Lamia écoutait le doux chant de la pluie sur les feuilles. Allongée sur l’herbe, ce matin, elle s’imprégnait de l’odeur de l’humus. Des rigoles d’eau tiède imprégnaient ses vêtements et sa peau.
La voix d’Aphrodite lui parvenait lointaine, à travers un brouillard bien réel :
« La séduction, ce n’est pas ce que vous croyez jeunes femmes, ce n’est pas arborer des tenues qui laissent entrevoir vos charmes, ce n’est pas vous maquiller de façon à vous faire ressembler à des déesses… La séduction en fait mes chéries passe par la présence à l’instant, par le jeu, par l’attention accordée à chacun des gestes, à l’interaction avec votre partenaire ; alors l&rsq
La brume matinale déposait sa froide rosée sur les corps endormis, enroulés dans leurs couvertures. Nexa, Markus, et Valérian s’étaient collés les uns contre les autres pour se tenir chaud. Ils n’avaient pas fait de feu pendant la nuit, pour ne pas être repérés par les reptiliens. Ils approchaient de la zone dangereuse, et la longue expérience des éclaireurs montrait que les extraterrestres étaient très sensibles à la chaleur et pouvaient la détecter sur une longue distance. Ils n’avaient pas réellement dormi pendant que tour à tour l’un d’entre eux prenait son tour de garde. Ils s’étaient relayés ainsi toute la nuit. Dans le ciel obscur, le guetteur pouvait observer les traces lumineuses des vaisseaux reptiliens tandis que les sifflements suraigus venaient briser le murmure de la forê
Les bras ballants, Lamia ouvrit les yeux. Devant elle, l’assemblée de ses camarades la dévisageait, légèrement inquiets, d’autres le sourire aux lèvres, d’autres encore, ceux du premier rang, semblaient prêts à la secourir au cas où elle tomberait.Elle tourna la tête sur sa gauche et vit un homme qui la regardait, l’air de comprendre tout ce qui se passait. Il était vêtu d’un complet anglais; dans une poche, une montre à gousset dépassait avec sa chaîne en or. Lamia ne savait plus où elle en était mais ses sens étaient sensibles à un tel point qu’il lui semblait entendre le tic-tac de la montre.«Lamia, te souviens-tu de ce qui s’est passé?»Elle f
«À l’époque où l’on vous envoie, les gens sont très élégants mais surtout très corsetés!» maugréa l’habilleuse en tirant sur les lacets du corset de Lamia. Sous la poussée, Lamia expira d’un coup et aurait bien mis une gifle à l’impudente si elle n’avait pas su que malheureusement c’était la mode à l’époque. Ses seins étaient compressés et ses côtes comprimées par cet infâme carcan… «Infâme»… Oui contraire aux femmes.Ah les hommes avaient la part belle, se dit-elle en reluquant les jolis costumes des hommes, leurs hauts de forme, les montres à gousset. Stéphane avait fière allure, d’autant que sa chevelure rousse faisait un joli contraste avec l
«Les lâches ont peur avant le combat, les hommes normaux pendant, les guerriers après.»En vertu de cette maxime, une fois rentrés à la maison, Lamia, Stéphane et Cynthia eurent un frisson rétrospectif en pensant à ce qui aurait pu leur arriver. Se faire trépaner et sucer la tête était une mort pour le moins affreuse.Cette nuit-là fut agitée: ils firent l’amour comme jamais et s’épuisèrent jusqu’au petit matin.Pourtant, Stéphane ne devrait pas baisser pavillon ce jour-là car il avait un nouveau cours de séduction de Madame Tabelsi qui devait enseigner aux hommes comment séduire un homosexuel.Au petit-déjeuner, Lamia l’observ
Valérian, Markus et Nexa étaient descendus dans le village pour constater l’étendue des dégâts et voir s’il n’y aurait pas quelque chose d’intéressant à récupérer.Les cahutes brisées comme des fétus de paille, les membres fumants d’hommes et de femmes disséminés. Une horrible odeur de chair cuite avait envahi l’atmosphère.Valérian prenait sur lui et ne disait mot, il essayait de se détacher émotionnellement et de graver les détails dans sa mémoire. En quelques secondes les reptiliens avaient anéanti toute vie sans la moindre compassion. Encore une fois Valérian se dit que pour les reptiliens, les humains n’étaient guère plus que des rats. Et encore les humains n’étaient m&e
Depuis quelques jours, ils s’étaient téléportés en 1893 à New York, non loin de l’immeuble de Tesla. Le trio s’était installé dans un appartement. Par la fenêtre, Lamia regardait les lampadaires projeter leur lumière blafarde et électrique. Il y avait seulement quelques années que l’électricité avait remplacé les becs de gaz par du courant alternatif, depuis que Nikola Tesla avait gagné sa lutte contre Edison. Tesla avait littéralement apporté la lumière à l’humanité et d’une manière beaucoup plus sûre que le courant continu d’Edison connu pour susciter de nombreux incendies et morts qui défrayaient régulièrement la chronique. En regardant la rangée de lampadaires avec leurs ampoules électriques, elle repensait à son petit
Espace, temps, frontières de l’infini… Entre les cinq colonnes antiques, l’énorme boule blanche à l’aspect filandreux flotte en lévitation et scintille. Un éclair déchire l’espace et avertit les gardiens du Temps qu’un message important doit être délivré.Les silhouettes humanoïdes au long cou annelé, à la tête plate de raie et à la mâchoire de monstre montent la pente menant au sanctuaire. Ils encerclent la boule dont la paroi frissonne de soubresauts inexplicables. Cette sphère n’est pas inanimée mais emplie d’une vie qui n’a ni commencement ni fin. La fin des temps n’a pas de sens pour elle, car elle est au centre du temps, elle surveille le cours de l’histoire. Elle est reliée en permanence à la trame du monde, à la mo
Cynthia dégaina son cran d’arrêt. Accroupie devant le soupirail du laboratoire de Tesla, elle enfonçait millimètres par millimètres la lame sous le chambranle de la vitre. Elle ne forçait à aucun moment. Stéphane à quelques mètres faisait le guet. La petite rue était à peine éclairée ce qui convenait parfaitement aux projets de notre trio. Lamia se tenait un peu en retrait, excitée par l’aventure.Au même «moment» commençait une invasion de nombreux voyageurs du temps, venant tous d’Armor, parachutés dans différents univers spatio-temporels. Le but de cette manœuvre imaginée par Lamia était de brouiller les pistes des gardiens du Temps et d’éviter ainsi qu’ils ne focalisent trop vite leur attention sur les dessei
Rien n’avait changé mais tout avait changé. Dans l’obscurité, Lamia cligna des yeux et se remplit les poumons de l’air de la cave humide et froide. Elle retrouva l’odeur de salpêtre et de calcaire qu’enfant elle aimait tant.Contre sa jambe elle sentit le corps poilu de son chat qui venait se frotter, comme si elle ne l’avait pas quitté un instant. Et d’ailleurs, c’était exactement ce qui se passait pour son chat puisqu’elle s’était téléportée au moment même où Nicolas Flamel l’avait emportée vers Armor au tout début de son aventure. Oui, rien n’avait changé mais tout avait changé: Plus jamais elle ne verrait Nicolas Flamel, elle avait vieilli de cinq ans en un instant, et elle devait assumer un nouveau rôle au sein de sa communau
Valérian, monté sur son âne, contemplait le dos de Nexa tout en entendant derrière lui le pas de la monture sur laquelle étaient juchés Jacinthe et le jeune saurien, soigneusement ligoté. Pourtant, le jeune extraterrestre ne montrait aucun signe d’hostilité ni envie de fuir. Valérian l’avait baptisé «Sauran». Il se retourna pour observer le curieux couple, Jacinthe tenant les rênes, et le saurien serrant fermement entre ses cuisses le ventre de l’âne. Au départ, la monture n’avait pas arrêté de braire quand elle avait vu l’extraterrestre mais celui-ci s’était approché doucement et avait émis quelques clics tout en la regardant dans les yeux. L’âne s’était immédiatement calmé. Nexa et Valérian avaient échangé un coup d
Lamia ouvrit les yeux. Un manteau de brume recouvrait le dolmen et le lac. Sur une jetée terreuse, Madame Tabelsi méditait en position du lotus, les mains sur les genoux, pouce et index joints en cercles. De dos, on pouvait voir sa chevelure noire coiffée en un long chignon recouvert de fleurs, son haut vert qui dévoilait le bas du dos et un sari orange qui partait de l’épaule pour rejoindre la hanche. Une grande douceur émanait d’elle. Comme un galet posé sur l’eau. Sans prendre appui sur ses mains, Madame Tabelsi décroisa ses jambes, se releva gracieusement et se retourna vers Lamia. Elle portait un collier tour de cou en ruban de tissu muni d’une feuille en bronze ouvragé. Le ventre nu, la sarouel lui dessinait des hanches sensuelles. Lamia courut vers elle, et s’effondra en larmes dans ses bras.«Ma chérie,
Espace, temps, frontières du fini… Un silence planait sur la pente rocailleuse. Entre les cinq colonnes, la boule était noire, comme dénuée de vie. Des gardiens du Temps erraient, déboussolés. Le ciel s’assombrit, et d’immenses éclairs frappèrent le sol dans un vacarme assourdissant. Un vent souffla sur la plaine aride. Dans la sphère obscure se refléta un vortex.Les nuages se transformèrent en colonnes de gaz noires. Les gardiens du Temps rampaient sur la terre dans l’attente de quelque apocalypse. Les cylindres gazeux formèrent des doigts et bientôt d’immenses mains qui vinrent survoler la boule enchâssée entre les cinq colonnes. Une odeur pestilentielle se répandit.Une voix glaciale, métallique emplit l’espace:
Le pilier tremblait. Le quartier tremblait. La terre tremblait. De stupéfaction les gens s’arrêtaient et se demandaient si une formidable énergie n’allait pas engloutir leur monde sous les décombres. Des vitres volèrent en éclat. Affolée, la foule se ruait hors des immeubles.Les assistants suppliaient Tesla d’arrêter le petit oscillateur qu’il avait mis en branle contre le pilier central du laboratoire. Celui-ci disait: «Regardez l’effet d’une simple mise en résonance.» Les murs du laboratoire vibraient, tout l’immobilier du laboratoire était secoué faisant craindre un effondrement prochain. Les assistants affolés quittaient le navire pendant que Tesla les regardait d’un air narquois.«Lætitia, vous voyez
Aube naissante, Valérian regardait les premiers rayons de soleil transpercer la couche nuageuse. À côté de lui dans la grotte humide et froide, les corps endormis et confiants de Nexa et de la petite, enroulés dans des peaux de bête. Il allait falloir lui trouver un prénom, songeait Valérian. Il avait déjà une petite idée sur la question.Il s’approcha de Nexa et lui secoua l’épaule pour la réveiller. Il avait encore du mal à se montrer réellement tendre. Après tout, ils étaient en mission, et l’heure était à la vigilance et non à la bagatelle. Ce n’était pas du tout la même énergie, et pour l’instant la survie était l’objectif principal.Nexa en ouvrant les yeux le dévisagea et lui
«Je ne sais plus quoi faire.»Lamia, dans une brasserie de New York, expliquait à Cynthia et Stéphane qu’elle avait l’impression de stagner dans sa relation avec Tesla et même de reculer.«Il me phagocyte tous les jours de la semaine, je suis sa bonniche mais plus je le sers, moins il me livre le secret de ses pensées. Et si je ne le sers pas, il risque de me renvoyer.Les jeunes gens accueillirent en silence sa confession, ils sentaient que Lamia en avait gros sur le cœur.—Provoque-le, je ne vois que ça à faire.» finit par dire Cynthia.Après les avoir vus, Lamia rentra à l’hôtel particulier. Ce qu’elle n’avait pas dit, c&rsquo
Espace, temps, frontières du fini… Sur un rythme syncopé, la boule enfle, rougeoie, scintille, faisant entendre des battements sourds comme les pulsations d’un cœur énorme, régulier et puissant.Dans leur antre, les gardiens du Temps tendent leur cou. Leur progéniture oscille et gambade, se métamorphosant sans cesse en diverses formes inspirées par le flux divin. Ici un chat, là un lapin, là-bas un humanoïde tricéphale, mais tous reviennent sans cesse à leur forme originelle, un long cou caoutchouteux apte à absorber toute information pour mieux servir l’Entité ronde.C’est ainsi qu’au fur et à mesure de leur apprentissage ils apprivoisent les multiples formes vivantes dans l’univers. Épouser les contours, adopter les masques, observer
C’était le grand jour. Lamia se préparait dans la salle de bains. Des volutes de vapeur l’entouraient suite à son bain chaud. Totalement nue, assise sur le rebord de la baignoire, elle grimaçait de douleur. L’épilation à la cire chaude ne se faisait pas sans souffrance à tel point qu’elle aurait eu envie d’injurier le monde entier. Une fois qu’elle se fut assurée que ses jambes avaient la douceur du satin, elle prit sa pince à épiler et apprêta son pubis pour le rendre presque glabre. Elle voulait être parfaite même si Tesla ne verrait pas le moindre centimètre carré de peau.Elle enfila une culotte fendue blanche qui était brodée charmants motifs. Puis elle prit un poignard que lui avait conseillé Cynthia et en ceignit l’étui autour de la jambe gauche