ÉléonoreL’atmosphère du sous-sol est lourde, saturée d’un parfum ancien de cire fondue et de vieux grimoires. Les murs de pierre suintent l’humidité, rendant l’endroit encore plus oppressant.Face à moi, la Sorcière Originelle m’observe avec une expression indéchiffrable. Son regard perçant me traverse comme si elle sondait mon âme.— Tu ressens l’appel, n’est-ce pas ? murmure-t-elle .Je me tiens droite, refusant de montrer le moindre signe de faiblesse.— Je ressens surtout le poids de tes erreurs, répliqué-je calmement.Elle esquisse un sourire fin, presque amusé.— Et pourtant, tu portes mon sang. Tu es liée à moi, que tu le veuilles ou non.Je serre les poings. C’est vrai. Mon ascendance ne peut être niée. Mais cela ne signifie pas que je suis condamnée à suivre son chemin.Un frisson me parcourt lorsque je sens l’énergie vibrer autour de nous, comme un courant invisible prêt à se déchaîner.— Tu es venue ici avec l’intention de me défier, mais sais-tu seulement ce que cela impl
ÉléonoreLa Sorcière Originelle me fixe.— Maintenant, tu comprends, murmure-t-elle.Mes mains tremblent.— Qu’est-ce que cela signifie ?Elle s’approche encore, posant une main glacée sur mon bras.— Cela signifie que ce que vous vivez aujourd’hui n’est qu’un écho de ce qui a déjà été.Je recule brusquement.— Non…Elle penche la tête.— Tu veux la vérité, Éléonore ? La voici : vous êtes liés par une malédiction plus ancienne que vous deux. Vous avez aimé et perdu, encore et encore. Chaque vie vous ramène l’un à l’autre… mais chaque fois, quelque chose vous sépare.Je secoue la tête, refusant d’accepter ces paroles.Mais au fond de moi, une voix murmure que c’est vrai.Andréas – Le manoir en éveilUn courant d’air glacé traverse le couloir tandis que je me tiens devant une porte en bois massif.De l’autre côté, je ressens la présence d’Éléonore.Mais quelque chose ne va pas.L’énergie autour d’elle est différente, plus instable.Je tends la main vers la poignée, mais avant que je pui
ÉléonoreUne femme aux longs cheveux d’argent se tient entre nous.Son regard est empli de colère et de tristesse.— Vous avez brisé l’ordre naturel des choses, dit-elle d’une voix glaciale.Elle lève les bras, et un vent violent balaie la salle.— Vous ne pourrez jamais être ensemble sans en payer le prix.Une lumière aveuglante jaillit.Je ressens la douleur comme si c’était maintenant.Puis tout disparaît.Je suis de retour dans la salle voûtée.Andréas me regarde avec une infinie tristesse.— Nous avons été maudits, Éléonore. Condamnés à nous retrouver et à nous perdre à jamais.Un sanglot m’échappe.— Et cette fois ?Il hésite, puis murmure :— Cette fois, tu peux changer les choses.Mon souffle se bloque .Je sens une énergie familière s’élever autour de moi.Puis la vision éclate.Je reviens brutalement à la réalité.Et la première chose que je vois, c’est la porte qui s’ouvre.Andréas est là.Nos regards se croisent.Et je sais.Tout a changé.Andréas est devant moi, figé sur
ÉléonoreL’obscurité semble vivante. Elle respire, palpite autour de moi, comme un monstre tapi dans l’ombre, prêt à refermer ses griffes sur ma gorge.Mais ce n’est pas la noirceur qui me glace le sang .C’est cette voix .Ce murmure venu d’un autre temps.— Te souviens-tu de moi, Éléonore ?Un frisson me parcourt.Je tente de distinguer la silhouette qui m’attend dans les ténèbres, mais la lumière vacillante des torches ne révèle qu’un contour flou. Pourtant, au plus profond de moi, une mémoire ancienne s’éveille, une certitude m’étrangle.— Qui es-tu ? soufflé-je, même si la réponse brûle déjà sur le bout de ma langue.Un rire doux et amer s’élève .— Tu le sais. Tu l’as toujours su.Le silence s’épaissit.Puis, lentement, la silhouette sort de l’ombre.Mon cœur s’arrête .C’est un homme, grand, drapé dans un long manteau sombre, ses cheveux noirs effleurant ses épaules. Ses yeux… ses yeux sont d’un or incandescent, brûlants comme un brasier ancien.— Non… murmuré-je en reculant d’
ÉléonoreLa pièce vibre sous l’onde d’énergie qui explose entre eux.Un fracas assourdissant me fait reculer précipitamment, ma respiration se bloquant dans ma gorge. Les flammes des torches vacillent sur les murs de pierre, projetant des ombres mouvantes et menaçantes.Andréas et Caël se font face, leurs regards brûlant d’une animosité ancienne, d’une rivalité qui transcende le temps .— Toi… crache Andréas, la mâchoire contractée, son regard d’obsidienne perçant Caël comme une lame.Caël ne cille pas. Il se contente de sourire lentement, un sourire empreint d’une tristesse étrange.— Ça fait longtemps, Andréas.Une tension insoutenable s’abat sur la pièce.— Je croyais t’avoir laissé derrière moi, gronde Andréas, la voix tremblante d’un mélange de colère et d’angoisse.— Oh, tu l’as fait, murmure Caël en croisant les bras. Mais le destin en a décidé autrement.Andréas fait un pas en avant, son énergie sombre s’élevant comme une vague menaçante.— Tu n’aurais jamais dû revenir.Caël
ÉléonoreLes ténèbres nous aspirent comme une vague impitoyable.Le sol disparaît sous mes pieds, et une sensation vertigineuse me prend à la gorge. Un souffle glacé me traverse, m’arrachant un frisson tandis que l’obscurité absolue m’enveloppe.Puis, brutalement, je chute.Je tombe dans un vide infini, mon cri se perdant dans le néant.Je tente d’invoquer ma magie, mais elle semble bloquée, enfermée en moi comme si une force invisible la muselait.Et alors que la panique me gagne, une lumière froide perce soudain l’obscurité.Je touche violemment le sol.L’impact me coupe le souffle, et une douleur aiguë pulse dans mon dos. Je grogne en me redressant difficilement, mes paumes râpées contre une surface lisse et glaciale.Un frisson me parcourt lorsque je réalise où je suis.Un long corridor s’étend devant moi, bordé de murs de pierre suintants d’humidité. L’air est épais, saturé d’une odeur de cendres et de fer.— Andréas ! Caël !Ma voix résonne, mais seule l’écho me répond.Un silen
ÉléonoreUn silence oppressant m’entoure.Les ténèbres se sont dissipées, mais je ne sais pas où je suis.L’air est chargé d’électricité, comme si la magie elle-même retenait son souffle.Je me tiens au centre d’un cercle gravé dans le sol, des symboles anciens luisant faiblement sous mes pieds.Je frissonne.Ce n’est pas un lieu ordinaire.— Où suis-je ? murmuré-je dans le vide.Aucune réponse.Je tente de me concentrer sur mon lien avec Andréas, mais il semble voilé, distant.Caël, lui, est totalement inaccessible.L’angoisse me ronge.Puis, un mouvement dans mon dos me fait pivoter brusquement.Une silhouette apparaît dans la brume.Un homme.Vêtu d’une longue cape sombre, il se tient là, immobile. Son visage est dissimulé sous une capuche, mais je sens son regard perçant me scruter.Un frisson me parcourt l’échine.— Qui êtes-vous ? demandé-je en me mettant en garde.Il ne répond pas immédiatement.Puis, d’une voix grave, il murmure :— Tu es enfin là.Un silence tendu s’installe.
EleanoreIl rit doucement, un rire teinté de tristesse.— C’est ce qu’ont dit ceux qui sont venus avant toi.Ses yeux se voilent.— C’est ce qu’elle a dit… elle aussi.Je fronce les sourcils.— Qui ?Il détourne le regard.— Celle que tu étais.Un frisson me parcourt.— Explique-moi.Il me fixe, une lueur indéchiffrable dans les yeux.— Avant d’être Éléonore, tu étais une autre. Et avant Andréas, il y en avait un autre aussi.Son regard devient plus dur.— Et ils ont fait le mauvais choix.Une vague glaciale m’envahit.— Quel choix ?Il s’approche lentement.— Ils ont brisé l’équilibre. Ils ont défié les Ombres.Son expression devient grave.— Et à cause d’eux, la malédiction s’est renforcée.Je déglutis avec peine.— Je ne suis pas eux.— Non, mais tu es leur héritière.Il s’arrête à un pas de moi.— Et tu es celle qui devra réparer leur erreur.---Andréas – Le Pacte oubliéL’homme face à moi me scrute avec intensité.— Tu as peur.Je garde le silence.— C’est normal, poursuit-il. C
ÉléonoreLe monde s’est tu. Plus de cris, plus de bataille, plus de peur. Juste le silence paisible d’un matin naissant, baigné d’une lumière douce et dorée. Je laisse mes yeux dériver sur l’horizon, savourant la quiétude après tant d’épreuves.Mais plus que le paysage, c’est lui que je ressens. Son souffle contre ma peau, son cœur battant sous ma paume, sa chaleur qui m’entoure comme un bouclier invincible.Andréas me serre contre lui, son étreinte forte et apaisante. Son menton repose sur le sommet de ma tête, et je ferme les yeux, laissant mon corps se détendre complètement. Plus besoin de lutter. Plus besoin de fuir. Nous sommes là, ensemble, et c’est tout ce qui compte.— Je n’aurais jamais cru connaître un instant comme celui-ci, murmure-t-il contre mes cheveux.Sa voix est rauque, fatiguée, mais remplie d’une tendresse infinie.Je lève la tête vers lui, ancrant mon regard au sien. Il y a tant de choses que je pourrais dire, mais à quoi bon ? Il sait déjà. Il a toujours su.Je t
ÉléonoreL’aube étire ses premiers rayons sur les ruines encore fumantes du champ de bataille. Le silence n’est plus celui de la fin, mais celui d’un commencement. Les survivants se relèvent, se cherchent, se retrouvent. Et moi, je reste là, ancrée dans le regard d’Andréas.Il ne dit rien. Je ne dis rien non plus. Nos âmes parlent pour nous, dans ce langage silencieux que seuls ceux qui ont traversé l’enfer peuvent comprendre. Ses yeux, d’un bleu profond, me transpercent, cherchant en moi quelque chose que je suis enfin prête à lui donner.Lui.Moi.Nous.Il avance d’un pas. Son souffle se mélange au mien. Ses doigts frôlent ma joue, hésitants, comme s’il craignait encore que tout cela ne soit qu’un mirage, une illusion née du combat et de la douleur. Mais je ne suis pas une illusion. Je suis là. Vivante. Prête.Alors, c’est moi qui brise la distance. Mes mains s’accrochent à lui, à cette présence qui a été mon ancre dans la tempête. Il ne recule pas. Il m’accueille, il me retient. Et
ÉléonoreJe sens les battements précipités de mon cœur résonner contre ma cage thoracique. Mon corps tremble sous le poids de l’épuisement, de l’adrénaline retombée, de la douleur qui commence à s’ancrer dans chaque fibre de mon être.Andréas me tient fermement, comme s’il craignait que je disparaisse à mon tour, emportée par les cendres encore tièdes de ce combat. Son souffle est erratique, et lorsqu’il me serre un peu plus contre lui, je ressens toute la tension qui l’a habité, toute l’angoisse qu’il a contenue.— Tu es là, souffle-t-il, comme pour se convaincre. Tu es vivante.Je hoche faiblement la tête contre son épaule, incapable de formuler une réponse. Une vague de chaleur me traverse, non pas de mon pouvoir, mais de lui. Il est ma certitude, mon ancre, celui qui m’a toujours vue telle que je suis, même lorsque je doutais.Mais tandis que mes yeux se perdent dans le ciel, un frisson parcourt mon échine. La nuit est encore lourde, l’air chargé d’un silence pesant. La victoire a
ÉléonoreLe vent hurle autour de nous, emportant avec lui des volutes de poussière et de cendres.Le ciel, chargé de nuages noirs, semble retenir son souffle.Face à moi, Gauvain se tient droit, son corps frémissant d’énergie obscure.Son regard d’acier croise le mien, et je ressens l’ombre qui palpite autour de lui, prête à fondre sur moi à la moindre ouverture.— Tu crois pouvoir me vaincre, Éléonore ? murmure-t-il, un sourire narquois étirant ses lèvres. Tu n’es qu’une enfant jouant avec un feu qui la consumera.Je ne réponds pas.Les mots ne servent plus à rien.Ce combat est la dernière étape.Celle qui décidera du destin des âmes enchaînées à cette malédiction.Celle qui scellera mon propre sort.Les Ombres DéchaînéesGauvain attaque le premier.D’un geste, il invoque un torrent d’ombres qui s’élève autour de lui, déferlant vers moi comme une vague prête à m’engloutir.Je n’ai pas le temps de réfléchir.J’agis.Mon corps bouge avec une rapidité que je ne me connaissais pas, port
ÉléonoreDerrière moi, Andréas retient son souffle.— Ne le sous-estime pas, Éléonore, murmure-t-il.Comme si c’était possible.Je serre les poings, invoquant la magie qui pulse dans mes veines.Si je dois me battre, alors ce sera sans retenue.Je refuse d’être brisée.Pas par lui. Pas par eux.L’Attaque FoudroyanteGauvain ne me laisse pas le temps d’agir.Il tend la main, et une colonne d’ombre fuse vers moi.Je l’évite de justesse en me jetant sur le côté, sentant l’air vibrer sous l’impact.Le sol se crevasse là où j’étais quelques secondes plus tôt.— Pas mal, murmure-t-il. Mais pas suffisant.Il disparaît.Non, il se fond dans l’ombre.Mon cœur bondit.Je me retourne juste à temps pour voir sa silhouette réapparaître derrière moi.Trop tard.Il me frappe de plein fouet, un choc brutal qui m’envoie rouler sur le sol.La douleur explose dans mon corps.Je me redresse en grimaçant, le goût du sang dans ma bouche.Gauvain m’observe, le regard indéchiffrable.— Tu es lente.Je serre
ÉléonoreNous ne faisons que quelques pas avant que la porte du manoir ne s’ouvre brusquement.Ils sont là.Tous les Anciens.Le Conseil.Le poids de leurs regards me cloue sur place.Léandre s’avance le premier, son visage fermé, plus grave que jamais.— Éléonore Valmeray, annonce-t-il d’une voix qui fait frissonner l’air autour de nous.— Nous devons parler.Je n’ai pas le choix.Je le savais déjà.Un jugement sans appelLa salle est glaciale.Les chandeliers projettent des ombres mouvantes sur les murs de pierre, rendant l’atmosphère encore plus oppressante.Je me tiens droite face à eux, Andréas légèrement en retrait, prêt à intervenir à la moindre menace.Léandre me fixe longuement avant de prendre la parole.— Nous avons ressenti ce qui s’est passé.Un murmure parcourt l’assemblée.— Tu as touché à ce qui n’aurait jamais dû être réveillé.Je ne détourne pas le regard.— Je l’ai fait pour comprendre.Un silence.Puis un rire amer s’élève.— Comprendre ? répète une femme aux cheve
AndréasLa lumière nous engloutit, brûlante et aveuglante.Mon instinct me hurle de courir vers Éléonore, de la protéger, mais la force qui émane d’elle est insondable. Le vent se lève dans la salle du sanctuaire, soulevant la poussière et les cendres des siècles passés. Les symboles gravés sur les murs vibrent d’une lueur surnaturelle, pulsant au rythme du cœur d’Éléonore.Et puis, tout s’arrête.Un silence funèbre.Elle est là, debout, ses cheveux flottant comme s’ils étaient portés par une brise invisible. Ses yeux ont changé. Plus brillants, plus intenses. Une aura dorée danse autour d’elle, entrelacée d’ombres mouvantes.Elle a fait son choix.Mais lequel ?— Éléonore…Je tends la main vers elle, mais un frisson me traverse quand elle pose son regard sur moi.Ce n’est plus tout à fait elle.Ou peut-être est-ce elle, enfin complète.L’Architecte esquisse un sourire.— Impressionnant.Sa voix résonne dans la pièce comme un écho lointain, empli de satisfaction et d’attente.Éléonore
Andréas Je me retourne vivement.Et je le vois.Une silhouette se dessine dans le néant, imposante, drapée dans un manteau sombre.L’Architecte.— Tu es un poison pour elle, Andréas.Sa voix résonne dans l’espace vide.Je serre les poings, prêt à attaquer.— Tu ne sais rien de nous.Un rire moqueur vibre autour de moi.— Vraiment ?Le décor change brusquement.Les ombres s’écartent, dévoilant une vaste salle, aux murs de pierre couverts d’inscriptions anciennes.Et au centre…Éléonore est à genoux.Une lumière crépusculaire l’entoure, et devant elle se tient l’apparition de sa mère.Elle pleure.Jamais je ne l’ai vue ainsi.Mon cœur se serre.— Elle se souvient, murmure l’Architecte.— Se souvient de quoi ?Il ne répond pas.Mais je le vois.Le regard d’Éléonore est perdu dans le passé.Et la silhouette de sa mère s’illumine.Les Larmes du PacteÉléonoreLes souvenirs affluent en moi.Je vois une autre époque, un autre temps.Je vois ma mère, jeune et puissante, défiant les sorciers
ÉléonoreJe lève les yeux vers le ciel nocturne. Les étoiles semblent plus ternes, comme si elles aussi avaient ressenti l’impact de notre lutte.— Il va revenir.La voix d’Andréas est rauque, presque un murmure.Je le sais. L’Architecte ne nous laissera pas en paix. Il a perdu une bataille, mais la guerre ne fait que commencer.— Nous devons partir d’ici, dis-je en me redressant.Autour de nous, les ruines du sanctuaire s’effondrent lentement. Les pierres noircies par la magie maléfique s’effritent, emportées par le vent. Ce lieu n’est plus sûr.Andréas hoche la tête et se lève, bien que son équilibre soit incertain. Je passe un bras autour de sa taille pour le soutenir, et ensemble, nous avançons à travers les décombres.Mais à chaque pas, un poids invisible s’alourdit sur ma poitrine.Quelque chose ne va pas.Je le ressens dans l’air, une présence insidieuse qui s’attarde, cachée dans l’ombre.Nous ne sommes pas seuls.L’Éveil des SpectresAndréasChaque muscle de mon corps est en