Chapitre 38: le dîner LE POINT DE VUE d'Allysa La nuit est tombée, et avec elle, un doux mélange d’excitation et de nervosité s’installe en moi. Je termine de nouer les lacets de mes sandales, passe rapidement une main dans mes cheveux, et jette un dernier coup d’œil à mon reflet dans le miroir. La robe que j’ai choisie ce soir est simple mais élégante, assez pour être remarquée sans en faire trop. Je prends une inspiration profonde. Lucas m’a invitée à dîner, et, pour être honnête, je suis curieuse de savoir où cette soirée pourrait nous mener. Avant de partir, je décide de monter prévenir Sofia. C’est une règle tacite entre nous : toujours l’informer de mes allées et venues. Je frappe légèrement à la porte de sa chambre, et quand elle m’autorise à entrer, je pousse doucement la porte. Elle est assise sur son lit, un livre à la main. En me voyant, elle lève un sourcil, surprise. — Tu sors ? demande-t-elle, son regard glissant sur ma tenue. — Oui, je vais retrouver Lucas, di
Chapitre 39 : Je veux arrêter LE POINT DE VUE DE PAOLO Je n’arrive pas à croire ce que je viens d’entendre. C’est comme si tout mon univers venait de s’écrouler en quelques secondes. Mes mains tremblent légèrement, mais je les serre en poings pour me contenir. Allysa se tient devant moi, droite, le regard déterminé, mais je peux voir une lueur de culpabilité dans ses yeux. Je déglutis, ma gorge sèche et serrée. — Non, tu n’es pas sérieuse, Allysa, dis-moi que tu plaisantes. Elle reste immobile, son visage fermé. Sa mâchoire se crispe légèrement, signe qu’elle lutte contre ses propres émotions. Mais ses mots tombent comme une lame tranchante. — Paolo, je suis sérieuse. Il faut qu’on arrête. Je recule d’un pas, comme si ses paroles m’avaient physiquement frappé. Je passe une main nerveuse dans mes cheveux, cherchant une solution, un argument, quelque chose à quoi me raccrocher. — Tu sais très bien que c’est impossible pour moi… Comment peux-tu me demander ça ? Allysa, tu
Chapitre 40 : Zoé LE POINT DE VUE d'Allysa Le lendemain matin, les premiers rayons du soleil filtrent à travers les rideaux de ma chambre, mais j'étais déjà éveillée. La nuit avait été courte, entrecoupée de pensées tourbillonnantes et de souvenirs qui refusaient de me laisser tranquille. Je décide de ne pas rester allongée plus longtemps. Peut-être qu’un peu de mouvement me fera du bien. Je me lève doucement, les pieds nus contre le carrelage froid, une sensation presque apaisante dans ce tumulte intérieur. Après avoir rapidement noué mes cheveux en un chignon désordonné, je passe une robe simple, légère, et je descends dans la cuisine. Le silence de la maison est presque assourdissant à cette heure matinale. Sofia et Paolo dorment encore, et je savoure cette solitude, cette tranquillité qui me permet de respirer sans me sentir observée ou jugée. Je commence par ouvrir les fenêtres de la cuisine. L’air frais du matin s’engouffre, emportant avec lui une partie de mes pensées l
Chapitre 41 :LE POINT DE VUE DE Sofia La matinée était bien entamée, et malgré le soleil éclatant qui baignait la maison, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine tension. Paolo semblait distrait, plongé dans ses pensées comme souvent ces derniers temps. Allysa, de son côté, vaquait à ses tâches, et je me suis dit que c’était le moment idéal pour m’éclipser. J'avais décidé de rendre visite à Julien. C'était une décision à la fois spontanée et préméditée. Une part de moi avait besoin de cette échappatoire, de cette légèreté qu'il m'apportait. Je me suis habillée simplement, mais avec soin : une robe fluide couleur crème qui soulignait ma silhouette sans être trop provocante, et une paire de sandales qui claquaient doucement contre le sol lorsque je me dirigeai vers la porte. — Je sors faire quelques courses, je ne serai pas longue, ai-je annoncé à Paolo, sans lui laisser le temps de poser des questions. Je suis montée dans ma voiture, et en tournant la clé dans le c
Chapitre 42:LE POINT DE VUE D'Allysa J’étais chez Lucas ce soir-là, assise confortablement sur son canapé en velours gris. La pièce était baignée dans une lumière douce et chaleureuse, et une légère odeur de vanille flottait dans l’air, probablement à cause de l’une de ses bougies parfumées qu’il adorait allumer. Lucas était dans la cuisine, occupé à préparer du thé, et je l’observais avec un sourire en coin. Il portait un simple pull noir et un jean, mais il avait ce charme naturel qui le rendait toujours si à l’aise. Il se retourna avec deux tasses fumantes et s’approcha. — Attention, dit-il en me tendant une tasse. C’est chaud, et je ne veux pas que tu me blâmes si tu te brûles. — Oh, ne t’inquiète pas, Lucas. Si je me brûle, je dirai à tout le monde que c’est toi le coupable, répondis-je avec un éclat de malice dans les yeux. Il roula des yeux en s’asseyant à côté de moi. — Bien sûr, comme si j’avais une chance de m’en sortir face à toi. Je ne pus m’empêcher de rire.
Chapitre 43:LE POINT DE VUE d'Allysa Je suis rentrée chez Paolo ce soir-là, le cœur encore alourdi par ce baiser que je n’aurais jamais imaginé échanger avec Lucas. Mon esprit était en désordre, tiraillé entre la culpabilité qui me rongeait et cette chaleur douce-amère que j’avais ressentie lorsqu’il m’avait effleurée. Ses lèvres contre les miennes, ses mains si tendres sur mon visage… C’était doux, si doux, et terriblement interdit. Alors que je franchissais le seuil de la maison, une vague de nervosité m’envahit. J'avais l’impression que chaque pas que je faisais criait ma culpabilité, que Paolo pouvait lire dans mes pensées rien qu’en me regardant. Je pris une profonde inspiration et fis de mon mieux pour cacher mon trouble, mais je savais que mes efforts étaient vains. Paolo était assis dans le salon, une main serrant légèrement la télécommande, son regard fixé sur moi dès que j’entrai. Ses yeux étaient sombres, perçants, comme s’il essayait de percer un secret bien gardé.
Chapitre 44LE POINT DE VUE D'Allysa Lucas m’avait donné rendez-vous dans un petit café en bord de mer. L’endroit était paisible, loin de l’agitation de la ville, et pourtant mon cœur battait si fort que tout semblait bruyant à l’intérieur de moi. Quand je suis arrivée, Lucas était déjà là, assis à une table en bois clair près de la baie vitrée. Il se leva en me voyant, son sourire chaleureux se mêlant à une certaine nervosité. — "Merci d’être venue," dit-il doucement en tirant une chaise pour moi. Je m’assis en silence, mes mains serrées sur mes genoux. Après le baiser que nous avions partagé, chaque interaction entre nous semblait lourde, pleine de non-dits. Lucas s’appuya sur la table, ses doigts entrelacés, son regard planté dans le mien. — "Allysa, je suis content qu’on puisse parler. Je voulais te voir pour... clarifier les choses entre nous."Je hochai doucement la tête, sentant ma gorge se serrer. — "Moi aussi, Lucas. Il faut qu’on parle de ce qui s’est passé." I
Chapitre 45 : La pièce était étrangement silencieuse, à part le bruit de l’horloge murale qui battait le temps comme un tambour annonçant une tempête. Allysa et moi étions dans ce café tranquille, une tentative discrète de discuter de ce que nous allions faire après les aveux et les promesses échangés la veille. Elle était assise en face de moi, visiblement nerveuse. Ses doigts jouaient avec la chaîne de son collier, un tic que j’avais remarqué chaque fois qu’elle se sentait sur la défensive ou perdue. Je l’écoutais, essayant de ne pas la brusquer. Mais alors que je me concentrais sur elle, la porte du café s’ouvrit brusquement, laissant entrer une rafale de vent glacé. Je levai les yeux et mon cœur rata un battement. Paolo se tenait là, les yeux injectés de colère, le visage tendu comme un ressort prêt à éclater. — "Alors c’est là que tu te caches, Allysa." Sa voix était basse, mais elle portait une menace claire. Son regard passait de moi à elle, et je pouvais presque voir
61 : CHAPITRE FINALE La maison était plongée dans un silence apaisant. Lucas dormait paisiblement dans notre chambre, et notre bébé, après une longue soirée à gazouiller et à tendre ses petites mains vers moi, reposait enfin dans son berceau. Assise sur le bureau, à la lueur tamisée d’une lampe, je caressai du bout des doigts la feuille vierge devant moi. Je pris une profonde inspiration avant de saisir mon stylo. Ce n’était pas une simple lettre. C’était mon cœur que je mettais à nu, un témoignage pour l’avenir, un souvenir que mon enfant lirait un jour pour comprendre d’où il venait. "Mon trésor, Si aujourd’hui, tu as cette lettre entre tes mains, c’est que tu es assez grand pour comprendre ton histoire. Une histoire qui a commencé dans le chaos, mais qui s’est transformée en quelque chose de beau, d’inattendu. Je veux que tu saches que ta naissance n’a jamais été une erreur. Tu es venu au monde au milieu d’une tempête, alors que je doutais, que j’avais peur, que je me senta
60LE POINT DE VUE DE D'ALLYSA La douleur était intense, mais Lucas était là. Il n’avait jamais lâché ma main, même quand mes doigts s’étaient crispés sur la sienne avec une force incontrôlable. Sa voix douce et rassurante me guidait à travers chaque contraction, m’encourageant à tenir bon. — Tu es forte, mon amour, souffla-t-il en déposant un baiser sur mon front trempé de sueur. Je voulais lui répondre, lui dire que j’avais peur, que je n’étais pas certaine d’être prête, mais les larmes qui roulaient sur mes joues parlaient pour moi. Puis, après ce qui m’avait semblé être une éternité, un cri déchira l’air. Un cri fragile, mais puissant. Mon cœur se serra alors que je sentais un poids chaud et minuscule être déposé sur ma poitrine. — C’est… notre bébé, murmurais-je d’une voix tremblante. Lucas, à côté de moi, éclata en sanglots silencieux. Je n’avais jamais vu autant d’émotion sur son visage. Ses mains tremblaient alors qu’il caressait doucement la tête de notre enfant. I
59LE POINT DE VUE DE Lucas Je me souviens du matin où nous sommes partis pour notre première consultation prénatale. Le soleil était déjà haut dans le ciel, baignant la ville d'une douce lumière dorée. Allysa était silencieuse pendant le trajet en voiture, les mains posées sur son ventre encore plat, le regard perdu par la fenêtre. Je pouvais sentir qu'elle était nerveuse, et pour être honnête, moi aussi.Je posai une main sur la sienne, la pressant doucement pour la rassurer. « Tout va bien se passer, » murmurai-je en la regardant. Elle me fit un petit sourire, mais son regard restait fuyant.En arrivant à la clinique, une odeur médicinale flottait dans l'air, mélangée aux parfums de désinfectant et de papier neuf. Nous nous enregistrâmes à l'accueil, puis prîmes place dans la salle d'attente. Mon genou rebondissait nerveusement, et je jetais des regards furtifs à Allysa, qui jouait machinalement avec ses doigts.« Tu es sûre que tu veux faire ça ? » demandai-je doucement.Elle hau
58Le silence de la pièce était seulement troublé par le bruit de nos respirations entrelacées. Je levai les yeux vers Lucas, ce regard empli de tendresse et de promesses qui me faisait toujours chavirer. Son amour m’enveloppait, me protégeait, et à cet instant précis, je me rendais compte que je n’avais plus besoin de me battre seule.Un sourire doux naquit sur mes lèvres, et sans réfléchir, je me hissai sur la pointe des pieds pour capturer ses lèvres dans un baiser tendre. Lucas répondit aussitôt, sa main se posant avec délicatesse sur ma joue avant de glisser dans ma nuque, approfondissant notre étreinte. Nos souffles se mêlaient, nos cœurs battaient à l’unisson, et je sentais cette chaleur réconfortante se répandre dans tout mon être.Ses bras m’enlacèrent fermement, me rapprochant un peu plus de lui, et mon corps se pressa instinctivement contre le sien. La douceur de ses lèvres devint plus passionnée, plus avide, et mes mains trouvèrent refuge dans ses cheveux, s’y agrippant lé
57LE POINT DE VUE d'Allysa Je n’aurais jamais cru que ma vie prendrait un tel tournant. Chaque jour, Lucas me prouve qu’il est là, qu’il m’aime, qu’il veut de moi et de cet enfant. Ses gestes sont tendres, ses attentions constantes. Il me prépare le petit déjeuner avant même que je ne me lève, caresse mon ventre parfois avec une douceur infinie, comme s’il voulait déjà établir un lien avec ce bébé qui grandit en moi. Il m’accompagne à chaque rendez-vous médical, m’encourage dans les moments de doute et m’offre un réconfort silencieux mais puissant lorsque je me perds dans mes pensées.Mais ce soir-là, il a fait quelque chose que je n’aurais jamais imaginé.Nous étions installés sur le canapé, une couverture sur nos jambes, une série jouant en arrière-plan que nous ne regardions même pas. Lucas semblait nerveux. Je l’ai remarqué à sa façon de jouer avec ses doigts, un tic qu’il n’avait que lorsqu’il était profondément préoccupé. Puis il a pris une profonde inspiration et s’est tourné
56Le vent du soir caressait doucement ma peau alors que je descendais les marches de l’immeuble. Je n’avais qu’une envie : respirer l’air frais, oublier les tourments qui m’assaillaient et chasser, ne serait-ce qu’un instant, le poids de mes pensées. Depuis plusieurs jours, mon esprit était en perpétuel combat entre la peur, l’incertitude et un espoir que je n’osais nommer.Mais au moment où je posai un pied sur le trottoir, mon cœur s’arrêta net.Appuyé nonchalamment contre une voiture noire, une silhouette familière me fixait. Je le reconnus immédiatement, et une vague de frissons glacés me traversa l’échine. Paolo.Il était là.Le choc me cloua sur place. Mes doigts tremblèrent légèrement alors que je serrai les sangles de mon sac contre moi, comme si ce simple geste pouvait me protéger de lui. J’aurais voulu faire demi-tour, m’enfuir et verrouiller la porte derrière moi, mais c’était trop tard. Il m’avait vue. Et il ne comptait pas me laisser partir sans avoir eu ce qu’il voulait
55 Je n’avais presque pas dormi. Les pensées tournaient en boucle dans ma tête, me laissant épuisée et confuse. Chaque fois que je fermais les yeux, le visage de Paolo me hantait, me rappelant tout ce qui s’était passé. Puis, il y avait Lucas… Lucas et son regard sincère, sa douceur, ses mots qui résonnaient encore en moi. « Peu importe tes choix passés, ce qui compte, c’est ce que tu veux maintenant. »Mais qu’est-ce que je voulais, au juste ? Le matin arriva bien trop vite. Je me levai avec un poids sur la poitrine et me traînai jusqu’à la salle de bain. Mon reflet dans le miroir me renvoya une image fatiguée, les traits tirés, les cernes marqués. Ce n’était pas seulement le manque de sommeil… C’était l’angoisse. Lucas dormait encore, paisiblement allongé sur le lit, comme si son monde n’était pas en train de s’écrouler. Moi, j’avais l’impression d’étouffer. J’attrapai mon téléphone et tapai nerveusement sur l’écran. Je connaissais le numéro du cabinet médical, je l’avais déj
54 Allysa était là, dans la salle de bain, les mains tremblantes et le cœur lourd. Elle sentait les larmes couler sur ses joues sans pouvoir les arrêter, comme si le poids de la réalité la submergeait. Le test de grossesse posé sur le comptoir, le reflet de la vie qui grandissait en elle, était comme une sentence. Ses pensées se bousculaient, entre le désir de fuir et l'incertitude qui paralysait son esprit.Elle n’avait même pas entendu la porte s’ouvrir. Quand elle tourna la tête, elle aperçut Lucas, qui s’était approché d’elle en silence. Ses yeux étaient pleins de compréhension, mais aussi d’inquiétude. Sans un mot, il s’avança lentement, ses mains douces posées sur ses bras, comme pour la réconforter. Il la serra doucement contre lui, son corps offrant un abri face à la tempête intérieure qu’elle traversait. Il sentait ses larmes, son souffle irrégulier, et il savait qu’elle était perdue dans ses pensées, qu’elle luttait contre une douleur qu’il ne pouvait pas tout à fait compre
53Je me suis réveillée enveloppée dans la chaleur du corps de Lucas, bercée par sa respiration calme et régulière. C'était la première fois que je me réveillais ainsi, blottie contre un homme qui me regardait comme si j'étais la seule chose qui comptait au monde. Mais une vague de nausée violente m’a soudainement prise, brisant la douceur du moment. Mon corps s’est tendu, et dans un mouvement brusque, je me suis extirpée des draps avant même que Lucas ne comprenne ce qui se passait. Pieds nus, le souffle court, je me suis précipitée vers la salle de bain. Je me suis penchée au-dessus du lavabo, ouvrant le robinet d’une main tremblante avant de me pencher encore plus et de tout rendre. Mon ventre se tordait, mon corps entier rejetait ce que je n’avais même pas le souvenir d’avoir mangé. Mon crâne tournait, mon cœur battait à un rythme irrégulier. Une fois vidée, j’ai laissé l’eau couler sur mes doigts avant de la porter à ma bouche pour me rincer. Je me suis redressée lentement