La voiture roulait à toute vitesse sur les routes sinueuses des montagnes suisses. La nuit enveloppait le paysage d’un voile sombre, troublé seulement par les phares du véhicule qui découpaient l’obscurité.Assise au volant, Élisa gardait les yeux fixés sur la route, mais son esprit était ailleurs. Damien Valcourt. Un nom qui jusque-là n’existait pas, et pourtant, il semblait être le dernier fil à tirer dans cette toile d’ombres.Jonas, sur le siège passager, chargeait son arme mécaniquement, ses mâchoires serrées.— Ce type sait qu’on le cherche. Tu penses vraiment qu’il nous attend à bras ouverts ?Élisa ne répondit pas tout de suite.— Non. Mais il veut me voir.Malik, à l’arrière, parcourait toujours les dossiers récupérés.— D’après ce que j’ai trouvé, Valcourt est un fantôme. Il n’apparaît dans aucune base de données, pas même celles du réseau de Voss. Pourtant… son nom revenait comme un “dernier recours”.Jonas grogna.— Donc le vrai patron de tout ce merdier est ce mec, et on
L'avion survolait l'océan, filant vers une destination incertaine. Élisa regardait par le hublot, son reflet dans la vitre paraissant presque étranger. Elle avait gagné.Ou du moins, c'est ce qu'elle voulait croire.Jonas était assis en face d'elle, les bras croisés, le regard fatigué mais soulagé.— Sur l'a fait, Élisa. On a mis fin à l'Initiateur.Malik, assis plus loin, scrutait encore son ordinateur, comme s'il s'attendait à ce que quelque chose revienne à la vie parmi les ruines du réseau qu'ils avaient détruit.Elle m'inspire profondément.— Ce n'est pas aussi simple.Jonas soupira.— Pourquoi tu dis ça ? On a révélé leurs secrets, détruit leur infrastructure. Valcourt est fini.Elle tourne lentement la tête vers lui.— Mais est-ce que ça l'a vraiment arrêté ?Un silence s'installera.Elle savait qu'elle devait être satisfaite, qu'elle devait se dire que tout était terminé. Mais quelque chose en elle refusait de croire que c'était aussi facile.Son téléphone vibre fréquemment.U
L’avion filait à travers les nuages, silencieux et froid. Mais à l’intérieur, une tempête grondait. Élisa, assise face à Jonas et Malik, fixait l’écran illuminé de l’ordinateur. Elle était piégée.Elle avait cru mettre fin au jeu. Mais en réalité, elle en était devenue une pièce centrale.Jonas se passa une main sur le visage, exaspéré.— Ils t’ont piégée en pleine lumière. Maintenant, aux yeux du monde, tu es une criminelle de l’ombre, un maître du chaos.Malik, encore sous le choc, tapait frénétiquement sur son clavier.— Ils ont falsifié des preuves d’une perfection hallucinante. D’après ces fichiers, tu es responsable de transactions, d’opérations clandestines, de décisions qui ne sont jamais sorties de ton esprit mais qui portent ta signature.Élisa inspira profondément.— Combien de temps avant que ça n’éclate publiquement ?Malik regarda l’écran, analysant les flux d’information.— Tout est en train de s’imbriquer. Les médias ne sont pas encore dessus, mais des agences gouverne
L’hélicoptère vrombissait dans l’air glacé alors que la structure massive sous la glace se dessinait sous eux. Ce n’était pas simplement une base secrète, c’était une ville souterraine, un labyrinthe d’installations enfouies sous la banquise, invisible aux satellites, protégée par les forces naturelles les plus hostiles de la planète.Élisa n’avait jamais rien vu de tel.Jonas resserra sa prise sur son fusil en scrutant l’horizon.— Comment un truc pareil peut exister sans que personne ne soit au courant ?Malik, toujours absorbé par ses écrans, murmura :— Peut-être que tout le monde est au courant, mais personne n’ose en parler.Élisa garda les yeux rivés sur l’objectif.Elle sentait que cet endroit était le véritable cœur de l’Initiateur.Là où tout avait commencé.Là où tout devait se terminer.Ils posèrent l’hélicoptère à une centaine de mètres du complexe, le vent glacial mordant leur peau.Le silence qui les entourait était assourdissant.Pas de bruit. Pas de mouvement.Comme s
Le silence qui suivit fut plus glaçant que l’air polaire qui entourait le complexe. Nathaniel Voss scrutait Élisa avec une intensité nouvelle. Il savait qu’elle n’avait pas dit oui pour le pouvoir, mais oui pour quelque chose d’autre. Quelque chose qu’il ne maîtrisait pas.Jonas et Malik retenaient leur souffle.— Tu es en train de faire quoi, Élisa ? murmura Jonas, une pointe d’inquiétude dans la voix.Elle ne répondit pas.Elle sentait le contrôle qu’elle venait d’obtenir. Pas un contrôle dans le sens où Voss l’entendait. Elle ne dirigeait pas le système… elle était en train de l’altérer.Voss, pourtant imperturbable d’ordinaire, montra enfin un signe de doute.— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il, plus bas.Élisa tourna lentement la tête vers lui, un sourire à peine perceptible sur ses lèvres.— Tu as passé ta vie à prévoir, à anticiper. À écrire un monde où chaque élément suit un chemin précis. Mais ce que tu n’as jamais prévu…Elle appuya sur une commande du terminal.Les écran
L’hélicoptère fendait l’air glacé, s’éloignant de la carcasse fumante du complexe souterrain. Tout était fini.Ou du moins, c’est ce qu’Élisa voulait croire.Jonas s’adossa contre la paroi métallique de l’appareil, observant les nuages défiler sous eux.— Alors c’est ça, la fin ?Malik, toujours branché à son ordinateur portable, faisait défiler les dernières lignes de code récupérées.— D’un point de vue technique, oui. D’un point de vue réaliste…Il s’interrompit et fixa Élisa.— … pas encore.Elle ferma les yeux une seconde. Elle le savait.L’Initiateur, tel qu’ils l’avaient connu, venait de s’effondrer.Mais une idée ne meurt jamais aussi facilement.Elle ouvrit son propre terminal et commença à analyser les fragments du système qu’ils avaient récupérés avant la destruction.Une chose la perturbait.Voss avait trop facilement accepté sa défaite.Même si elle avait détruit son empire, il n’avait jamais montré la moindre peur.Comme s’il savait quelque chose qu’elle ignorait encore.
L’écran restait figé sur l’image de cet homme inconnu. Son regard perçait l’obscurité, insondable, indéchiffrable. Il n’avait rien d’un fantôme, rien d’un simple exécutant comme Voss. Il était le véritable centre du réseau.Élisa sentit un frisson glacial lui parcourir la colonne vertébrale. Ils s’étaient attaqués à une façade, et maintenant, ils faisaient face au véritable architecte.Jonas, debout derrière elle, fixait l’image d’un air grave.— C’est lui, alors ? Le vrai maître du jeu ?Malik tapotait déjà furieusement sur son clavier, analysant le peu d’informations qu’ils avaient.— Il n’existe dans aucune base de données officielle. Aucun nom, aucun dossier. C’est comme si cet homme… n’était qu’une illusion.Élisa ne le croyait pas.Personne n’opère à un tel niveau sans laisser une empreinte quelque part.Elle ferma les yeux un instant, connectant mentalement chaque pièce du puzzle.Voss n’avait jamais montré d’émotion lorsqu’elle avait détruit NOX. Parce qu’il savait que son pro
Le soleil déclinait à l'horizon, teintant le ciel d'un rouge orangé. Élisa était assise sur le toit d’un immeuble abandonné, contemplant la ville en contrebas. Le monde semblait incroyablement calme, comme si le poids des batailles passées s’était enfin dissipé.Elle entendit des pas derrière elle. Jonas s'approcha, une bouteille de whisky à la main.— Tu sais que Malik est en train de barricader chaque entrée comme si on était en guerre ? dit-il en s’asseyant à côté d’elle.Elle esquissa un sourire.— Il a besoin de sentir qu’il contrôle quelque chose.Jonas soupira et lui tendit la bouteille.— À notre survie.Elle prit une gorgée, laissant l’alcool brûler sa gorge.— À notre liberté.Ils restèrent silencieux un moment, observant les lueurs de la ville s’allumer une à une.— Ça fait bizarre, hein ? lança Jonas.— Quoi ?— Ne plus courir. Ne plus devoir regarder derrière nous.Elle hocha lentement la tête.— Pendant longtemps, j’ai pensé que la victoire, c’était détruire l’Initiateur
Il faisait doux ce matin-là. Ni chaud, ni froid. Une température juste assez tiède pour se sentir contenu, enveloppé. Comme si le monde, pour une fois, avait décidé de ne pas en faire trop. Élisa ouvrit les yeux lentement. Elle n’avait pas rêvé de choses précises. Juste des sensations vagues, comme une rivière paisible qui coule dans le fond de l’esprit.Elle resta allongée quelques minutes, à écouter les draps bruisser sous elle, à sentir l’air frais contre sa peau, à prendre le temps de revenir. Il n’y avait rien à faire dans l’urgence. Personne à rejoindre dans la précipitation. Elle était là. Et cela suffisait.Elle s’assit, rabattit la couverture sur ses jambes, et sourit.— Bonjour, murmura-t-elle à haute voix, sans trop savoir à qui. Peut-être à elle-même. Peut-être au jour. Peut-être à la part d’elle qui, pour la première fois depuis longtemps, se réveillait sans se fuir.Elle se leva, noua ses cheveux, enfila ses chaussettes épaisses, et descendit dans la maison encore silenc
Le matin arriva sans surprise.Et pourtant, dans sa simplicité, il portait quelque chose d’étrangement précieux. Une lumière douce, pas encore dorée. Une brise tiède, à peine perceptible. Un silence rassurant, comme si la maison elle-même avait décidé de ne pas faire de bruit pour laisser Élisa respirer à son rythme.Elle ouvrit les yeux avec une lenteur paisible. Elle n’avait pas rêvé. Ou alors elle ne s’en souvenait pas. Mais elle se sentait reposée. Centrée. Alignée. Il n’y avait rien d’exaltant dans ce réveil. Rien de spectaculaire. Mais c’était justement ce qui le rendait beau. Elle ne cherchait plus l’extraordinaire. Elle goûtait l’ordinaire avec une profondeur nouvelle.Elle resta dans le lit quelques minutes, le regard perdu sur le plafond, les mains posées sur son ventre.Elle pensa :— Je crois que je suis en train d’apprendre à vivre les jours tranquilles sans avoir peur qu’ils soient des pièges.Avant, chaque moment de calme lui semblait être le prélude d’un orage. Elle an
Ce matin-là, Élisa se réveilla avant le jour.Pas parce qu’elle n’avait pas dormi. Pas parce qu’un rêve l’avait troublée. Elle avait simplement ouvert les yeux dans le noir, avec ce calme particulier qu’on ressent quand quelque chose de léger commence à pousser en soi.Elle resta là, allongée, dans le silence encore dense de l’aube. Il n’y avait pas encore de lumière. Pas de chant d’oiseau. Même le vent semblait suspendu. Et pourtant, elle sentait que quelque chose circulait. Un frémissement. Une attente. Mais pas une angoisse. Plutôt une promesse.Elle se tourna sur le côté. Écarta légèrement le rideau. Le ciel était encore bleu-noir, piqueté de quelques étoiles. Une part d’elle aurait voulu se rendormir. Mais une autre voulait rester là, juste à écouter le monde revenir.Elle ne chercha pas à lutter.Elle se leva, mit son pull en laine, attrapa une couverture et descendit dans la cuisine, pieds nus sur le parquet encore froid.Elle alluma une seule lampe.Fit chauffer un peu d’eau.
Le jour mit du temps à s’installer. Il hésitait, comme s’il ne voulait pas bousculer l’équilibre fragile de la nuit. La lumière perçait à travers les nuages en filets fins, timides, presque secrets. C’était un matin sans spectacle. Et Élisa, en s’éveillant, sentit que ça lui convenait.Elle ne voulait pas de grandeur.Elle voulait de la justesse.Elle resta quelques minutes allongée, les yeux mi-clos, à écouter les sons autour d’elle. Le bois du parquet qui craque doucement. Les pas feutrés de Lila dans le couloir. Le chuchotement d’une page qu’on tourne quelque part. Elle se dit : Je suis ici. Et ce ici-là me suffit.Elle se leva, chaussa ses chaussettes, tira sur son gilet trop long, puis descendit dans la cuisine. Ana était déjà là, évidemment, en train de touiller une marmelade maison avec cette concentration tranquille qu’elle gardait pour les gestes simples.Élisa la salua d’un sourire, se servit une tasse de thé, puis alla s’asseoir près de la fenêtre. Dehors, le jardin semblai
Ce matin-là, Élisa s’éveilla dans un calme presque dense. Le genre de silence qui ne fait pas peur. Un silence habité, comme si le monde, pour une fois, n’avait plus besoin de crier pour exister. Elle ouvrit les yeux sans effort, et avant même de bouger, elle sourit. Ce n’était pas un grand sourire. Plutôt un frémissement au coin des lèvres. Une reconnaissance tranquille. Je suis encore là.Elle resta un long moment allongée, les yeux tournés vers le plafond, à écouter. Son souffle, lent. Son cœur, régulier. Les bruits de la maison qui se réveillait doucement : un plancher qui craque, un robinet qu’on ouvre, des pas feutrés dans le couloir. Il n’y avait rien d’exceptionnel dans cette scène, et pourtant, tout en elle vibrait d’une gratitude simple.Elle se leva doucement. Chaque geste, ce matin, semblait pesé, comme s’il avait une importance particulière. Non pas dans la performance. Dans la présence. Elle mit ses chaussettes épaisses, enfila un pull beige, noua ses cheveux sans cherch
Ce matin-là, quelque chose était différent, et pourtant imperceptible.Il n’y avait pas de grand soleil, pas de nouvelle soudaine, pas même de rêve marquant. Mais dans l’air, dans le silence de la chambre, dans le poids des couvertures sur ses jambes, Élisa sentait une densité nouvelle. Elle ouvrit les yeux, et au lieu de chercher ce qui lui manquait, elle se demanda pour la première fois : qu’est-ce qui est déjà là ?C’était une question simple, mais elle résonna comme un gong dans sa poitrine.Elle ne bougea pas. Elle écouta.Son souffle.
Ce matin-là, le ciel était plus clair que d’habitude. Pas forcément plus lumineux, mais plus transparent, comme lavé de quelque chose. Il avait cette douceur rare des jours qui n’imposent rien, et qui pourtant semblent nous inviter à avancer, un pas après l’autre, sans trop savoir vers quoi. Élisa ouvrit les yeux lentement, bercée par cette lumière qui filtrait à travers les rideaux, effleurant ses joues encore tièdes de sommeil.Elle se sentit étonnamment bien. Pas euphorique. Pas pleine d’énergie. Mais calme. Alignée. Elle n’avait pas eu de rêve particulier, pas de révélation nocturne. Et pourtant, au fond d’elle, quelque chose avait bougé. Une paix discrète s’était posée là, comme un oiseau su
Le matin entra doucement, comme s’il craignait de déranger. La lumière traversait les rideaux dans un filet d’or pâle, posant sur les murs une clarté silencieuse. Élisa ouvrit les yeux lentement, avec cette sensation rare d’avoir dormi juste assez. Ni trop, ni trop peu. Juste ce qu’il fallait pour que son corps se sente vivant et que son esprit n’ait pas besoin de courir.Elle respira profondément, les yeux encore ouverts sur le plafond. C’était devenu un réflexe, ces dernières semaines. Ce souffle d’ancrage. Ce mouvement simple qui lui rappelait qu’elle existait, ici, maintenant, et qu’elle n’avait rien à prouver à personne.Elle se leva, marcha pieds nus sur le sol tiède, et s’arrê
Ce matin-là, Élisa se réveilla sans savoir quel jour on était. Et au lieu d’être troublée, elle en ressentit un soulagement. Depuis combien de temps ses jours n’étaient plus une suite de cases à cocher ? Depuis quand ne s’était-elle pas levée sans l’élan de devoir rattraper quelque chose ? Elle ouvrit les yeux lentement, laissant le plafond se dessiner avec clarté au fur et à mesure que sa conscience refaisait surface. Il n’y avait pas de précipitation dans son regard, seulement une douceur tranquille, celle d’une femme qui commence à se sentir chez elle dans sa propre vie.Elle s’assit dans le lit, rabattit la couverture sur ses genoux, et resta là, immobile. Elle écoutait. Les bruits de la maison — légers, lointai