« À moi », me souvenais-je grogner. Ces mots reflétaient toute la faim de mon loup et un besoin qui émanait de mes racines.Je réalisai avec une clarté aveuglante qu’il n’y avait pas que cette maison qui était pleine à craquer de souvenirs de Cerise, mais que, comme les dessins qu’elle créait, je faisais moi aussi partie d’elle. Maintenant, j’étais à elle.Chapitre 8 CeriseSept ans plus tardLa lumière de l’après-midi inondait mon atelier d’art alors que je montais les escaliers pour accéder à cet espace spacieux. Maisy, mon assistante, me suivait, ralentie par la robe qu’elle tenait dans les bras, comme si elle était en verre.« Habille le mannequin, et tu pourras passer aux retouches », ai-je dit.« Ça marche », répondit Maisy gaiement.Mes talons claquaient sur le parquet et j’étais contente de pouvoir me poser sur le fauteuil de mon bureau. Je crois que je ne m’étais pas assise de la journée.Mon attention se porta sur la robe que Maisy était en train de draper sur le mannequin
Dans le salon, je m’installai confortablement sur le canapé crème, savourant mon Riesling bien frais. En respirant le parfum des plantes d’intérieur dispersées dans la pièce, je me sentis plus sereine. Il y avait une dizaine de mes plantes préférées, dont un ficus, une monstera et une cordyline. Un peu comme quand je pense aux textures en dessinant, je m’étais mise à acheter et à prendre soin de plantes, chaque feuille apportait sa touche de diversité.Quand Carl me rejoignit sur le canapé, il tira mes pieds sur ses genoux et se mit à les masser. Je posai mon verre et fermai les yeux. Mon corps vibrait à la fois de satisfaction et de désir quand ses doigts experts pétrissaient ma peau nue. Je me demandais ce que je ressentirais s’ils caressaient le reste de mon corps.Pour l’instant, nous n’avions fait que nous embrasser. Il avait été patient, il savait que je voulais être sûre avant de coucher avec lui. Je lui avais expliqué que je ne pouvais pas me permettre de faire des folies avec
CeriseQuand je lâchai Bert, le sourire décontracté de mon ami fit naître un sourire similaire sur mon visage. « Quoi ? », demandai-je. « Fern, c’est une pile électrique, hein ? »Je rigolai, me rappelant néanmoins que je devais rester prudente. Je fis un geste vers le canapé pour inviter Bert à s’asseoir, profitant de ce moment pour reprendre le contrôle de mon angoisse. Je remerciais ma bonne étoile d’avoir pris la précaution de cacher l’odeur de métamorphe de Fern. J’étais allée voir une sorcière dans le quartier de Mitte, à Berlin, qui m’avait donné des médicaments pour que l’odeur de ma fille ne soit pas détectable par ceux qui ont des capacités non naturelles. Mais je savais que je ne pouvais pas révéler ma nervosité à mon ami au sujet de ma fille, sinon il aurait des soupçons.« C’est sûr qu’on ne s’ennuie jamais avec elle », lançai-je.Les grands yeux bleus de Bert m’observaient, et il ne demanda pas où était son père, mais le silence s’en chargea. Consciente de devoir aborde
Les yeux de Bert étaient sombres. « C’est vrai qu’elle a vraiment l’air de vouloir une figure paternelle. Est-ce que tu as… » Il hésitait. « Est-ce que tu vois quelqu’un ? »Je soupirai, l’estomac noué. « Je vois quelqu’un, mais c’est tout récent. Je ne sais toujours pas quoi penser de lui, honnêtement. » En pensant à Carl, je réalisai que je devrais probablement l’appeler, pour le prévenir que je ne serai pas en ville de la semaine. Surtout après sa déclaration de l’autre soir.Cherchant à échapper à toute cette attention, je demandai : « Et toi, tu as quelqu’un dans ta vie ? »Bert ricana. « J’ai habité avec Amy pendant quelques années. »« J’ai toujours adoré Amy », dis-je en repensant à la jeune femme brune, athlétique, et pleine de fougue de notre meute. Bert hocha la tête. « Amy est géniale, mais on s’est rendu compte au bout de deux ans qu’on voulait des choses différentes. Elle est plus du genre citadine ambitieuse. » Il reconnut en riant : « un peu comme toi, je suppose. Alo
Mon père hocha la tête, une lueur malicieuse dans les yeux. « Tu vas y arriver. Je dis tout le temps à mes collègues que personne n’a une meilleure éthique de travail que ma petite puce. » Je perçus la fierté dans sa voix. Pourtant, je savais qu’il pensait que j’étais accro au travail. Il avait essayé de m’encourager au fil des années à consacrer plus de temps à ma vie personnelle, mais je détournais systématiquement le sujet. J’avais trop peur de m’approcher du sujet de… Fern.« Ça me ferait plaisir que tu viennes me rendre visite à Berlin », dis-je en sirotant mon café pour que ma proposition ait l’air plus naturelle. Mon père fit une tête surprise. « Qu’est-ce qui se passe ? Je sais que tu as dû revenir pour le baptême du nouvel Alpha, mais tu ne m’avais jamais invitée à Berlin. »J’appréciais le tact de mon père qui n’avait pas appelé Dylan par son nom, tout en me rappelant qu’il allait falloir que je m’endurcisse. Bientôt. Je le verrai demain.« Je suis mieux établie à Berlin m
CeriseMon regard se posa sur le grand corps musclé de Dylan. Il portait un pantalon noir et une chemise bleu foncé. Il était aussi beau que dans mes souvenirs. Mais mes souvenirs ne m’avaient pas prévenue que sa beauté sauvage serait aussi troublante. Je remarquai que sa mâchoire forte et son front fier étaient encore plus marqués maintenant qu’il avait les cheveux plus courts. Courant le risque de le fixer trop longtemps, j’étais contente d’avoir quelque chose à faire. Mon père m’avait rappelé une coutume de la meute que j’avais oubliée : offrir un cadeau au nouvel Alpha. Il était coutume de donner quelque chose de fait maison au nouvel Alpha de la meute quand on le voyait pour la première fois. En arrivant chez mon père, je m’étais sentie bête de n’avoir rien d’autre de fait maison que les robes que j’avais apportées. Et elles n’iraient pas vraiment à Dylan.Mais mon père était venu à ma rescousse en me donnant une bouteille de son vin maison. Bouteille qui se trouvait dans mon ca
En ayant terminé avec la diablesse, Lucy remit ses talons avant de me ramener Dylan. Ce faisant, elle commenta d’un air amusé : « Mon Dieu, vous êtes marrants l’un à côté de l’autre. Tu as réussi à m’atteindre, Cerise, mais je ne sais pas comment tu vas faire pour prendre les mesures de Dylan. »Je savais qu’elle faisait une allusion au fait que Dylan et moi formions un couple mal ajusté, mais je me contentai de répondre : « Ne vous inquiétez pas, je connais toutes les ficelles du métier. Un client comme Dylan requiert un équipement spécial. » Je montai sur une chaise que j’avais trouvée au fond de la pièce pour pouvoir atteindre facilement le cou de Dylan.Je sentais que Lucy me fixait du regard, mais le temps que je trouve mon rythme en mesurant les épaules de Dylan, elle s’était lassée. Elle était partie s’installer sur le bureau où son compagnon était assis tout à l’heure, et elle était concentrée sur l’écran de son téléphone. J’essayai de cacher mon sourire, pour une fois, c’ét
Je hochai la tête, me forçant à sourire, même si mon moral était au plus bas, parce que je savais que c’était fini. Nous n’avions plus aucune raison de rester dans l’atelier de ma mère. Il y avait ma Cérémonie d’Alpha à préparer pour demain. Lucy était sans doute en train de commander le livreur à l’extérieur. Mon père était probablement en train d’aider le chauffeur à décharger. Je savais que je devais descendre et l’aider. Je devais accepter que ce moment inattendu avec Cerise soit tout ce dont j’aurais le droit. J’en avais gros sur le cœur en me préparant à la voir partir, à la voir sortir de ma vie. Encore une fois. Mais… elle était encore là. Sa voix était sincère. « J’espère que toi aussi tu seras heureux, Dylan. »Je me sentais lourd. « Je ne suis pas heureux », me poussait à admettre son ton honnête.Cerise pâlit.« Je ne peux pas. » Je serrai la mâchoire avant d’avouer : « Je ne suis pas amoureux de Lucy. »Elle me regarda choquée, puis confuse. « Mais tu vas l’épouser ? »J
— Je suis vraiment désolé d'être en retard, dit Daniel en faisant irruption dans la pièce.— Je veux un échantillon de son sang et de ses tissus cutanés. Prenez aussi quelques prélèvements. J'ai besoin de faire des tests, dit-elle à Daniel avant de partir.— Comment allez-vous ? demande Daniel une fois qu'elle est partie.— Que voulez-vous dire par comment je vais ? Vous n'êtes pas inquiet ? je demande avec anxiété.— Non, je ne le suis pas, dit-il avec un sourire.— S'il vous plaît, dites-moi que vous avez un plan.— J'en ai un, répond-il, toujours souriant.— Dites-moi juste.— D'accord. Je savais que quelque chose comme ça arriverait bientôt. Alors, j'ai conçu autre chose pour aider, et je l'ai intégré dans la potion que je vous donne.— Donc, je n'ai rien à craindre ?— Oui, vous n'avez absolument rien à craindre. La potion est complètement indétectable. Elle disparaît de votre système après un jour. Et c'est tout le temps nécessaire pour qu'elle agisse.— Bien, je pensais que j'a
EllaJe m'étais en quelque sorte habituée à la douleur. Bien qu'elle fût toujours atroce, je savais à quoi m'attendre. De temps en temps, elle changeait sa routine, mais à ce stade, je pense qu'elle avait épuisé son répertoire de nouvelles tortures.Je venais de terminer une autre séance avec Hannah. C'est ainsi que j'avais commencé à les appeler. J'avais aussi appris à ne pas perdre connaissance après chaque torture. C'était presque impossible à éviter, mais j'avais trouvé un moyen. J'étais déterminée à savoir ce qui se passait quand j'étais inconsciente. Et c'est ainsi que j'ai rencontré Daniel.Flash-back— Qui êtes-vous ? dis-je faiblement. Il semblait avoir une cinquantaine d'années.— Vous êtes réveillée. On m'avait dit que vous étiez généralement inconsciente, dit-il.— Vous n'avez pas répondu à ma question.— Je suis Daniel. Je suis nouveau ici. J'ai commencé il y a une semaine.Son visage était brûlé et avait un aspect terrible. Était-ce le résultat de son travail ici ?— Qu'
— Juste à temps. La dernière est morte à cause d'un seuil de douleur trop bas, mais elle, elle a une tolérance élevée à la douleur, dit Hannah avec excitation.— Je ne comprends pas. Qu'allez-vous me faire ? je demande avec lassitude.— Je vais prélever tes phéromones, dit-elle simplement.— Qu'allez-vous faire de mon odeur ?— Je vais la donner à Max. Oscar tombera automatiquement amoureux d'elle et fera tout ce qu'elle voudra, explique Andrew.— Vous ne pouvez pas lui faire ça, dis-je en sanglotant.— Eh bien, je le peux, et je le ferai, dit-il en riant.J'étais dévastée par les extrémités auxquelles l'Alpha Andrew était prêt à aller juste pour conserver le pouvoir. Il voulait quelqu'un qui serait sa marionnette. Si quelque chose tournait mal, Oscar perdrait ses sens à vie. Il deviendrait fou. La douleur m'envahit à l'idée que j'allais perdre mon âme sœur pour toujours.Je me réveille dans l'obscurité, désorientée et terrifiée. Mon corps semblait lourd, comme lié par des entraves in
EllaJ'ai ouvert les yeux, m'habituant à la pénombre. La pièce se dessine lentement, révélant de vagues contours d'objets et un jeu d'ombres. Les détails restent flous, accentuant le sentiment de mystère et piquant ma curiosité sur l'endroit où je me trouve. Le peu d'informations visuelles me laisse avec plus de questions que de réponses.Alors que ma conscience revient progressivement, je me retrouve dans une pièce faiblement éclairée. Je me sens groggy et désorientée, et j'ai du mal à comprendre mon environnement. Je pouvais distinguer les ombres. Finalement, j'obtiens une meilleure vue de mon environnement.Physiquement, je ressens une lourdeur, comme si mon corps émergeait progressivement d'un profond sommeil. Mes muscles sont raides, protestant contre l'immobilité prolongée. Bouger me semble être une corvée, mes mouvements sont lents et mal coordonnés alors que j'essaie de me réorienter dans cet espace faiblement éclairé.— Notre petite princesse est réveillée, j'entends une voix
— Arrête de parler comme si tu allais mourir, dit-il.— Et moi qui pensais que je serais celle avec des commentaires comme ça, dis-je en riant.— S'il te plaît, reviens saine et sauve, dit-il avec inquiétude.— Je le ferai. Je te le promets, dis-je avant de mettre fin à l'appel.Je devais trouver un moyen de sortir de ce pétrin, et vite. Je devais aussi cacher ce téléphone. Retirant la carte SIM, je la brise en deux puis je cache le téléphone. C'était la preuve dont nous avions besoin pour coincer Alpha Andrew, et je serais damnée si je la laissais hors de ma vue.Cela fait deux semaines que j'ai fui pour éviter d'être capturée par Haydn. Il n'y avait encore aucun signe de lui, mais j'étais sûre qu'il surveillait et faisait des plans pour obtenir les preuves que j'avais. J'avais refusé de quitter le restaurant, voyant que c'était mon seul endroit sûr. J'avais coupé toute communication avec Alan et Nora, donc j'étais sûre qu'ils ne remonteraient rien jusqu'à eux.J'ai continué à travai
J'ai immédiatement crocheté la serrure, sentant une décharge d'adrénaline lorsque la porte s'est ouverte, révélant une pièce faiblement éclairée. En franchissant le seuil, j'ai été aussitôt accueillie par un silence qui semblait résonner dans toute la maison. L'air était chargé d'une tension indescriptible.Avançant avec précaution, je me précipite dans son bureau. Je sors tous les documents qui constituaient des preuves. J'en prends des photos, l'un après l'autre. Je n'avais pas le temps de les photocopier, alors je devais me contenter de ce que j'avais.— Que fais-tu ? rugit la voix de Haydn depuis l'embrasure de la porte de son bureau. Je sursaute, surprise par sa voix.— Je sais ce que tu as fait avec l'Alpha Andrew. Voici les preuves contre lui, dis-je.— Tu n'aurais pas dû voir ça. On s'en sortait si bien, dit-il avec colère.— Eh bien, maintenant je l'ai vu. Alors, que va-t-il se passer ?— Maintenant, je ne peux pas te laisser partir, dit-il. En un éclair, il se précipite vers
— Tu veux bien me faire visiter ? je demande doucement.— Bien sûr, ça ne me dérange pas du tout, répond-il.Une musique d'ambiance douce emplissait l'air, créant l'atmosphère parfaite pour notre soirée en tête-à-tête. Le parfum des fleurs fraîchement coupées se mêlait à l'arôme subtil des bougies, créant un parfum enivrant qui enveloppait la pièce. La terrasse avait une table bien décorée avec des bougies et un couvert déjà dressé. Je suppose que c'est là que le rendez-vous va se dérouler.Nous avons fait le tour de la maison, de sa bibliothèque à son atelier d'art, en passant par sa chambre, et enfin la pièce la plus importante, son bureau. Si je n'avais pas été en mission, j'aurais apprécié le mobilier et la vue qu'offrait la maison, mais j'étais trop occupée à réfléchir à la façon de réaliser mon plan.Alors que nous nous asseyions à la table élégamment dressée, ornée de bougies vacillantes et de délicats arrangements floraux, un sentiment d'anticipation emplissait l'air. Nos rega
EllaJ'étais sortie non pas une, mais plusieurs fois avec Haydn. Il était évident qu'il avait un faible pour moi. J'en ai profité. Il était secret, je dois l'admettre, mais il m'avait expliqué comment les vampires se déguisaient dans le monde humain. Ils portaient des lentilles de contact pour cacher leurs yeux rouge sang. J'avais besoin d'informations, et le seul moyen d'y parvenir était d'accepter son invitation à voir sa maison.— Je peux t'entendre réfléchir d'ici, dit Nora depuis le salon. C'était mardi, donc c'était mon jour de congé. Elle et Alan avaient décidé de venir nous rendre visite. Cela faisait presque un an qu'on ne s'était pas vus.— Je pense que je vais accepter son invitation à visiter sa maison, dis-je soudainement. Ils s'arrêtèrent tous dans leurs activités.— Pourquoi ? demande Alan, ramassant la balle en caoutchouc avec laquelle il joue avec Isaac.— Nos enquêtes n'avancent pas. Je dois faire quelque chose, leur dis-je.— Ça prendra du temps, mais tu n'es pas ob
— Ouais. Je me demandais quand tu le remarquerais, dit-elle avec un grand sourire. La petite bague en diamant taille princesse brillante à son doigt était vraiment magnifique.— Oh mon Dieu, Alan t'a demandée en mariage ? je crie avec excitation. Sautant et la serrant dans mes bras en même temps.— Oui, c'est vrai. Elle dit cela, vraiment heureuse.— Demander, répète Isaac, nous faisant éclater de rire.— Oui, bébé. Tante Nora est fiancée, je dis lentement à Isaac.— Je le suis. Je pensais que j'attendrais éternellement, mais je suppose qu'il savait que je pourrais le demander s'il ne le faisait pas, dit-elle. Typique de Nora.— Je suis tellement heureuse pour vous, je dis avec un sourire.— Mais je ne pense pas vouloir d'enfants, du moins pas maintenant. Nous avons tous les deux notre carrière devant nous. Les enfants peuvent venir plus tard. En plus, nous avons déjà celui-ci ici, et il est déjà bien assez. Elle se dépêche de dire cela avec un rire nerveux.— Vous serez tous les deux