Chapitre 7: L’Engrenage

Chapitre 7– L’Engrenage

Gloria 

Rafael : « L’agence t’avait déjà condamnée bien avant que tu ne me rencontres. »

 Je serre les poings. Je le savais, au fond. Mais le voir écrit noir sur blanc me brûle la poitrine. Ils m’ont effacée. Jetée comme une pièce défectueuse.

Et maintenant ?

Je suis en train de leur offrir sur un plateau d’argent des informations qu’ils auraient tué pour protéger. Est-ce que je vaux mieux qu’eux ?

—

Rafael ne me laisse pas le temps de trop réfléchir.

Rafael : « Il y a un autre problème. »

Il clique sur un fichier vidéo. L’image est granuleuse, prise depuis une caméra de surveillance. On y voit une femme, une silhouette fine, une chevelure noire retenue en queue-de-cheval. Je la reconnais instantanément.

Elena. Mon ancienne coéquipière.

Rafael : « Elle fouille. Elle te cherche. »

Mon cœur se serre. Elena est la seule à ne jamais m’avoir abandonnée. Et maintenant, elle est sur ma trace.

—

Un choix impossible.

Rafael : « Il faut l’arrêter avant qu’elle ne devienne un problème. »

Sa voix est calme. Il dit ça comme on parlerait de déplacer une pièce sur un échiquier. Je sais exactement ce qu’il veut. Il attend que je prenne une décision.

Me ranger du côté de mon ancienne amie ? Ou la trahir avant qu’elle ne me trouve ? Je prends mon carnet. J’écris lentement.

*Laisse-moi lui parler.*

Rafael arque un sourcil, amusé.

Rafael : « Tu crois pouvoir la convaincre ? »

Je le regarde droit dans les yeux. Je dois essayer sinon je ne sais pas ce qui va advenir d’elle.

—

La traque commence.

Avec l’aide des fichiers que nous avons volés, je retrouve sa position. Un hôtel discret en périphérie de la ville. Elle est seule. Javier m’accompagne. Rafael veut s’assurer que je ne fasse pas de bêtises.

Nous nous postons dans un café en face de l’hôtel. Elena ne sortira pas avant le matin. Je commande un café, mais je ne le bois pas. Les heures passent. Javier est patient. Moi, je suis en tension constante. Puis, enfin, à l’aube…

Elle apparaît. Elena traverse la rue, le regard vif, méfiant. Je me lève pour aller à sa rencontre.

Javier : « Reste prudente. »

 Je hoche la tête.

Je la suis jusqu’à une ruelle. Puis je murmure son nom mais aucun son ne sort de ma bouche, mon coeur se serre j’avais oublié que j’étais désormais incapable d’utiliser ma voix alors je hâte pas souhaitant avoir un contact physique avec elle. Mon expressément l’a arlerté et tant mieux pour moi car elle se fige instantanément, sa main allant sous sa veste – là où elle cache son arme. Un réflexe dû à notre métier. Mais quand elle se retourne et me voit, son expression change du tout au tout.

Elena : « Gloria ?! »

Elle ne m’avait pas vue depuis des mois. Et pourtant, elle me reconnaît immédiatement. Son regard oscille entre choc, soulagement et incompréhension.

Elena : « Bordel… Je croyais que tu étais morte ! »

 Je secoue la tête. Je ne peux pas parler, mais elle comprend. Elle me prend par les épaules, les yeux brillants brillant de larmes.

Elena : « Qu’est-ce qui t’est arrivé ? »

 Je sors rapidement sur mon carnet que j'ai pris pour habitude de trainer avec moi et j’écris quelques mots.

*On doit parler.*

Elle hoche la tête, mais quelque chose dans son regard change. Elle est méfiante. Elle sait que quelque chose ne va pas. Je le sais et je la comprends.

—

L’hôtel. Chambre 312.

Elle verrouille la porte derrière nous, tire les rideaux. Elle me fixe.

Elena : « Où étais-tu passée ? L’agence a effacé toutes les traces de toi. »

 Je prends une grande inspiration. Puis je commence à écrire.

*Je suis tombée sur quelque chose que je n’aurais pas dû voir.*

Elle lit.

Son expression se durcit.

Elena : « Rafael. »

Ce n’est pas une question. Elle sait.

Elena : « Dis-moi que tu ne travailles pas pour lui. »

Je ne peux pas mentir. À quoi bon ? De toutes les façons elle finira par savoir. Je la regarde droit dans les yeux. Puis j’écris à nouveau sur mon carnet :

* Je n’ai pas eu le choix.*

Elle recule, comme si mes mots venaient de la gifler.

Elena : « Putain, Gloria… »

Elle passe une main dans ses cheveux, agacée, bouleversée.

Elena : « Tu sais ce qu’il fait ? Ce qu’il est ?! »

Bien sûr que je sais. Mais l’agence n’est pas innocente non plus.

Mon ancienne coéquipier secoue la tête, incrédule ne s’attendant pas que je puisse mettre ma morale en touche.

Elena : « Il te manipule. Il va te broyer et te jeter quand tu ne seras plus utile. »

Je ferme les yeux un instant. Peut-être. Mais pour l’instant, je suis encore en jeu. Et je dois survivre.

—

Elena : « Viens avec moi. »

L’ultimatum tombe. Je lève la tête, surprise.

Elena : « On peut disparaître. Trouver un moyen de le faire tomber. »

Pendant un bref instant, l’idée est tentante. S’enfuir. Échapper à Rafael. Mais c’est impossible. Je le sais. Je prends mon carnet.Il nous retrouvera peu importe l’endroit. Elena serre les dents. Elle sait que j’ai raison. Et pourtant, elle refuse d’abandonner.

Elena : « Je vais te sortir de là. Je te le promets. »

Un frisson me traverse. Parce que pour la première fois depuis longtemps… Je sens que quelqu’un est prêt à se battre pour moi.Mais je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle. Ou le début d’une catastrophe.

Je n’ai que quelques secondes pour réagir.Elena me regarde, persuadée qu’elle peut me sortir de cet enfer. Moi, je sais qu’elle est déjà en danger. Rafael ne la laissera pas partir si elle s’approche trop près de la vérité.

Je ferme les yeux un instant. Mes pensées se brouillon dans ma tête. Je dois choisir.Fuir avec elle et risquer de nous faire traquer… Ou la convaincre de partir avant qu’il ne soit trop tard.

Je rouvre les yeux.