeuse, vibra à travers la ligne.— Dis-moi que tu es encore au Pays E.— Oui, avec Anna. On repart dans l’heure, pourquoi ?— Ne dis rien à Monica mais... Kate a accouché. Elle a eu les triplés. Ce sont les enfants de Dave, Sarah. On est grands-parents.Le silence dura trois longues secondes.— … Henry… murmura Sarah, la gorge nouée. Trois ?— Trois. Deux garçons, une fille. Ils vont bien. Tous. Et Dave est… changé, Sarah. Il est… complet. C’est comme s’il était enfin rentré chez lui.Sarah posa une main sur sa poitrine pour calmer les battements de son cœur.— Oh mon Dieu… mais il ne faut surtout pas que Monica l’apprenne maintenant.— Exactement. J’ai fait préparer deux jets. Un pour elle, un pour toi et Anna. Trouve une excuse pour la faire monter seule dans le jet des Hopkins. Vous
Le jet privé des Hopkins atterrit en douceur sur le tarmac du Pays A. La lumière dorée du soir baignait l’aéroport, et Monica, drapée dans un manteau beige signé haute couture, descendit les marches avec le port altier d’une femme victorieuse. Elle caressait son ventre arrondi, persuadée que tout se déroulait comme elle l’avait prévu.Elle ignorait que le monde venait de s’écrouler derrière son dos.Aucun chauffeur en uniforme, aucun bouquet de fleurs, aucun Dave pour l'accueillir avec un sourire factice. Le silence l’accueillit.Son regard se durcit. Elle sortit son téléphone et appela. Rien. Elle serra les dents."Très bien."Elle monta dans un taxi de luxe, pestant intérieurement. Une heure plus tard, elle poussait les portes de la villa avec agacement.La maison semblait figée, presque... abandonée.Elle arpenta les couloirs, montant à l’étage. La chambre de Dave était impeccable, le lit parfaitement fait. Pas une trace de lui.Le dressing ? Presque vide. Plusieurs costumes avaien
Le soleil se couchait doucement sur les jardins de la villa, teignant le ciel d’un rose orangé. Les familles, réunies pour un dîner en extérieur, savouraient les derniers instants d’une journée parfaite. Tandis que les bébés dormaient paisiblement à l’étage, bercés par les soins experts de leurs grands-parents, les jeunes mariés profitaient d’un rare moment de calme.Dave, accoudé à la rambarde de la terrasse, sirotait un jus de citron frais, le regard perdu dans l’horizon. À ses côtés, Greg sirotait un soda glacé, les pieds posés sur une chaise vide.Soudain, Dave tourna la tête vers lui, un sourire malicieux au coin des lèvres.— Tu te souviens du pari qu’on avait fait, il y a un an ? Juste après que j’ai rencontré Kate ?Greg haussa un sourcil, l’air intrigué… puis éclata de rire en recrachant presque sa gorgée.— Comment oublier ça ! J’avais parié que tu finirais par tomber fou amoureux d’elle, et que tu l’épouserais !— Et moi j’avais dit que c’était impossible… répondit Dave, fa
Le grand jour était enfin arrivé.Sous un ciel bleu limpide et une brise douce parfumée de jasmin, la grande villa des Hopkins avait été transformée en un jardin de conte de fées. Guirlandes suspendues entre les arbres, pétales de roses jonchant l’allée, arche florale majestueuse… tout semblait tout droit sorti d’un rêve.Mais comme dans tout rêve parfait, il y avait... quelques imprévus.Evan courait partout avec une cravate de travers.— Quelqu’un a vu les chaussures de Greg ?! Mathias a bavé sur mes fichues notes de discours ! Et Christiana vient de faire pipi sur la robe de Joy. CATASTROPHE !Kate sortit de la chambre, rayonnante dans sa robe ivoire. Elle attrapa Evan par les épaules :— Respire. Tout va bien.— Je vais m’évanouir avant vous !Greg arriva au même moment, torse nu, une chaussette sur la tête au lieu du pied.— Je suis prêt ? Non ? Trop de pression. Dave respire comme Dark Vador dans le dressing. Joy pleure parce qu’elle a marché sur sa traîne. Et Mathias veut un bib
La villa de Kate et Dave bourdonnait d’une effervescence douce et joyeuse. Depuis l’annonce de leur double mariage, les familles Kitson, Hopkins, Jensen et Hanson ne parlaient plus que de ça : le grand jour. Ou plutôt... les deux grands jours réunis en un seul.Car oui, l’amour avait frappé fort et d’un coup : Kate et Dave, les âmes reconnectées après mille tempêtes, allaient dire oui... en même temps que Joy et Greg, les cœurs nouveaux, surpris mais sincèrement liés.La première à fondre en larmes en voyant les robes de mariées alignées sur les portants, ce fut Eva, la maman de Kate et Joy.— Mes bébés vont se marier... et le même jour en plus !— Tu veux que je te dise, maman ? lança Joy en souriant. J’ai toujours su qu’on ferait tout ensemble. Même tomber amoureuse au même moment.— On va vous voler la vedette, ajouta Kate en riant, les yeux fixés sur sa sœur.Pendant ce temps, Greg et Dave, eux, testaient leurs costumes devant un miroir géant.— Je crois que j’ai un air de prince
Le lendemain matin, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre. Greg et Joy étaient ensemble. Ou, selon les rumeurs des plus enthousiastes : "ils s'aiment comme des fous et élèvent déjà Mathias ensemble dans une villa pleine de fleurs et de biberons."C'était Henry Hopkins qui avait lancé les festivités. Assis avec Eva Kitson sur un banc au jardin, il tapota son téléphone, lut le message de Greg… et explosa de rire :— Mais alors c’est vrai ?! Ma future belle-fille, c’est la petite Joy ? Ha ! J’aurais dû m’en douter !Eva fronça les sourcils avec un sourire en coin.— Qu’est-ce qui te fait rire, Henry ?— Notre Greg est amoureux de de votre Joy, et moi, je trouve ça parfait ! On devrait faire un arbre généalogique en spirale, tiens, ça ira plus vite !Dans le salon de Kate, Yvan Kitson – toujours très sérieux – était en train de lire le journal quand Dave entra, hilare :— Papa Yvan, tu savais que Joy et Greg sont ensemble ?Yvan leva un sourcil, très calme.— Oui. Et j’
Quelques semaines après le procès, la vie reprenait lentement son cours. Dave et Greg avaient un besoin urgent de tourner la page, de construire quelque chose de nouveau – de solide – pour leurs familles respectives. Et cela passait, d’abord, par un nouveau foyer.Dave tomba amoureux d’un domaine immense situé à flanc de colline, une villa de 2000m² avec un jardin luxuriant, une piscine naturelle, une serre, et même une petite forêt en bordure. Lorsqu’il emmena Kate la visiter, elle n’en revenait pas.— Dave… tu es fou ! C’est gigantesque.— Fou de toi, surtout, répondit-il avec un sourire espiègle. Il nous faut de l’espace pour les triplés. Et pour toi. Je veux que tu te sentes libre ici.Kate avait les larmes aux yeux en découvrant la chambre des bébés, déjà décorée. Son cœur battait à tout rompre.De son côté, Greg avait opté pour une villa plus discrète mais pleine de charme, avec un jardin fleuri, des baies vitrées, une terrasse en bois et une chambre spécialement conçue pour Mat
La nuit était tombée à l’Escala. Les rires s’étaient tus, les berceaux bercés, les familles reparties. Le calme régnait enfin, un calme doux et feutré, comme si le monde entier retenait son souffle pour ne pas déranger ce moment.Dans la chambre principale devenue leur cocon, Dave et Kate étaient enfin seuls. Les triplés dormaient à quelques mètres d’eux, paisibles. Leurs petits soupirs étaient les seuls sons qui brisaient le silence.Kate, encore vêtue d’une robe légère, se tenait debout face à la fenêtre, contemplant le jardin nocturne. Dave, adossé au chambranle de la porte, la regardait en silence. Il n’y avait plus Monica, plus de poison, plus de secrets — juste elle et lui. Et le poids insupportable de toutes ces mois à se désirer sans se retrouver.— Tu comptes rester là toute la nuit ? demanda Kate d’un ton doux mais chargé de sous-entendus.Dave sourit. Ce sourire. Celui qu’elle avait aimé dès le premier jour.— Je n’ose pas m’approcher. Tu es… comme un mirage.Kate se retourn
La nouvelle de la naissance de Mathias Hanson s’était répandue aussi vite qu’un éclair dans un ciel d’été. À peine quelques heures après l’accouchement, la salle de repos de la maternité était remplie de visages rayonnants, curieux, parfois émus jusqu’aux larmes.Greg, blême de fatigue mais souriant jusqu’aux oreilles, tenait son fils dans ses bras avec la maladresse d’un homme qui apprend encore à respirer en même temps que son bébé.— Il est là… souffla-t-il, les yeux brillants, en voyant les premiers invités arriver.La grand-mère de Greg, une dame élégante au regard perçant, entra en tête du petit groupe, suivie des parents de Greg et de sa sœur Johanne. Tous s'arrêtèrent en le voyant.— Greg… mon dieu… c’est ton fils ? souffla sa mère, les larmes aux yeux.— Oui, maman. Je vous présente Mathias.Sa grand-mère, d’ordinaire un roc d’austérité, dut sortir un mouchoir. Son père s’éclaircit bruyamment la gorge pour contenir l’émotion, tandis que Johanne fondait carrément en larmes.—
Le van noir fonça jusqu’à l’hôpital à une vitesse qui aurait fait pâlir un pilote de Formule 1. Dave klaxonnait à chaque virage.— Dave ! Tu vas nous tuer !— T’as crié « elle accouche » ! C’est soit ça, soit tu coupes le cordon toi-même dans le salon, Greg !Ils freinèrent net devant les urgences maternité, Greg sauta hors de la voiture... et se tordit la cheville en atterrissant.— Aïe ! Aïe ! Je suis foutu ! J’arriverai jamais !Dave, hilare, le soutint sous l’épaule.— Allez papounet, debout ! Si t’es pas là pour couper le cordon, c’est moi qui le fais, et je te promets que je le ferai avec les dents.Greg hurla un "NOOONNNNNN", qui fit se retourner toute la salle d’attente.Une infirmière, alertée, accourut.— Vous êtes monsieur Greg ? Vite, suivez-moi, elle est en salle de naissance, vous avez juste le temps d’enfiler la blouse !Greg attrapa la blouse, se trompa de sens, s’emmêla dedans, manqua de tomber sur un brancard, puis… enfin, entra.Monica était pâle, en sueur, exténuée
La douleur frappa Monica comme un éclair dans la colonne. Brutale. Sèche. Elle tomba à genoux sur le sol glacé de sa cellule. Ses cris résonnèrent dans les couloirs bétonnés de l’aile d’isolement.— Aaaahhh… oh mon Dieu… AAHHH !Le gardien accourut, alerté par l’alarme déclenchée dans la cellule.— Elle perd les eaux ! URGENCE MÉDICALE !Monica, haletante, transpirante, hurla :— Appelez Greg ! Je veux Greg ! Appelez-le maintenant !Deux gardes la hissèrent sur une civière, sous le regard figé d’une infirmière carcérale. Monica agrippa l’un d’eux par le col, les yeux fous :— Appelez Greg, je vous en supplie ! Dites-lui que je… que je vais accoucher !Son regard n’avait plus rien de froid ou stratégique. Il n’y avait plus de manipulation. Plus de contrôle. Juste une femme terrifiée par l’inconnu, acculée par la douleur, le ventre en feu, un bébé prêt à naître dans un monde qui la rejetait.— Hôpital central, maternité haute sécurité ! hurla l’un des gardes dans son talkie.— Prévenez