CamilleLe vent froid frappe ma peau alors que je me précipite dans les rues sombres, mon cœur battant à un rythme frénétique. L'adrénaline coule dans mes veines, me rendant à la fois vive et insensible à tout ce qui m'entoure. Je cours, encore et encore, mes pas résonnant dans la nuit silencieuse. Je dois m'échapper. Je ne peux plus rester, plus respirer sous ce poids. Sous l'ombre de Lorenzo, sous les chaînes invisibles de ce que j'ai cru être l'amour.Il n'a pas réagi quand j'ai prononcé ces mots. Il n'a rien dit, rien fait, comme si cette réponse ne le touchait pas. Mais je le connais, je sais que son silence cache une fureur prête à exploser, une violence qui le consume. Il va me poursuivre. Je le sais. Il ne me laissera pas partir aussi facilement.Mes mains tremblent tandis que je cherche mon téléphone dans ma poche. Mes doigts glissent sur l'écran, cherchant Julien, cherchant un moyen de m'enfuir définitivement, mais je n'ai même pas le temps d’appeler. Une silhouette s’impose
CamilleLe silence après la tempête. Il est presque plus violent que les cris, plus brutal que les coups. Il s’abat comme une chape sur mes épaules, tandis que l’air froid fouette mes joues brûlantes. Mes jambes tremblent, pas de fatigue, pas de peur, mais de cette certitude étrange : quelque chose vient de mourir ce soir. Peut-être un mensonge. Peut-être une part de moi.Ils sont là, toujours là. Deux silences, deux hommes, deux abîmes. Julien, dont les yeux brillent d’une tristesse douce, d’un amour patient. Et Lorenzo, dont le regard fixe me brûle la peau, me marque encore. Toujours.Mais je ne suis plus cette Camille-là. Je ne veux plus l’être.Camille(d’une voix tremblante, mais résolue)« Arrêtez. Tous les deux. »Le vent siffle entre nous, comme pour souligner la portée de mes mots.Camille« Ce n’est pas à vous de me sauver. Ce n’est pas à vous de décider ce que je vaux, ce que je ressens, ce que je deviens. Je suis fatiguée de vivre à genoux. »Je sens mes larmes couler, mai
Camille, Lorenzo, JulienCamilleJe n’ai pas fait cent mètres que j’entends des pas derrière moi. Rapides. Différents. L’un rageur. L’autre hésitant.Je me retourne.Ils sont là.Julien, les yeux fendus d’une inquiétude silencieuse.Lorenzo, le regard noir, possédé.Je recule, encore. Mes jambes voudraient courir, mais je reste figée. Parce que je sais. Je sais ce qui arrive quand deux mondes s’effondrent en même temps.Julien(d’une voix basse)« Camille, s’il te plaît… Reviens avec moi. Je ne te demande rien. Juste… reviens. »Il tend la main. Douce, tremblante. L’image d’un possible. D’une paix.Lorenzo(coupant, tranchant)« Elle vient avec moi. »Camille(non)« Je ne veux pas choisir. Je ne veux plus choisir. »Mais Lorenzo avance.Et quelque chose, en moi, s’écrase. Une vieille peur, un écho.Il attrape mon poignet. Pas violemment. Pas brutalement. Mais avec cette autorité glaciale qu’il porte comme une seconde peau.Lorenzo« Tu ne peux pas rester seule. Pas maintenant. Ce n’e
CamilleJe ne sais pas combien de temps je marche.Ses doigts sont autour des miens, serrés comme une laisse élégante. Il ne parle pas. Il avance. Et moi, je suis happée.Les rues deviennent floues, avalées par la nuit. Le monde autour s’efface. Il ne reste que lui. Et moi. Et ce fil invisible entre nous, ce lien trop tendu, trop dangereux.Quand il pousse la porte de l’immeuble, une onde glacée me traverse.Un silence profond, presque religieux.Le sol est en marbre noir. Les murs respirent le luxe et l’absence d’âme. L’ascenseur s’ouvre comme une gueule béante. Nous entrons.Il appuie sur le bouton du dernier étage. Bien sûr.Là où tout le monde regarde en bas.Là où l’on se prend pour Dieu.Lorenzo(sans un regard)« Ne bouge pas. »CamilleJe ne bouge pas.Je ne respire presque plus.L’ascenseur grimpe lentement. Un grondement étouffé dans mon ventre. L’attente me brûle.Puis la porte s’ouvre.Et il entre dans son royaume.Je reste un instant figée sur le seuil.C’est un tombeau.
Camille, LorenzoCamilleIl ne reste rien dehors. Rien d’autre que cette chambre aux murs noirs qui s’enroulent autour de moi comme une prison douce. Rien d’autre que lui.Ses mains. Sa chaleur. Son souffle contre ma gorge.Je suis là, et je n’ai plus d’issue.Et peut-être que je n’en veux plus.Le monde s’est refermé. Il ne reste que le lit, nos peaux, l’odeur du silence.Il m’a poussée doucement sur les draps. Je n’ai pas résisté.Pas parce que je le voulais. Mais parce que je n’avais plus la force de faire semblant. De jouer la femme forte. De tenir encore debout.Ce soir, je suis en morceaux. Et il le sait. Il le sent. Il me lit avec ses doigts comme on effleure une lettre ancienne, fragile, prête à se briser sous le poids des mots non dits.Il ne parle pas. Il ne demande rien.Il attend. Il respire contre moi, patiemment, comme s’il voulait m’apprivoiser sans violence.Ses doigts glissent sur mes bras, mes hanches, mes cuisses, comme s’il m’apprenait par cœur.Il dénude ma peau s
CamilleIl fait encore noir quand mes yeux s'ouvrent. Le silence est lourd, dense, comme un voile impénétrable. Je suis blottie contre lui, ses bras toujours autour de moi, comme une promesse murmurée dans l’obscurité. Mais le monde, lui, n'a pas changé. Il reste là, hors de cette chambre, avec ses murs fermés et ses secrets. Et j'ai peur. Peur de ce que l’aube pourrait signifier, peur de ce que l'on devient quand l'obscurité devient une complice.Lorenzo bouge dans son sommeil. Un mouvement lent, presque imperceptible. Mais il ne me lâche pas. Ses mains restent sur moi, comme un ancrage, comme une force tranquille qui me maintient au sol, même quand l'intérieur de mon âme se dérobe sous le poids des souvenirs.Je voudrais m'échapper. M'enfuir dans cette lumière qui commence à se faufiler sous la porte. Mais je ne le fais pas. Parce qu'ici, dans cette chambre, je suis plus qu'une coquille vide. Je suis réelle. Présente. Et peut-être, pour la première fois, je me sens… entière.Mais ce
CamilleLe silence entre nous ne ressemble à rien de ce que j’ai connu. Il est lourd, oppressant, comme une corde serrée autour de ma gorge. Chaque respiration est un défi. Chaque seconde passée dans cette chambre me fait vaciller. La lumière qui se fraye un chemin à travers les rideaux semble se jouer de moi, lente, insistante, comme une promesse que je ne veux pas accepter. Le monde extérieur est là, juste au-delà de la vitre, mais il me paraît aussi distant que le souvenir d’une autre vie.Je suis prise au piège, comme un insecte dans une toile invisible. Lorenzo reste là, ancré dans sa certitude, et moi, je suis figée. Chaque mouvement, chaque pensée me trahit, mais je ne peux pas les arrêter. Il a raison, je le sais. C’est trop tard. Il a planté ses racines dans mon esprit et dans mon cœur, et il attend patiemment que je cède. Mais c’est cette certitude qui m’effraie le plus. Parce que, si je cède, si j’accepte ce qu’il m’offre, il ne restera plus rien de moi. Plus rien du contrô
CamilleJe me lève tôt, comme un automatisme, une pulsion de survie. La lumière grise du matin me caresse à peine que je suis déjà debout, les pieds nus sur le parquet froid, la tête pleine de résolutions que je sais bancales. J’enfile un tailleur noir, sobre, presque austère. Une armure. Je me maquille avec soin, chaque trait redonnant forme à cette femme que j’ai été, que je prétends être encore. L’avocate. L’intraitable. Celle qu’on respecte, qu’on craint parfois. Celle que personne n’approche sans invitation.Mais quand je me regarde dans le miroir, je vois autre chose. Une fissure dans le vernis. Une fatigue qui ne s'efface pas, même sous le fond de teint. Mes yeux me trahissent. Ils ont vu trop de choses qu’on ne peut plus désapprendre. Des nuits sans sommeil, des silences pesants, des cris étouffés sous l’eau du bain.Je descends les escaliers avec la détermination froide de quelqu’un qui a décidé de survivre, pas de vivre. La nuance est importante.Il est là. Bien sûr qu’il es
CamilleLe moteur ronronne sous mes doigts, mais je ne conduis pas. Pas encore. Je suis là, garée à quelques mètres du tribunal, les phares éteints, les vitres remontées. J’observe les deux silhouettes dans mon rétroviseur.Toujours là. Fidèles, dociles. Presque inoffensifs. Et pourtant, c’est bien leur présence qui me coupe le souffle. Ce ne sont pas des menaces. Ce sont des preuves.Des preuves qu’il ne me fait pas confiance.Des preuves qu’il croit que je pourrais flancher. Que je pourrais, à nouveau, disparaître à l’intérieur de moi-même.Je m’étais dit que j’étais prête. Que revenir ici, affronter ce monde, c’était ma décision. Ma reconquête. Mais ces hommes, postés comme des ombres, me renvoient à une autre vérité : dans son esprit, je suis toujours celle qu’on doit surveiller. Celle qu’on doit cadrer, protéger de ses propres ténèbres.Il ne croit pas en ma force. Il croit en ma chute.Je prends une longue inspiration. L’air dans l’habitacle est épais. Il sent le cuir, le parfum
CamilleOn feint la neutralité, mais l’air vibre d’une tension sourde, d’une curiosité venimeuse. Je les sens tous. Les jugements déguisés en indifférence, les sourires discrets échappés trop vite, les regards qui se détournent trop tard.Tant mieux.Qu’ils attendent. Qu’ils espèrent. Qu’ils misent sur ma chute. Je suis venue leur rappeler pourquoi on m’appelait la louve du barreau. Pas pour le plaisir du surnom. Pour ce qu’il imposait. Ce qu’il effrayait. Ce qu’il promettait en silence.Je pousse la porte de la salle d’audience n°3. L’odeur du bois verni, du papier froissé et de l’angoisse me frappe comme une gifle. Tout est pareil. Rien n’a bougé. Les bancs usés, le silence contenu, les montres qui tictaquent comme des bombes à retardement. Ce lieu n’a pas de mémoire, mais moi si. C’est ici que j’ai conquis mes premières victoires. Ici que j’ai compris que dans cette arène, ce n’est pas la vérité qui triomphe. C’est la maîtrise. L’anticipation. Le sang-froid. Le flair.Le tribunal n
CamilleJe me lève tôt, comme un automatisme, une pulsion de survie. La lumière grise du matin me caresse à peine que je suis déjà debout, les pieds nus sur le parquet froid, la tête pleine de résolutions que je sais bancales. J’enfile un tailleur noir, sobre, presque austère. Une armure. Je me maquille avec soin, chaque trait redonnant forme à cette femme que j’ai été, que je prétends être encore. L’avocate. L’intraitable. Celle qu’on respecte, qu’on craint parfois. Celle que personne n’approche sans invitation.Mais quand je me regarde dans le miroir, je vois autre chose. Une fissure dans le vernis. Une fatigue qui ne s'efface pas, même sous le fond de teint. Mes yeux me trahissent. Ils ont vu trop de choses qu’on ne peut plus désapprendre. Des nuits sans sommeil, des silences pesants, des cris étouffés sous l’eau du bain.Je descends les escaliers avec la détermination froide de quelqu’un qui a décidé de survivre, pas de vivre. La nuance est importante.Il est là. Bien sûr qu’il es
CamilleLe silence entre nous ne ressemble à rien de ce que j’ai connu. Il est lourd, oppressant, comme une corde serrée autour de ma gorge. Chaque respiration est un défi. Chaque seconde passée dans cette chambre me fait vaciller. La lumière qui se fraye un chemin à travers les rideaux semble se jouer de moi, lente, insistante, comme une promesse que je ne veux pas accepter. Le monde extérieur est là, juste au-delà de la vitre, mais il me paraît aussi distant que le souvenir d’une autre vie.Je suis prise au piège, comme un insecte dans une toile invisible. Lorenzo reste là, ancré dans sa certitude, et moi, je suis figée. Chaque mouvement, chaque pensée me trahit, mais je ne peux pas les arrêter. Il a raison, je le sais. C’est trop tard. Il a planté ses racines dans mon esprit et dans mon cœur, et il attend patiemment que je cède. Mais c’est cette certitude qui m’effraie le plus. Parce que, si je cède, si j’accepte ce qu’il m’offre, il ne restera plus rien de moi. Plus rien du contrô
CamilleIl fait encore noir quand mes yeux s'ouvrent. Le silence est lourd, dense, comme un voile impénétrable. Je suis blottie contre lui, ses bras toujours autour de moi, comme une promesse murmurée dans l’obscurité. Mais le monde, lui, n'a pas changé. Il reste là, hors de cette chambre, avec ses murs fermés et ses secrets. Et j'ai peur. Peur de ce que l’aube pourrait signifier, peur de ce que l'on devient quand l'obscurité devient une complice.Lorenzo bouge dans son sommeil. Un mouvement lent, presque imperceptible. Mais il ne me lâche pas. Ses mains restent sur moi, comme un ancrage, comme une force tranquille qui me maintient au sol, même quand l'intérieur de mon âme se dérobe sous le poids des souvenirs.Je voudrais m'échapper. M'enfuir dans cette lumière qui commence à se faufiler sous la porte. Mais je ne le fais pas. Parce qu'ici, dans cette chambre, je suis plus qu'une coquille vide. Je suis réelle. Présente. Et peut-être, pour la première fois, je me sens… entière.Mais ce
Camille, LorenzoCamilleIl ne reste rien dehors. Rien d’autre que cette chambre aux murs noirs qui s’enroulent autour de moi comme une prison douce. Rien d’autre que lui.Ses mains. Sa chaleur. Son souffle contre ma gorge.Je suis là, et je n’ai plus d’issue.Et peut-être que je n’en veux plus.Le monde s’est refermé. Il ne reste que le lit, nos peaux, l’odeur du silence.Il m’a poussée doucement sur les draps. Je n’ai pas résisté.Pas parce que je le voulais. Mais parce que je n’avais plus la force de faire semblant. De jouer la femme forte. De tenir encore debout.Ce soir, je suis en morceaux. Et il le sait. Il le sent. Il me lit avec ses doigts comme on effleure une lettre ancienne, fragile, prête à se briser sous le poids des mots non dits.Il ne parle pas. Il ne demande rien.Il attend. Il respire contre moi, patiemment, comme s’il voulait m’apprivoiser sans violence.Ses doigts glissent sur mes bras, mes hanches, mes cuisses, comme s’il m’apprenait par cœur.Il dénude ma peau s
CamilleJe ne sais pas combien de temps je marche.Ses doigts sont autour des miens, serrés comme une laisse élégante. Il ne parle pas. Il avance. Et moi, je suis happée.Les rues deviennent floues, avalées par la nuit. Le monde autour s’efface. Il ne reste que lui. Et moi. Et ce fil invisible entre nous, ce lien trop tendu, trop dangereux.Quand il pousse la porte de l’immeuble, une onde glacée me traverse.Un silence profond, presque religieux.Le sol est en marbre noir. Les murs respirent le luxe et l’absence d’âme. L’ascenseur s’ouvre comme une gueule béante. Nous entrons.Il appuie sur le bouton du dernier étage. Bien sûr.Là où tout le monde regarde en bas.Là où l’on se prend pour Dieu.Lorenzo(sans un regard)« Ne bouge pas. »CamilleJe ne bouge pas.Je ne respire presque plus.L’ascenseur grimpe lentement. Un grondement étouffé dans mon ventre. L’attente me brûle.Puis la porte s’ouvre.Et il entre dans son royaume.Je reste un instant figée sur le seuil.C’est un tombeau.
Camille, Lorenzo, JulienCamilleJe n’ai pas fait cent mètres que j’entends des pas derrière moi. Rapides. Différents. L’un rageur. L’autre hésitant.Je me retourne.Ils sont là.Julien, les yeux fendus d’une inquiétude silencieuse.Lorenzo, le regard noir, possédé.Je recule, encore. Mes jambes voudraient courir, mais je reste figée. Parce que je sais. Je sais ce qui arrive quand deux mondes s’effondrent en même temps.Julien(d’une voix basse)« Camille, s’il te plaît… Reviens avec moi. Je ne te demande rien. Juste… reviens. »Il tend la main. Douce, tremblante. L’image d’un possible. D’une paix.Lorenzo(coupant, tranchant)« Elle vient avec moi. »Camille(non)« Je ne veux pas choisir. Je ne veux plus choisir. »Mais Lorenzo avance.Et quelque chose, en moi, s’écrase. Une vieille peur, un écho.Il attrape mon poignet. Pas violemment. Pas brutalement. Mais avec cette autorité glaciale qu’il porte comme une seconde peau.Lorenzo« Tu ne peux pas rester seule. Pas maintenant. Ce n’e
CamilleLe silence après la tempête. Il est presque plus violent que les cris, plus brutal que les coups. Il s’abat comme une chape sur mes épaules, tandis que l’air froid fouette mes joues brûlantes. Mes jambes tremblent, pas de fatigue, pas de peur, mais de cette certitude étrange : quelque chose vient de mourir ce soir. Peut-être un mensonge. Peut-être une part de moi.Ils sont là, toujours là. Deux silences, deux hommes, deux abîmes. Julien, dont les yeux brillent d’une tristesse douce, d’un amour patient. Et Lorenzo, dont le regard fixe me brûle la peau, me marque encore. Toujours.Mais je ne suis plus cette Camille-là. Je ne veux plus l’être.Camille(d’une voix tremblante, mais résolue)« Arrêtez. Tous les deux. »Le vent siffle entre nous, comme pour souligner la portée de mes mots.Camille« Ce n’est pas à vous de me sauver. Ce n’est pas à vous de décider ce que je vaux, ce que je ressens, ce que je deviens. Je suis fatiguée de vivre à genoux. »Je sens mes larmes couler, mai