CHAPITRE
27Accoudée au banc devant elle, et sur ses genoux, Akossiwa relève la tête. Elle murmure encore quelques mots et fait le signe de croix. Prenant son livre de foi qu’elle ferme et son portefeuille sur le banc, elle quitte les genoux et se lève.
Elle sort des bancs. Dans l’allée, elle fait quelques pas en avant, fixe le « Sauveur » sur La Croix, murmure encore quelques mots les bras croisés au bas ventre, les mains emprisonnées par le portefeuille et la bible, et encore un « au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit » en génuflexion, elle se retourne pour s’en aller.Elle sort du temple et alors, elle sort du portefeuille, son portable qu’elle rallume enfin (elle l’a éteint avant de commencer son recueillement pour ne pas être dérangée).Le portable allumé, Akossiwa a plusieurs appels manquésCHAPITRE 28Akpénè finit cet après-midi ses travaux dirigés à la maison avec son enfant. Elle prend au plus 45 minutes chaque jour des week-ends pour la tenir à la maison sur les cours qu’elle reçoit à l’école. 45 minutes au plus, pour ne pas trop la fatiguer, et surtout que, ce sont des minutes intenses, sans répit.Ces minutes donc épuisées pour ce jour, elle lui dit d’un air agréable comme à chaque fois :Allez, ma poupée, c’est fini pour aujourd’hui. Ramasse maintenant tes affaires et va ranger ton sac à sa place !-Je ne suis plus une poupée, maman ! lui retourne la fille.Elle en a l’air surpris.-Ah bon ! Tu es quoi alors, Sitsopé ?-Je suis grande maintenant. Les poupées, c’est les petits qu’on appelle comme ça. Mais moi, je ne suis plus une petite.
CHAPITRE29Akpé ne baisse pas les bras dans la recherche d’un nouvel emploi. Elle y est encore plus hardie, tenace, ces jours-ci, car en cela seul, elle voit sa porte de sortie pour ne point être toute dépendante de son mari et continuer d’essuyer son mépris insolent. Aussi, pouvoir s’occuper convenablement de sa fille si jamais tout (son couple) arrivait à capoter définitivement comme il se profile à l’horizon chaque jour plus. La preuve encore, depuis leur dispute une fois de plus le week-end, monsieur le mari n’est pas rentré jusqu’à ce cinquième jour, et n’a laissé aucun sou pour leur semaine avant son départ. Il l’a laissée bredouille dans la maison avec leur fille, sans même appeler une seule fois pour prendre de leurs nouvelles. Heureusement, il y a encore de victuailles à la cuisine pour se nourrir
CHAPITRE30La nuit est calme, tout ce qui est du jour, s’endort pour reposer l’esprit et restaurer sous les douceurs du calme nocturne, l’âme éreintée par l’austère journée.Mais, sur sa couche, Akpénè ne trouve pas d’accalmie. Ses yeux restent éveillés, le sommeil ne s’y invite pas. Ses esprits font mille et un voyages comme cigales, criquets et autres insectes nocturnes sillonnant cette nuit avec leurs sons stridents qui défient tout le silence qui règne.Toutes ses pensées sont sur son meilleur ami, le veuf de sa feue meilleure amie, le meilleur ami de son mari, passant sa nuit dans un « trou à rat » pour une histoire dont elle est plus que sûre qu’il est simplement un innocent. Dans quel état se trouve-t-il dans cet endroit qui ne lui sied pas ? Comment il vit cette situation mis&ea
Ehli se réveille. Un tour à l’hôpital sur leur chemin de retour à la maison pour se faire examiner et ils sont rentrés, il a pris son bain puis s’est jeté au lit après que sa sœur et Akpé qui s’est entêtée à prendre le volant pour les conduire, l’ont quitté. Le sommeil n’a pas tardé à venir le ravir pour l’envoyer au fond de ses demeures ; on dirait un aigle, encore plus vorace, qui guette sa proie les serres déjà ouvertes, et la prend tout de suite qu’elle apparaît sous son regard pour n’en faire qu’une becquetée.Il se redresse brusquement en se rappelant qu’il était censé recevoir à tout moment, d’appel de son avocat, et malgré cela, il a toujours gardé la sonnerie de son phone off. Il se saisit du portable. Heureusement, pas de son appel parmi to
Deux semaines, ça paraît pour Ehli, une punition divine, une damnation, qu’il supporte avec peines et écœurements. Deux semaines, le temps de son procès, où il doit rester chez lui sans sortir, sur conseils de son avocat, pour éviter tout incident, toute attaque sur sa personne dans la rue. L’humain étant imprévisible, il convient d’envisager toute éventualité à contourner et ne pas s’exposer aux potentiels zélés qui lui en voudraient ; connaissances, amis, frères de son adversaire, ou des hommes de main pour un coup préparé contre lui, pourquoi pas, d’autant qu’il est accusé à tort. En tout cas, le truc est qu’il importait de prendre toute précaution pour son bien-être sans ignorer aucune évidence.Ses journées sont alors entre sa chambre à coucher et son séj
Tous les trois dans le séjour, ils passent un agréable moment de papotage, ce qui apporte à Ehli le plaisir de s’évader. Ils ne débattent de rien de sérieux. Ils ne font que se conter des drôleries, et chacun des trois se détend plaisamment : Ehli qui casse considérablement ses ennuis, Akpé qui a ses soucis passés dans les oubliettes et Fafali qui ne sent pratiquement plus sa fatigue qui l’accablait.La première fois, Akpénè et Fafali se retrouvent ensemble ainsi après leur connaissance faite à la DPJ, mais tout de suite le feeling passe bien entre elles malgré leur petite gêne de l’instant. Les deux femmes rigolent comme de vieilles amies habituées l’une à l’autre, avec une forte entente entre elles, aussi vieille que leur relation, et Ehli se retrouve entre deux dames « formidables » qui viennent
Le procès. Palais de justice de Lomé. Il est 8 h 35. Ehli arrive avec son avocat. En ce jour, se tient son procès. La séance est appelée à tenir à partir de 9 heures. Et ce qui frappe tout de suite dans l’œil sur le site, c’est le public présent. Les médias en ligne et la Une des journaux ayant relayé encore la date et l’heure de ce procès pour tenir informé le public, oui, il y a du monde, l’on dirait le procès de l’année, ou le procès du plus vilain criminel du pays dont tous veulent voir sa tête tomber, pour assister personnellement à sa comparution et ne rien apprendre par ouï-dire ou par JT.Il reste quelques minutes pour le début de la séance, moins de 10, mais la partie plaignante n’est toujours pas là. Dans la salle, Ehli a tous ses êtres chers présents pour lui apporter l
Voici pour Akpénè une nuit qu’elle n’oubliera pas si tôt. Mari de plus en plus absent à la maison, Akpénè est en plein sommeil aux côtés de Sitsopé dans le lit de la petite comme à sa désormais nouvelle vie de femme au foyer qui ne se rappellerait même plus facilement de sa dernière fois d’avoir passé encore la nuit dans le lit conjugal pour ne pas s’y trouver solitaire. D’un coup, un cri effroyable l’appelant « Akpénè » de monsieur le mari qui ouvre rageur la porte sur elles, les arrache brusquement à leur repos nocturne. Amézado est rentré cette nuit.Toutes les deux, mère et fille sursautent dans le lit en se redressant. Sitsopé, épouvantée depuis le sommeil, se blottit subitement contre sa mère toute tremblante en criant : « maman ». Akpén&egra
CHAPITRE 64Retour de l’hôpitalCe soir, le ciel affiche un air beau, jovial et souriant: un croissant de lune est peint sur son visage, donnant un coup de pied enchanteur dans sa monotonie lugubre, lassante, telle une étincelle qui scintille au fond des ténèbres affreuses pour allumer l’espoir. 19 heures sont déjà bien absorbées par les heures suivantes. Ce, est le moment choisi par Amézado pour rentrer chez lui après des semaines à l’hôpital afin que son retour ne soit connu vraiment par le voisinage qu’au lever du jour; un retour nocturnement clandestin programmé.La porte de son séjour s’ouvre. La lumière de la torche creuse du trou dans l’épaisse obscurité qu’y siège céans pour la dissiper. Lorsque le living-room s’éclaire enfin vivement sous le coup de ma
CHAPITRE 65Les larmes d’une épouseEncore une journée qui trouve sa trêve dans une joie effective pour Akpénè et Ehli. Ils sont si fiers d’eux. L’opération des yeux du sieur LIASSIDJI est d’un éclat de succès et les remplit d’enjouement, de satisfaction absolue. L’homme recouvre sa vue et redécouvre de nouveau la lumière qui éblouit la nature et toute la beauté qui jaillit de tout ce qui la compose. Quelle fierté pour ce couple d’avoir offert encore la vue à cet homme et surtout de lui redonner de l’espoir. Comme ils l’ont pris sur eux de lui apporter le leur, ils ont financé intégralement son opération. Aujourd’hui, la bande est enlevée sur les yeux et LIASSIDI a pu poser avec enchantement un visage sur ces bienfaiteurs de nulle part que la fortune lui a envoyés.
CHAPITRE 63Un pari gagnéDepuis le manque d’harmonie et de leur hilarité qui siège chez elle à la maison, Sitsopé n’a plus d’entrain, elle n’a plus de sourire, elle n’a maintenant que ça, et rien que ça: être tristement recroquevillée sur soi tout le temps, cette humeur qui lui colle la peau pour la transporter jusqu’aux cours aussi. Même aux heures de pause, elle ne s’y intéresse pas pour sortir. Camarades et professeurs remarquent bien que des jours déjà, elle n’est plus la même personne, mais elle ne laisse ouverture sur elle a personne.Au fond de sa classe, à la pause de ce midi avant la reprise des cours pour la continuité de cette journée, elle se tient une fois de plus, toujours repliée sur soi, le front posé sur la table.Elle est la seule à y &e
CHAPITRE 62La révoltePour parler à ses enfants de leur père, Akpénè initie avec Ehli ce soir, après le dîner, une partie de jeux, d’histoires drôles et de devinettes.Toute la famille, y compris Selom, est bien réunie sous la houlette divertissante du chef de la maison. Ils se piquent, ils se frappent, ils se taquinent…, et ils rient aux éclats. C’est toute une bonne humeur ce soir dans le salon autour de la table.Enfin, Ehli juge le moment propice de passer à l’action. Discrètement, il va pincer Akpénè. Celle-ci comprenant son geste, d’abord, déglutit puis, son élan ralentit systématiquement. Elle va le regarder dans les yeux et il lui hoche la tête. Elle prend un soupir comme si elle avait peur avant d’aller:-«Euh… ma chérie!&ra
CHAPITRE 61Amézado ouvre les yeux. Un peu de vie semble regagner ses muscles des heures après, un profond sommeil, sous les produits qui lui sont administrés à son arrivée à l’hôpital pour le stabiliser. Il se met à distinguer les choses autour de soi et voit sa sœur assise à ses côtés dans un état angoissé, puis se rend compte être dans une salle d’hôpital. Il perçoit la bouteille du sérum au-dessus de ses pieds à la tige d’accrochage au lit et se rend compte de la perfusion à son bras gauche. Il soupire langoureusement. Et d’une voix faible, il appelle la sœur:«Mawupemo!»Mawupemo s’éveille: «fogan!», s’émeut-elle, «tu es réveillé?».Tell
CHAPITRE 60Un soupçon avéréC’est au week-end de cette semaine, précisément le dimanche, dans la matinée, que le couple Akpénè - Ehli se retrouve au village d’Akpénè pour rattraper leur programme manqué à cause des imprévus et des pas auprès du sieur LIASSIDJI pour l’opération de ses yeux à laquelle ils tiennent fervemment. Ils vont devant la famille d’Akpénè, pour leur annoncer leur relation ainsi que leur projet de se marier. Toute la famille est jovialement présente, les tantes, les oncles, pour les accueillir, sans aucune idée du dessous effectif de cette rencontre. Et ils n’en reviennent pas lorsqu’Ehli ouvre la parole sur le sujet pour les ébahir… Tous en restent médusés dans l’instant et cela leur sonne comme une blague, sauf M
Chapitre 59UNE JOURNEE NOIREPas la moindre concentration qui lui vienne devant sa machine. Son partenariat avec dame EWILO révoqué, Amézado retrouve fadement le chemin de son bureau, pour s’absorber dans le travail afin de ne pas mourir de chagrin en restant chambré chez lui. Mais il ne parvient pas à rassembler ses esprits pour s’attacher à quoi que vaille. Toutes ses pensées font des tours incessants sur Akpénè et sa nouvelle relation. Il n’en revient toujours pas, ça lui sonne du creux. Il sent le besoin de s’évader, partir ailleurs, loin de tout, à essayer d’oublier. Cependant, cela ne pourrait pas être une solution: un changement géographique pour lui opérer une telle magie. Le vide, son vide profond qu’il ressent, est tout au fond de lui, dans son âme, dans ses esprits, pour le suivre partout o&ugr
Chapitre58AssociéesAdidogome. Sur la voix attenante à Rue la Pampa, à quelques pas du carrefour Agbémadon.-Arrête, s’il te plaît, mon amour!La belle bagnole, ne pouvant pas déjà filer même si le conducteur le voulait si bien, ceci, à cause de la voix si redoutable, s’immobilise de côté à la demande brusque de la dame.-Un souci? demande-t-il.-Tu as pu remarquer ce que je viens de frôler de regard, chéri? demande la femme.-Non, mon amour. De quoi s’agit-il?-Regarde derrière!Quinze heures sont dépassées de quelques minutes. La pluie qui a coulé sur Tokoin Novissi est complètement ignorée ici. Le soleil continue de s’imposer dans les cieux. A cette heure. Le couple, dans la voiture immobilisée,
Chapitre 57 Cinq jours après le retour d’Amézado de la clinique. Et son humeur est plus aigre à chaque lever du soleil qui, naturellement, émerveille, éblouit tout ce qui se meut sur la terre. Du fiel règne en autocrate dans son âme. Cinq jours qu’il retourne, acrimonieusement, dans son pauvre cœurpétri : «c’est maintenant que Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Akpénè, mon Akpénè! C’est maintenant qu’elle le fait alors qu’elle s’était préservéedepuis tout ce temps! C’est maintenant où, n’en pouvant plus, je me forge enfin ce courage de l’aborder et tenter de recoller nos morceaux, ramper même à ses pieds si c’était nécessaire, que mon Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Et elle n’a trouvé personne d’autre que celui qui m’était un frère sang?» Son espoir d’essayer de redevenir soi, est définitivement perdu, au bout de ses turpitudes, pense-t-il, les larmes tenant compa