Lyne est restée immobile, scrutant les environs. Personne ne semblait suivre le petit garçon.« Qui es-tu, mon petit ? » a-t-elle demandé avec douceur.Le garçon s’est tourné vers Adrian, un sourire radieux illuminant son visage, et a tendu les bras pour l'étreindre. Adrian, visiblement surpris, a hésité un instant avant de se laisser gagner par l'affection du garçon, esquissant un sourire timide et ouvrant finalement ses bras pour le câlin.« Où sont ses parents ? Ne devrions-nous pas le conduire au bureau d'orientation en bas ? » a-t-il proposé.Lyne, touchée par le sourire de l'enfant, a acquiescé. Elle n’a pas pu s'empêcher de lui pincer gentiment les joues et s’est tournée vers Adrian en riant légèrement :« Adrian, tu ne trouves pas qu'il te ressemble un peu, ce petit ? »Le garçon leur a fait un signe de la main, tout joyeux. Lyne n’a pas remarqué immédiatement la tension subtile qui a traversé le visage d'Adrian. Mais son intuition l’a piquée bientôt. Quelque chose clochait ch
L'infirmière a désigné d'un geste doux la direction où se trouvaient Adrian et Lyne. Un soupir de soulagement a parcouru l'assemblée, allégeant l'atmosphère d'une tension palpable.Cependant, à la vue de Sophie, le petit enfant blotti dans les bras protecteurs d'Adrian a détourné la tête avec une rapidité surprenante et s'est agrippé au cou d'Adrian avec une ferveur inébranlable. Comme si un lien invisible mais puissant le retenait loin d'elle.L'instant où Sophie a aperçu son fils, tout le reste est semblé s'effacer autour d'elle. Elle s’est précipitée vers lui avec une ardeur dévorante. À peine s'était-elle approchée qu'elle a remarqué Lyne et Adrian. Son visage, auparavant animé par la joie de retrouver son enfant, s’est figée brusquement.« Mlle Gauthier, avez-vous osé enlever mon fils ? » Sa voix tremblait d'une colère contenue.Avec un rire léger, presque essoufflé, Lyne lui a répondu : « Votre fils porte-t-il une étiquette indiquant qu'il est à vous ? » Au fond, un malaise comme
Lyne a dissimulé habilement ses émotions et a quitté l'hôpital en compagnie d'Adrian, laissant derrière elle les tourments de Sophie, qui ne la concernaient guère. Quant à l'inquiétude éventuelle de Julien, elle ne s'en mêlait point, évitant sagement de s'immiscer dans des affaires qui n'étaient pas les siennes.Adrian, avec son teint légèrement hâlé et un regard teinté d'une froideur impénétrable, semblait perdu dans ses pensées. Après avoir pris congé de Lyne, il est resté un moment seul dans la rue, avant de décider de passer un appel crucial à quelqu’un au pays M :« Maman, Julien a retrouvé Momo. As-tu partagé la nouvelle ? »Une voix féminine, à la fois calme et raffinée, a répondu au bout du fil :« Mon cher, il est temps de ne plus cacher cet enfant. Les capacités de Julien ne sont pas à sous-estimer, et dissimuler la vérité ne fera qu'éveiller ses soupçons. »Après avoir raccroché, le visage d'Adrian a retrouvé son expression froide et imperturbable.Plus tard dans l'après-mi
Julien a raccroché brusquement le téléphone, son visage devenant une ardoise froide. Il s’est levé de son fauteuil avec autorité.« Va chercher la bonne en charge de Jonathan », a-t-il ordonné.« Oui ! » a répondu Gabriel sur-le-champ.Peu après, la bonne s’est présentée, une légère appréhension marquant ses traits.« M. Alber… »« Est-ce de Jonathan dont vous vous occupez ? » a interrogé Julien, sa voix compacte et tranchante.Cette femme paraissait troublée, sa voix ébréchée et tremblante :« Oui… »Julien a plissé les yeux, perplexe devant sa réaction, un frisson glacial traversant son visage.À ses côtés, Gabriel n’a pas pu s'empêcher de railler :« Dites la vérité. N’essayez pas de dissimuler la vérité devant M. Alber. » Elle tremblait légèrement, hésitant quelques secondes avant de finalement avouer :« Je… je n’oserais pas. Mlle Leroy m'a expressément demandé de ne rien dire. Elle m'a confié Jonathan pour que je m'occupe de lui dans sa chambre, les autres s'occupaient d'Ernest.
Lorsque sa voix a percé l'après-midi, c'était comme si un crochet avait soudainement extirpé ses pensées les plus enfouies. L'émotion qui l'a envahie était si puissante qu'elle semblait prête à le submerger. Elle n'avait pourtant parlé que de Sophie, qui malmenait Jonathan. Elle avait même éprouvé de la compassion pour Jonathan. Pourquoi ne pouvait-elle pas en ressentir pour lui ? Il ressentait un vide immense, une envie irrépressible de la revoir. Il serait bon pour elle, il en était persuadé. Mais pourquoi avait-elle cessé de croire en lui ? Il s’est servi un verre d'alcool dont il n’a même pas perçu le goût.L'homme à côté a tenté de l'interpeller, son ton se voulant léger :« Eh, quoi de mal à ce que Julien noie ses peines dans l'alcool ? »« Allez, doucement ! À quoi ça sert de boire tout seul ? Lynine, sers donc un verre à M. Alber ! »Sur ces mots, la jeune femme mannequin, auparavant trop absorbée par ses propres ambitions matérielles pour saisir une opportunité, s'est activé
À l'autre bout de la ligne, Lyne a écouté sans un mot, esquissant juste un rictus glacé :« Appelle une ambulance, qu'on le branche sur un moniteur cérébral, et assure-toi qu'il ne se noie pas dans son propre délire. »Elle a raccroché avec une froideur tranchante.La révélation a laissé la foule sidérée et murmurante.Lyne, pourtant divorcée, avait laissé transparaître une attitude aussi ferme ?Le teint de Julien a pâli subitement, l'éclat de ses yeux s'éteignant comme si une ombre venait de les voiler.Assis, immobile, un silence lourd et presque tangible semblait l'envelopper, engloutissant toute la salle dans son aura sombre.Louis, désemparé, tentait de détourner l'attention de Julien, cherchant désespérément les mots pour apaiser l'atmosphère, mais se retrouvait piégé dans ses propres souvenirs de leur précédente conversation.N’avait-il pas déclaré que tout allait bien entre lui et Lyne ?Est-ce ainsi que Julien percevait leur situation ? Ce dilemme le taraudait.Julien, chanc
« Envoie-moi quelque chose à manger, frère… »Le chauffeur a arqué un sourcil, a médité un instant, puis a envoyé un message à Sophie. Peu après, il a constaté une somme d'argent supplémentaire sur son compte et un remerciement s'est affiché sur son téléphone. Il a quitté les lieux sans tarder.…Chez Louis, la servante concoctait une soupe tandis que Julien, plongé dans ses pensées, demeurait assis, le regard lointain et glacé. Sur son téléphone, le nom « Sophie » clignotait obstinément, mais il semblait indifférent, voire aveugle à ces interruptions.Peu après, Louis, revigoré après s'être lavé le visage, est revenu dans la pièce. Il a jeté un œil à son propre téléphone et a lâché un petit rire :« Ce gros problème n'a pas encore été réglé, je m'en occupe pour toi ? »Julien, toujours assis, n’a manifesté aucun intérêt, ses sourcils trahissant une réticence marquée.Sans hésiter, Louis a pris l'initiative de répondre :« Julien, que faire, ah ? Ernest a de la fièvre, j'ai tellement p
Julien se tenait là, debout, une main pressée sur son ventre. Son visage était légèrement pâle, sa silhouette était grande et droite mais un peu fragile. Il semblait s'efforcer de dissimuler son malaise.Lyne a froncé les sourcils, sceptique face à ses paroles. Mais à voir son état déplorable, imprégné d'alcool, le visage livide, les yeux sombres, elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir de la compassion pour lui.Il s’est dirigé vers le canapé et s'est assis maladroitement, sans oser regarder autour de lui. Il a incliné légèrement la tête vers elle, semblant aussi désemparé qu'un sans-abri.Lyne s’est rappelée qu'il l’avait sauvée de Marius. Elle ne se sentait pas bien de le mettre à la porte, d'autant plus qu'étant divorcée, elle se devait d'être franche et de ne pas l'éviter. Dans ce cercle de vie, ils se croiseraient forcément souvent à l'avenir. Il était temps pour elle d'affronter la situation.Elle a pris alors une profonde inspiration et a sorti le porridge de la boîte ther