Le grincement métallique de la grille résonnait encore dans l’air chaud du désert alors qu’Élisa et les autres candidats pénétraient dans l’enceinte du complexe. Le soleil brûlait impitoyablement leurs peaux, et la poussière soulevée par leurs pas formait un voile trouble autour d’eux.À première vue, l’endroit ressemblait à une base militaire désaffectée, un assemblage de bâtiments en béton, de hangars et de terrains d’entraînement. Mais elle savait que ce n’était qu’une façade. Derrière ces murs se cachait le premier cercle de Markus Renvall, l’homme qu’elle devait approcher, comprendre… et peut-être détruire.Autour d’elle, les autres participants avançaient avec prudence, certains échangeant des regards méfiants. Ils savaient tous que cette sélection n’était pas un simple test physique. Ceux qui échoueraient ne repartiraient pas indemnes.Un homme en treillis, visage marqué par des années de combats, les attendait au centre du terrain. Il tenait un dossier sous le bras et portait
Le soleil couchant projetait une lumière rougeâtre sur le complexe isolé, baignant le désert d’une lueur presque irréelle. La chaleur de la journée s’atténuait, mais l’atmosphère restait lourde. Élisa, debout sur le terrain poussiéreux, sentait la fatigue s’insinuer dans son corps, mais elle refusait de le montrer. Elle était en territoire ennemi. Toute faiblesse pouvait être exploitée.Autour d’elle, les huit autres survivants de la première épreuve reprenaient difficilement leur souffle. Certains s’étaient assis à même le sol, d’autres restaient debout, sur le qui-vive. Tous avaient conscience que la suite ne ferait qu’empirer.L’instructeur, toujours vêtu de son treillis usé, les observait d’un regard dur. Il n’était pas là pour les ménager.— Vous pensez que le plus difficile est passé ? lâcha-t-il d’un ton sec.Aucun ne répondit.Un sourire froid étira ses lèvres.— Mauvaise nouvelle. Ce n’était qu’un échauffement.Il fit un signe de tête et plusieurs autres hommes en uniforme ap
La poussière du désert retombait lentement alors que les six survivants se tenaient immobiles, le poids des épreuves précédentes encore ancré dans leurs corps. Le vent chaud balayait le terrain d'entraînement, soulevant un voile brunâtre qui ajoutait à l'aura oppressante du complexe.Élisa essuya la fine traînée de sueur qui perlait sur son front. Son combat contre Conrad lui avait laissé un goût amer. Elle savait que ne pas l’avoir tué avait envoyé un message. Ici, l’hésitation était une faiblesse.L'instructeur, imperturbable, les observait en silence. Puis il claqua des doigts et un groupe d'hommes armés sortit d’un bâtiment voisin.Ils portaient des fusils d'assaut.Élisa sentit une tension traverser le groupe.— Vous êtes six, déclara l’instructeur. Mais Renvall n’a besoin que de cinq d’entre vous.Il s'arrêta, savourant l'effet de ses mots.— Cette fois, ce ne sera pas un duel. Ce sera un test final.Les soldats distribuèrent des brassards numérotés de 1 à 6. Élisa reçut le numé
Le vent chaud du désert soulevait la poussière autour du complexe alors qu’Élisa avançait aux côtés des quatre autres survivants. Leur silence en disait long. Tous avaient compris que l’épreuve qu’ils venaient de passer n’était qu’un avant-goût.L’instructeur les conduisit à travers un long couloir de béton, éclairé par des néons fatigués. À chaque pas, Élisa sentait la tension monter. Elle avait survécu. Mais c’était maintenant que tout se jouait.Ils arrivèrent devant une porte massive, surveillée par deux hommes armés. L’un d’eux appuya sur un bouton et un léger bourdonnement résonna avant que la porte ne s’ouvre lentement.— Entrez.Élisa fut la première à franchir le seuil.La salle était plongée dans une semi-pénombre, illuminée uniquement par la lumière filtrée d’un large vitrage qui donnait sur le désert. Au centre, un grand bureau en bois massif, épuré mais imposant.Et derrière, Markus Renvall.L’homme qu’elle devait approcher.Celui qu’elle devait comprendre.Celui qu’elle
Le désert s’étendait à perte de vue, baigné par une lumière dorée alors que le soleil déclinait lentement à l’horizon. Élisa se tenait aux côtés de Markus Renvall sur une terrasse en béton surplombant le complexe. L’air était chargé de cette tension silencieuse propre aux moments qui précèdent une tempête.Renvall observait le paysage avec un calme absolu, comme s’il contemplait un échiquier invisible.— Ce monde est une mécanique usée, murmura-t-il. Tu peux remplacer les rouages autant que tu veux, il continuera de tourner dans le même sens.Élisa resta silencieuse.Il tourna légèrement la tête vers elle.— Dis-moi, Élisa. Pourquoi crois-tu que L’Hydre est tombée aussi facilement ?Elle fronça les sourcils.— Facilement ? Je ne qualifierais pas ça ainsi.Un léger sourire étira ses lèvres.— Pourtant, ils avaient l’argent, l’influence, les hommes… et malgré tout, ils ont chuté.Il croisa les bras et la fixa avec intensité.— Parce qu’ils étaient une illusion.Elle retint son souffle.
Le crépitement des écrans résonnait dans la pièce alors qu’Élisa parcourait les dossiers qui venaient de lui être confiés. Son cœur battait lourdement contre sa cage thoracique, mais son visage restait impassible. Elle était maintenant une infiltrée au sein du réseau de Markus Renvall.Renvall, debout à quelques pas d’elle, observait ses réactions avec un sourire à peine dissimulé.— Nous n’avons que trois jours avant l’opération. D’ici là, tu dois comprendre exactement ce que nous allons faire.Élisa referma le dossier et leva les yeux vers lui.— Je veux en savoir plus sur ma cible.Renvall hocha lentement la tête, satisfait de sa curiosité.— Viens avec moi.Il se détourna et traversa la salle de commandement, lui faisant signe de le suivre.Elle lui emboîta le pas, tout en jetant des regards furtifs aux autres membres de son réseau. Chaque personne ici semblait avoir sa place, un rôle défini. Aucun ne paraissait douter du bien-fondé de cette mission.Ils pénétrèrent dans une salle
Le hangar résonnait du bruit métallique des armes qu’on chargeait, des bottes qui frappaient le sol en rythme et des voix basses échappant des stratégies murmurées. Élisa se tenait au centre, entourée de son équipe nouvellement formée. Trois jours pour préparer une attaque de cette ampleur… c’était presque du suicide. Mais Renvall ne laissait aucune place au doute.Jonas, bras croisés, la fixait avec un regard perçant.— Alors, chef, quelle est la première étape ?Elle analysa rapidement la situation. Ils étaient encore méfiants à son égard. Elle devait gagner leur respect avant que l’opération ne commence.Elle s’approcha lentement de la table sur laquelle étaient étalés des plans détaillés du centre stratégique de coordination gouvernementale.— On ne peut pas se permettre d’improviser. Je veux que chacun connaisse son rôle parfaitement avant même de poser un pied là-bas.Sofia leva un sourcil sceptique.— Tu comptes nous faire répéter comme des recrues ?Élisa posa les mains sur la
L’acier froid du canon contre sa tempe glaça le sang d’Élisa. Jonas la regardait, son visage durci par une rage contenue. Dans l’obscurité du couloir exigu, les respirations saccadées de l’équipe résonnaient comme des échos menaçants.— Dis-moi que ce n’est pas toi, murmura Jonas d’une voix basse, menaçante.Son regard fouillait le sien, cherchant un signe de trahison. Mais Élisa savait que mentir serait inutile. Ils avaient découvert la brèche.Sofia, toujours en retrait, observait la scène, ses doigts serrés autour de son arme. Malik fixait ses écrans, les mâchoires crispées. Travis, lui, était figé, incapable de croire ce qui était en train de se passer.— La taupe, c’est toi, reprit Jonas en raffermissant sa prise sur son arme.Élisa savait que chaque seconde comptait. Elle devait reprendre le contrôle.— Réfléchis, Jonas, souffla-t-elle, son ton mesuré malgré la menace pesant sur elle. Si c’était moi, vous seriez déjà morts.Il ne broncha pas, mais son regard se fit plus intense.
Il avait neigé dans la nuit. Pas beaucoup, juste assez pour déposer une pellicule blanche sur les branches, les toits, les pas oubliés de la veille. Le jardin semblait figé dans un souffle, comme suspendu entre deux pensées. Aucun oiseau ne chantait encore. Même le vent semblait hésiter à reprendre.Élisa ouvrit la fenêtre de sa chambre et respira profondément. L’air avait cette clarté particulière des lendemains de silence, quand tout paraît neuf sans avoir été effacé. Elle observa le paysage, ce blanc léger, inégal, presque timide, et ressentit une paix étrange, fragile, mais pleine.Elle descendit sans se presser. Dans la cuisine, le feu crépitait doucement. Ana dormait encore, et Lila avait laissé un mot sur la table, griffonné à la hâte : « suis partie marcher, ne m’attendez pas ». Élisa sourit. Elle ne savait pas depuis combien de temps cette phrase lui faisait du bien. Le simple fait qu’on ne s’attende pas, mais qu’on se retrouve quand même.Elle prépara du thé, découpa quelque
Le vent avait soufflé toute la nuit, sans violence, mais avec cette insistance qui oblige à écouter. Il avait tourné autour du centre comme une main invisible, glissant entre les tuiles, secouant les volets, murmurant dans les interstices des murs. Et au matin, tout semblait un peu déplacé. Un peu bousculé. Mais toujours debout.Élisa ouvrit les yeux lentement. Elle n’avait pas mal dormi, mais quelque chose en elle flottait. Un élan suspendu. Comme si elle s’était levée trop tôt dans une journée trop fragile. Elle resta un instant assise au bord du lit, observant ses mains posées sur ses genoux. Elles lui paraissaient plus vieilles ce matin. Non pas usées. Marquées.Dans le couloir, elle croisa Ana qui portait un seau rempli de torchons mouillés.— Le vent a tout fait claquer cette nuit, dit-elle en souriant doucement. Même les rideaux ont voulu partir.— Et toi ? demanda Élisa.— Je crois que j’ai laissé s’envoler un ou deux regrets. On verra bien s’ils reviennent.En bas, la cuisine
Le ciel était clair, mais le froid mordait les joues avec tendresse. L’air avait ce goût précis des matins d’hiver, entre le silence du gel et la promesse d’un feu allumé quelque part. Le sol crissait sous les pas, la terre était dure, mais pas hostile. Juste figée dans son attente.Élisa marchait lentement dans la cour, les mains enfouies dans les poches de son manteau. Il n’était pas si tôt, pourtant tout paraissait encore endormi. Rien ne bougeait. Seul un chat, roulé en boule sur le rebord de la fenêtre, ouvrit un œil à son passage, puis le referma comme pour lui dire : rien ne presse, tu peux marcher lentement.En entrant dans la salle commune, elle sentit immédiatement que quelque chose avait changé. Il y avait une odeur de cire chaude et de bois, mais surtout, une atmosphère plus... ouverte. Comme si un poids avait été posé quelque part hier et qu’il avait permis à l’air de mieux circuler.Sur la table centrale, le pot en verre rempli des confidences de la veille avait été dépl
La pluie avait repris au petit matin, mais d’une façon douce, presque protectrice. Pas un déluge, juste un filet régulier qui tapotait les vitres comme un vieux compagnon discret. Il n’y avait pas de vent. Pas de fureur. Juste ce rythme régulier de l’eau, comme un murmure qui disait : reste encore un peu, il n’y a pas de course aujourd’hui.Élisa se leva plus tard que d’habitude. Son sommeil avait été profond, sans rêves, mais en se réveillant, elle avait senti une présence diffuse. Une sensation étrange, comme si quelque chose qu’elle avait enfoui depuis longtemps était remonté à la surface sans faire de bruit. Elle ne savait pas quoi. Mais elle savait que c’était là.En descendant, elle croisa Ana dans le couloir. Elles ne dirent rien. Juste un regard, un sourire un peu fatigué, et le froissement des vêtements dans l’air humide. La cuisine était tiède, remplie d’odeurs familières : cannelle, café, pain grillé. Mais ce matin, personne ne parlait vraiment. C’était une sorte de silence
La lumière filtrait à travers les rideaux comme une respiration lente. Le jour s’étirait doucement, sans brusquer personne, s’invitant sur les murs, sur les draps, sur les visages encore endormis. C’était un matin sans urgence, sans bruit, sans promesse tapageuse. Juste une présence discrète, comme un ami silencieux assis au bord du lit.Élisa se leva sans précipitation. Son corps semblait plus lourd que d’habitude, mais pas par fatigue. Plutôt comme si chaque membre pesait davantage parce qu’il portait quelque chose d’important. Elle n’aurait pas su dire quoi exactement. Mais elle savait que ce jour serait différent.En bas, la cuisine était vide. La théière encore tiède, quelques miettes sur la table, un bol abandonné dans l’évier. Des traces de passage, comme un souffle d’histoire déjà en cours. Elle se servit un reste de tisane, s’assit seule et laissa ses pensées flotter.Lila entra sans bruit, les bras croisés sur sa poitrine, les yeux dans le vague.— Tu sens, toi aussi ? deman
Le jour s’était levé sans faire de bruit. Un matin clair, limpide, presque transparent. L’air avait perdu un peu de sa morsure, et un léger parfum de bois sec flottait dans les couloirs du centre. Tout semblait plus léger, comme si la nuit avait effacé quelque chose que personne n’avait su nommer.Élisa ouvrit les yeux lentement, encore habitée par les rêves. Ce n’était pas des images précises, plutôt une sensation : celle d’avoir traversé une forêt avec les yeux fermés, guidée uniquement par l’odeur de la mousse et le bruit des feuilles. Elle resta un instant allongée, à écouter le silence. Un silence calme, posé, qui donnait envie de rester là encore un peu.En bas, dans la cuisine, la lumière filtrait à travers les vitres encore embuées. Lila était déjà là, accroupie devant le four, guettant la cuisson de petits pains.— J’ai rêvé que je ne savais plus rien, dit-elle sans détourner le regard de la porte du four.Élisa s’assit doucement, prenant une tasse qu’elle remplit d’eau chaud
Le jour se leva lentement, comme s’il hésitait à venir. Un voile de brume s’était glissé sur les collines alentour, estompant les contours familiers du paysage. On distinguait à peine les arbres du fond du jardin, réduits à de simples silhouettes mouvantes. Tout semblait retenu, suspendu entre nuit et jour, comme si le monde entier retenait son souffle.Élisa descendit plus tôt que d’habitude. Dans la cuisine, il n’y avait encore personne. Le silence y était dense, presque vivant. Elle fit chauffer de l’eau, sortit deux bols, sans vraiment savoir pour qui. Juste un geste, une habitude, ou peut-être un pressentiment.Lorsqu’Ana entra, les yeux encore mi-clos, elle s’assit sans un mot. Elles échangèrent un regard et restèrent là, côte à côte, à boire leur thé dans une lenteur presque cérémonieuse. Il n’y avait rien à dire. Il y avait seulement à être là.Un peu plus tard, la vie reprit, doucement. Des pas dans les escaliers, un rire étouffé, le bruit d’une chaise tirée. Mais l’ambiance
Un ciel clair, sans un nuage, recouvrait le centre d’un bleu profond, presque transparent. Le froid avait aiguisé l’air du matin, chaque respiration devenait visible, et chaque bruit semblait résonner un peu plus fort. Il n’y avait plus de feuilles dans les arbres. Seulement leurs ombres fines, étirées sur le sol, comme une écriture oubliée.Élisa marchait doucement dans la cour, les mains dans ses poches, les yeux levés vers ces branches nues. Elle les aimait comme ça. Dépouillées, sincères, sans ornement. Il y avait une vérité silencieuse dans cette nudité-là. Quelque chose qui disait : voilà ce que je suis, même sans fleurs.En entrant dans la salle commune, elle fut frappée par un calme inhabituel. On chuchotait. On marchait lentement. Et surtout, on se regardait. Longtemps. Comme si la parole, ce jour-là, avait décidé de se reposer.Au centre de la pièce, un petit écriteau avait été posé sur la grande table :“Aujourd’hui, on parle avec les yeux.”Elle reconnut l’écriture de Mali
Il avait plu toute la nuit, une pluie fine et régulière, comme une berceuse oubliée. Et maintenant que le matin se levait, tout semblait lavé, déplié, comme neuf. L’air avait cette netteté rare qui rend les choses plus visibles, mais sans les agresser. C’était un matin tendre, feutré, et pourtant vibrant. Le genre de matin où l’on perçoit des choses qu’on ne savait pas attendre.Élisa s’éveilla avec cette sensation étrange d’avoir grandi un peu dans son sommeil. Non pas en taille, ni en âge, mais en profondeur. Elle descendit sans bruit, croisant dans l’escalier les traces humides de pas d’un enfant déjà parti dehors. À l’étage du bas, la chaleur venait du pain qu’on venait de sortir du four et du feu qui craquait dans le poêle.Dans la cuisine, Lila posait doucement des tranches de pain grillé dans un panier. À côté, une petite assiette de miel, une autre de beurre aux herbes, une troisième de confiture de coing, préparée la semaine dernière.— C’est un matin à poser les choses douce