Bloody DrugsJosie flottait. Ou du moins, elle rêvait qu’elle flottait. Elle se sentait apaisée. Son corps lévitait au milieu d’un grand ciel noir où se trouvaient de nombreux nuages couleur neige. Elle se demanda si elle arriverait facilement à traverser tous les nuages d’affilée. Elle passa au travers de chaque cumulus, allant de plus en plus vite, se sentant de plus en plus légère et aussi naïve qu’une petite fille jouant à la poupée. D’abord gênée, elle décida finalement d’en rire. Alors qu’elle passait au travers du dernier nuage, le paysage changea soudain autour d’elle. Elle se trouvait à présent dans l’espace. Un espace où brillaient mille et une étoiles argentées. Josie ne put s’empêcher de lâcher un hoquet d’admiration. Jamais elle n’avait vu spectacle aussi magnifique. Elle explora l’espace infini, volant à côté des étoiles, admirant les confins de cet univers de ténèbres si effrayant et pourtant si merveilleux.Et alors
Le plan— C’est encore loin Jonathan ?— Non. On est presque arrivés.Antoine scruta les environs. Il n’était jamais encore venu ici auparavant. Le couloir où il se trouvait semblait comme oublié par le temps.— On est où exactement ? finit par demander Marianne.— Le bâtiment H du lycée, répondit Jonathan en avançant. C’était un peu le coin repos des surveillants avant que le proviseur ne décide de le fermer.Ils s’arrêtèrent devant une solide porte en fer. L’inscription RÉSERVÉ AU PERSONNEL semblait les narguer.— Jonathan ? dit Antoine. Comment tu sais autant de choses sur le Lycée Vile ?Le jeune homme aux cheveux roux sourit et, sans un mot, frappa cinq fois contre la porte. Antoine entendit alors des bruits de pas. De l’autre côté du mur, quelqu’un s’approchait.
Que le nouveau proviseur se lève !Josie marchait dans les couloirs du lycée. Elle se laissait aller là où ses pieds la menaient, les yeux dans le vague, l’esprit ailleurs. Elle repensait à la conversation qu’elle avait eue avec Mathieu la veille. Devait-elle vraiment aller de l’avant ? C’était simple à dire. Pas forcément à faire.Josie se mordit nerveusement les doigts. Elle avait déjà tellement réfléchi à la question. Elle s’était remémoré chaque phrase, chaque mot qu’elle avait prononcé en sa présence. Elle en avait beaucoup souffert. Suffisait-il alors pour elle de simplement laisser tomber ? Enfin, non. Pas laisser tomber. Tourner la page. Ce n’était pas de la lâcheté. Elle n’abandonnait rien. Elle changeait simplement son but, sa pensée.Mais Marianne dans tout ça ? Si elle l’abandonnait, ne serait-elle pas triste de leur séparation ?— Surtout qu’on est peut-être censées…
773HAntoine avait faim.Pas le genre de faim que l’on pouvait ressentir après une longue journée de travail dans un bureau étouffant à trier des papiers administratifs pour le patron. Non. La faim d’Antoine était bien plus forte. Il était tout de même étonnant d’être surpris en premier lieu par la faim quand le métier exercé consistait à donner des coups de pioche dans ce qui ressemblait à un puits de pétrole vide et abandonné au milieu d’un désert aride et brûlant. Antoine supposait qu’un être humain normal avait surtout soif dans ce genre de situation. Ce n’était pas la seule chose que supposait Antoine d’ailleurs. Petit déjà, il supposait...Il supposait quoi en fait ?Antoine réfléchit. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait comme une impression de déjà-vu. Le puits. Le désert. La faim. À ses côtés, Pierre, son partenaire, donnait des coups de pioche dans le sol. Pourquoi don
Dans son antreL’escalier de la tour menant à l’ancien bureau du proviseur Vile était étroit. Antoine aurait déjà eu du mal à le grimper sans avoir les bras levés et un morceau de métal collé à l’arrière du cou.— Avance, lui ordonna Axel. Et dis à ta blonde de magner son joli petit cul.Devant lui, Marianne marchait le plus lentement possible. Elle tremblait.— Antoine est blessé, dit-elle sans bouger. Il doit aller à l’infirmerie. Il...Un coup de feu retentit, amplifié par la résonance des murs de pierre. Marianne se retourna, terrorisée. Antoine était toujours vivant. Axel avait simplement tiré en l’air.— La prochaine fois, ce sera en plein dans la gueule, lança-t-il en rechargeant son arme. Et là, personne ne pourra plus rien faire. Alors, bouge-toi le cul !Marianne s’exécuta. Ils poursuivirent leur mo
Les prisonniers— Alors, on n’est pas bien là, tous les deux ?Marianne leva la tête. Tom lui sourit.— T’inquiète, ma belle, dit-il en bombant le torse. Avec moi, tu seras en sécurité.— Alors pourquoi tu m’as attachée ?Tom perdit son sourire. Ils étaient arrivés dans la salle de classe quelques minutes plus tôt. Le surveillant lui avait ordonné de s’asseoir et lui avait solidement ligoté les mains derrière le dos.— On... On ne sait jamais, répondit-il. Je pense qu’il va te falloir un peu de temps avant de comprendre qui sont vraiment tes amis.En apercevant le regard glacial que lui jetait la jeune fille, Tom poussa un grognement.— Ce que j’ai dit, tout à l’heure, c’était pour convaincre Pierre. Je ne vais rien te faire Marianne. Enfin, je veux dire, à part si tu as envie que...
SaphirsIls arrivèrent dans le couloir menant au hall. Ils devaient seulement s’enfuir avant que Pierre ne se rende compte qu’ils s’étaient échappés, en espérant que Mathieu et les autres ne les aient pas laissés tomber. Sans Mute, il serait extrêmement difficile pour eux de partir du Lycée Vile. Mis à part le cow-boy, aucun d’entre eux n’était armé.— Mute, dit-il tout haut. D’où viens-tu ?Antoine secoua la tête. Ce n’était pas important pour le moment. Ils arrivèrent enfin dans le grand hall. À son plus grand soulagement, il vit que Mathieu, Josie et Mute étaient présents, comme ils l’avaient promis.— Marianne ! cria Josie.Elle courut dans leur direction, le sourire aux lèvres.— Josie ! lui répondit la jeune fille blonde.Réjoui par ce spectacle, Mute applaudit. Mathieu poussa un soupir.
RêvesL’homme à la veste noire prenait son maigre repas dans son salon et attendait. Rien ne le perturbait. Pas même le tic-tac incessant de la petite horloge qui lui faisait face. Une fois son déjeuner terminé, il débarrassa la table et se servit une tasse de thé. Il l’avala lentement. C’était très important pour lui. Il partit ensuite dans sa cuisine pour laver la tasse. Il avait un lave-vaisselle, mais aujourd’hui il utiliserait l’évier et ses mains. Il prit le temps de bien la frotter. Puis, il la rinça, l’essuya et la rangea dans un des placards. Celui juste dans l’angle de la pièce. Satisfait, il revint dans son salon et s’assit. Il leva les yeux et attendit. Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac. Il regarda l’heure. Il était trois heures vingt-quatre.Il décida alors qu’il était temps.Il se leva et se dirigea vers la porte d’entrée. Il mit ses chaussures, ferma sa veste et prit ses clefs. Il posa la main sur la
ÉpilogueAntoine avait faim.Pas le genre de faim que l’on pouvait ressentir après une longue journée de travail dans un bureau étouffant à trier des papiers administratifs pour le patron. Non. La faim d’Antoine était bien plus... Non.En réalité, Antoine n’avait pas faim. Il ne rêvait pas d’aventure. Tout ce qu’il souhaitait à présent était de vivre une vie normale. Et de retrouver ses amis.Antoine lâcha la pioche qu’il tenait dans ses mains. Il quitta le puits de pétrole abandonné et s’élança dans le désert.— Marianne ! appela-t-il. Josie !Mais personne ne lui répondit. Autour de lui, il n’y avait qu’un lourd silence qui étouffait ses cris.— Jonathan ! Yvan ! Mathieu !Il continua sa course folle, sans se retourner.— Où êtes-vous ?
Dernier chapitreAlors Mute se souvint. La voix de son père. La chaleur de sa mère. L’écho de ses chansons.— Mon petit cow-boy, l’appelait-elle.Et sa mort. La balle de pistolet traversant sa bulle d’innocence et venant le percuter de plein fouet. Le sang, dégoulinant autour de lui. Le sang qui le noyait. Rouge. Si rouge.Mute perdit son sourire. Il passa sa main dans ses cheveux.Le passé. Le futur. La vie. La mort.Tout lui vint à l’esprit en une fraction de seconde. Il tomba sur ses genoux et sanglota silencieusement. Avoir des souvenirs était douloureux. Très douloureux.— Je suis désolé, Mute, lui dit l’être. Je me suis trompé. Tu ne devrais pas être ici, en Enfer, avec les autres. Tu es innocent.Mute hoqueta. Il se sentit soudain très seul. Seul et abandonné. Il voulait qu’on
Dernier LivrePremier chapitreJosie ouvrit les yeux. Au-dessus d’elle, la lune, belle et lumineuse, illuminait le ciel sombre. Elle bougea sa main et agrippa un tas de sable poussiéreux.Elle était vivante.Elle se leva. Elle était au milieu du désert. Un peu plus loin, devant elle, se trouvait une cabane branlante et vieille comme le temps. Mais ça, Josie s’en moquait.— Marianne ? dit-elle.Elle s’accroupit auprès de la jeune fille blonde allongée sur le sable, les yeux fermés. Josie la secoua gentiment.— Jo... Josie ?— Comment ça va, Marianne ?La jeune fille fronça les sourcils, comme si elle voyait la petite brune pour la première fois. Josie se leva.— Attends, dit-elle.Elle se retourna. Son rega
L’enfant du NéantLe vide. Ni blanc ni noir. Ni son ni silence. Ni haut ni bas. Rien que le vide. Tel était le Néant.Antoine ne flottait pas. Il était bloqué. Comme accroché à une réalité dans laquelle il ne pouvait pas bouger. Autour de lui, Marianne et Josie n’arrivaient pas non plus à se mouvoir. Mute tournait sur lui-même en souriant, tout comme si les règles du vide ne s’appliquaient pas à lui.Antoine essaya une nouvelle fois de bouger ses bras sans succès. Une lumière d’une blancheur éclatante l’aveugla. Dans cette lumière se trouvait une cabane.De la cabane s’échappa une voix forte et puissante.— Mes enfants, fit la voix. Vous voilà ici réunis devant moi. Vous êtes les derniers de votre espèce. Seuls morceaux de Tout dans cet océan de vide.La lumière devint plus forte.— Je vous l’avoue, poursuivi
Face à LuiLe soleil brillait de mille feux. Antoine avait cru qu’il ne le reverrait plus jamais. Il serra la main de Marianne de toutes ses forces avant de soudainement la lâcher.— Antoine ? l’interrogea la jeune fille, inquiète.— Une seconde, répondit-il en collant sa main en visière.Ses yeux s’étaient habitués à l’obscurité et la clarté éblouissante du paysage l’empêchait de distinguer correctement ce qui l’entourait.La première chose qu’il vit fut un énorme morceau de roche dépassant d’une structure au-dessus de sa tête. Il leva les yeux et constata qu’il se trouvait sous ce qui semblait être un flanc de montagne. Sur sa droite se situait un sentier en pente qui menait vraisemblablement vers le sommet. La mine devait se trouver sous la montagne.Les traits de son visage se contractèrent alors en une expression de stupeur.
JohanAntoine s’était enfoncé dans les profondeurs de l’Enfer et, alors que sa chute ne semblait plus vouloir se terminer, son corps avait heurté le sol. À cet instant, il s’était vu mourir.Il avait senti ses jambes s’écraser contre la pierre. Il avait eu la sensation que tous les os de son corps s’étaient brisés. Il avait cru que son crâne s’était fendu en deux.Pourtant, rien de tout cela n’était arrivé. Le sol était mou.Antoine ouvrit les yeux. Au-dessus de lui, l’immense puits obscur ne laissait pas même filtrer les rayons du soleil. Il se tourna sur le côté et palpa ce qui avait amorti sa chute. Il se trouvait sur ce qui ressemblait à un gigantesque matelas gonflable.— Qu’est-ce que c’est que ce truc ? s’exclama-t-il.Antoine se leva avec difficulté, le matelas tremblant sous son poids et le déstabilisant. Il fit quelques pas
Aigle 26Au loin se dessinaient les montagnes rouges. Le sable disparaissait lentement pour laisser place à la roche. Mute ramassa un caillou et le jeta sur le sol.Il tapa dans ses mains, excité.— Les montagnes, dit Mathieu en les pointant du doigt. Je pense qu’on peut les atteindre d’ici ce soir.— Et comment tu comptes les contourner ? fit Antoine, irrité.— Il y a des passages souterrains. Il nous suffira d’emprunter l’un d’eux.Antoine poussa un grognement. Mais ça, Josie ne l’entendit pas.La jeune fille marchait à quelques mètres du reste du groupe, la tête baissée. Elle avançait beaucoup plus vite que les autres. Plus le temps passait, plus Josie accélérait le pas. Elle regardait à peine où elle se dirigeait. En réalité, elle se moquait d’où elle allait. Elle voulait juste à tout prix éviter de crois
RêvesL’homme à la veste noire prenait son maigre repas dans son salon et attendait. Rien ne le perturbait. Pas même le tic-tac incessant de la petite horloge qui lui faisait face. Une fois son déjeuner terminé, il débarrassa la table et se servit une tasse de thé. Il l’avala lentement. C’était très important pour lui. Il partit ensuite dans sa cuisine pour laver la tasse. Il avait un lave-vaisselle, mais aujourd’hui il utiliserait l’évier et ses mains. Il prit le temps de bien la frotter. Puis, il la rinça, l’essuya et la rangea dans un des placards. Celui juste dans l’angle de la pièce. Satisfait, il revint dans son salon et s’assit. Il leva les yeux et attendit. Tic-tac. Tic-tac. Tic-tac. Il regarda l’heure. Il était trois heures vingt-quatre.Il décida alors qu’il était temps.Il se leva et se dirigea vers la porte d’entrée. Il mit ses chaussures, ferma sa veste et prit ses clefs. Il posa la main sur la
SaphirsIls arrivèrent dans le couloir menant au hall. Ils devaient seulement s’enfuir avant que Pierre ne se rende compte qu’ils s’étaient échappés, en espérant que Mathieu et les autres ne les aient pas laissés tomber. Sans Mute, il serait extrêmement difficile pour eux de partir du Lycée Vile. Mis à part le cow-boy, aucun d’entre eux n’était armé.— Mute, dit-il tout haut. D’où viens-tu ?Antoine secoua la tête. Ce n’était pas important pour le moment. Ils arrivèrent enfin dans le grand hall. À son plus grand soulagement, il vit que Mathieu, Josie et Mute étaient présents, comme ils l’avaient promis.— Marianne ! cria Josie.Elle courut dans leur direction, le sourire aux lèvres.— Josie ! lui répondit la jeune fille blonde.Réjoui par ce spectacle, Mute applaudit. Mathieu poussa un soupir.