—Evalina, tu viens ? m’appelle Zéphyr.Je m’empresse de le rejoindre à l’extérieur de l’Imposant, non sans un dernier regard vers Mélodie. Elle est étendue par terre, baignant dans son propre sang. Je détourne mes yeux de cette horrible scène et prends soin de refermer la grande porte noire derrière moi. Difficile de croire que c’est moi qui ai fait ça… Je rejoins les autres, désormais en pleine possession de leur moyen, le pouvoir de guérison de Zéphyr ayant porté ses fruits. Ils ont installé Isaac à plat ventre sur un pégase blanc, attaché solidement par des cordages afin de lui éviter la chute. Chacun rejoint sa monture et je m’aperçois que personne ne l’accompagne.—Qu’est-ce qu’on fait d’Isaac ? demandé-je, pour en être sûre.—Ne t’inquiète pas, il ne va pas tomber, me rassure Apolline. Le cordage est sûr. Et le pégase sait où aller ! Étant donné que nous avons déjà fait le chemin du Majestueux jusqu’à l’Imposant, ils n’auront aucun mal à fai
S’il te plaît, Angie, on a besoin de votre aide.—Qu’est-ce que tu fais ? me demande Sean, toujours occupé à rassurer Bastian.Je rouvre les yeux et attends quelques secondes avant de lui répondre, laissant mes pupilles s’habituer à l’obscurité. Cela faisait un moment que j’avais les paupières closes.—J’essayais de contacter Angie par la pensée, expliqué-je. Mais je crois que c’est inutile, ça ne fonctionne pas.C’est sans doute au-dessus de mes capacités. S’il m’avait entendu, il serait là, non ?—Les animaux de notre royaume sont capables de pratiquer entre eux l’appel par la pensée afin de rallier les autres lorsqu’il est question de danger ou de violation des frontières. Si les animaux peuvent le faire, je pense que tu peux y arriver aussi, m’encourage-t-il.Je le remercie d’un faible sourire, désespérée à l’idée de rester ici encore plusieurs heures. Ça commence à faire un bout de temps que nous sommes là. Apollin
—Evalina !—Non, va-t’en ! lui hurlé-je, des larmes de colère perlant sur mes joues.Je ne veux plus le voir. Pas après ce qu’il a fait. A-t-il sincèrement pensé que je ne lui en voudrais pas ? Comment a-t-il pu me faire ça ? Comment a-t-il pu me regarder dans les yeux et me mentir ?—Attends ! Écoute-m...—Je t’ai dit de t’en aller ! vociféré-je.S’il n’est pas bête, il m’écoutera et s’en ira. Quoiqu’en ce moment, je doute de son intelligence. S’il avait un tant soit peu de jugeote, il ne m’aurait pas menti en me regardant droit dans les yeux. Il faut qu’il s’en aille. Mes nerfs sont en train de lâcher, et ce n’est pas bon du tout.—Je voulais te le dire, mais je ne savais pas comment t...—Va-t’en, Edden ! le coupé-je, serrant les poings pour tenter de me contrôler. Va-t’en ! Je t’en supplie, va-t’en !Le Fidèle s’apprête une fois de plus à se justifier, mais lorsque ses yeux verts croisent le
Angie coulisse la porte pour la fermer. Je fronce les sourcils.—Je préférerais que tu ne fermes pas la porte.—Je préfère quand elle est fermée, réplique-t-il d’emblée.Je croise les bras et soupire pour lui signifier que je ne suis pas d’accord avec lui. C’est incroyable, il lui suffit d’une phrase pour trouver le moyen de me contredire ! Comment allons-nous réussir à communiquer calmement l’un et l’autre, si nous ne sommes déjà pas d’accord quant au fait de fermer ou non une porte ?Angie croise les bras et s’adosse contre la porte, le regard rivé sur un point au-dessus de moi. Généralement, quand il fait ça, c’est qu’il est perdu dans ses pensées. Je me laisse alors lourdement retomber sur mon lit, les bras étalés de part et d’autre de ma tête, fermant les yeux pour ne plus avoir à croiser cette lumière éblouissante. Un sourire ne tarde pas à faire son apparition sur mon visage. Je sais pourquoi il est ici. Du moins, je crois avoir ma petite
Une voix. Je l’entends. Elle me parle, elle murmure mon prénom. Se glisse dans les limbes de mon sommeil. Caresse mes paupières, m’intimant l’ordre de les ouvrir. J’ai envie de dormir, mais j’obéis. J’ouvre les paupières, lentement, pour ne pas être éblouie par les rayons du soleil matinal. Cependant, ce n’est pas sur ma chambre que mes yeux s’ouvrent, mais sur un espace sombre. Froid. Sans vie. Mes pupilles peinent à se dilater pour tenter d’apercevoir quelque chose. Après plusieurs secondes, je parviens à distinguer une forme au loin. Je plisse les yeux. À première vue, on dirait un lit. Mais il me semble bien trop petit pour accueillir un adulte, ou même un enfant.En revanche, il est idéal pour un bébé. C’est un berceau. Un vieux berceau qui semble avoir subi les conséquences du temps. La peinture du bois est écaillée, et quelques planches sur le côté manquent à l’appel. Mais il est là. Toujours debout, tout au fond, dans un coin. Ce berceau abandonné donne un aspect
J’ouvre mes yeux sur un espace clos. Froid. Sans vie et abandonné. Ou presque. Un vieux berceau terni par les années se tient dans un coin. Je sais exactement où je suis. Je savais que cela se reproduirait, mais je n’imaginais pas aussi rapidement. Je baisse le regard sur mes jambes pour constater, à mon plus grand soulagement, qu’elles ne sont pas ligotées. Et aucune chaise à l’horizon. Je suis tout simplement assise sur le sol froid. Le berceau est le seul meuble de la pièce. Si Isaac dit vrai et que je suis bien victime d’une effraction de rêve, cela veut donc dire que Mélodie créée ce cauchemar de toutes pièces. Le berceau qui figure dans cet endroit n’est donc pas là pour rien.Je me relève, à l’affût du moindre bruit susceptible d’annoncer la venue de la Démone. Pour le moment, il n’y a personne. Elle ne doit pas savoir que je suis réveillée. Il faut dire que contrairement à la dernière fois, je n’ai pas fait de bruit. Isaac m’a bien expliqué qu’ici, il ne pouvait rien m’a
—Puis-je connaître l’origine de ce vacarme ? tonne une voix féminine derrière notre petit groupe.Je me retourne pour faire face à une silhouette bien particulière.—Ombelline ! s’exclame Zéphyr, d’un ton moins assuré qu’il a l’habitude d’employer. Comme tu peux le voir, nous avons géré la situation ! Tu peux donc retourner te...—Vous avez géré la situation ? le coupe-t-elle sèchement. Il me semble pourtant que ce n’est pas officiellement terminé.L’Immortelle baisse ses yeux gris sur ma silhouette. J’affronte son regard, ne comprenant pas très bien en quoi sa phrase me concerne. Suis-je la situation non terminée ? Isaac a réussi à me faire reprendre mes esprits et à me calmer. Si elle était arrivée quelques minutes plus tôt, sa remarque aurait été très pertinente, mais maintenant, elle tombe dans le vide. Je me contrôle parfaitement. Les Surnaturels dévient leur regard dans ma direction. Lorsque je vois le visage d’Apolline afficher une e
—Angie, attrape !Je rattrape in extremis la dague qui filait droit sur mon front, ma main se refermant autour de la lame en métal froid. Je braque un regard incendié en direction d’Apolline. Celle-ci hausse les épaules, et ses pensées, manquant un brin de tact, ne tardent pas à résonner dans ma tête.«Tu n’avais qu’à être plus rapide ! »Je jette la dague à mes pieds. Celle-ci vient se figer dans le tatami. Si Ombelline voit ça, je suis mort. Je la retire et m’assieds sur l’entaille désormais présente, jetant un coup d’œil discret en direction de l’Immortelle. Elle est encore occupée à arbitrer le combat d’Edden et de Maximilien. Le Cerveau n’a d’ailleurs aucune chance, il n’est pas assez rapide et n’arrive pas à anticiper les coups de son adversaire. Et même si cela me coûte de le reconnaître, Edden est fort. Très fort.—OK, dis-moi ce qui ne va pas.Je fronce les sourcils. Apolline me rejoint sur le tatami et s’assied à mes côtés,
Angie est le premier à demander des explications. J’entends sa voix, mais je suis incapable de me concentrer sur ce qu’il dit. Les seuls mots qui résonnent dans ma tête sont ceux de Zéphyr. Il n’a pas dit que Cassie et Tessia étaient revenues. Il a seulement dit Cassie. Ma poitrine me fait mal. Mon corps se met à trembler de lui-même. Je ne me sens pas bien. Ma gorge est serrée. Je n’arrive plus à distinguer clairement mon entourage. Mon cœur bat trop vite. J’essaie de prendre une profonde inspiration et d’expirer calmement, mais j’ai l’impression de ne plus pouvoir respirer. Tessia n’est pas revenue. Je recule et heurte la paroi du tunnel. J’ai la sensation qu’on est en train de jouer avec mon cœur. Qu’il résiste tant bien que mal, mais qu’il suffirait qu’on le crève encore un peu plus pour le voir perdre la partie. Je ne me sens plus capable d’agir comme si ce n’était pas grave. Comme si je pouvais encore attendre, alors que ma sœur est la seule famille qu’il me reste. Mes jambes son
—Je savais que je te trouverais ici.—Je n’ai pas cherché à me défiler.Zéphyr esquisse un sourire et s’engouffre dans l’espace sombre et bleuté du Jardin Abyssal. Il jette un rapide coup d’œil à l’aquarium, puis il me rejoint sur le canapé. Il se laisse tomber contre la matière moelleuse et pose ses avant-bras sur ses genoux, les mains croisées. Il ne dit rien. Et je sais pertinemment pourquoi. Il attend que ce soit moi, comme à chaque fois qu’il veut entamer une discussion sérieuse. Et je n’aime pas ce genre de discussions. Il me pousse souvent à comprendre ce que je redoute le plus, à faire face aux démons qui me rongent de l’intérieur. Et je déteste ça.—Tu perds ton temps, finis-je par dire.—Nous savons tous les deux que c’est un mensonge. Depuis quand ne lis-tu plus dans les pensées des autres ? Parce que tu n’as pas l’air de savoir pourquoi je suis là.—Je suis fatigué.—Fatigué ? relève-t-il, les yeu
—Angie, attrape !Je rattrape in extremis la dague qui filait droit sur mon front, ma main se refermant autour de la lame en métal froid. Je braque un regard incendié en direction d’Apolline. Celle-ci hausse les épaules, et ses pensées, manquant un brin de tact, ne tardent pas à résonner dans ma tête.«Tu n’avais qu’à être plus rapide ! »Je jette la dague à mes pieds. Celle-ci vient se figer dans le tatami. Si Ombelline voit ça, je suis mort. Je la retire et m’assieds sur l’entaille désormais présente, jetant un coup d’œil discret en direction de l’Immortelle. Elle est encore occupée à arbitrer le combat d’Edden et de Maximilien. Le Cerveau n’a d’ailleurs aucune chance, il n’est pas assez rapide et n’arrive pas à anticiper les coups de son adversaire. Et même si cela me coûte de le reconnaître, Edden est fort. Très fort.—OK, dis-moi ce qui ne va pas.Je fronce les sourcils. Apolline me rejoint sur le tatami et s’assied à mes côtés,
—Puis-je connaître l’origine de ce vacarme ? tonne une voix féminine derrière notre petit groupe.Je me retourne pour faire face à une silhouette bien particulière.—Ombelline ! s’exclame Zéphyr, d’un ton moins assuré qu’il a l’habitude d’employer. Comme tu peux le voir, nous avons géré la situation ! Tu peux donc retourner te...—Vous avez géré la situation ? le coupe-t-elle sèchement. Il me semble pourtant que ce n’est pas officiellement terminé.L’Immortelle baisse ses yeux gris sur ma silhouette. J’affronte son regard, ne comprenant pas très bien en quoi sa phrase me concerne. Suis-je la situation non terminée ? Isaac a réussi à me faire reprendre mes esprits et à me calmer. Si elle était arrivée quelques minutes plus tôt, sa remarque aurait été très pertinente, mais maintenant, elle tombe dans le vide. Je me contrôle parfaitement. Les Surnaturels dévient leur regard dans ma direction. Lorsque je vois le visage d’Apolline afficher une e
J’ouvre mes yeux sur un espace clos. Froid. Sans vie et abandonné. Ou presque. Un vieux berceau terni par les années se tient dans un coin. Je sais exactement où je suis. Je savais que cela se reproduirait, mais je n’imaginais pas aussi rapidement. Je baisse le regard sur mes jambes pour constater, à mon plus grand soulagement, qu’elles ne sont pas ligotées. Et aucune chaise à l’horizon. Je suis tout simplement assise sur le sol froid. Le berceau est le seul meuble de la pièce. Si Isaac dit vrai et que je suis bien victime d’une effraction de rêve, cela veut donc dire que Mélodie créée ce cauchemar de toutes pièces. Le berceau qui figure dans cet endroit n’est donc pas là pour rien.Je me relève, à l’affût du moindre bruit susceptible d’annoncer la venue de la Démone. Pour le moment, il n’y a personne. Elle ne doit pas savoir que je suis réveillée. Il faut dire que contrairement à la dernière fois, je n’ai pas fait de bruit. Isaac m’a bien expliqué qu’ici, il ne pouvait rien m’a
Une voix. Je l’entends. Elle me parle, elle murmure mon prénom. Se glisse dans les limbes de mon sommeil. Caresse mes paupières, m’intimant l’ordre de les ouvrir. J’ai envie de dormir, mais j’obéis. J’ouvre les paupières, lentement, pour ne pas être éblouie par les rayons du soleil matinal. Cependant, ce n’est pas sur ma chambre que mes yeux s’ouvrent, mais sur un espace sombre. Froid. Sans vie. Mes pupilles peinent à se dilater pour tenter d’apercevoir quelque chose. Après plusieurs secondes, je parviens à distinguer une forme au loin. Je plisse les yeux. À première vue, on dirait un lit. Mais il me semble bien trop petit pour accueillir un adulte, ou même un enfant.En revanche, il est idéal pour un bébé. C’est un berceau. Un vieux berceau qui semble avoir subi les conséquences du temps. La peinture du bois est écaillée, et quelques planches sur le côté manquent à l’appel. Mais il est là. Toujours debout, tout au fond, dans un coin. Ce berceau abandonné donne un aspect
Angie coulisse la porte pour la fermer. Je fronce les sourcils.—Je préférerais que tu ne fermes pas la porte.—Je préfère quand elle est fermée, réplique-t-il d’emblée.Je croise les bras et soupire pour lui signifier que je ne suis pas d’accord avec lui. C’est incroyable, il lui suffit d’une phrase pour trouver le moyen de me contredire ! Comment allons-nous réussir à communiquer calmement l’un et l’autre, si nous ne sommes déjà pas d’accord quant au fait de fermer ou non une porte ?Angie croise les bras et s’adosse contre la porte, le regard rivé sur un point au-dessus de moi. Généralement, quand il fait ça, c’est qu’il est perdu dans ses pensées. Je me laisse alors lourdement retomber sur mon lit, les bras étalés de part et d’autre de ma tête, fermant les yeux pour ne plus avoir à croiser cette lumière éblouissante. Un sourire ne tarde pas à faire son apparition sur mon visage. Je sais pourquoi il est ici. Du moins, je crois avoir ma petite
—Evalina !—Non, va-t’en ! lui hurlé-je, des larmes de colère perlant sur mes joues.Je ne veux plus le voir. Pas après ce qu’il a fait. A-t-il sincèrement pensé que je ne lui en voudrais pas ? Comment a-t-il pu me faire ça ? Comment a-t-il pu me regarder dans les yeux et me mentir ?—Attends ! Écoute-m...—Je t’ai dit de t’en aller ! vociféré-je.S’il n’est pas bête, il m’écoutera et s’en ira. Quoiqu’en ce moment, je doute de son intelligence. S’il avait un tant soit peu de jugeote, il ne m’aurait pas menti en me regardant droit dans les yeux. Il faut qu’il s’en aille. Mes nerfs sont en train de lâcher, et ce n’est pas bon du tout.—Je voulais te le dire, mais je ne savais pas comment t...—Va-t’en, Edden ! le coupé-je, serrant les poings pour tenter de me contrôler. Va-t’en ! Je t’en supplie, va-t’en !Le Fidèle s’apprête une fois de plus à se justifier, mais lorsque ses yeux verts croisent le
S’il te plaît, Angie, on a besoin de votre aide.—Qu’est-ce que tu fais ? me demande Sean, toujours occupé à rassurer Bastian.Je rouvre les yeux et attends quelques secondes avant de lui répondre, laissant mes pupilles s’habituer à l’obscurité. Cela faisait un moment que j’avais les paupières closes.—J’essayais de contacter Angie par la pensée, expliqué-je. Mais je crois que c’est inutile, ça ne fonctionne pas.C’est sans doute au-dessus de mes capacités. S’il m’avait entendu, il serait là, non ?—Les animaux de notre royaume sont capables de pratiquer entre eux l’appel par la pensée afin de rallier les autres lorsqu’il est question de danger ou de violation des frontières. Si les animaux peuvent le faire, je pense que tu peux y arriver aussi, m’encourage-t-il.Je le remercie d’un faible sourire, désespérée à l’idée de rester ici encore plusieurs heures. Ça commence à faire un bout de temps que nous sommes là. Apollin