Du temps est passé. Je vois toujours ma psy Aude et comme pour compenser une frustration, je me précipite ensuite chez mon étudiante chinoise. Cette fois-ci, je n’arrive pas les mains vides, j’ai un colis. Hong entrouvre la porte et sourit en apercevant mon chargement. Elle me laisse entrer, j’ai l’impression que cette innovation lui plaît. Elle me claque une bise affectueuse sur la joue en se levant sur la pointe de ses pieds. Je lui tends le paquet. Elle file dans la salle de bain pour se changer. Je m’étends sur son lit et je lève les yeux au plafond, curieux de ce qui va se passer.
« Paul, vous avez été un très vilain garçon, vous méritez une bonne punition ! »
La voix de Hong résonne faible, mais déterminée. Je la regarde, son cos
Rien de tel qu’une bonne douche pour me préparer pensé-je.Je mets quelques perles de gel douche dans ma paume. Je me nettoie soigneusement. Me rincer. L’onde chaude agit comme un onguent apaisant sur mes blessures morales. Maintenant, me raser. Me rendre propre, net est une façon de me concentrer sur ce qui va suivre.Je pose les mains sur les bords de l’évier. Je soupire, souffle, la tête baissée. Le poids moral est là, omniprésent.Je saisis le blaireau, le passe sous l’eau chaude puis le frotte au savon qui bientôt mousse. Je frotte les poils recouverts de la substance onctueuse sur mes joues, mon menton, le pourtour de mes oreilles. Les angles de ma mâchoire disparaissent sous le duvet blanc.Avec attention, je me rase, en
Ma Mercedes E220 élégance, ancien modèle de 1998, engloutit le ruban de goudron, comme animée d’une conscience et d’une intention propres à elle. Mes mains délicatement posées sur le volant, j’ai dans le collimateur de l’étoile à trois pointes la route qui s’évanouit sans effort. Je suis tombé amoureux de ce modèle blanc, à la ligne un peu démodée, aux angles assez marqués, ses deux phares ronds à l’avant, pas de courbes trop douces – en particulier le coffre long et profond, une voiture d’homme spacieuse et confortable. C’est à peine si je suis conscient de ma conduite… Bercé par le vrombissement puissant et discret du moteur et ma playlist de musique où figurent des titres planants de Post-Rock, le paysage défilant, je baigne dans une autohypnose o&
Le voyage à Erquy m’a en quelque sorte réconcilié avec une part de moi, mais la plaie est là, béante. Ma personnalité de Casanova instable, velléitaire et compulsif ne me satisfait plus. C’est ce que j’ai raconté à Aude tandis que je ne pouvais m’empêcher de fantasmer une fois de plus sur ses lèvres ourlées de rouge et sur ses escarpins noirs. Je suis une contradiction ambulante, des plaques tectoniques mal ajustées qui me tiraillent, m’enlèvent toute consistance et me font souffrir. J’aspire à plus d’unité et pourtant je n’arrive pas à m’y résoudre.Je lui ai confié ma difficulté à m’interdire de m’envoyer en l’air avec les femmes. C’est alors qu’elle m’a dit une chose intéressante
Je ferme les yeux, j’entends les réacteurs de l’avion vrombir, la gravité me colle au siège, ma voisine se serre un peu contre moi, sans doute pour se rassurer un peu: réflexe atavique.Je me remémore ce qui s’est passé la veille entre Annie et moi. Peut-être étais-je de particulièrement bonne humeur ce jour-là, c’était la veille du début de mes congés.Entre nous, ce n’est jamais l’indifférence, sous le calme flirte la tension électrique et en pleine détestation affleure toujours la passion. Comme chien et chat. J’aime son esprit, ses formes, son caractère psychorigide et je crois que malgré elle, elle est fascinée par mon esprit souple, flirteur, aux antipodes de sa pensée et de la morale qui lui a &e
*** Point de vue de Paul ***Je prends ma douche et me lave soigneusement. Je suis à peine sorti du jet dru et chaud de l’eau, encore en train de m’essuyer avec la longue serviette blanche de l’hôtel que j’entends frapper à ma porte. La masseuse est ponctuelle, ça m’évitera d’avoir à me déshabiller!Je me précipite, les pieds encore mouillés pour ouvrir la porte. Et là, je reste un moment sans voix. Devant moi se tient la Latine dans toute sa splendeur, la brune qui me pourfendra le cœur. Une femme d’un peu moins de la trentaine, dans les 1,70m, toute en courbes, des yeux noirs où brille la flamme de l’esprit. Mon Dieu, ne parle pas ou si tu parles, parle bien, ne brise pas
*** Point de vue de Paul ***«Vous valez mieux que ça.»Ses mots résonnent dans ma tête comme le tocsin. Je tiens dans ma main sa chaîne au crucifix. Une croix toute simple en argent sans le Christ souffrant.Mon cœur rêvasse, a envie de s’enflammer: peut-être cette jeune femme sera ma rédemption, mon chemin, ma lumière?Ou est-ce encore une fantasmagorie de mon esprit? Pour le savoir, il n’y a qu’un moyen: la retrouver, lui parler. Et je verrai si ce fantôme de mon esprit prend chair ou, au contraire, une fois de plus, s’évanouit comme la fumée.Pour l’ins
*** Point de vue de Paul ***Je me réveille avec la gueule de bois. Je crois que j’ai abusé des bonnes choses hier et notamment du p’tit punch. Le souvenir de mes étreintes avec les deux nymphes vient me réconforter de ses ailes languides. Jusqu’ici je ne me voyais guère père, me voilà possible géniteur me dis-je sans me faire d’illusions sur les intentions de mes deux nouvelles copines. Géniteur, mais pas père… Après tout, pourquoi pas? Et surtout, si ce n’est pas moi, ce sera un autre, et j’en ai bien profité. Personnellement je préfère qu’un enfant atterrisse dans les bras d’un couple de lesbiennes qui le désire fort plus que dans ceux d’un couple d’hétéro
Nous sommes tous facilement explicables, mais restons inextricables (Vénus à la fourrure, Sacher Masoch)*** Point de vue de Paul ***La bruyère courbe l’échine sous le vent de Bretagne. En bas des falaises, le ressac fait entendre son grondement. Les odeurs des genêts et de l’iode se mélangent.J’avance sur une longue plage de sable fin, longue à n’en plus finir. Le sable me brûle la plante des pieds. Les minuscules particules crissent doucement.Le ciel est d’un bleu vraiment bleu, comme on en voit dans les prospectus d’agence de voyages. La mer est d’un vert opale, genre pub shampoing L&r
*** Point de vue de Paul ***Dehors les flocons de neige tombent à grosses volutes et tourbillonnent dans la faible lumière de ma fenêtre éclairée. En ce soir de Noël, je suis seul, mais bien. Enroulé dans ma couverture polaire, je savoure un Armagnac qui glisse par goulées lentes dans ma gorge. Le digestif réchauffe tout mon être.Ma chatte Bastet vient se frotter contre mes jambes et ronronne. Elle attend des caresses et que je m’installe sur mon fauteuil avec dossier massant, releveur électrique pour les jambes, le tout habillé d’un cuir marron. Une pure merveille qui fait face au deuxième fauteuil hélas! vide de ma femme qui est partie veiller des parents mourants en République dominicaine.
*** Point de vue de Paul ***Les grillons chantent par cette nuit d’été. Lune rousse dans le ciel éclaire les flancs des montagnes de l’arrière-pays provençal. Je regarde nos deux invités qui nous sont tellement familiers maintenant: Aude et Jean-Louis. Nous sommes à cette heure de la soirée où les langues se délient, notre petite Solea est couchée depuis bien longtemps, mais nous chuchotons tranquillement dans la quiétude du moment. L’eau de la piscine, éclairée par quelques lampes au fond, projette une lumière bleue. Linda a le menton posé sur la main et devise avec Aude sur la beauté du village que nous avons visité: La roquette sur Var. C’est une bourgade enclavée dans les mont
** Point de vue de Paul **Avec ma femme à mes côtés, je parcours les derniers kilomètres du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui nous mène à Conque en Auvergne. Conque une ville, mais aussi le nom d’un beau coquillage dont l’embouchure fait penser aux lèvres du sexe de la femme. Le soleil de cette fin d’août darde de ses rayons pas trop ardents nos peaux échauffées à travers les feuillages. Les oiseaux gazouillent. Cela fait maintenant une dizaine de jours que nous sommes partis du Puy en Velay et parcourons l’Auvergne et ses flancs arrondis. Ce sont des congés loin de l’agitation mondaine pour nous retrouver. C’est la première fois que Linda s’adonne à ce genre d’exercice. J’avais peur que &c
*** Point de vue de Paul ***Avant le rendez-vous avec Aude, je flâne entre les tombes du cimetière Montparnasse. Quelques jonquilles fleurissent vaillamment malgré les cailloux et les blocs de pierre plus ou moins vieux. Les croix ouvragées ou simples répondent aux quelques fleurs présentes. Le soleil de printemps réchauffe doucement le lieu et mon être serein. Je cligne des yeux et passe ma main en visière pour admirer un superbe cèdre aux immenses branches et au tronc énorme. Depuis combien de temps veille-t-il sur ce lieu? Quelques siècles? Je prends conscience que ma vie n’est qu’un nuage, destinée à s’enfuir dans un souffle imperceptible.Il est bientôt 16h, je me dirige noncha
*** Point de vue de Linda ***Je ne suis vraiment pas sûre que ce soit une bonne idée, mais il est trop tard. Assise confortablement dans la voiture de Paul, je me laisse embarquer dans ce qui pourrait bien être une grosse ineptie. Et puis voir la psychologue de Paul… Comment vais-je réagir? Les arbres décharnés de la forêt de Fontainebleau défilent lentement en contrepoint de mes pensées. Les branches griffues recouvertes d’un fin duvet blanc se perdent dans le gris d’un matin de février. Guère emballant. Mais peut-être est-ce la peur de l’inconnu?Je regarde mon homme qui conduit. Il est assez excité de vivre cette expérience et en attend beaucoup. J’espère qu’il
*** Point de vue de Paul ***L’instant d’après que mes aveux soient sortis de ma bouche, le stylo d’Aude s’arrête d’écrire dans sa course sans fin. J’imagine la ligne de calligramme presque illisible sur le papier blanc pareille à un électroencéphalogramme qui s’arrête, suspendue au cheminement de sa conscience entrelacée à la mienne. L’espace d’une heure, nos deux consciences vivent en osmose, c’est sans doute pour ça que les séances de psychothérapie sont aussi intenses et éprouvantes. Nous sommes nus, vulnérables.—Vous vous rendez compte que vous avez frappé votre femme?Je ne m’agite m&ecir
*** Point de vue de Linda ***En ce froid jour de décembre, je m’apprête pour mon travail. Je n’ai pas mis longtemps à décrocher un travail dans une agence de voyages en tant que conseillère-clientèle.Le responsable m’avait dit en me reluquant: «Avec votre présentation et votre maîtrise du français, vous avez le profil parfait pour faire voyager la clientèle rien qu’en vous regardant.»J’avais répondu à son compliment déguisé un peu lourd par un grand sourire. Lui-même ou devrais-je dire François n’était pas désagréable à regarder avec son costume et sa chemise blanche.
Je me trouve au seuil. Puis je prends du recul. Pour la première fois, je détaille la porte du 7 rue de l’enfer. C’est une porte impressionnante, fantastique. Le pourtour vertical est constitué de deux monstres marins à la queue d’hippocampe, la tête à l’envers, et le tympan, d’une gueule de lion avec sa crinière de part et d’autre en forme de vagues, ouverte, prête à dévorer le visiteur impudent. La porte, quant à elle, en bois épais et vermoulu est percée d’une petite lucarne recouverte d’une grille en fer forgé.Il y a plus accueillant quand on y songe. J’appuie sur le bouton de l’interphone. La voix chaleureuse d’Aude en contraste avec mes impressions précédentes me répond. Je franchis le passage. Tout me semble nouveau alors que cela fa
Nous sommes tous facilement explicables, mais restons inextricables (Vénus à la fourrure, Sacher Masoch)*** Point de vue de Paul ***La bruyère courbe l’échine sous le vent de Bretagne. En bas des falaises, le ressac fait entendre son grondement. Les odeurs des genêts et de l’iode se mélangent.J’avance sur une longue plage de sable fin, longue à n’en plus finir. Le sable me brûle la plante des pieds. Les minuscules particules crissent doucement.Le ciel est d’un bleu vraiment bleu, comme on en voit dans les prospectus d’agence de voyages. La mer est d’un vert opale, genre pub shampoing L&r