AdrianMon regard balaye la pénombre. L’obscurité n’a jamais été un obstacle pour moi. Mes sens sont à vif, captant chaque variation dans l’air, chaque battement du silence. Une odeur métallique flotte dans l’atmosphère — le sang.Mon sang se glace.— Elya…Je fais volte-face et retourne dans le salon en quelques foulées rapides. Elle est toujours là, assise sur le canapé, le souffle court, le regard fixé sur moi. Son visage est pâle, mais elle ne semble pas blessée.— Adrian ? demande-t-elle d'une voix tremblante.Je m’agenouille devant elle, prenant son visage entre mes mains.— Est-ce que tu as senti quelque chose ?Elle secoue lentement la tête.— Non… mais… j’ai entendu quelque chose. Un bruit à la fenêtre.Je fronce les sourcils et me redresse. Caïn est déjà à la fenêtre, ses yeux dorés perçant l’obscurité.— Ce n’est pas une créature ordinaire, dit-il doucement. C’est… quelque chose d’autre.Un frisson me parcourt l’échine. J’avance vers la fenêtre, scrutant les ténèbres au-del
ElyaLa nuit est tombée depuis longtemps, mais le sommeil me fuit. Je suis allongée sur le lit, le regard fixé sur le plafond, le cœur battant encore trop vite après ce qu’il s’est passé. Selene. Ce nom résonne dans mon esprit comme une menace sourde, un avertissement gravé dans ma mémoire.Adrian est là, allongé à côté de moi. Il ne dort pas non plus. Son souffle est profond, mesuré, mais je sens la tension dans son corps, le poids de ses pensées qui le dévorent de l’intérieur.Je me tourne doucement vers lui, glissant ma main le long de son bras nu. Sa peau est chaude sous mes doigts. Il tressaille légèrement, mais ne repousse pas mon contact.— Adrian…Ses yeux s’ouvrent lentement. L’obscurité de la pièce n’altère en rien la profondeur de son regard. Ce bleu intense, troublant, qui m’a captivée dès le premier instant.— Tu ne dors pas ? murmure-t-il.— Comment pourrais-je ?Il se redresse légèrement, appuyé sur un coude. Une mèche de cheveux tombe sur son front. Instinctivement, j’
ElyaL’aube se lève lentement, baignant la pièce d’une lumière douce et dorée. Le souffle régulier d’Adrian caresse ma nuque alors qu’il dort encore, son bras passé autour de ma taille. Sa chaleur m’apaise, mais le poids de la nuit précédente pèse toujours sur mon esprit.Selene. Ce nom est comme un poison dans mon esprit. Une ennemie invisible, tapie dans l’ombre, prête à frapper au moment le plus inattendu. Mais cette fois, nous serons prêts.Je glisse doucement hors du lit, prenant soin de ne pas le réveiller. Mes pieds nus touchent le sol froid alors que je m’avance vers la fenêtre. Les rideaux sont légèrement ouverts, laissant filtrer une lumière pâle.Une silhouette se reflète dans la vitre.Je me retourne brusquement, le cœur battant à tout rompre.— Tu es déjà réveillée.Caïn est appuyé contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur sa poitrine. Ses cheveux noirs tombent en mèches désordonnées autour de son visage anguleux, et ses yeux sombres brillent d’un éclat froid
ElyaLa nuit est lourde et oppressante lorsque je pénètre dans le club. Les murs vibrent au rythme d’une musique assourdissante, le sol tremblant sous mes talons. Les lumières rouges et dorées découpent des ombres mouvantes sur les visages des danseurs, créant une atmosphère électrique, presque suffocante.J’ai choisi une robe noire moulante, une seconde peau qui épouse chaque courbe de mon corps. Le décolleté est profond, laissant entrevoir juste assez de peau pour attirer les regards. Mes cheveux tombent en vagues sombres sur mes épaules, et mes lèvres sont teintées d’un rouge sang.Je suis l’appât.Adrian déteste ce plan, mais il n’a pas eu le choix. Selene me traque, et si nous voulons la prendre de vitesse, nous devons la forcer à sortir de l’ombre.— Tu es splendide.La voix de Caïn résonne derrière moi. Je me retourne et le découvre adossé au mur, une coupe de champagne à la main. Ses cheveux noirs sont ébouriffés avec une nonchalance étudiée, et son costume noir parfaitement t
La douleur pulse encore dans ma poitrine alors qu’Adrian me soutient, son étreinte un rempart contre le vide qui menace de m’engloutir. Chaque respiration est un supplice, un rappel cruel de ce que Selene vient d’insinuer. Mon sang est le sien. Mon destin est scellé.Non.Je refuse.— Elya, parle-moi.La voix d’Adrian est rauque, inquiète. Je m’accroche à lui, tentant de reprendre pied, de reprendre le contrôle. Autour de nous, le club continue de vibrer, ignorant la tempête qui gronde dans mon esprit. Mais je sais que nous ne sommes plus seuls.Caïn s’approche, son regard sombre fixé sur moi.— Elle a laissé son empreinte sur toi, murmure-t-il. Je le sens.Je serre les dents, refusant d’accepter cette vérité. Mais il a raison. Quelque chose a changé en moi, une présence étrangère qui s’insinue dans mes veines, un murmure au fond de mon esprit. Selene.Adrian passe une main tremblante dans mes cheveux, ancrant mon regard au sien.— On va trouver une solution. Je te le jure.Je hoche l
Elya, Adrian, CaïnLe silence entre nous est aussi tranchant qu’une lame. Adrian ne détourne pas les yeux, ses pupilles dorées incandescentes, brûlantes d’une promesse silencieuse.— Tu es sûre ? demande-t-il, sa voix grave, basse, chargée d’un orage contenu.Je hoche la tête, même si l’ombre d’une peur sourde serpente encore sous ma peau. Ce n’est pas Adrian qui m’effraie. C’est ce que cela implique. Ce que je vais devenir.Caïn se redresse, bras croisés, son regard glacial pesant sur moi.— Il faut le faire maintenant. Plus on attend, plus le lien de Selene se renforce.Adrian se redresse aussi, toujours face à moi. Il tend une main, paume ouverte. Une invitation. Une certitude.Je l’attrape.Une chaleur brûlante s’enroule autour de mon poignet, grimpe le long de mon bras. Nos peaux frémissent à l’unisson, une onde puissante se déployant entre nous. Quelque chose s’éveille dans mes veines, un courant ancien, primitif.Adrian ne me lâche pas.— Ça va faire mal, prévient Caïn d’un ton
ElyaLe vent souffle fort ce soir, balayant la rue déserte où nous marchons tous les trois, silencieux, déterminés. Adrian marche en tête, son regard perçant scrutant chaque recoin, chaque ombre. Le rythme de ses pas est rapide, sûr, comme s’il savait exactement ce qui l’attendait. Caïn et moi suivons, chacun dans ses pensées, mais l’atmosphère est dense, remplie d’une énergie prête à exploser.Le club se dresse devant nous, ses lumières tamisées perçant la nuit noire comme un phare dans un océan de ténèbres. Un lieu sécurisé, comme l’a dit Caïn. Il n’y a pas de place pour l’improvisation ici. Ce ne sera pas une simple infiltration.— On ne rentre pas dans ce club comme ça, dis-je en scrutant l’entrée blindée, les gardes postés.Adrian se tourne vers moi, son regard impénétrable.— On ne doit pas entrer par la porte principale, murmure-t-il.Caïn esquisse un sourire sinistre.— Je connais un autre chemin. Mais vous devrez suivre mes instructions à la lettre, ou ce sera la fin avant mê
ElyaLorenzo tourne enfin la tête, un éclair de reconnaissance dans ses yeux. Il se lève précipitamment, mais trop tard. Adrian est déjà devant lui, ses yeux flamboyant d’une lueur froide.— Tu pensais pouvoir fuir ? demande Adrian, sa voix aussi glacée qu’un hiver éternel.Lorenzo blêmit, son regard allant de Adrian à moi, puis il se tourne vers la porte. Il essaie de se dégager de la table, mais une main ferme se pose sur son épaule. Caïn l’a rattrapé en un instant, son regard aussi perçant qu’une lame.— Tu n'iras nulle part, Lorenzo, réplique Caïn d’un ton dénué de toute pitié.Je m’avance d’un pas, mon cœur battant la chamade, ma respiration presque inaudible. Le regard de Lorenzo est maintenant figé sur moi, mais il ne dit rien. Il sait qu’il n’a plus de place pour fuir. Son silence est lourd de menaces non dites. Son âme, je le sais, tremble sous la surface. Il va nous donner des réponses, que cela lui plaise ou non.Je brise le silence d’une voix froide.— Où est Selene ?Il c
(Elya)---Nous marchons.Pas pour fuir. Pas pour chercher.Nous marchons parce que nous en avons décidé ainsi.Le couloir s’efface lentement derrière nous. Ce couloir qui fut tour à tour prison, sanctuaire, labyrinthe. Il nous a tenus en otages de nos douleurs et de nos espoirs. Il nous a mis face à nos pires reflets. Il nous a séparés autant qu’il nous a liés.Mais maintenant, ce n’est plus lui qui trace notre route. C’est nous.Le silence qui nous enveloppe n’a plus la texture de la peur. Il n’a plus le goût de l’attente. Il est doux. Habité. Dense. Chaque pas que je fais vibre dans mes os. Je sens la pierre sous mes pieds, l’air s’élargir autour de moi, la lumière qui grandit. Et je sens Caïdrian à mes côtés.Pas comme une menace.Pas comme un souffle qui m’épie.Mais comme une évidence.Nous sortons. Le ciel est immense. Le vent est franc, piquant. La lumière du matin nous tombe dessus comme une gifle tendre. Mes yeux pleurent un peu, sans tristesse. C’est la brûlure de la renais
(Elya)---Nous marchons. L’un à côté de l’autre. Silencieux. Mais ce silence n’est plus vide.Il pulse.Comme une respiration nouvelle. Comme un cœur qu’on aurait cru mort, et qui recommence à battre.Le couloir semble s’étirer à l’infini, ce long ventre de pierre que nous quittons enfin. Il y a encore l’écho de tout ce qu’on y a vécu. Les cris tus. Les visages qu’on a croisés. Ceux qu’on a aimés, détruits, pardonnés. Tout ce qui nous a modelés, arrachés, défaits. Chaque pierre a gardé une empreinte de nous.Mais je n’ai plus peur de la distance. Le poids de mes pas ne m’écrase plus. Chaque mouvement est un acte de volonté. Ce n’est plus une fuite. Ce n’est plus une quête. C’est un choix.Et dans ce choix, il y a Caïdrian. Et il y a moi.Pas l’ancienne moi. Pas le fantôme brûlé par les vies passées. Pas l’éclat blessé qu’il a tant cherché à réparer.Moi, ici. Maintenant. Entière. Debout.Et libre.Je ne le regarde pas. Je n’ai pas besoin. Il est là, à la lisière de moi. Comme un ryth
(Elya)---Je ferme les yeux.Et dans le silence, les cendres recommencent à tomber.Pas du feu. Pas de la destruction.Mais d’un souvenir ancien. Un temple brûlé. Une promesse faite dans l’ombre. Une main tendue vers moi, que j’avais refusée, alors. Trop tôt. Trop fort.Aujourd’hui, je ne la repousse plus.---(Caïdrian)---Ses paupières closes, son visage tendu vers moi, comme une offrande. Pas de soumission. Pas de pardon. Juste cette ouverture totale, vulnérable, vertigineuse.Je pose ma main sur la sienne, là où elle sent mon cœur. Et je la couvre de mes doigts, doucement, comme si ce geste pouvait effacer tous les siècles de douleurs, toutes les incarnations manquées, toutes les fois où je l’avais perdue.Elle est là. Pas un écho, pas une illusion. Elya. Entière. Brisée et reconstruite. Elle n’a plus peur. Et je le sens, au plus profond de moi : c’est elle qui me tient désormais en vie.« Ce que nous avons traversé… » Ma voix est rauque, presque étranglée. « Ce que je t’ai fait
(Elya)---La lumière m’aveugle. Elle ne m’enveloppe pas — elle me transperce. Chaque cellule de mon corps semble exploser dans cette clarté absolue, comme si j’étais faite de verre et que je venais de voler en éclats. Je ne tombe pas, je suis arrachée. Arrachée au monde, à lui, à moi.Le sol se dérobe, le ciel s’effondre, et dans cette chute sans fond, il ne reste que la sensation d’un arrachement. Je veux crier, mais aucun son ne franchit mes lèvres. L’air n’existe plus. Le temps non plus. Il n’y a que ce vertige, cette chute intérieure, comme si mon âme elle-même était dissoute dans un océan d’échos oubliés.Puis… le silence. Épais, absolu. Il me plaque contre un sol froid, rugueux. Mes yeux s’ouvrent, lents, comme s’ils traversaient plusieurs vies avant d’atteindre cette réalité. La lumière a disparu. L’espace est nu, gris, suspendu dans une brume translucide.Je ne suis pas seule.Elle est là.La silhouette se tient devant moi, immobile. Elle ne parle pas. Elle n’a pas besoin. El
(Elya)---L’air est plus lourd ici. Il vibre d’une énergie étrange, une force qui semble se concentrer au centre de cette immense pièce. La lumière qui nous a guidés jusqu’ici vacille, projetant des ombres déformées sur les murs. Et alors que nous franchissons ce seuil invisible, je sens que quelque chose a changé. Comme si chaque pas nous rapprochait davantage de la vérité, mais aussi du danger.Caïdrian marche devant moi, chaque mouvement, chaque geste chargé d’une détermination que je n’ai jamais vue auparavant. Ce n’est plus simplement lui qui avance avec moi, mais une version de lui-même que je n’ai jamais connue. Un homme qui a fait face à des vérités qu’il n’aurait jamais voulu connaître. Un homme qui semble accepter que ce qui nous attend ici, dans cette salle, changera tout.Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage, car la pièce devant nous semble prendre forme. Ce n’est pas une simple chambre, ni une salle. C’est un lieu. Un lieu ancien, marqué par une présence imposante
(Elya)---La chaleur du tunnel se dissipe progressivement, remplacée par un froid glacé. La lumière, faible mais persistante, éclaire à peine notre chemin. Chaque pas résonne dans ce vide oppressant. Je serre ma main autour de celle de Caïdrian, mais même son contact, habituellement un réconfort, semble moins solide, moins ancré. Une étrange sensation m’envahit, une peur sourde, presque viscérale. Cette sensation que nous ne sommes pas seuls.Le regard de Caïdrian ne me quitte pas, mais il semble plus distant, comme si une part de lui-même s’éloignait de ce qui nous attend. Ce monde, cet endroit, semble avoir pris une emprise sur lui que je n'arrive pas à comprendre. Il n’a pas dit un mot depuis un long moment, et cette absence me ronge.Je voudrais briser le silence, le sortir de ses pensées sombres, mais une question m'obsède. Le lien que nous partageons… N’est-il pas plus qu’une simple promesse d’amour ? Est-ce une malédiction, un destin inéluctable ? Et si cette silhouette avait
(Elya)---Le silence est lourd, presque palpable. Une angoisse sourde m'envahit alors que je fixe l'endroit où la silhouette a disparu. Elle n'était pas une simple illusion, pas une menace banale. Non, cette entité, cette présence, avait un poids. Et elle nous a laissés avec plus de questions que de réponses.Je sens Caïdrian près de moi, ses bras me tenant toujours, mais il y a quelque chose dans son étreinte qui n'est plus aussi rassurant qu’avant. Une tension. Une incertitude qu'il n'a pas voulu montrer jusque-là, mais qui est maintenant évidente dans la manière dont ses doigts serrent légèrement ma taille. Il a vu quelque chose en nous. Quelque chose qu’il ne comprend pas totalement. Mais il se bat encore pour le cacher, pour ne pas me laisser voir la profondeur du gouffre dans lequel nous venons de nous plonger.Je tourne la tête vers lui, cherchant son regard, mais il ne me le rend pas tout de suite. Il semble perdu dans ses pensées, comme si une part de lui-même se préparait à
(Elya, Caïdrian)---Le silence qui suit les paroles de la silhouette est lourd, suffocant, comme si l’air s’était figé dans une dernière exhalation avant la tempête. Une tension palpable vibre autour de nous, s’intensifiant à chaque seconde. Je suis consciente de la chaleur de la main de Caïdrian dans la mienne, mais tout le reste semble éloigné, flou, comme si le temps lui-même hésitait à nous accorder un instant supplémentaire avant que tout ne bascule.La silhouette, cette entité, semble se redresser avec une lenteur calculée, comme une danse macabre, et ses yeux — ces orbes insondables — se fixent sur nous. Chaque battement de mon cœur est une alerte, un avertissement, et pourtant, je ne peux m’empêcher d’être attirée par cette présence, une force sombre et irrésistible.---Silhouette (d’une voix infiniment grave, les mots flottant dans l’air comme des éclats de glace)« Le prix, vous l'avez déjà payé. Ce que vous cherchez… vous le portez déjà en vous. »(Il y a une pause, comme
Elya---Nous avançons à travers la grande salle, le sol de marbre froid résonnant sous nos pas. La silhouette, toujours immobile mais omniprésente, nous observe de ses yeux perçants. Plus nous nous approchons, plus l’atmosphère devient lourde, et je sens la pression sur ma poitrine grandir. Comme si l’air même ici, dans ce lieu ancien, était saturé de secrets que l’humanité ne devrait pas connaître.Chaque symbole sur les murs semble se réveiller, brillant d’une lumière spectralement douce, mais elle est aussi inquiétante. Ces marques, ces gravures anciennes, sont les témoins d’un savoir perdu depuis des siècles. Je les scrute, tentant de comprendre, mais elles restent énigmatiques, indéchiffrables.Caïdrian reste à mes côtés, son corps tendu, ses muscles prêts à réagir à la moindre menace. Il ne dit rien, mais je sais qu’il ressent cette pression, cette tension qui se fait plus vive à chaque seconde.---Caïdrian (sa voix basse, comme s’il craignait d’altérer le calme de ce lieu)«