Lucien les observait, son regard fuyant à la lueur blafarde des néons de l'entrepôt. Son visage marqué par l'anxiété trahissait un homme acculé, rongé par la peur.— Vous dites avoir travaillé pour Lemoine ? demanda Adrian d’un ton tranchant.Lucien hocha la tête et s’adossa contre le mur, visiblement épuisé.— Oui… Enfin, j’étais plutôt un exécutant. Je ne faisais que suivre les ordres, mais j’ai vu des choses… Des choses horribles. Et surtout, j’ai entendu parler de vous, Élisa.Élisa sentit un frisson parcourir son échine. Chaque fois que son nom était lié à cet homme, une part d’elle se rebellait. Comment un parfait inconnu pouvait-il connaître son existence avant même qu’elle-même n’apprenne la vérité sur son héritage ?— Que savez-vous exactement ? demanda-t-elle d’un ton mesuré.Lucien s’humecta les lèvres et s’avança légèrement, comme pour s’assurer que personne d’autre n’écoutait.— Lemoine vous traque depuis des mois. Il savait que vous finiriez par chercher la vérité sur vo
La tension dans la pièce était palpable. Lucien, l’ancien employé de Lemoine, venait de leur révéler des informations cruciales. Assis sur une chaise bancale, il essuya la sueur sur son front avant de reprendre d’une voix tremblante.— Lemoine ne fait plus confiance à personne. Il sait que vous êtes toujours en ville et il a renforcé la surveillance autour de ses entrepôts. Mais… il y a un endroit où il se sent en sécurité, où il baisse sa garde.Adrian et Novak échangèrent un regard.— Où ça ? demanda Adrian d’une voix grave.— Son club privé, répondit Lucien. Un endroit où il règle ses affaires les plus confidentielles. Si vous voulez le piéger, c’est là qu’il faut frapper.Élisa sentit un frisson parcourir son échine. L’idée de s’approcher encore plus de cet homme qui les pourchassait lui nouait l’estomac, mais elle savait que c’était leur meilleure chance.— Comment entrer sans se faire repérer ? interrogea Novak en croisant les bras.Lucien hésita un instant, avant de répondre.—
Le club privé était plongé dans une lumière tamisée, une ambiance feutrée où seuls les rires étouffés et les murmures complices résonnaient entre les murs couverts de velours. Élisa sentait son cœur battre trop vite dans sa poitrine, mais elle garda un visage impassible. Assise à côté de Lemoine, elle savait qu’elle jouait à un jeu dangereux.— Alors, qu’est-ce qui t’amène ici ce soir ? demanda Lemoine d’un ton détendu, mais son regard perçant la scrutait avec méfiance.Élisa esquissa un sourire et s’appuya légèrement contre le dossier du canapé.— On m’a dit que c’était ici que les affaires les plus intéressantes se concluaient, répondit-elle en feignant l’indifférence.Lemoine la fixa un moment avant d’éclater de rire. Il tapa sur la table en verre devant lui, renversant quelques gouttes de son whisky.— Tu n’as pas froid aux yeux, ma chère. J’aime ça.Elle força un rire léger et prit une gorgée du cocktail qu’un serveur venait de lui apporter. Tout en gardant une attitude détendue,
Le club privé était en ébullition. Les lumières tamisées et la musique envoûtante créaient une atmosphère feutrée, presque hypnotique. Élisa sentit son cœur battre un peu plus fort lorsqu’elle croisa le regard perçant de Lemoine. Assise à ses côtés, elle l’observait du coin de l’œil, attentive au moindre de ses gestes.L’homme d’affaires buvait lentement son whisky, son expression difficile à décrypter. Ses doigts pianotaient sur le rebord du verre alors qu’il poursuivait sa conversation avec l’un de ses associés. Mais Élisa savait qu’il n’était pas dupe. Il sentait que quelque chose clochait. Elle devait agir vite.— Tu es bien silencieuse, fit remarquer Lemoine en tournant son regard vers elle.Elle esquissa un sourire, jouant la carte de la séduction.— J’observe, répondit-elle d’une voix douce. Après tout, c’est un endroit fascinant.Il haussa un sourcil avant d’émettre un léger rire.— Oui… Un endroit où les apparences sont souvent trompeuses.Son ton contenait une menace à peine
La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Élisa s’avança dans les ruelles sombres menant à l’arrière du club de Lemoine. Chaque pas qu’elle faisait résonnait contre les murs en briques, un écho discret mais omniprésent. Son cœur battait fort, mais son regard restait déterminé. Elle savait que cette nuit serait décisive.Adrian et Novak, cachés non loin derrière elle, attendaient son signal. Lucien leur avait assuré que cette entrée était rarement surveillée, mais cela ne signifiait pas qu’ils étaient en sécurité. Lemoine était paranoïaque, et pour une bonne raison : il avait trop d’ennemis.— Prête ? murmura Adrian dans l’oreillette.Elle inspira profondément avant de répondre :— Prête.Elle s’approcha de la porte arrière, légèrement entrouverte, et s’y glissa silencieusement. L’intérieur du club était plus oppressant que ce qu’elle imaginait. Les couloirs étaient étroits, faiblement éclairés, et l’odeur du cigare se mêlait à celle du whisky et du cuir. Elle savait que Lemoine n’
Le silence pesant de la nuit enveloppait la ville, troublé seulement par le bourdonnement lointain du trafic. Élisa se tenait près de la fenêtre de la planque, observant les lumières vacillantes des lampadaires en contrebas. Son esprit était en ébullition. Trop d’événements s’étaient enchaînés à une vitesse vertigineuse. Elle savait que le moment de vérité approchait.Adrian entra dans la pièce, refermant doucement la porte derrière lui. Il la scruta un instant avant de s’approcher.— Tu n’as pas dormi, murmura-t-il.Élisa esquissa un sourire fatigué et détourna les yeux.— Comment pourrais-je ? Lemoine n’abandonnera pas. Pas après ce qu’on a découvert.Adrian croisa les bras, son regard empreint de gravité.— Justement. On doit agir avant lui. Lucien a confirmé que Lemoine a donné l’ordre d’éliminer toute menace. Ça nous inclut.Un frisson parcourut le dos d’Élisa. Ils n’avaient plus le choix. Ils devaient frapper les premiers.— Alors c’est ce soir, souffla-t-elle. Nous allons le co
L’air était lourd dans la suite d’hôtel luxueuse où Adrian et Élisa s’étaient réfugiés. Ils avaient échappé de justesse à la traque orchestrée par Lemoine, mais la pression ne cessait d’augmenter.Assise sur le bord du lit, Élisa tenait entre ses mains une lettre scellée, livrée anonymement à la réception de l’hôtel. Elle la fixa un moment avant d’oser l’ouvrir. Adrian, posté près de la fenêtre, le regard perdu sur la ville illuminée, se retourna en l’entendant déplier le papier.— Qu’est-ce que c’est ?La voix d’Adrian était tendue, presque inquiète. Élisa inspira profondément et lut à voix haute.— « Vous avez jusqu’à demain minuit pour vous rendre. Sinon, tout ce que vous aimez s’effondrera. »Un silence pesant suivit. Adrian s’approcha, prenant la lettre d’entre ses mains pour examiner l’écriture fine et menaçante.— Lemoine joue son dernier atout, murmura-t-il.Élisa releva la tête, son regard déterminé croisant celui d’Adrian.— Il pense nous acculer, mais on ne va pas le laisse
Le silence pesant qui régnait dans la pièce contrastait avec le tumulte intérieur qui secouait Élisa. Assise sur le bord du lit, elle fixait la porte fermée, consciente que de l'autre côté, Adrian et Novak étaient en pleine discussion sur la suite des événements. Son cœur battait à un rythme irrégulier, en proie à un mélange de peur et de détermination.Depuis leur confrontation avec Lemoine, la menace s'était intensifiée. L'homme, blessé dans son orgueil, n'avait pas tardé à riposter. Leurs contacts à l'intérieur de son organisation avaient rapporté des rumeurs inquiétantes : il préparait quelque chose, et cette fois, il ne comptait pas leur laisser la moindre échappatoire.Un bruit de pas la tira de ses pensées. La porte s'ouvrit brusquement, laissant apparaître Adrian, son regard assombri par l'inquiétude.— On doit bouger, maintenant, déclara-t-il d'un ton sans appel.Élisa se leva aussitôt. Elle connaissait ce regard, cette tension dans ses épaules. Quelque chose venait de change
Il faisait doux ce matin-là. Ni chaud, ni froid. Une température juste assez tiède pour se sentir contenu, enveloppé. Comme si le monde, pour une fois, avait décidé de ne pas en faire trop. Élisa ouvrit les yeux lentement. Elle n’avait pas rêvé de choses précises. Juste des sensations vagues, comme une rivière paisible qui coule dans le fond de l’esprit.Elle resta allongée quelques minutes, à écouter les draps bruisser sous elle, à sentir l’air frais contre sa peau, à prendre le temps de revenir. Il n’y avait rien à faire dans l’urgence. Personne à rejoindre dans la précipitation. Elle était là. Et cela suffisait.Elle s’assit, rabattit la couverture sur ses jambes, et sourit.— Bonjour, murmura-t-elle à haute voix, sans trop savoir à qui. Peut-être à elle-même. Peut-être au jour. Peut-être à la part d’elle qui, pour la première fois depuis longtemps, se réveillait sans se fuir.Elle se leva, noua ses cheveux, enfila ses chaussettes épaisses, et descendit dans la maison encore silenc
Le matin arriva sans surprise.Et pourtant, dans sa simplicité, il portait quelque chose d’étrangement précieux. Une lumière douce, pas encore dorée. Une brise tiède, à peine perceptible. Un silence rassurant, comme si la maison elle-même avait décidé de ne pas faire de bruit pour laisser Élisa respirer à son rythme.Elle ouvrit les yeux avec une lenteur paisible. Elle n’avait pas rêvé. Ou alors elle ne s’en souvenait pas. Mais elle se sentait reposée. Centrée. Alignée. Il n’y avait rien d’exaltant dans ce réveil. Rien de spectaculaire. Mais c’était justement ce qui le rendait beau. Elle ne cherchait plus l’extraordinaire. Elle goûtait l’ordinaire avec une profondeur nouvelle.Elle resta dans le lit quelques minutes, le regard perdu sur le plafond, les mains posées sur son ventre.Elle pensa :— Je crois que je suis en train d’apprendre à vivre les jours tranquilles sans avoir peur qu’ils soient des pièges.Avant, chaque moment de calme lui semblait être le prélude d’un orage. Elle an
Ce matin-là, Élisa se réveilla avant le jour.Pas parce qu’elle n’avait pas dormi. Pas parce qu’un rêve l’avait troublée. Elle avait simplement ouvert les yeux dans le noir, avec ce calme particulier qu’on ressent quand quelque chose de léger commence à pousser en soi.Elle resta là, allongée, dans le silence encore dense de l’aube. Il n’y avait pas encore de lumière. Pas de chant d’oiseau. Même le vent semblait suspendu. Et pourtant, elle sentait que quelque chose circulait. Un frémissement. Une attente. Mais pas une angoisse. Plutôt une promesse.Elle se tourna sur le côté. Écarta légèrement le rideau. Le ciel était encore bleu-noir, piqueté de quelques étoiles. Une part d’elle aurait voulu se rendormir. Mais une autre voulait rester là, juste à écouter le monde revenir.Elle ne chercha pas à lutter.Elle se leva, mit son pull en laine, attrapa une couverture et descendit dans la cuisine, pieds nus sur le parquet encore froid.Elle alluma une seule lampe.Fit chauffer un peu d’eau.
Le jour mit du temps à s’installer. Il hésitait, comme s’il ne voulait pas bousculer l’équilibre fragile de la nuit. La lumière perçait à travers les nuages en filets fins, timides, presque secrets. C’était un matin sans spectacle. Et Élisa, en s’éveillant, sentit que ça lui convenait.Elle ne voulait pas de grandeur.Elle voulait de la justesse.Elle resta quelques minutes allongée, les yeux mi-clos, à écouter les sons autour d’elle. Le bois du parquet qui craque doucement. Les pas feutrés de Lila dans le couloir. Le chuchotement d’une page qu’on tourne quelque part. Elle se dit : Je suis ici. Et ce ici-là me suffit.Elle se leva, chaussa ses chaussettes, tira sur son gilet trop long, puis descendit dans la cuisine. Ana était déjà là, évidemment, en train de touiller une marmelade maison avec cette concentration tranquille qu’elle gardait pour les gestes simples.Élisa la salua d’un sourire, se servit une tasse de thé, puis alla s’asseoir près de la fenêtre. Dehors, le jardin semblai
Ce matin-là, Élisa s’éveilla dans un calme presque dense. Le genre de silence qui ne fait pas peur. Un silence habité, comme si le monde, pour une fois, n’avait plus besoin de crier pour exister. Elle ouvrit les yeux sans effort, et avant même de bouger, elle sourit. Ce n’était pas un grand sourire. Plutôt un frémissement au coin des lèvres. Une reconnaissance tranquille. Je suis encore là.Elle resta un long moment allongée, les yeux tournés vers le plafond, à écouter. Son souffle, lent. Son cœur, régulier. Les bruits de la maison qui se réveillait doucement : un plancher qui craque, un robinet qu’on ouvre, des pas feutrés dans le couloir. Il n’y avait rien d’exceptionnel dans cette scène, et pourtant, tout en elle vibrait d’une gratitude simple.Elle se leva doucement. Chaque geste, ce matin, semblait pesé, comme s’il avait une importance particulière. Non pas dans la performance. Dans la présence. Elle mit ses chaussettes épaisses, enfila un pull beige, noua ses cheveux sans cherch
Il faisait doux ce matin-là. Ni chaud, ni froid. Une température juste assez tiède pour se sentir contenu, enveloppé. Comme si le monde, pour une fois, avait décidé de ne pas en faire trop. Élisa ouvrit les yeux lentement. Elle n’avait pas rêvé de choses précises. Juste des sensations vagues, comme une rivière paisible qui coule dans le fond de l’esprit.Elle resta allongée quelques minutes, à écouter les draps bruisser sous elle, à sentir l’air frais contre sa peau, à prendre le temps de revenir. Il n’y avait rien à faire dans l’urgence. Personne à rejoindre dans la précipitation. Elle était là. Et cela suffisait.Elle s’assit, rabattit la couverture sur ses jambes, et sourit.— Bonjour, murmura-t-elle à haute voix, sans trop savoir à qui. Peut-être à elle-même. Peut-être au jour. Peut-être à la part d’elle qui, pour la première fois depuis longtemps, se réveillait sans se fuir.Elle se leva, noua ses cheveux, enfila ses chaussettes épaisses, et descendit dans la maison encore silenc
Le matin arriva sans surprise.Et pourtant, dans sa simplicité, il portait quelque chose d’étrangement précieux. Une lumière douce, pas encore dorée. Une brise tiède, à peine perceptible. Un silence rassurant, comme si la maison elle-même avait décidé de ne pas faire de bruit pour laisser Élisa respirer à son rythme.Elle ouvrit les yeux avec une lenteur paisible. Elle n’avait pas rêvé. Ou alors elle ne s’en souvenait pas. Mais elle se sentait reposée. Centrée. Alignée. Il n’y avait rien d’exaltant dans ce réveil. Rien de spectaculaire. Mais c’était justement ce qui le rendait beau. Elle ne cherchait plus l’extraordinaire. Elle goûtait l’ordinaire avec une profondeur nouvelle.Elle resta dans le lit quelques minutes, le regard perdu sur le plafond, les mains posées sur son ventre.Elle pensa :— Je crois que je suis en train d’apprendre à vivre les jours tranquilles sans avoir peur qu’ils soient des pièges.Avant, chaque moment de calme lui semblait être le prélude d’un orage. Elle an
Ce matin-là, Élisa se réveilla avant le jour.Pas parce qu’elle n’avait pas dormi. Pas parce qu’un rêve l’avait troublée. Elle avait simplement ouvert les yeux dans le noir, avec ce calme particulier qu’on ressent quand quelque chose de léger commence à pousser en soi.Elle resta là, allongée, dans le silence encore dense de l’aube. Il n’y avait pas encore de lumière. Pas de chant d’oiseau. Même le vent semblait suspendu. Et pourtant, elle sentait que quelque chose circulait. Un frémissement. Une attente. Mais pas une angoisse. Plutôt une promesse.Elle se tourna sur le côté. Écarta légèrement le rideau. Le ciel était encore bleu-noir, piqueté de quelques étoiles. Une part d’elle aurait voulu se rendormir. Mais une autre voulait rester là, juste à écouter le monde revenir.Elle ne chercha pas à lutter.Elle se leva, mit son pull en laine, attrapa une couverture et descendit dans la cuisine, pieds nus sur le parquet encore froid.Elle alluma une seule lampe.Fit chauffer un peu d’eau.
Le jour mit du temps à s’installer. Il hésitait, comme s’il ne voulait pas bousculer l’équilibre fragile de la nuit. La lumière perçait à travers les nuages en filets fins, timides, presque secrets. C’était un matin sans spectacle. Et Élisa, en s’éveillant, sentit que ça lui convenait.Elle ne voulait pas de grandeur.Elle voulait de la justesse.Elle resta quelques minutes allongée, les yeux mi-clos, à écouter les sons autour d’elle. Le bois du parquet qui craque doucement. Les pas feutrés de Lila dans le couloir. Le chuchotement d’une page qu’on tourne quelque part. Elle se dit : Je suis ici. Et ce ici-là me suffit.Elle se leva, chaussa ses chaussettes, tira sur son gilet trop long, puis descendit dans la cuisine. Ana était déjà là, évidemment, en train de touiller une marmelade maison avec cette concentration tranquille qu’elle gardait pour les gestes simples.Élisa la salua d’un sourire, se servit une tasse de thé, puis alla s’asseoir près de la fenêtre. Dehors, le jardin semblai