Alex.
Pourquoi lui avait-il parlé comme s’il voulait la protéger hier, pour aujourd’hui faire comme si elle n’existait pas ? La fin de la journée arriva plus vite que Rosette ne l’aurait cru. Malgré les cours et les discussions avec Orchidée, une seule pensée l’obsédait : elle devait continuer ce qu’elle avait commencé. Hier, elle avait été interrompue. Aujourd’hui, elle irait jusqu’au bout. Elle attendit que la majorité des élèves quittent l’établissement. Puis, d’un pas décidé, elle s’éloigna de l’entrée principale et se dirigea vers l’un des bâtiments moins fréquentés. Mais à peine eut-elle tourné au coin d’un couloir qu’une main surgit de nulle part et l’agrippa violemment. Avant même qu’elle ne comprenne ce qui lui arrivait, une autre main se plaqua fermement sur sa bouche. Son cœur explosa dans sa poitrine. Elle tenta aussitôt de se débattre, les ongles cherchant à griffer la peau de son assaillant, les pieds frappant le sol dans l’espoir de s’échapper. Mais l’emprise était forte, implacable. — Arrête de te débattre. Une voix grave, glaciale. Alex. Rosette sentit un frisson d’adrénaline la traverser. Elle redoubla d’efforts pour se libérer, frappant de toutes ses forces contre son torse, jusqu’à ce qu’il la lâche enfin. Elle recula précipitamment, essoufflée, les yeux agrandis par la panique. — Tu es complètement malade ?! s’étrangla-t-elle. Alex ne répondit pas immédiatement. Il la fixa intensément, son regard noir chargé d’une tension électrique. — Je t’avais prévenue. Son ton était bas, menaçant. — Prévenue de quoi ? répliqua Rosette, la colère prenant le pas sur sa peur. — De ne pas traîner ici. Elle le fixa avec incrédulité. — Tu crois que tu peux juste… m’attraper comme ça et m’empêcher d’aller où je veux ? Elle sentit son souffle court, son cœur tambouriner dans sa poitrine, mais elle ne recula pas. — Tu ne comprends pas ce qui se passe ici. — Alors explique-moi. Un silence pesant s’installa entre eux. Alex la scrutait, comme s’il hésitait entre lui dire la vérité ou la faire fuir une bonne fois pour toutes. Finalement, il soupira et recula légèrement. — Fais ce que tu veux. Mais ne viens pas pleurer quand il sera trop tard. Rosette sentit la rage l’envahir. — Tu sais quoi ? Ce matin, tu as fait comme si je n’existais pas. Continue comme ça et laisse-moi tranquille. Sans attendre sa réponse, elle tourna les talons et s’éloigna à grands pas. Elle voulait juste sortir d’ici, respirer l’air frais, mettre le plus de distance possible entre elle et lui. Mais alors qu’elle franchissait les grilles du lycée pour rentrer chez elle, une chose était certaine : Alex cachait quelque chose. Et quoi que ce soit… Ça la concernait désormais. Rosette marcha d’un pas rapide, les épaules tendues et les poings serrés. L’air frais du soir n’arrivait pas à calmer les battements affolés de son cœur. Il est malade… complètement malade. Elle avait encore la sensation de ses doigts autour de son bras, de sa main plaquée contre sa bouche. Un frisson la parcourut. Pourquoi Alex avait-il réagi comme ça ? Qu’essayait-il de lui cacher ? Elle resserra son écharpe autour de son cou et accéléra le pas. Les rues de Grandisbourg étaient calmes à cette heure-ci, bercées par le murmure du vent et le clignotement discret des lampadaires. Son appartement n’était plus très loin. Mais alors qu’elle avançait, une étrange sensation l’envahit. Comme si on l’observait. Elle s’arrêta net et jeta un coup d’œil derrière elle. Rien. Les trottoirs étaient vides, les maisons silencieuses. Elle serra son sac contre elle et reprit sa marche. Peut-être que la peur et la fatigue jouaient avec son esprit. Mais à peine eut-elle fait quelques pas qu’un bruit retentit. Un frôlement. Léger. Presque imperceptible. Elle s’immobilisa à nouveau. Cette fois, elle était sûre de ne pas avoir rêvé. Elle déglutit et tourna lentement la tête. Toujours rien. Mais son instinct lui hurlait que quelque chose n’allait pas. Elle pressa le pas, presque en courant jusqu’à son immeuble. Lorsqu’elle atteignit enfin l’entrée, elle tapa son code frénétiquement et poussa la porte vitrée, le souffle court. Dès qu’elle fut à l’intérieur, elle la referma derrière elle et jeta un dernier coup d’œil dehors. La rue était toujours vide. Mais l’oppression dans son ventre ne disparaissait pas. Elle monta les escaliers quatre à quatre et s’enferma dans son appartement. Le silence était pesant. Trop pesant. Elle inspira profondément, essayant de calmer sa respiration. Ce n’était rien. Juste son imagination. Elle s’efforça de reprendre ses esprits et alla se préparer pour la nuit. Mais alors qu’elle se glissait sous ses draps, elle ne put s’empêcher de penser à Alex. À sa menace. À sa mise en garde. Et à cette sensation d’être suivie… Ce n’était peut-être pas qu’une impression. Rosette s’allongea sur son lit sans même allumer la lumière. Son corps était épuisé, vidé de toute énergie. D’habitude, elle prenait toujours le temps de dîner en rentrant, mais ce soir… l’appétit lui manquait. Son esprit était trop agité. Elle repensa à Alex, à la façon dont il l’avait attrapée, à ses paroles menaçantes. Puis à cette sensation étrange qui l’avait suivie jusque chez elle. Elle se disait que c’était sûrement la fatigue qui lui jouait des tours… mais une part d’elle n’en était pas si sûre. Elle ferma les yeux. Son corps était lourd, et pourtant, son esprit restait en alerte. Le silence de son appartement lui semblait oppressant. Puis, sans qu’elle ne s’en rende compte, le sommeil l’engloutit. Mais ce ne fut pas un sommeil paisible. Des ombres dansaient dans son esprit. Des formes indistinctes, mouvantes, qui l’appelaient sans bruit. Elle se trouvait dans un couloir sombre, long, interminable. Elle avançait, ses pas résonnaient dans le vide. Puis une silhouette apparut devant elle. Alex. Il était debout, immobile, son visage caché par l’obscurité. — Tu n’aurais pas dû venir ici. Sa voix résonna comme un écho lointain. Soudain, le sol sous elle se déroba, et une sensation de chute la submergea. Elle hurla— Et se réveilla en sursaut. Sa chambre était plongée dans la pénombre. Son souffle était court, son front couvert de sueur froide. Un rêve. Juste un rêve. Mais en reprenant son souffle, un détail lui glaça le sang. La porte de son appartement… Elle était fermée quand elle s’était couchée. Mais maintenant, elle était entrebâillée.Le matin arriva plus vite que Rosette ne l’aurait voulu.Malgré la nuit agitée qu’elle avait passée, elle se força à se lever comme si de rien n’était. Elle se prépara rapidement, attrapa son sac et sortit de chez elle sans même prendre de petit-déjeuner.Elle n’avait plus envie de se torturer l’esprit avec ces histoires étranges.Elle en avait assez.Assez de ces avertissements cryptiques, assez de ces tensions incompréhensibles avec Alex, assez de cette sensation oppressante qui lui collait à la peau depuis son arrivée à Saint-Célestin.Je ne veux plus me mêler de ça.À partir d’aujourd’hui, elle se concentrerait uniquement sur ses cours. Sur son avenir. Pas sur des mystères absurdes qui ne la concernaient pas.Elle arriva au lycée et entra en classe, ignorant les regards curieux et les murmures autour d’elle. Elle s’installa à sa place et ouvrit son cahier, bien décidée à se plonger dans le cours d’histoire qui allait commencer.Mais alors que le professeur expliquait un pa
— C’est la première fois que je bois un café dans un endroit aussi chic, avoua-t-elle en regardant autour d’elle.Orchidée éclata de rire.— Sérieux ? Eh bien, il fallait bien une première fois, alors ! Bienvenue dans le monde des cafés hors de prix et des serveurs qui te regardent comme si t’étais une célébrité.Rosette sourit timidement et baissa les yeux vers sa tasse.Elles continuèrent à discuter tranquillement de tout et de rien, laissant peu à peu l’atmosphère pesante du lycée derrière elles. Mais après un moment, Orchidée posa son coude sur la table et planta son regard malicieux dans celui de Rosette.— Au fait, t’as pas oublié, hein ? Ce week-end, c’est la soirée d’intégration des nouveaux.Rosette fit une légère grimace.— Oh… euh…Elle n’y avait pas vraiment réfléchi. Avec tout ce qui s’était passé, la dernière chose qu’elle voulait, c’était de se retrouver en pleine fête, entourée d’élèves dont la moitié l’ignoraient et l’autre moitié riaient d’elle.Orchidée devina tout
Les jours passèrent et, contre toute attente, plus rien d’étrange ne se produisit.Rosette s’en tenait à sa décision : ne plus se mêler de ce qui ne la regardait pas. Elle suivait ses cours, évitait les ennuis et faisait profil bas, espérant que tout finirait par rentrer dans l’ordre.Orchidée restait une présence constante à ses côtés, toujours aussi énergique et pleine de vie. Grâce à elle, Rosette parvenait à oublier les tensions des premiers jours. Elles déjeunaient ensemble, parlaient de tout et de rien, et parfois Orchidée lui racontait les derniers potins du lycée, même si Rosette n’y prêtait qu’une oreille distraite.— C’est fou comme ce lycée est rempli de dramas, avait-elle soupiré un jour en refermant son casier.— Bienvenue à Saint-Célestin ! avait plaisanté Orchidée.Rosette n’essayait plus de croiser Alex.Depuis leur dernière altercation, elle faisait tout pour l’éviter. Elle ne cherchait plus son regard, ne passait plus par les endroits où elle savait qu’il traîn
Rosette serra les dents et recula d’un pas, secouant sa main pour l’éloigner.— J’ai déjà compris, dit-elle froidement. Ce n’est pas la peine d’en rajouter.Elle tourna les talons.— Au revoir.Mais avant qu’elle ne puisse faire un pas de plus, une poigne ferme attrapa son poignet.Elle se figea instantanément.Son regard descendit lentement vers sa main prisonnière dans celle d’Alex.Il ne serrait pas assez fort pour lui faire mal, mais il n’avait aucune intention de la laisser partir.— Reste loin des choses qui se passent dans cette école, souffla-t-il, et je suis très sérieux en te disant ça.Son ton était différent cette fois-ci. Plus grave. Plus pressant.— C’est mieux pour tout le monde.Rosette leva les yeux vers lui, et pour la première fois, elle crut percevoir autre chose que de l’arrogance dans son regard.Quelque chose de plus profond.Mais elle refusa de se laisser intimider.Elle retira brusquement son bras de son emprise.— Je t’ai dit que j’ai compris.
Le cœur battant encore sous l’effet de la confrontation avec Sacha, Rosette quitta précipitamment la bibliothèque. Son souffle était court, son esprit embrouillé par ce qu’elle venait de faire. Elle n’en revenait pas elle-même. Elle avait tenu tête à Sacha. Elle avait osé.Mais elle n’avait pas le temps de s’attarder là-dessus.Elle avait besoin de prendre l’air, de s’éloigner un moment de tout ça.Sans réfléchir, elle prit la direction du toit.Les couloirs étaient presque vides, seulement éclairés par la lumière artificielle des néons. Le silence était presque oppressant.C’est alors qu’elle entendit.Des voix, des chuchotements inquiétants, provenant d’un coin sombre du couloir.Elle ralentit instinctivement le pas, son cœur se serrant.— Alors, qui est la prochaine sur la liste ?— On ne sait pas encore. Il faut voir si elle a déjà fait le sacrifice.— Sinon, elle n’aura pas le choix. Elle devra y passer.Rosette sentit une vague de frissons parcourir son échine.De qu
Rosette se sentit légèrement émue par son inquiétude.Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas faire comme si de rien n’était.Elle devait savoir la vérité.La cloche retentit, marquant la fin des cours de la semaine. Les élèves, libérés de leurs obligations scolaires, se dispersaient joyeusement dans les couloirs, discutant de leurs plans pour le week-end.Rosette rangeait soigneusement ses affaires lorsque plusieurs camarades s’approchèrent d’elle et d’Orchidée.— Hé, les filles ! lança l’un d’eux avec enthousiasme. On pensait aller boire un verre pour célébrer la fin de la semaine. Vous venez ?Rosette sentit une légère appréhension monter en elle. Elle n’avait jamais consommé d’alcool et l’idée de se retrouver dans un bar la mettait mal à l’aise. Elle ouvrit la bouche pour décliner poliment l’invitation, mais Orchidée prit les devants.— Ça pourrait être sympa, non ? dit-elle en se tournant vers Rosette, un sourire encourageant aux lèvres.Rosette hésita, observant les visag
Rosette fixa un instant son verre, puis en reprit une gorgée. L’amertume de l’alcool s’était adoucie, ou peut-être était-ce elle qui s’y habituait. Une chaleur agréable se diffusait dans son corps, enveloppant ses pensées d’un léger brouillard.Autour d’elle, les rires étaient plus forts, les conversations plus légères. Elle se surprit à sourire sincèrement, à plaisanter avec Orchidée et les autres, sans penser à la journée qu’elle venait de passer. Sans penser à Alex.— Tu vois, je t’avais dit que ça te détendrait ! s’exclama Orchidée, les joues légèrement rosies par l’alcool.— Ouais… souffla Rosette, un sourire aux lèvres.Elle n’avait pas prévu de boire autant, mais elle se sentait tellement bien à cet instant précis. Pour la première fois depuis son arrivée à Saint-Célestin, elle avait l’impression d’être une adolescente normale, entourée d’amis, sans secrets ni menaces qui planaient au-dessus de sa tête.La soirée continua ainsi, rythmée par des anecdotes, des blagues et de
Son sourire s’effaça.— Arrête de t’imposer à moi. Arrête de profiter du fait que je sois faible pour te comporter comme tu veux. Arrête de me faire des avertissements bizarres, puis de m’ignorer, puis de revenir comme si tout t’était dû !Elle inspira profondément, serrant les poings.— Je ne suis pas un jouet, Alex. Si tu ne peux pas être clair avec toi-même, alors ne t’approche plus de moi.Un silence tendu s’installa entre eux.Il la regardait, son expression illisible.Puis, lentement, il déclara :— Tu crois que c’est aussi simple ?Son ton était bas, presque menaçant. Mais Rosette ne se laissa pas intimider cette fois.— Je crois surtout que c’est nécessaire.Elle le fixa encore un instant avant de tourner les talons et de partir, le cœur battant à tout rompre.Elle l’avait fait.Elle avait mis des limites.Mais ce regard qu’Alex avait eu en la regardant partir…Elle n’était pas sûre que ça lui plaise.Après avoir affronté Alex, Rosette se sentit étrangement plus
Une fois rentrée chez elle, Rosette referma précipitamment la porte derrière elle et s’adossa contre celle-ci, tentant de calmer les battements affolés de son cœur. La conversation avec Alex l’avait profondément troublée, mais ce qui l’inquiétait encore plus, c’était ce livre qu’elle portait toujours dans son sac.Elle se dirigea vers son bureau, alluma sa lampe et sortit l’ouvrage. La couverture en cuir sombre semblait plus ancienne qu’elle ne l’avait remarqué la première fois. Un symbole étrange était gravé au centre, presque effacé par le temps.Prenant une profonde inspiration, elle ouvrit le livre à la page où elle s’était arrêtée plus tôt. Les écritures anciennes étaient difficilement lisibles, mais elle pouvait distinguer quelques phrases qui lui firent froid dans le dos :“Ce pacte lie l’âme du porteur au secret de Saint-Célestin. L’initié doit verser son propre sang sur ces pages pour que la vérité lui soit révélée.”Rosette déglutit. Ses doigts tremblaient légèrement alo
Elle se perdit dans les allées de livres poussiéreux, effleurant leurs couvertures à la recherche de quelque chose qui pourrait lui donner des indices. Ses pensées vagabondèrent quelques instants jusqu’à ce qu’un livre, caché derrière un autre, attire son regard. C’était un ouvrage ancien, relié en cuir brun, presque abîmé par le temps. Aucune inscription visible sur la couverture, juste un symbole étrange gravé en relief, comme un sceau.Son cœur s’accéléra. Ce livre, il avait quelque chose de particulier. Instinctivement, elle le saisit et l’ouvrit lentement. La première page était en grande partie usée, mais des mots étaient encore visibles, écrits dans une langue étrange, accompagnés de symboles qu’elle ne comprenait pas. Elle tourna les pages avec précaution, chaque feuille semblait émettre une sorte de vibration. Plus elle avançait dans la lecture, plus un sentiment de malaise grandissait en elle.Le livre parlait d’un pacte ancien, fait entre les fondateurs de l’école et une
Les jours suivant la soirée de la fête d’intégration, Rosette se sentit de plus en plus observée. Les rumeurs de ce qui s’était passé entre elle et Alex circulaient dans l’école, et bien que certains la soutiennent, d’autres semblaient prendre un malin plaisir à la critiquer. Mais ce matin-là, alors qu’elle arrivait en classe, elle eut un pressentiment. Aujourd’hui, ce serait différent.Sacha, la petite amie d’Alex, semblait particulièrement en colère. Rosette la remarqua dans le couloir avant d’entrer en classe. Ses yeux brillaient d’une lueur froide, comme si elle était prête à éclater. Rosette savait que l’affrontement était inévitable. Sacha, avec sa chevelure blonde et ses yeux perçants, s’approcha d’elle d’un pas rapide, accompagnée de ses copines qui, à l’instar d’elle, affichaient un sourire satisfait.— Alors, Rosette, commença Sacha, d’un ton acerbe, on se prend pour la grande héroïne maintenant ?Rosette, qui s’était préparée à cette confrontation, la fixa calmement. Ell
Avant qu’elle puisse dire un mot, il s’approcha d’elle. Rosette sentit son cœur s’emballer. — T’as voulu me repousser, hein ? murmura-t-il, et dans le même mouvement, il la plaqua contre le mur, ses mains venant se poser sur ses bras, la forçant à le regarder. Elle tenta de se dégager, mais il était trop fort, trop pressant. Alex approcha son visage du sien, et ses lèvres se posèrent sur les siennes dans un baiser brutal, sans consentement. La stupeur la paralysa un instant. Elle ne comprenait pas. Comment osait-il faire ça après tout ce qui s’était passé entre eux ? Il n’avait pas le droit, et elle n’allait pas le laisser faire. Dans un éclair de lucidité, elle sentit la rage monter en elle, balayant toute forme de peur. Elle repoussa violemment Alex, utilisant toute sa force pour lui faire lâcher prise. Il se laissa faire un instant, surpris par la violence de son geste. Mais lorsqu’il comprit ce qui se passait, ses yeux s’emplirent de colère. Rosette ne réfléchit même
Le jour suivant, le lycée sembla plus lourd que d’habitude. Rosette ne pouvait s’empêcher de se demander si elle faisait bien de participer à cette fête. Tout semblait trop parfait pour être sans conséquences. Alex, ses regards perçants et ses comportements ambigus, l’énigme de la cible suivante de l’école, et ces sombres murmures… Tout cela l’envahissait, mais elle s’efforçait de ne rien laisser paraître.Elle croisa Orchidée dans les couloirs, qui, voyant son visage fermé, ne tarda pas à la rejoindre.— Tu n’as pas l’air dans ton assiette ce matin. Tout va bien ? demanda Orchidée, un peu inquiète.Rosette secoua la tête, tentant de cacher ses préoccupations.— Oui, ça va. Juste quelques pensées qui tournent dans ma tête, tu sais.— Tu vas à la fête ce soir, non ? insista Orchidée, un peu plus pressante.Rosette hésita, mais le regard sincère de son amie l’encouragea à ne pas se laisser rattraper par ses doutes. Elle inspira profondément et répondit enfin.— Oui, je vais y all
Son sourire s’effaça.— Arrête de t’imposer à moi. Arrête de profiter du fait que je sois faible pour te comporter comme tu veux. Arrête de me faire des avertissements bizarres, puis de m’ignorer, puis de revenir comme si tout t’était dû !Elle inspira profondément, serrant les poings.— Je ne suis pas un jouet, Alex. Si tu ne peux pas être clair avec toi-même, alors ne t’approche plus de moi.Un silence tendu s’installa entre eux.Il la regardait, son expression illisible.Puis, lentement, il déclara :— Tu crois que c’est aussi simple ?Son ton était bas, presque menaçant. Mais Rosette ne se laissa pas intimider cette fois.— Je crois surtout que c’est nécessaire.Elle le fixa encore un instant avant de tourner les talons et de partir, le cœur battant à tout rompre.Elle l’avait fait.Elle avait mis des limites.Mais ce regard qu’Alex avait eu en la regardant partir…Elle n’était pas sûre que ça lui plaise.Après avoir affronté Alex, Rosette se sentit étrangement plus
Rosette fixa un instant son verre, puis en reprit une gorgée. L’amertume de l’alcool s’était adoucie, ou peut-être était-ce elle qui s’y habituait. Une chaleur agréable se diffusait dans son corps, enveloppant ses pensées d’un léger brouillard.Autour d’elle, les rires étaient plus forts, les conversations plus légères. Elle se surprit à sourire sincèrement, à plaisanter avec Orchidée et les autres, sans penser à la journée qu’elle venait de passer. Sans penser à Alex.— Tu vois, je t’avais dit que ça te détendrait ! s’exclama Orchidée, les joues légèrement rosies par l’alcool.— Ouais… souffla Rosette, un sourire aux lèvres.Elle n’avait pas prévu de boire autant, mais elle se sentait tellement bien à cet instant précis. Pour la première fois depuis son arrivée à Saint-Célestin, elle avait l’impression d’être une adolescente normale, entourée d’amis, sans secrets ni menaces qui planaient au-dessus de sa tête.La soirée continua ainsi, rythmée par des anecdotes, des blagues et de
Rosette se sentit légèrement émue par son inquiétude.Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas faire comme si de rien n’était.Elle devait savoir la vérité.La cloche retentit, marquant la fin des cours de la semaine. Les élèves, libérés de leurs obligations scolaires, se dispersaient joyeusement dans les couloirs, discutant de leurs plans pour le week-end.Rosette rangeait soigneusement ses affaires lorsque plusieurs camarades s’approchèrent d’elle et d’Orchidée.— Hé, les filles ! lança l’un d’eux avec enthousiasme. On pensait aller boire un verre pour célébrer la fin de la semaine. Vous venez ?Rosette sentit une légère appréhension monter en elle. Elle n’avait jamais consommé d’alcool et l’idée de se retrouver dans un bar la mettait mal à l’aise. Elle ouvrit la bouche pour décliner poliment l’invitation, mais Orchidée prit les devants.— Ça pourrait être sympa, non ? dit-elle en se tournant vers Rosette, un sourire encourageant aux lèvres.Rosette hésita, observant les visag
Le cœur battant encore sous l’effet de la confrontation avec Sacha, Rosette quitta précipitamment la bibliothèque. Son souffle était court, son esprit embrouillé par ce qu’elle venait de faire. Elle n’en revenait pas elle-même. Elle avait tenu tête à Sacha. Elle avait osé.Mais elle n’avait pas le temps de s’attarder là-dessus.Elle avait besoin de prendre l’air, de s’éloigner un moment de tout ça.Sans réfléchir, elle prit la direction du toit.Les couloirs étaient presque vides, seulement éclairés par la lumière artificielle des néons. Le silence était presque oppressant.C’est alors qu’elle entendit.Des voix, des chuchotements inquiétants, provenant d’un coin sombre du couloir.Elle ralentit instinctivement le pas, son cœur se serrant.— Alors, qui est la prochaine sur la liste ?— On ne sait pas encore. Il faut voir si elle a déjà fait le sacrifice.— Sinon, elle n’aura pas le choix. Elle devra y passer.Rosette sentit une vague de frissons parcourir son échine.De qu