Après avoir dit ça, une pensée m’est venue. C’était une question que je voulais lui poser depuis hier :« Ces gens d’hier ne sont pas revenus t’embêter, hein ? »Tout en parlant, mon regard s’est instinctivement posé sur ses mains et son visage. Heureusement, il n’avait pas de blessures.« Non », a répondu Léon, devinant probablement ce que je pensais. « Et même s’ils étaient revenus, ils ne seraient pas à la hauteur. »Quelle assurance !J’ai fini mon bol de porridge et enchaîné avec une autre question :« Tu as trouvé quelque chose à propos de l’accident de voiture de ton père ? Ces gens veulent t’intimider pour te faire taire, mais tu as découvert quoi, exactement ? »Il m’a regardée et a répondu calmement :« Ils ont peur que je découvre la vérité sur la mort de son patron. »Léon parlait toujours de manière cryptique, laissant des zones d’ombre dans ses réponses. Je n’ai pas eu d’autre choix que de creuser davantage :« Ton père avait un patron important ? Sa mort impactait les in
Parfois, ma bouche va plus vite que ma tête, et c’est un vrai problème.À peine avais-je fini de parler que je réalisai que mes mots n’étaient pas très appropriés. Je réfléchissais déjà à comment rattraper le coup, mais Léon a répondu simplement :« D’accord. »Il a accepté ?!Pas de protestation ? Pas même une petite phrase pour préserver sa fierté de « grand homme » ? Il n’a même pas refusé l’idée d’emprunter de l’argent ou, pire, de s’offrir en contrepartie ?Cette fois, Léon n’a rien refusé.Il devait vraiment être à court d’argent. Il voulait sans doute vraiment soigner sa sœur. En pensant à ça, un élan de compassion m’a envahie pour cet homme, pourtant si solide.Cette pensée m’a surprise. Je me suis raclé la gorge pour retrouver mon sérieux :« Ta sœur a vu un médecin ? Si tu as ses dossiers médicaux, donne-les-moi. Je peux essayer de trouver quelqu’un pour les examiner. »« Ça marche », a-t-il répondu sans hésiter.Ne sachant plus quoi ajouter, je me suis levée :« Merci pour a
Il faisait encore nuit lorsque je me suis réveillée. Après une douche rapide, j’ai vu un message de Léon sur mon téléphone : il me rappelait de prendre le petit-déjeuner laissé à ma porte.Il n’a rien dit sur le fait que je n’avais pas mangé son petit-déjeuner les fois précédentes, et pourtant, il continuait de s’en occuper.Je ne voulais pas ignorer son attention, alors j’ai mangé le petit-déjeuner avant de partir pour le bureau.En arrivant tôt, j’étais la première. Personne d’autre n’était encore là.J’en ai profité pour planifier ma journée, passer en revue les performances récentes de chaque membre de l’équipe, et organiser leurs objectifs. Malgré tout, il n’était toujours pas l’heure de commencer.J’ai donc sorti mon téléphone et me suis mise à parcourir mon fil d’actualité. Même si c’était parfois une perte de temps, mes amis sont peu nombreux, et c’était un moyen de suivre leur vie sans les appeler ni leur écrire.Vincent avait posté qu’il participait à un tournoi de billard.C
À peine mon message envoyé, le téléphone de Vincent a sonné immédiatement.« Qu’est-ce qui se passe ? Quelqu’un a essayé de te harceler ? » Vincent, fidèle à lui-même, allait droit au but.J’ai éclaté de rire.« J’aimerais bien, mais comment pourrait-il le faire si je ne l’ai même jamais rencontré ? »« Tu ne l’as jamais vu ? Donc tu veux que je cherche juste parce que tu es curieuse ? » Sa voix portait une légère surprise.« Petite sœur, tu crois que ton grand frère n’a rien d’autre à faire ? »Il venait justement d’annoncer qu’il participait à un tournoi de billard. Il devait être très occupé.Je me suis sentie un peu gênée de l’avoir dérangé.« Si tu es trop pris, laisse tomber. Ce n’est pas si important, c’est juste de la curiosité, pas une nécessité. »« Oh, tu dis ça pour me faire culpabiliser, c’est ça ? » Vincent a pris un ton faussement indigné.J’ai ri.« Pas du tout, c’est juste pour satisfaire ma curiosité. Si tu as le temps, tu cherches, sinon, ce n’est pas grave. »« J’ai
Où pourrais-je encore retrouver les souvenirs de mes parents ?« Claire », m’a appelée une voix depuis le palier.C’était la propriétaire de l’appartement d’en face. Évidemment, elle avait entendu parler de la démolition à venir.« Claire, on va devoir démolir cet endroit. Quel dommage, vraiment… » Pour une fois, sa voix contenait une pointe de regret sincère.Je n’ai rien répondu, envahie par une vague de tristesse. Elle a poursuivi :« J’avais à peine dépensé de l’argent pour remettre l’appartement en état, et voilà qu’un mois à peine après, il faut déjà demander aux locataires de partir. Quelle perte ! »Je me suis contentée de hocher la tête, sans répondre.« Claire, j’ai essayé de joindre le jeune homme qui loue l’appartement, mais il ne répond pas. Si tu le croises, peux-tu lui dire de m’appeler ? Explique-lui que l’endroit va être démoli, qu’il faut qu’il trouve un autre logement et commence à rassembler ses affaires. »« D’accord », ai-je répondu poliment.« Merci beaucoup, Cla
Groupe Fortune.Maël Duchamp.Le nom de l’entreprise et la signature impressionnante de son représentant légal m’étaient familiers.Ce groupe est le principal partenaire de Groupe Dupont, et mon père, M. Dupont, entretient une relation très étroite avec M. Duchamp, le directeur.Mais une question me taraudait : comment mon père avait-il obtenu un contrat avec Groupe Fortune dix ans plus tôt ?À ma connaissance, à cette époque, il ne travaillait pas encore pour le Groupe Dupont. Alors pourquoi avait-il ce contrat en sa possession ?En relisant le document, j’ai remarqué qu’il portait sur un partenariat pour le développement des énergies nouvelles. Aujourd’hui, ce projet est pleinement intégré au Groupe Dupont, rapportant des bénéfices conséquents.Techniquement, ce contrat appartient donc au Groupe Dupont. Pourtant, un détail me troublait : la signature de M. Dupont n’y figurait pas.J’ai posé le contrat à côté et ouvert un carnet appartenant à mon père.C’était un journal de travail, r
Mais je devais absolument découvrir la vérité sur la mort de mon père.Après mûre réflexion, j’ai décidé de contacter Gobert. Il me fallait simplement un bon prétexte.Alors que j’étais plongée dans mes pensées, j’ai reçu un appel de Mme Dupont. Dès que j’ai décroché, sa voix furieuse a résonné dans l’appareil :« Ce sale gamin de Luc veut vraiment nous rendre fous, Charles et moi ! S’il ose vraiment se mettre avec cette femme, on lui montrera qu’on est prêts à mourir pour l’en empêcher. »Je n’étais pas surprise par sa réaction. Essayant de calmer un peu les choses, j’ai murmuré doucement :« Madame, vous et Père Dupont ne devriez pas vous énerver ainsi. Après tout, ce genre de décision, les parents ne peuvent pas vraiment la prendre à leur place. »« C’est vrai, nous n’avons pas notre mot à dire, sinon on ne serait pas dans cette situation. Mais qu’il pense pouvoir faire entrer une veuve dans cette maison ? Jamais de la vie ! » a-t-elle déclaré, catégorique.J’étais déjà submergée pa
« Père Dupont… »Ma voix tremblait de stupeur alors que je l'appelais doucement.« Claire. » Le père de Luc m'a répondu avec un sourire forcé.« Vos cheveux… » J'ai tendu la main pour les toucher, hésitante.Il a cligné des yeux, un peu perdu : « Mes cheveux ? Quoi, ils sont en bataille ? »Soudain, mes larmes ont commencé à couler sans retenue.En me voyant pleurer, il a été surpris, visiblement inquiet :« Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pleures ? Manon t’a dit quelque chose ? Ne l’écoute pas, elle a tendance à raconter n’importe quoi. »Il ne semblait même pas se rendre compte que ses cheveux étaient presque entièrement blancs.Il y a seulement quelques jours, je l'avais vu avec une chevelure encore bien noire. Et là, bien qu’il n’ait pas complètement blanchi, plus de 80 % de ses cheveux étaient désormais gris.Il avait changé. De l’homme énergique d’âge mûr, il était devenu, en une nuit, un vieillard fragile.Je n’arrivais pas à parler. Voir qu’il n’était même pas conscie
Léon avait accepté, et cela m’avait surprise. Mais plus encore, cela m’avait brisé le cœur. Il n’était pas prêt à accepter, et pourtant, il respectait son choix.Juliette, sans doute par peur qu’il change d’avis, a immédiatement sorti son téléphone pour remplir le formulaire d’inscription en ligne. En la voyant inscrire sérieusement ses informations, je me suis soudain rendu compte à quel point cette petite fille était courageuse.« Léon, faisons-le aussi. » ai-je dit sans trop réfléchir.Léon a tourné son regard vers moi, et même Juliette a arrêté ce qu’elle faisait : « Quoi ? »« D’accord. » a répondu Léon sans hésitation, prenant lui aussi son téléphone.Juliette semblait émue et inquiète à la fois. Il était toujours plus facile de prendre une décision pour soi-même que d’accepter que les autres faisaient de même. Pourtant, elle ne nous a pas arrêtés. À la place, elle a transformé son inquiétude en un sourire : « Alors, on s’inscrit tous ensemble. Mais j’espère que dans plusieurs dé
Juliette a appuyé ma tête contre l’épaule de Léon et a dit : « Reste comme ça. J’aime vous voir amoureux. »Ses yeux clairs nous regardaient avec douceur : « Je comptais attendre encore un peu avant d’en parler, mais comme on évoque ce sujet, alors je le dis maintenant. »J’ai tout de suite eu un mauvais pressentiment, j’ai prévenu : « Ne dis pas n’importe quoi. »Mais Léon a simplement répondu : « Laisse-la parler. »Juliette lui a lancé un sourire complice : « Ça, c’est bien mon frère ! Il me comprend toujours. »Puis elle m’a regardée : « Écoute-moi jusqu’au bout. »Elle a laissé échapper un petit rire, s’est éclairci la voix comme pour préparer son discours, et a resserré sa prise sur nos mains : « Je commence. »Léon et moi sommes restés silencieux, mais nous avons instinctivement retenu notre souffle.« Je veux faire un don d’organes. »Ses paroles nous a non seulement surpris, mais aussi profondément bouleversés.« Qu’est-ce que tu racontes ? »La voix de Léon s’est faite plus g
Léon a dit : « J’ai acheté le bubble tea, allons-y. »Il a pris tous les fruits et s’est dirigé vers la chambre. Il ne m’a posé aucune question, mais je savais qu’il avait tout vu. Pourtant, j’avais le cœur trop serré pour expliquer quoi que ce soit. Alors, je l’ai simplement suivi dans la chambre.Juliette s’est écriée avec enthousiasme : « Claire, le bubble tea est enfin là ! Je n’ai même pas encore bu, je t’attendais ! »Léon était déjà en train de ranger les fruits dans la cuisine. Je lui ai jeté un regard avant d’aller vers Juliette.« Claire, j’ai tout préparé ! » a-t-elle dit en disposant plusieurs gobelets sur la petite table.Mais je n’avais pas du tout la tête à boire du bubble tea.« Tu peux tout boire si tu veux. » ai-je répondu.« Vraiment ? » a dit-elle, ses yeux illuminés.Mais malgré ma proposition, elle a tout de même réparti les boissons en marmonnant : « Pourquoi as-tu mis autant de temps ? Mon frère s’inquiétait pour toi. »« J’ai croisé un ami en chemin. » lui ai-j
Robert s’est levé et s’est dirigé vers la fenêtre. Je ne savais pas ce qu’il voulait faire, alors j’ai avancé prudemment vers le lit.En m’approchant, j’ai remarqué que, mis à part sa beauté, elle me ressemblait vraiment. Si mes parents étaient encore là, je serais sûrement allée leur demander s’ils n’avaient pas eu une autre fille…J’ai baissé les yeux vers la plaquette accrochée au chevet du lit : Manon Bernard, vingt-huit ans.« Manon, bonjour, je suis Claire ! » ai-je murmuré intérieurement en la regardant.« Tu peux revenir maintenant. » a dit Robert en appelant l’aide-soignante.Peu après, l’aide-soignante est revenue et j’ai suivi Robert hors de la chambre.Il est resté silencieux un moment, puis, après quelques pas, il a enfin pris la parole : « Les médecins disent qu’il n’y a aucun espoir de guérison, alors sa famille a décidé d’abandonner. »« Et toi, tu ne veux pas, n’est-ce pas ? » ai-je deviné.Robert a ralenti le pas et a murmuré d’une voix presque inaudible : « On dit bi
Robert s’est figé un instant, en me regardant avec étonnement.J’ai pris conscience de mon impulsivité et j’ai tenté de m’expliquer : « C’est juste que… »« D’accord ! » m’a interrompu Robert.« Avant son accident, elle était très vive, elle adorait rencontrer de nouvelles personnes. Te voir lui ferait sûrement plaisir. »Il n’a pas croisé mon regard en parlant, comme s’il se parlait à lui-même. Et à cet instant, il avait l’air tellement fragile.Il a dit : « Viens avec moi. »Sur ce, il a repris sa marche. Je l’ai suivi, observant son dos robuste.Pour la première fois, cette silhouette m’a semblé lourde, comme s’il portait un fardeau invisible.Robert m’a emmenée dans une chambre de soins. L’endroit était aussi confortable qu’une chambre VIP, ce qui signifiait que la patiente venait d’une famille aisée.À la porte, Robert s’est tourné vers moi, hésitant, j’ai cru qu’il voulait se raviser, alors j’ai dit : « Si ce n’est pas le bon moment, on peut oublier… »« Tu lui ressembles beaucou
Je n’avais rien avec Léon, c’était juste cette sensation persistante d’être trompée qui me gênait.Mais je ne pouvais pas en parler à Juliette, son cœur était fragile, et elle était trop sensible.J’ai répondu en souriant : « Rien du tout. Tu vois bien que ton frère et moi, tout va bien. »Juliette m’a fixée, ses yeux brillants.J’ai levé la main pour détourner son regard : « Vraiment rien. Si tu ne me crois pas, tu pourras interroger ton frère quand il reviendra. »Juliette a attrapé mon bras et a posé sa tête sur mon épaule : « Si mon frère fait quelque chose de mal, ne le quitte pas, bats-le, dispute-le, mais ne le quitte pas. »Sa voix était faible, comme une demande.J’ai frotté doucement ma tête contre la sienne : « D’accord, je te laisserai le punir. »Juliette a hoché la tête : « Je serai toujours de ton côté. »Elle avait peur, peur que je parte. C’était la première fois que je réalisais à quel point quelqu’un pouvait tenir à moi.« Si un jour je ne suis plus là, et que toi au
François m’invitait à dîner, et plus tôt, pendant que je faisais ma prise de sang, Léon m’en avait parlé à l’oreille. À ce moment-là, j’avais pensé qu’il essayait juste de me distraire, inventant quelque chose sur le moment. Mais apparemment, c’était vrai.« C’est François ? » a demandé Léon, comme s’il savait déjà.Je l’ai regardé : « Léon, c’est toi qui as demandé à François de m’inviter, n’est-ce pas ? »Il était le véritable patron de François, n’importe quels ordres et François n’aurait eu d’autre choix que d’obéir.Léon a légèrement froncé les sourcils : « Non. »J’ai esquissé un sourire moqueur, prenant son démenti pour une tentative de masquer son identité.Léon a ajouté une explication : « Il me l’avait juste dit à l’avance. »Était-ce vrai ? Mais je n’avais pas envie de deviner. Après tout, un dîner offert, ça ne se refuse pas.« J’ai accepté. Tu viens avec moi ? »« Oui. » a-t-il répondu simplement.Mais il a ajouté : « Je n’ai pas l’habitude de laisser ma petite amie dîner
« Tu aurais fait ça plus tôt, Luc ne se serait pas enfui. » a lancé Clémence. Je savais qu’elle ne voulait pas me nuire, et ce n’était pas non plus une idiote. Je me suis tournée vers elle, et elle m’a fait un clin d’œil. J’ai compris : elle voulait tester Léon, voir sa réaction.Aucun homme n’était indifférent aux ex de sa copine. Clémence voulait observer son attitude. Mais elle était vraiment audacieuse, sans craindre de me faire perdre Léon à cause de ses provocations.J’ai jeté un regard furtif vers Léon pour voir que son expression n’avait pas changé.Clémence a insisté : « Léon, tu ne trouves pas ? »« Claire ne fait ça que pour moi. » a répondu Léon.Une douceur sucrée s’est répandue dans l’air, sa réponse était parfaite.Clémence a commenté : « Léon a l’air insensible, mais en fait, il est romantique. »Léon a haussé un sourcil avant d’expliquer : « En chimie, il y a un phénomène appelé réaction quantique. Chaque réaction est différente, car elle est dictée par des lois quant
Clémence n’a pas répondu à ma question. À la place, elle a regardé dehors et a demandé : « Combien de temps va encore prendre Léon ? »Dehors, l'homme était sur le point de s'agenouiller devant Léon. Ce dernier, une main dans la poche de son pantalon, était baigné par la lumière du matin, ce qui semblait le faire briller. Je ne pouvais détacher mes yeux de lui.Que nos chemins se croisent avait été un hasard. À ce moment-là, je cherchais juste à m'amuser, à oublier la douleur de ma rupture avec Luc. Mais maintenant, je réalisais que j'avais trouvé un véritable trésor.« Je te parle ! » m'a rappelée Clémence en me donnant un léger coup d'épaule, voyant que je ne répondais pas.J'ai cligné des yeux. « Ça ne devrait plus tarder. »Si je ne me trompais pas, l'homme dehors devait être en train de supplier Léon. Juliette m'avait déjà dit qu'il savait remettre les os en place, une compétence qu'il avait apprise d'un vieil homme du village. La raison ? Juliette, petite, se déboîtait souvent l'