LysandraLe silence est lourd après le départ de Seth. Il a laissé derrière lui une traînée de chaos invisible, une tempête qui gronde dans nos esprits sans encore éclater. J’observe Ciel, son regard rivé sur le morceau de papier où un seul nom est écrit. Alvarez.Ce nom est une plaie encore ouverte, une cicatrice mal refermée. Je serre les dents.— On ne peut pas lui faire confiance, dis-je enfin, brisant le silence.Ciel inspire profondément avant de hocher la tête.— Je sais. Mais il a des informations dont on a besoin.Je me lève brusquement, envoyant ma chaise valser contre le mur.— Ça ne t’inquiète pas ?! On est en train de jouer son jeu, encore une fois !Il ne réagit pas à mon explosion. Il reste assis, les coudes appuyés sur ses genoux, le regard sombre.— Bien sûr que ça m’inquiète, Lys. Mais qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? On ignore l’avertissement et on attend que Dante nous tombe dessus ?J’ouvre la bouche pour répliquer, mais aucun mot ne sort. Parce qu’il a raison.
LysandraL’air sent la poussière et la sueur, une odeur âcre qui s’accroche à ma gorge. Dans l’entrepôt faiblement éclairé, Alvarez est appuyé contre une caisse de bois, les bras croisés, un sourire en coin. Il sait que ce qu’il va nous dire va changer la donne.— Dante a déjà commencé à reconstruire son empire, annonce-t-il d’un ton neutre.Un frisson parcourt mon échine.— Il ne se contente pas de récupérer ce qu’il a perdu, poursuit-il. Il veut l’agrandir.Ciel se tend légèrement à mes côtés. Je vois la manière dont ses doigts se crispent sur son pantalon, un signe infime de tension.— Comment ? demandé-je d’une voix froide.Alvarez laisse planer un silence avant de répondre :— En éliminant tous ceux qui se mettent sur sa route.Le poids de ces mots s’écrase sur ma poitrine.— Tu peux être plus précis ? demande Ciel d’un ton glacial.Alvarez nous observe longuement avant de répondre, comme s’il savourait notre malaise.— Il a passé un accord avec les Russes.Le silence devient ass
LysandraCiel échange un regard avec moi. On n’a pas le choix.— Donne-nous l’adresse, ordonne-t-il.Kieran hésite une seconde, puis attrape un carnet, arrache une page et nous la tend.— Faites gaffe. Dante est plus dangereux que jamais.Ciel récupère le papier, le plie sans même le regarder.— On sait.CielLa voiture roule à vive allure. J’ai le plan en tête. Pas d’hésitation, pas d’erreur. On frappe vite, on frappe fort.Lysandra charge son arme à côté de moi. Son regard est dur, concentré.— On y va seuls ? demande-t-elle.Je secoue la tête.— J’ai envoyé un message à Kael et à Nova. Ils nous rejoindront là-bas.Elle acquiesce.Le silence s’installe. Un silence lourd, rempli de tout ce qui pourrait mal tourner ce soir.Puis, enfin, nous arrivons.L’entrepôt se dresse devant nous, immense, imposant, baigné dans l’obscurité. Quelques lampes de sécurité projettent des ombres inquiétantes sur les murs de tôle.J’attrape mon arme, vérifie mon chargeur.— Prête ?Lysandra me regarde, u
LysandraMais ce n’est pas ça qui me dérange. Ce n’est pas la mort qui me serre la poitrine.C’est Ciel.Il se tient là, au milieu du carnage, immobile, la lame encore plantée dans le ventre de Dante. Son souffle est court, ses doigts crispés autour du manche. Il ne bouge pas, ne cligne même pas des yeux.Je m’approche lentement.— Ciel…Aucune réaction.Kael et Nova restent en arrière, silencieux. Ils savent que c’est à moi de le ramener.Je pose ma main sur son poignet.— C’est fini.Un frisson secoue son corps. Puis, lentement, il relâche la lame. Dante s’effondre comme une poupée désarticulée.Ciel lève enfin les yeux vers moi.— Ce n’est jamais fini.Sa voix est rauque, brisée.Je serre sa main.Je ne sais pas quoi répondre.---On quitte l’entrepôt, le corps engourdi par la fatigue et l’adrénaline retombée. L’aube perce l’horizon, projetant une lueur froide sur le chaos que nous laissons derrière nous.Le monde reprend son souffle.Moi, j’ai l’impression de suffoquer.Dans la vo
LysandraLe poids du danger est tangible, suspendu au-dessus de nous comme une épée prête à s’abattre.Nous avons à peine eu le temps de respirer, de croire à un instant de répit, et déjà la menace revient, implacable.Dans la pièce, Nova fait les cent pas, les bras croisés, le regard sombre. Kael, appuyé contre le mur, garde le silence. Quant à Ciel, il reste immobile, son visage un masque de calme glacial.— Il faut agir vite, dit Nova en rompant le silence. On ne sait pas à quel point ce type est blessé ni où il se cache, mais s’il a survécu, il parlera.Ciel hoche la tête, sa voix posée, tranchante.— On le retrouve. Et on l’élimine avant qu’il n’ait l’occasion d’ouvrir la bouche.Aucun d’entre nous ne remet en question cette décision. C’est une nécessité, une évidence.— Des pistes ? je demande en croisant les bras.Kael relève enfin la tête.— On a repéré un mouvement suspect près de l’un des anciens entrepôts de Dante. Un homme correspondant à la description aurait été aperçu e
LysandraUn silence s’installe.Puis Nova lâche un soupir.— Alors on doit se préparer.Ciel acquiesce.— Doublez la surveillance. On ne peut pas se permettre d’être pris au dépourvu.Nova et Kael s’échangent un regard.— Je vais contacter nos informateurs, dit Kael. On verra si quelque chose bouge en ville.Nova se frotte le front.— Quant à moi, je vais m’assurer que toutes les issues sont sécurisées.Je les regarde partir, puis je me tourne vers Ciel.— Et nous ?Il me fixe un instant avant de répondre.— Toi, tu vas dormir.Je hausse un sourcil.— Tu plaisantes ?— Pas du tout.Son ton est calme, mais tranchant.— On a besoin de toi en pleine possession de tes moyens, Lysandra. Et tu es à bout.Je serre les dents.Il n’a pas tort, mais ça ne signifie pas que j’aime l’entendre.— Et toi ?— J’ai des choses à régler.Bien sûr.Ciel ne dort jamais. Pas vraiment.Je soupire, mais je sais que discuter ne servirait à rien.— Fais attention, dis-je en le fixant droit dans les yeux.Il ne
LysandraLe vent froid de la mer me fouette le visage alors que je me glisse silencieusement dans l’ombre, cachée dans une ruelle étroite. L’odeur du sel et de la brume m'envahit. Les lumières de la ville, bien qu’éloignées, éclairent les silhouettes des hommes qui s'approchent.Les bruits sont étouffés par l’obscurité, mais mon cœur bat fort, trop fort. Les pensées se précipitent, chaque détail se cristallise dans mon esprit, chaque bruit, chaque mouvement. Ciel à mes côtés est aussi calme que toujours, ses yeux scrutent l’obscurité, son arme prête. Il est prêt à agir. Lui, il l’a toujours été.Moi, j’hésite.La question résonne dans ma tête, toujours la même. Est-ce que je peux réellement les tuer ?Mais il n'y a plus de place pour les doutes maintenant. Ce n'est plus une question de vie ou de mort pour nous. C'est une question de survie.J'entends des pas qui se rapprochent. Mon corps se tend, la tension monte. Kael est déjà positionné sur le toit voisin, prêt à intervenir à la moi
LysandraLe vent marin s’est chargé de cendres et de sang. L’odeur est âcre, poisseuse, et pourtant, elle n’a rien d’inhabituel. Je suis accroupie derrière un amas de débris, mon souffle contrôlé, ma lame encore tiède de la dernière vie que j’ai prise. Mes doigts la serrent plus fort que nécessaire.Le silence après une bataille est toujours le plus étrange. Juste après l’explosion, le chaos, les hurlements, il y a ce vide absolu. Comme si le monde retenait son souffle, comme si la mort elle-même observait, satisfaite.Nova sort de sa cachette le premier, essuyant son front d’un revers de main. Il nous jette un regard rapide, analyse la situation, et murmure :— On doit bouger.Ses mots sont inutiles. On le sait. Ciel, lui, est déjà en mouvement, ses pas légers, ses gestes précis. Kael descend du toit et atterrit souplement, ses yeux fixés sur les corps à terre.— Ils avaient des renforts. Pas loin.Je hoche la tête, mon cœur reprenant un rythme plus violent. On n’a pas le luxe de s’a
LysandraL’aube se lève lentement, teintant le ciel de nuances douces, trop paisibles pour ce que je ressens à l’intérieur. Mon corps est encore brûlant de sa présence, mes lèvres portent la trace de ses baisers, et pourtant, une peur sourde s’accroche à mes entrailles.Ciel dort, son souffle calme, son bras autour de ma taille comme s’il avait peur que je disparaisse. Mais ce n’est pas moi qui fuis.C’est lui.Et ce matin, je refuse de le laisser partir sans avoir mis des mots sur ce qui nous consume.Je me redresse lentement, le cœur battant plus fort que je ne le voudrais. Il grogne légèrement, ses cils frémissent avant qu’il ne cligne des yeux.— Lys…Sa voix est rauque de sommeil, son bras cherche à m’attirer contre lui, mais je ne bouge pas.— On doit parler.Il se fige. Juste un instant. Puis, il pousse un soupir avant de se redresser, s’appuyant sur un coude.— Ça sonne grave.— Ça l’est.Il passe une main dans ses cheveux, visiblement en train de peser ses mots. Je ne lui lai
LysandraCiel dort. Enfin.Son souffle est irrégulier, comme s’il luttait encore contre quelque chose dans son sommeil. Je pourrais passer la nuit à le regarder, à veiller sur lui, mais la tension dans mon corps est insupportable.Je sors.L’air est froid, tranchant. La mer est calme, mais le silence est trompeur. Tout est toujours sur le fil.Comme nous.Je serre mes bras autour de moi. Je devrais être soulagée. Ciel est là. Il est vivant. Pourtant, une angoisse sourde me ronge. Comme si rien n’était réellement terminé.— Tu comptes rester dehors toute la nuit ?Je sursaute.Ciel est sur le seuil, torse nu, une couverture jetée sur ses épaules. Ses yeux sombres me sondent.— Tu devrais te reposer, dis-je doucement.— Toi aussi.Il s’avance lentement. Son visage est fermé, mais son regard brûle.— Je n’y arrive pas, murmuré-je.Il s’arrête juste devant moi.— Pourquoi ?Je détourne les yeux.— Parce que j’ai peur.— De quoi ?— Que tu disparaisses encore.Il pose une main sur ma nuque
LysandraLes jours passent, mais quelque chose s’est brisé en lui.Je le vois. Je le ressens.Ciel ne parle presque pas. Il est là, physiquement, mais son esprit semble toujours perdu dans cet espace entre la vie et la mort. Il dort peu, et quand il ferme les yeux, c’est pour se réveiller en sursaut, tremblant, le souffle court.Je ne pose pas de questions.Je sais ce que c’est.Je sais ce que c’est d’avoir vu l’autre côté et d’en être revenu avec des cicatrices invisibles.Mais ça me tue de le voir ainsi.Alors, aujourd’hui, j’ose.— Viens avec moi.Il lève un regard fatigué vers moi.— Où ?— Juste… viens.Il hésite, puis hoche la tête.Je l’emmène hors de la chambre, hors de ces murs qui semblent l’étouffer. Je l’emmène là où le vent est frais, là où l’air sent autre chose que l’odeur sterile des draps et du désinfectant.Il marche lentement, comme si son corps ne lui appartenait plus tout à fait.Quand nous atteignons la plage, il s’arrête.Le ciel est gris, l’océan agité, mais mo
LysandraLe silence.Il y a ce silence, lourd, oppressant, entre nous.Ciel dort. Enfin, il s’est assoupi, épuisé par la douleur et les jours d’inconscience. Sa main repose toujours dans la mienne, et je me surprends à en suivre du doigt chaque ligne, chaque relief. Comme pour me convaincre qu’il est là. Vraiment là.La peur ne m’a pas quittée.Elle est là, tapie dans l’ombre, prête à bondir au moindre signe de faiblesse.Parce que je sais.Je sais qu’il revient de loin. Trop loin.Son souffle est calme, mais son visage est marqué. La fièvre l’a quitté, mais son corps porte encore les stigmates de ce combat silencieux.Et moi ?Je suis là, prisonnière de ce moment, incapable de me détacher de lui.La porte s’ouvre doucement derrière moi.Je me retourne et croise le regard d’Isolde.— Il dort enfin ? murmure-t-elle.J’acquiesce, incapable de parler.Elle s’approche, pose une main sur mon épaule.— Tu devrais te reposer aussi.Je secoue la tête.— Je ne peux pas.Pas maintenant. Pas tan
LysandraCiel dort.Son souffle est plus régulier. Sa main repose toujours dans la mienne, et je ne peux pas me résoudre à la lâcher.La pièce est silencieuse, troublée seulement par la respiration lointaine des vagues qui s’échouent contre les rochers.Depuis combien de temps suis-je assise là ?Les heures se sont effilochées dans l’attente, mais mon cœur refuse de se détendre. Chaque battement est un rappel brutal de ce que j’ai failli perdre.Je n’ai jamais eu aussi peur.Pas même lorsque tout a basculé, lorsque j’ai compris que ma vie ne serait plus jamais la même.Parce que cette fois, ce n’était pas moi.C’était lui.Et l’idée de perdre Ciel…Un frisson me parcourt, comme si mon propre corps refusait d’envisager cette pensée.— Tu devrais te reposer.La voix grave me fait sursauter.Je me retourne et trouve Elijah, adossé au mur, les bras croisés. Il a cet air à la fois sévère et soucieux qu’il prend toujours quand il me regarde trop longtemps.Je secoue la tête.— Je ne peux pa
LysandraLe silence après l’orage est toujours plus terrible.Ciel a rouvert les yeux, a murmuré quelques mots, mais son souffle est encore si fragile que je n’ose pas me réjouir. Il oscille entre conscience et inconscience, comme suspendu au bord d’un précipice.Et moi, je suis là, incapable de détourner le regard.Nova et Nash font tout ce qu’ils peuvent. Ils nettoient, suturent, appliquent des compresses imbibées de plantes que je ne connais pas. Je devrais leur faire confiance, mais je n’y arrive pas.— Il va s’en sortir ?Ma voix tremble malgré moi.Nash ne répond pas tout de suite. Il termine de bander la blessure de Ciel, son expression grave.— On a stabilisé l’hémorragie. Mais il a perdu beaucoup trop de sang.— Ça veut dire quoi ?— Que les prochaines heures seront décisives.Un poids s’abat sur ma poitrine.Les prochaines heures.Je les compte déjà. Je m’imagine à chaque minute guetter le moindre changement dans sa respiration, scruter le moindre mouvement de ses paupières.
LysandraL’eau scintille sous les premières lueurs du jour, mais je ne vois rien.Tout ce qui compte, c’est la main glacée que je serre entre les miennes.Le souffle de Ciel est si faible que chaque seconde qui passe me semble être la dernière.Je devrais prier. Supplier. Mais les dieux ont tourné le dos à ceux comme nous depuis longtemps.Alors je me contente de murmurer son prénom, encore et encore.Calloway est en vue.Un port de contrebandiers, un repaire pour ceux que la mer a brisés.— Préparez-vous à accoster ! crie Kael.Je l’entends à peine.Quand le bateau tangue légèrement en s’approchant des quais, je serre les dents. Chaque mouvement me rappelle que le temps nous est compté.Nova est déjà en train d’attraper son sac de soins, mais elle sait autant que moi que ce qu’il lui faut dépasse ce qu’elle peut offrir.— On va devoir le porter, dit-elle.— Je m’en occupe.Ma voix est plus tranchante que je ne l’aurais voulu.Je passe un bras sous ses épaules, un autre sous ses jambe
Lysandra— Non !Mon cri se perd dans le vacarme. Je me précipite vers Ciel, mes jambes brûlantes d’effort, mes poumons en feu. Le sang s’écoule sous lui, tachant les pavés déjà souillés. Une balle logée quelque part dans son torse, trop près du cœur.— Ciel !Je tombe à genoux à ses côtés, mes mains cherchant désespérément la blessure, pressant la plaie pour ralentir l’hémorragie. Son regard se pose sur moi, fiévreux, mais il reste conscient.— Lysandra…— Ne parle pas.Ma voix tremble. Je ne peux pas le perdre. Pas maintenant.— On doit bouger ! crie Kael derrière moi.Les derniers hommes encore debout nous encerclent. J’attrape mon arme d’une main, déterminée à ne laisser personne l’approcher. Nova abat un homme à ma droite, Kael tire sans relâche, couvrant notre retraite.— Lys, il faut qu’on parte !Mais je refuse de lâcher Ciel.Il tressaille sous moi, sa respiration saccadée.— Tuez-les tous, rugit une voix derrière nous.Le chef ennemi.Je lève les yeux. Il s’avance, un sourir
LysandraLe vent marin s’est chargé de cendres et de sang. L’odeur est âcre, poisseuse, et pourtant, elle n’a rien d’inhabituel. Je suis accroupie derrière un amas de débris, mon souffle contrôlé, ma lame encore tiède de la dernière vie que j’ai prise. Mes doigts la serrent plus fort que nécessaire.Le silence après une bataille est toujours le plus étrange. Juste après l’explosion, le chaos, les hurlements, il y a ce vide absolu. Comme si le monde retenait son souffle, comme si la mort elle-même observait, satisfaite.Nova sort de sa cachette le premier, essuyant son front d’un revers de main. Il nous jette un regard rapide, analyse la situation, et murmure :— On doit bouger.Ses mots sont inutiles. On le sait. Ciel, lui, est déjà en mouvement, ses pas légers, ses gestes précis. Kael descend du toit et atterrit souplement, ses yeux fixés sur les corps à terre.— Ils avaient des renforts. Pas loin.Je hoche la tête, mon cœur reprenant un rythme plus violent. On n’a pas le luxe de s’a