Rubis. Mais je n’ai aucune certitude à offrir.— Tu es bien avec lui, hein ? Aziz ? Ce mari que tu as choisi, la personne avec qui tu veux passer ta vie, murmure-t-il, presque amer.Je me mords la lèvre. Ce n’est pas aussi simple. Mais je n’arrive pas à le lui dire. Pas maintenant, pas après tout ce qui s’est passé.— Ce n’est pas comme ça, Prince, dis-je finalement, ma voix à peine un murmure. C’est compliqué.— Complicated ? Il se moque. Tu parles de lui comme s'il était la solution à tous tes problèmes. Mais tu ne vois pas qu’il est exactement comme tous les autres ? Il te manipule, Rubis. Comme ils l’ont tous fait. Il t’a enchaînée à ce monde, il t’a capturée, et tu es trop aveuglée pour le voir.Je déglutis, ses mots frappant là où ça fait mal. La vérité, aussi amère soit-elle, m'atteint. Oui, je me sens prisonnière de ce monde, mais il n'y a pas de retour en arrière. Et je n’arrive même pas à savoir si je le veux encore.Je suis sur le point de lui répondre, mais une voix grave
RubisLe vent léger souffle à travers la fenêtre ouverte, et je me tiens là, observant les vagues caresser doucement le rivage. C’est un moment de paix, rare et précieux, dans ce tourbillon d’émotions qui m’enserre jour après jour. Je ferme les yeux, cherchant à me recentrer, à comprendre ce qui se joue entre Aziz et moi. Ce qu’il se passe dans mon cœur, ce que je ressens vraiment.Je sais qu’il est là, derrière moi, sa présence aussi tangible que l’air que je respire. Sa silhouette s’impose dans la pièce, mais cette fois, il ne me regarde pas avec cet air d’autorité, ni cette volonté de posséder. Il est… plus humain. Plus vulnérable, peut-être.Je me tourne lentement, croisant son regard. Il ne dit rien, mais il y a une douceur dans ses yeux que je n’avais jamais vue auparavant. Une tendresse qui me surprend et me trouble à la fois.— Tu vas bien ? demande-t-il, sa voix plus basse que d’habitude, comme s’il hésitait à briser le silence fragile qui s’est installé entre nous.Je hoche
Ses mots, son hésitation, tout cela me touche d’une manière que je n’aurais jamais imaginée. Elle veut essayer. Elle veut comprendre ce que nous avons, et pour la première fois, je me sens accepté dans ma totalité. Sans jouer un rôle, sans prétendre être celui que je ne suis pas.Peu importe combien de temps cela prendra, je suis prêt à attendre. Je veux qu’elle sache qu’elle n’est pas seule dans cette histoire. Et qu’elle mérite bien plus que ce qu’elle pense d’elle-même.Peut-être que l’amour, le vrai, est encore loin. Mais, avec Rubis, je suis prêt à découvrir ce que cela signifie. Pas à pas. Sans précipitation.---RubisL’air est plus lourd ce soir, comme si la mer elle-même retenait son souffle. Nous sommes là, tous les deux, dans la pièce qui est devenue notre sanctuaire, un endroit où les silences et les mots se mélangent en une danse subtile. Il n’y a plus d’imposantes barrières entre nous, juste des regards et des gestes qui en disent plus que tout discours.Je suis près de
AzizLes jours qui suivent sont étranges, remplis de cette nouvelle légèreté qui n’était jamais là auparavant. Comme si le poids du monde s'était soudainement allégé, juste parce que Rubis et moi avions pris cette décision silencieuse, celle de nous faire confiance et de nous aimer. Mais quelque chose en moi, quelque chose de profondément ancré, me dit que ce n'est pas suffisant.Je suis marié à Rubis, oui. Mais il manque quelque chose d’important. Ce n’est pas juste une question de titres ou de rituels. Non. C’est un besoin plus intime, une quête de reconnaissance. Pas de la part des autres, pas de l’extérieur. Mais de la part de ceux qui comptent vraiment. Et pour moi, il n’y a personne qui compte plus que sa mère.Depuis le jour où Rubis est entrée dans ma vie, je savais que cela ne serait jamais facile. Elle n’est pas une simple femme à séduire ou à posséder. Elle est complexe, indépendante, et sa place dans ce monde ne se résume pas simplement à un rôle d’épouse ou de compagne. C
RubisLe matin, comme à mon habitude, je me rends à mon bureau, les pensées encore tournées vers Aziz et cette conversation silencieuse mais intense qui s'est déroulée entre nous ces derniers jours. Il y a quelque chose de plus lourd dans l'air, un sentiment de responsabilité et d'engagement que je n'avais pas vu venir. Mais aujourd'hui, ce n'est pas de lui dont je vais parler. Ce n'est pas de mon mari ni des promesses que l'on s'est faites. C'est d'Annick.Annick, ma meilleure amie. La personne qui a partagé mes joies, mes peines, mes réussites, et mes échecs. La seule qui, à part ma mère, sache réellement qui je suis. Elle et moi, nous avons traversé ensemble bien des tempêtes, et aujourd'hui, j'ai besoin de la voir.Le travail me paraît étrangement calme ce matin, comme si tout était suspendu, comme si le monde extérieur attendait que j'affronte mes propres démons avant de reprendre son rythme habituel. Je m’installe à mon bureau, feuilletant quelques documents, mais mon esprit est
AzizLa journée a commencé comme toutes les autres, avec des appels, des décisions à prendre et des affaires à gérer. Mais un appel me fait sursauter, une sonnerie qui résonne dans l’espace silencieux de mon bureau. Je reconnais immédiatement le numéro. Ma femme.Depuis quelques mois, elle et moi n’avons plus la même relation. Les tensions entre nous se sont accrues, tout comme le fossé qui s’est creusé. Son emprise sur moi n’a jamais été aussi palpable, mais j’ai aussi découvert en moi quelque chose de nouveau, quelque chose qui ne me permet plus de revenir en arrière. Et c’est Rubis qui a réveillé cette part de moi.Je suis loin d'être l'homme qu’elle croit que je suis. Et bien que cette relation soit fragile et complexe, je sais que je suis capable de tout pour défendre ce que j'ai trouvé avec Rubis.Je décroche, et sa voix glacée se fait entendre presque immédiatement.— Aziz, il faut qu'on parle, me dit-elle d’un ton autoritaire, presque impérieux. C'est important.Je soupire en
AzizJe pense à elle, à son sourire, à la façon dont elle a su m’apprivoiser, briser les murs que j’avais érigés autour de moi. La douleur de ma vie passée semble s’estomper à mesure que je la laisse prendre de l’espace dans mon cœur. Elle est différente, et cette différence me fait sentir vivant. Elle est le feu, l’énergie brute que j'ai toujours cherché sans jamais oser l’admettre. Avec elle, je ne me sens pas obligé de jouer un rôle. Je suis moi, sans faux-semblants .J’entends soudain des pas dans le couloir, et une voix familière m’arrache à mes pensées. C’est Marius, mon bras droit. Il semble pressé, presque inquiet, et je sais déjà qu’il a des nouvelles.— Aziz, je peux entrer ? me demande-t-il avec précaution.Je me tourne et l'invite d’un geste de la main à entrer. Ses yeux se posent immédiatement sur mon visage, cherchant la moindre indication qui pourrait trahir mon état d’esprit. Mais il sait mieux que de poser des questions inutiles. Marius a appris à lire mes humeurs san
RubisLe temps semble s’être figé dans cette pièce, chaque minute qui passe est lourde de promesses et d’incertitudes. Je suis assise dans le salon de notre appartement, les yeux fixés sur les portes vitrées qui s’ouvrent sur la ville. L’ombre des palmiers se dessine sur le sol, mouvante, irrégulière, comme si la vie elle-même ne savait pas quel chemin emprunter. La brise légère fait frissonner ma peau, mais mon esprit est ailleurs.Je pense à Aziz.Il occupe chaque recoin de mon esprit, chaque repli de mon cœur. Après tout ce que nous avons traversé, tout ce que nous avons partagé, il est difficile de savoir où finit la douleur et où commence l’amour. C’est une frontière floue, incertaine, mais je m’y sens à ma place.Il m’a fait découvrir un amour que je n’avais jamais cru possible, et pourtant, en moi, une petite voix s’élève, une petite inquiétude que je ne peux pas ignorer. Elle me dit que tout cela n’est pas aussi simple. Je sais qu’Aziz a un passé lourd, compliqué, un passé qui
RubisLes jours se suivent et se ressemblent, mais chaque matin semble désormais différent. Le monde autour de moi a changé, tout comme ma perception de ce dernier. L’idée que je porte un enfant, notre enfant, semble m’habiter à chaque instant. Cette pensée douce et bouleversante me poursuit à chaque mouvement, à chaque battement de mon cœur. La vie, celle que je vais offrir à ce petit être, semble fragile et précieuse, comme un fil suspendu dans le vide, mais rempli d’un potentiel immense.Le ventre commence à se voir, à se dessiner lentement, et chaque matin, je pose mes mains dessus, comme une promesse silencieuse à cet enfant. Aziz est plus que présent, plus que jamais. Il veille sur moi comme un protecteur, mais aussi comme un homme qui a trouvé sa place. Ses yeux brillent d’une lueur différente, d’une douceur nouvelle, et je vois dans son regard qu’il est déjà tombé amoureux de ce bébé, avant même qu’il ne soit là.Il n’y a pas un jour où il ne m’adresse un sourire plein de tend
RubisLes mois ont passé en un éclair. Chaque jour passé à ses côtés semble être une éternité, mais une éternité douce et pleine de sens. Aziz et moi avons créé notre propre monde, un monde où l’amour et la complicité sont plus forts que tout le reste. Le chaos qui m’entourait avant semble s’éloigner, comme un lointain souvenir que je tente de ne plus revoir. Nous avons trouvé une certaine paix ensemble, une tranquillité fragile, mais sincère.Aujourd’hui, la maison semble plus lumineuse que jamais. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux, illuminant chaque coin de la pièce, et je me sens… bien. Plus que bien, en réalité. C’est comme si une énergie nouvelle envahissait chaque cellule de mon corps, une chaleur douce et rassurante qui ne fait qu’augmenter au fil des jours. J’ai l’impression de renaître, de trouver une version de moi que j’avais oubliée.Je suis assise sur le canapé, une tasse de thé fumant entre les mains, mes pensées vagabondant. Aziz est dans la cuisine, s
RubisLe matin se lève lentement, apportant une lumière douce et chaude à travers les rideaux. Je me réveille dans le silence de la maison, mais un silence différent de celui de la veille. Ce matin, il n’y a pas ce malaise, cette lourdeur qui pesait sur mes épaules. Non, aujourd'hui il y a cette chaleur, cette douceur étrange qui m'envahit depuis que Aziz est rentré. Ses bras autour de moi, sa présence constante… Il est là, à chaque instant, et chaque seconde passée avec lui est comme une promesse silencieuse, une promesse de réconfort et de passion.Je me tourne lentement vers lui, le voyant allongé à côté de moi, sa respiration calme. Son visage est serein, comme s’il ne se souciait de rien. Il est si différent de tout ce que j’ai connu, et pourtant, il m’attire d’une manière que je ne peux pas expliquer. Tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai traversé, m’a conduite à lui. C’est comme si, dans ce chaos, dans cette guerre secrète, il était le seul à apporter un peu de clarté.J’effl
RubisIl me regarde longtemps, son regard perçant, comme s’il voulait déchiffrer les mystères de mon âme. Mais il se contente de hocher la tête et se tourne vers la télévision. Peut-être qu’il n’a rien vu, ou peut-être qu’il fait semblant. Je ne le sais pas, et je n’ai pas envie de le savoir.Je me sens à la fois perdue et piégée. Tout ce que je voulais, c’était sauver Prince, mais voilà que je suis en train de me perdre moi-même.Le silence dans la maison est assourdissant. Je suis assise dans le salon, fixant le téléphone posé devant moi. La lumière tamisée de la pièce éclaire faiblement mon visage. Les pensées tournent, vides, en boucle. Chaque bruit semble plus intense que le précédent, chaque mouvement plus lourd. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette sensation étrange, ce malaise persistant qui me ronge de l’intérieur.Peu après mon arrivée à la maison, Aziz est allé se coucher, et je suis restée là, seule avec mes pensées. Mon esprit ne peut s’empêcher de ressasser tout ce
RubisLe trajet de retour est une épreuve silencieuse. La route défile devant moi, chaque mètre qui me sépare de chez moi me pèse un peu plus. Le silence dans la voiture est lourd, presque oppressant, et je n’arrive pas à calmer l’agitation qui m’envahit. Tout ce que je viens de faire, ce que je viens de risquer, semble me rattraper, mais il n’y a plus de retour en arrière. Le rituel a eu lieu, la poudre a fait son effet, mais tout ce que je ressens, c’est un vertige de culpabilité et de doute. Ai-je fait le bon choix ? Est-ce que cela suffira pour sauver Prince, ou l’ai-je poussé plus loin encore dans la folie ?Je ferme les yeux un instant, cherchant à trouver un peu de calme, mais c'est impossible. Dans ma tête, tout est un tourbillon. La conversation avec le marabout, l’odeur de la poudre, le moment où j’ai vu Prince manger le repas. C’était comme si le monde s'était suspendu, et maintenant que je suis en route vers la maison, tout reprend son cours, mais pas de la façon dont je l
RubisLa nuit tombe doucement sur la ville, et tout autour de moi, le silence s’épaissit, lourd de promesses non dites. J’ai pris une décision, une décision qui scellera peut-être le destin de Prince. Je dois le voir ce soir. Tout ce que je veux, c’est l’aider. Mais l'angoisse se mêle à la détermination. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Si cette poudre ne fonctionne pas, si tout cela échoue, alors je risque de perdre Prince à tout jamais. Ou pire encore, je pourrais le pousser plus loin dans la folie.J’ai fixé le rendez-vous dans son ancienne villa, un lieu où il se sentait chez lui, un lieu où il avait encore un semblant de contrôle. Peut-être qu’en retrouvant cet endroit, il se sentira plus calme, plus apaisé. Peut-être que la présence de cet espace familier l’aidera à accepter ce que je vais faire pour lui. Ce soir, tout doit changer.Je suis dans la voiture, les phares éclairant la route déserte, la ville s’éloignant derrière moi. Je me sens nerveuse, mais en même temps, une part
RubisLa tension dans l’air est palpable, un poids lourd qui pèse sur ma poitrine, alors que je me tiens face à Ladji. Les rues autour de moi sont animées, mais tout semble flou, comme si le monde tournait autour de moi et que j’étais piégée dans une bulle, perdue dans mes pensées. Chaque seconde qui passe me rapproche davantage de la décision que je vais devoir prendre, et je sais que c’est désormais une question de vie ou de mort. Prince… si je n’agis pas maintenant, je vais le perdre.Ladji est un homme que j’ai appris à connaître, un homme qui voit des choses que beaucoup d’autres ne perçoivent pas. Sa sagesse m’a souvent guidée, mais aujourd’hui, je suis venue pour une décision qu’il devra prendre, une décision qui ne pourra pas attendre. Je n’ai pas le temps de discuter des subtilités. Ce que je lui demande est risqué, et je sens son regard scrutateur posé sur moi, pesant chacun de mes mots.Je me tiens face à lui, le regard déterminé, mes mains serrées autour de ma veste, comme
RubisLes nouvelles concernant Daniel tourbillonnent dans mon esprit comme des vagues déchaînées, et plus j’y pense, plus l’angoisse m’envahit. J’ai l’impression que le monde autour de moi se fissure lentement. Ce n’était pas qu’une simple coïncidence : Daniel est devenu fou, et il n’était pas le seul. Ce qu’il a vécu en prison a brisé ce qui restait de sa raison, et je sais qu'il y a une part de cela que j’ai contribué à nourrir.La culpabilité me ronge. J’ai observé Daniel se perdre, l’avoir poussé à bout, et je savais au fond de moi que ce n’était pas un simple accident. Nos actions, nos décisions, tout ce qui s'est passé a mené à ce point. Et maintenant, je me dis que si je n’agis pas rapidement, Prince pourrait aussi sombrer dans cette même folie.Je me rappelle que j'ai arrêté de coucher avec Prince, mais est-ce que cela suffit pour le protéger de ce qui pourrait se produire si je ne fais rien ? L'idée qu'il suive le même chemin que Daniel m'envahit et me glace le sang. Je dois
RubisLe ciel est d'un bleu profond, presque irréel, tandis que je regarde la mer depuis le balcon. Le vent est doux aujourd'hui, et pourtant, une étrange tension flotte dans l'air. Aziz est silencieux, absorbé par ses pensées, mais je sens qu'il attend quelque chose. Il ne dit rien, mais je connais assez bien son regard pour savoir qu'il y a quelque chose qu'il ne m'a pas encore dit.Le téléphone de la table vibre soudainement, me tirant de mes pensées. Je le saisis d'un geste lent, le cœur battant plus fort. C'est un message de mon avocat. Un simple texte, mais une sensation glacée me traverse.« Rubis, il faut que vous veniez au bureau. Une nouvelle inquiétante concernant Daniel. »Un frisson parcourt ma colonne vertébrale, et je me tourne immédiatement vers Aziz. Il a remarqué ma réaction, et il se lève précipitamment, ses yeux fixés sur le téléphone dans mes mains.— Qu’est-ce qu’il y a ? demande-t-il d’une voix calme, mais le ton ne masque pas la tension qui y est cachée.Je lis