Andréa Elle fouille en moi, cherche l’anomalie, la faille.Et elle la trouve.Un fil d’ombre, fin mais solide, ancré dans mon âme comme un hameçon.Je le ressens maintenant.Une présence, une attente.Comme si Mépharès… observait.— Je peux le briser ? Sa voix tremble légèrement, mais sa détermination est implacable.Je ferme les yeux un instant.J’aimerais dire oui.J’aimerais croire que c’est aussi simple.Mais je sais ce que cette connexion signifie.— Si tu le fais, il saura exactement où nous sommes.Elle tressaille, hésite.Je serre sa main, ancrant mes doigts dans les siens.— Je vais le supporter, Éléonore. On trouvera un moyen. Mais pas maintenant.Elle relâche lentement son souffle, et j’entends toute sa frustration dans ce soupir.Puis elle se penche vers moi, posant son front contre le mien.— On va le détruire, Andréas. Je te le promets.Je souris, malgré la fatigue qui alourdit mes muscles.— J’ai confiance en toi.Et c’est vrai.Même avec cette marque, même avec la men
AndréasJe la regarde tracer le cercle au sol, une incantation ancienne chantée à voix basse. La lueur bleutée de sa magie danse sur sa peau, illuminant ses traits d’une beauté surnaturelle.Son sang, une goutte d’un rouge profond, tombe au centre du symbole tracé à la craie.Je déglutis.— C’est le moment, dit-elle doucement, me tendant la dague.Je prends une profonde inspiration, puis entaille ma paume.Le sang perle, puis coule lentement, se mélangeant au sien sur le sol.Un frisson me traverse.Un éclair d’énergie parcourt l’air entre nous.Nos âmes s’effleurent.Je ressens sa chaleur, son essence, son pouvoir.Puis la douleur vient.Un feu liquide, une brûlure ancestrale.Je tombe à genoux, mais Éléonore est là, ses bras me soutenant.— Ça va passer, murmure-t-elle.Je m’accroche à elle, et petit à petit, la douleur s’apaise.Je sens la marque de Mépharès se dissiper.À sa place…Un nouveau lien, plus fort.Éléonore et moi.Liés à jamais.ÉléonoreJe sens la magie s’enrouler aut
ÉléonoreLorsque nous sortons du cercle, le rituel terminé, je sens encore la magie vibrer autour de nous. Le pacte est récent, brut, comme une plaie encore fraîche.Mais quelque chose a changé.Andréas ne fuit pas mon regard.Il ne recule pas.Il m’observe avec une intensité nouvelle, une détermination que je ne lui avais jamais vue.— Tu es fatiguée, murmure-t-il.Je fronce les sourcils.— Ce n’est rien.— Tu ressens ma fatigue autant que moi, non ?Je cligne des yeux, surprise par cette justesse soudaine.Oui. Je la ressens.Et lui ressent la mienne.Une intimité étrange naît de cette constatation.Nous ne sommes plus seulement liés par des émotions.Nous sommes unis dans la douleur, dans la fatigue, dans la moindre vibration de nos âmes.— Viens.Sa main serre la mienne, et avant que je ne puisse protester, il m’attire doucement vers la porte.— Andréas, où allons-nous ? demandé-je, prise au dépourvu.Il jette un regard en arrière, un sourire léger sur les lèvres.— Dormir. Et cet
AndréasElle lève un doigt tremblant vers nous.— Le lien… il n’est pas comme les autres.Je sens un frisson glacer ma colonne vertébrale.— Expliquez-vous, ordonne Éléonore d’une voix ferme.La femme déglutit.— Ce n’est pas un simple pacte de protection. C’est…Elle prend une profonde inspiration, puis annonce d’un ton grave :— Un lien d’âme.Le silence tombe sur la salle.Un lien d’âme.Je sens Éléonore se raidir à mes côtés, son souffle s’accélérer légèrement.Un lien d’âme est irréversible.Plus qu’un pacte, plus qu’une promesse.C’est un serment fait à l’univers lui-même.Si l’un de nous meurt, l’autre suivra.Si l’un de nous souffre, l’autre portera son fardeau.Nos âmes ne peuvent plus être séparées.— Impossible, soufflé-je, la gorge sèche.Mais la femme secoue lentement la tête.— Vous ne pouvez plus échapper l’un à l’autre.Elle marque une pause, puis ajoute :— Et si l’un de vous tente de rompre ce lien… alors l’univers réclamera son prix.Un frisson glacial me traverse.
ÉléonoreUn frisson glacial me parcourt l’échine.Quel est le nôtre ?Et sommes-nous prêts à le payer ?Je serre doucement la main d’Éléonore, ancrant nos deux existences dans cette unique certitude :Nous devons comprendre.Avant qu’il ne soit trop tard.ÉléonoreLa nuit tombe sur le sanctuaire, mais ni Andréas ni moi ne trouvons le sommeil.Nous sommes assis près du feu, des vieux grimoires éparpillés autour de nous, cherchant des réponses dans des pages jaunies par le temps.— Regarde ça, murmuré-je en lui tendant un livre aux lettres presque effacées.Il le prend et plisse les yeux pour déchiffrer le texte.— "Le Pacte des Éternels n’est pas une simple malédiction. Il est un scellement entre deux âmes destinées à accomplir ce qui a été écrit avant même leur naissance."Je frissonne.Cela signifie que…— Nous étions destinés à nous rencontrer, murmure Andréas.Je relève les yeux vers lui.Nos regards se croisent.L’idée est terrifiante et magnifique à la fois.Nous n’avons jamais e
ÉléonoreMon souffle se bloque dans ma gorge.Non.Ce n’est pas possible.Le spectre n’a pas simplement voulu nous effrayer.Il a pris Andréas.Il l’a possédé.Et maintenant…Celui que j’aime n’est plus là.Andréas (ou Edwin ?)Le monde autour de moi vacille.Je ne suis plus maître de mon corps.Un flot de souvenirs m’envahit, des fragments d’une vie oubliée, d’un amour brisé par la trahison et le sang.Je vois Éléonore.Mais pas comme elle est aujourd’hui.Je la vois telle qu’elle était jadis, vêtue d’une robe ancienne, ses yeux emplis d’un amour que j’avais autrefois cru immortel.Mais cet amour…Je l’ai détruit.Je l’ai trahi.Et maintenant, le passé me rattrape.Ma main se lève contre ma volonté, mes lèvres s’entrouvrent, et une voix étrangère en sort :— Nous devons terminer ce qui a été commencé.Éléonore recule, son regard empli d’horreur et de douleur.— Non… Andréas, tu dois lutter !Mais je ne sais plus qui je suis.Andréas.Edwin.Un homme condamné à errer entre deux époque
ÉléonoreJe me redresse, le regard brûlant de détermination.Si je dois affronter ce passé…Alors je le ferai à mes propres conditions.Car cette fois-ci…Ce ne sera pas Edwin qui dictera la fin.Je vacille, prise dans un tourbillon d’émotions et de souvenirs qui ne m’appartiennent qu’à moitié. Ce manoir, cette époque… Ce n’est pas une simple illusion. C’est une faille dans le temps, une fracture où le passé et le présent s’entrelacent, m’enfermant dans une cage invisible.Edwin me fixe, son regard pénétrant, comme s’il lisait au plus profond de mon âme. Son visage, emprunté à Andréas, est à la fois étranger et familier. Cette superposition m’ébranle.— Tu n’as pas changé, Éléonore.Sa voix glisse sur ma peau comme un murmure de cendres.— Mais toi, si. rétorqué-je, les poings serrés. Ou peut-être que tu n’as jamais été celui que je croyais.Un sourire en coin étire ses lèvres.— Je suis celui que tu m’as rendu.Mon souffle se bloque dans ma gorge.Edwin avance lentement, ses pas réso
Éléonore.Sa voix m’a traversé comme une lame de lumière, déchirant la malédiction qui pesait sur moi.Et maintenant, j’ouvre les yeux.Elle est là, à genoux devant moi, son visage baigné de larmes et d’une douleur trop longtemps contenue. Ses mains tremblantes encadrent mon visage comme si elle avait peur que je disparaisse à nouveau.— Andréas…Son souffle est un murmure fragile, mais il me rattache à cette réalité.Mon corps est engourdi, mon esprit encore hanté par les vestiges de la présence d’Edwin. Une rage sourde pulse en moi, un reste de la noirceur qui s’est infiltrée dans mon âme.Mais ses yeux.Ils me ramènent à moi-même.Je veux parler, lui dire que je suis là, que je ne la laisserai plus jamais seule, mais ma gorge est sèche, ma voix inexistante.Alors je fais la seule chose dont je suis capable.Je tends la main et effleure sa joue.Elle ferme les yeux à mon contact, une larme solitaire roulant le long de sa peau.— Je croyais t’avoir perdu… chuchote-t-elle.Je secoue d
ÉléonoreLe monde s’est tu. Plus de cris, plus de bataille, plus de peur. Juste le silence paisible d’un matin naissant, baigné d’une lumière douce et dorée. Je laisse mes yeux dériver sur l’horizon, savourant la quiétude après tant d’épreuves.Mais plus que le paysage, c’est lui que je ressens. Son souffle contre ma peau, son cœur battant sous ma paume, sa chaleur qui m’entoure comme un bouclier invincible.Andréas me serre contre lui, son étreinte forte et apaisante. Son menton repose sur le sommet de ma tête, et je ferme les yeux, laissant mon corps se détendre complètement. Plus besoin de lutter. Plus besoin de fuir. Nous sommes là, ensemble, et c’est tout ce qui compte.— Je n’aurais jamais cru connaître un instant comme celui-ci, murmure-t-il contre mes cheveux.Sa voix est rauque, fatiguée, mais remplie d’une tendresse infinie.Je lève la tête vers lui, ancrant mon regard au sien. Il y a tant de choses que je pourrais dire, mais à quoi bon ? Il sait déjà. Il a toujours su.Je t
ÉléonoreL’aube étire ses premiers rayons sur les ruines encore fumantes du champ de bataille. Le silence n’est plus celui de la fin, mais celui d’un commencement. Les survivants se relèvent, se cherchent, se retrouvent. Et moi, je reste là, ancrée dans le regard d’Andréas.Il ne dit rien. Je ne dis rien non plus. Nos âmes parlent pour nous, dans ce langage silencieux que seuls ceux qui ont traversé l’enfer peuvent comprendre. Ses yeux, d’un bleu profond, me transpercent, cherchant en moi quelque chose que je suis enfin prête à lui donner.Lui.Moi.Nous.Il avance d’un pas. Son souffle se mélange au mien. Ses doigts frôlent ma joue, hésitants, comme s’il craignait encore que tout cela ne soit qu’un mirage, une illusion née du combat et de la douleur. Mais je ne suis pas une illusion. Je suis là. Vivante. Prête.Alors, c’est moi qui brise la distance. Mes mains s’accrochent à lui, à cette présence qui a été mon ancre dans la tempête. Il ne recule pas. Il m’accueille, il me retient. Et
ÉléonoreJe sens les battements précipités de mon cœur résonner contre ma cage thoracique. Mon corps tremble sous le poids de l’épuisement, de l’adrénaline retombée, de la douleur qui commence à s’ancrer dans chaque fibre de mon être.Andréas me tient fermement, comme s’il craignait que je disparaisse à mon tour, emportée par les cendres encore tièdes de ce combat. Son souffle est erratique, et lorsqu’il me serre un peu plus contre lui, je ressens toute la tension qui l’a habité, toute l’angoisse qu’il a contenue.— Tu es là, souffle-t-il, comme pour se convaincre. Tu es vivante.Je hoche faiblement la tête contre son épaule, incapable de formuler une réponse. Une vague de chaleur me traverse, non pas de mon pouvoir, mais de lui. Il est ma certitude, mon ancre, celui qui m’a toujours vue telle que je suis, même lorsque je doutais.Mais tandis que mes yeux se perdent dans le ciel, un frisson parcourt mon échine. La nuit est encore lourde, l’air chargé d’un silence pesant. La victoire a
ÉléonoreLe vent hurle autour de nous, emportant avec lui des volutes de poussière et de cendres.Le ciel, chargé de nuages noirs, semble retenir son souffle.Face à moi, Gauvain se tient droit, son corps frémissant d’énergie obscure.Son regard d’acier croise le mien, et je ressens l’ombre qui palpite autour de lui, prête à fondre sur moi à la moindre ouverture.— Tu crois pouvoir me vaincre, Éléonore ? murmure-t-il, un sourire narquois étirant ses lèvres. Tu n’es qu’une enfant jouant avec un feu qui la consumera.Je ne réponds pas.Les mots ne servent plus à rien.Ce combat est la dernière étape.Celle qui décidera du destin des âmes enchaînées à cette malédiction.Celle qui scellera mon propre sort.Les Ombres DéchaînéesGauvain attaque le premier.D’un geste, il invoque un torrent d’ombres qui s’élève autour de lui, déferlant vers moi comme une vague prête à m’engloutir.Je n’ai pas le temps de réfléchir.J’agis.Mon corps bouge avec une rapidité que je ne me connaissais pas, port
ÉléonoreDerrière moi, Andréas retient son souffle.— Ne le sous-estime pas, Éléonore, murmure-t-il.Comme si c’était possible.Je serre les poings, invoquant la magie qui pulse dans mes veines.Si je dois me battre, alors ce sera sans retenue.Je refuse d’être brisée.Pas par lui. Pas par eux.L’Attaque FoudroyanteGauvain ne me laisse pas le temps d’agir.Il tend la main, et une colonne d’ombre fuse vers moi.Je l’évite de justesse en me jetant sur le côté, sentant l’air vibrer sous l’impact.Le sol se crevasse là où j’étais quelques secondes plus tôt.— Pas mal, murmure-t-il. Mais pas suffisant.Il disparaît.Non, il se fond dans l’ombre.Mon cœur bondit.Je me retourne juste à temps pour voir sa silhouette réapparaître derrière moi.Trop tard.Il me frappe de plein fouet, un choc brutal qui m’envoie rouler sur le sol.La douleur explose dans mon corps.Je me redresse en grimaçant, le goût du sang dans ma bouche.Gauvain m’observe, le regard indéchiffrable.— Tu es lente.Je serre
ÉléonoreNous ne faisons que quelques pas avant que la porte du manoir ne s’ouvre brusquement.Ils sont là.Tous les Anciens.Le Conseil.Le poids de leurs regards me cloue sur place.Léandre s’avance le premier, son visage fermé, plus grave que jamais.— Éléonore Valmeray, annonce-t-il d’une voix qui fait frissonner l’air autour de nous.— Nous devons parler.Je n’ai pas le choix.Je le savais déjà.Un jugement sans appelLa salle est glaciale.Les chandeliers projettent des ombres mouvantes sur les murs de pierre, rendant l’atmosphère encore plus oppressante.Je me tiens droite face à eux, Andréas légèrement en retrait, prêt à intervenir à la moindre menace.Léandre me fixe longuement avant de prendre la parole.— Nous avons ressenti ce qui s’est passé.Un murmure parcourt l’assemblée.— Tu as touché à ce qui n’aurait jamais dû être réveillé.Je ne détourne pas le regard.— Je l’ai fait pour comprendre.Un silence.Puis un rire amer s’élève.— Comprendre ? répète une femme aux cheve
AndréasLa lumière nous engloutit, brûlante et aveuglante.Mon instinct me hurle de courir vers Éléonore, de la protéger, mais la force qui émane d’elle est insondable. Le vent se lève dans la salle du sanctuaire, soulevant la poussière et les cendres des siècles passés. Les symboles gravés sur les murs vibrent d’une lueur surnaturelle, pulsant au rythme du cœur d’Éléonore.Et puis, tout s’arrête.Un silence funèbre.Elle est là, debout, ses cheveux flottant comme s’ils étaient portés par une brise invisible. Ses yeux ont changé. Plus brillants, plus intenses. Une aura dorée danse autour d’elle, entrelacée d’ombres mouvantes.Elle a fait son choix.Mais lequel ?— Éléonore…Je tends la main vers elle, mais un frisson me traverse quand elle pose son regard sur moi.Ce n’est plus tout à fait elle.Ou peut-être est-ce elle, enfin complète.L’Architecte esquisse un sourire.— Impressionnant.Sa voix résonne dans la pièce comme un écho lointain, empli de satisfaction et d’attente.Éléonore
Andréas Je me retourne vivement.Et je le vois.Une silhouette se dessine dans le néant, imposante, drapée dans un manteau sombre.L’Architecte.— Tu es un poison pour elle, Andréas.Sa voix résonne dans l’espace vide.Je serre les poings, prêt à attaquer.— Tu ne sais rien de nous.Un rire moqueur vibre autour de moi.— Vraiment ?Le décor change brusquement.Les ombres s’écartent, dévoilant une vaste salle, aux murs de pierre couverts d’inscriptions anciennes.Et au centre…Éléonore est à genoux.Une lumière crépusculaire l’entoure, et devant elle se tient l’apparition de sa mère.Elle pleure.Jamais je ne l’ai vue ainsi.Mon cœur se serre.— Elle se souvient, murmure l’Architecte.— Se souvient de quoi ?Il ne répond pas.Mais je le vois.Le regard d’Éléonore est perdu dans le passé.Et la silhouette de sa mère s’illumine.Les Larmes du PacteÉléonoreLes souvenirs affluent en moi.Je vois une autre époque, un autre temps.Je vois ma mère, jeune et puissante, défiant les sorciers
ÉléonoreJe lève les yeux vers le ciel nocturne. Les étoiles semblent plus ternes, comme si elles aussi avaient ressenti l’impact de notre lutte.— Il va revenir.La voix d’Andréas est rauque, presque un murmure.Je le sais. L’Architecte ne nous laissera pas en paix. Il a perdu une bataille, mais la guerre ne fait que commencer.— Nous devons partir d’ici, dis-je en me redressant.Autour de nous, les ruines du sanctuaire s’effondrent lentement. Les pierres noircies par la magie maléfique s’effritent, emportées par le vent. Ce lieu n’est plus sûr.Andréas hoche la tête et se lève, bien que son équilibre soit incertain. Je passe un bras autour de sa taille pour le soutenir, et ensemble, nous avançons à travers les décombres.Mais à chaque pas, un poids invisible s’alourdit sur ma poitrine.Quelque chose ne va pas.Je le ressens dans l’air, une présence insidieuse qui s’attarde, cachée dans l’ombre.Nous ne sommes pas seuls.L’Éveil des SpectresAndréasChaque muscle de mon corps est en